
Oeuvre de Alexander Shubin
La vie dans un entonnoir, les mots surnagent… muets.
— Demain probable !
— N ’empêche que… !
(long silence)
— La vie…
— … Un jeu de quilles.
— Quille, brisée, j’en perds l’équilibre… à en perdre la boule.
— Boule de billard ! Attention au jeu du chirurgien en quête de sauver.
— Sauver ? Toute vie finit par un linceul. A table les vers !
— Vert l’habit du bistouri au noir scalpel, il n’y a qu’un fil.
— Fil du souffle coupé, les fibres sont froides.
— Fibres de tes lèvres.
— Lèvres du désir morbide, le vent automne les grouillements des vers.
— Vers sur le pied de l’appétit, le terreau est bientôt prêt.
— Tiens-moi la main, les derniers os viennent de prendre le large.
— Large est la croix des souffrances qui contient des rancœurs.
— Rancœurs d’hier comme neige, gèle le présent, l’avenir.
— Avenir, tu prends les premiers récifs aux premiers mots.
— Mots, tu mords à l’éclosion du premier souffle. Ne crie plus, l’orage arrive.
— Adviendra la pluie et son tambour. La peur s’éclaire. Viens, ne restons pas sous cet arbre de mort.
— Mort, comme une renaissance. Je l’attends, nous l’attendons. Jamais nous ne serons séparés.
— Séparation : quel est ce mot, Mon Amour ?
©Max-Louis MARCETTEAU