Basculement

Oeuvre de Felice Casorati

Oeuvre de Felice Casorati

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Je ne suis pas du genre scaphandrier mais parfois j’ai du plomb sous les chaussures. Ce n’est pas pour les biens-pensants une sérendipité mais bien une allégorie peu flatteuse à mon égard. Et en rien une découverte hasardeuse devant mon miroir mal embouché du matin, ni d’ailleurs de proches qui ne sont proches que par le mot. Qu’importe. La notation sur le sujet ne porte pas à préjudice. Rien de neuf sous mon soleil et je ne vais pas chicaner sur ce principe de base : je suis lent. Et cela me fait penser à la trotteuse d’une montre. Pourquoi trotteuse et pas galopeuse ?

Le statu-quo est de rigueur. Et mon regard est absorbé par cette trotteuse suspendue en l’air, là, dans ce ciel bleu argent. C’est étrange. Et puis, je me sens léger, léger comme un ascenseur et cette trotteuse qui court devant moi en rond, toujours en rond. Quel délire que cette galopeuse qui me nargue comme une épine dans le pied qui me fait souffrir comme la plante à qui l’on vient d’arracher brutalement une feuille dont les nervures s’éteignent… lentement.

J’ai cette colère qui me dépasse et devient orage dans ce ciel bleu argenté et dont la trotteuse se moque et l’orage fumeux, haineux, teigneux, arrogant et noueux de brisures d’éclairs.

Que m’arrive-t-il ? Je me sens emporter, étouffer, et puis renverser… étranglé dans mes draps bleus argentés de lit, je viens de mourir.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

En position…

Photo de l'acteur Tom Hardy

Photo de l’acteur Tom Hardy

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Si le peuple avait la consistance du roseau et non celle du beurre, nous aurions une vie toute harmonieuse. Et aucune pénurie ne viendrait nous secouer l’angoisse et les strophes de plaintes.

Nous sommes continuellement dans la contrainte. S’adapter et guetter le prochain précipice, le dépasser en équilibriste, il suffit d’un rien pour y choir.

Alors, faisons force de proposition pour un peuple uni, fort, et humain.

Oui, mais voilà, rien sert de l’écrire, de l’énoncer, le désert des sourds est un vaste champ d’égoïstes (et pas les malentendants, ne faisons pas l’amalgame). Faut-il trouver une source, un leader, une “locomotive”, une meneuse (pas de revue) pour mobiliser les forces potentielles et présentes…

Bon, j’arrête, je trempe dans le discours politique. L’agora manque. Où es-tu peuple ? Prends à revers les réseaux sociaux et position sur le nouveau créneau de tes intérêts collectifs et non celui qui engendre la division, le moutonnage, et la soustraction de données à l’échelle mondiale avec une politique de confidentialité qui fait sourire jaune.

A ces quelques mots comme des grains de sables qui osent, s’accumulent sur cette montagne du possible changement d’une nature humaine qui pointe son bout de son nez dans le cœur de l’homme qui cache sa peine, sa joie.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Agenda Ironique Février de l’An 2018

Muséum d'histoire naturelle de Nantes - Photo de iotop

Muséum d’histoire naturelle de Nantes – Photo de iotop

Bon alors, je m’y colle pour la première fois et donc je suis un peu fébrile.

Je ne suis pas très prolixe sur ce genre de domaine et pour informations voici des liens : ICI ou ICI

Et celui du mois de Janvier : victorhugotte 🙂

Le thème : le conte.

  • Enfant ou adulte
  • Long ou court
  • Poésie ou prose
  • Une morale bien sûre
  • Pour corser le tout avec 4 mots imposés :
    ⇒ quadragésime
    ⇒ tringueld,
    ⇒ gagnant,
    ⇒ truculence
    vous pouvez les placer dans le désordre ou l’ordre et même en faire des anagrammes ou les triturer selon votre bon vouloir.

– Date de départ du 1 février 2018 au 22 février 2018
– Vote du 23 au 27 février. (Les votes ICI)

  • Faites savoir par un commentaire et lien quand votre œuvre est en ligne sur votre blog.

Bonne plume et bonne encre (défense de couler) 🙂

(je suis à votre écoute pour toute question (et si je peux répondre)… en commentaire) 🙂

Mise à jour  le 27/02/2018 :

1) contribution de Palimpzeste

2) contribution de AlphonsineUne morale en cache …

3) contribution de lateliersouslesfeuilles  8 février 2018 à 21h 33 min :  nono le poireau

4) contribution de victorhugotte 

5) contribution de jobougon 

ledessousdesmots

Valentyne

 carnetsparesseux

laurence délis

chachashire

Max-Louis (Alias iotop)

Je pique à pic

Photo Elizabeth dit Lily Brayton

Photo Elizabeth dit Lily Brayton

Blog de girlkissedbyfire : défi 52 Semaines 2018
——————–

Je pique à pic,
Carreau d’as,
Évite l’arsenic
De ta grâce.

Tu me souris
A ta ration,
Tu te réjouis,
Ma tentation.

Tu es piment
A ce piquant,
Cœur d’aspic,
Oui, J’abdique.

En ta terre impudique
Tu oses ma lunatique
A ton doux cantique
Me provoquer diabolique.

Amant
Ardent
Trident
Jurant
Sent
I ments
Piquants
Florissants
Attend
Néant

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Analement vôtre

Image Getty - Two woman in masculine fashions - 1955

Image Getty – Two woman in masculine fashions – 1955

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Je me suis entendu dire, il y a quelque temps de cela : « Analement vôtre ». Je dis : attention ! Un presque cri dans un couloir d’aéroport par cette formule, c’est très embarrassant, surtout quand la personne vous prend dans ses bras, vous embrasse sur les deux joues comme du bon pain.

Je dis : non ! Pas d’écho, sur ce sujet. Je ne suis pas coincé, je suis lucide et un peu pudique tout de même. Enfin ! Tous ces gens qui se sont retournés et ces esprits interrogateurs, voire goguenards et même envieux. Je dis non non !

Ce n’est pas parce que vous avez rendu service une fois, que la planète soit au… jus.

Bon, vous-voulez savoir ? Elle s’appelait Patrice, un trans qui m’avait bien allumé ce soir-là. J’avais très envie d’une relation… même buccale. Il m’avait offert un mojito et puis un autre et un autre. Je ne suis pas un marathonien des cocktails alcoolisés. Ce soir-là, je me suis laissé embarquer, et surtout tenter.

Elle avait un charme fou. Un quelque chose de romantique dans les yeux, de classique par la bouche et des joues à la gothique, bref un visage hérétique comme je les aime. Et le reste proportionné et esthétique.

Pas d’hypocrisie entre nous. J’ai un faible pour les trans. C’est comme ça et il n’y pas d’explication rationnelle. Et d’ailleurs en ce monde-ci il faut toujours tout expliquer, et détailler au bistouri voire au scalpel, pour analyser (j’aime bien ce mot), comprendre, étiqueter, voire cataloguer et pire stigmatiser. Eh bien, non !

Pas d’imposture entre Patrice et moi. C’était franco de jeu. Son regard déjà possédé de moi, elle me plaquait, me retournait, de dessapait vers le bas… j’étais prêt, nous l’étions. Nous l’avions toujours été.

En cette saison de tiédeur, à cet endroit de la ville, le square dit “Dés deux entrées” nous offrait un lieu où l’interdit est jouissif et le cimetière d’à côté voyeur en feux follets, emballait notre éréthisme.

Nous étions intimes dans l’intime. Nous étions seuls dans nos voix à l’unisson. C’était étrangement savoureux, un délice de l’anal au canal brassé électrifié. Nous étions à la fois rugueux et outrageux, fougueuses et cajoleuse…

Et voilà, dans un aéroport, Patrice m’embrasse, m’enroule de ses bras, aux regards d’un monde trop souvent épineux…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Dessous sens dessus dessous

Photo_chambre_manque_nom_du_photographe

Photo_chambre (manque_nom_du_photographe)

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J’ai le nougat à l’envers cet après-midi. Oui, c’est assez caduc comme mot (ou obsolète dans l’argot des puristes). J’assume, même si je ressens une fumerolle de protestation dans vos yeux, aux paupières sous-tendues !

J’aime poinçonner certains mots et rien à voir avec « le poinçonneur des lilas ». Je ne dis pas que c’est rédhibitoire… ce métier, quoique je crains un problème au niveau des métacarpes, une arthrose galopante… en sous-main. Et puis, aucun rapport avec le nougat en question, même sous-entendu.

Par ailleurs, je ne vais pas plonger la tête la première sur la phénoménologie de la chose, car je l’aurai dans l’os… je sais c’est facile et je crains là aussi un retour de « manivelle ». Franchement, il y a des expressions à faire pisser un méat sur le pylône d’un 20 000 mots avec… sous-titres.

Bon, allez, je vais rejoindre mon strapontin, le film va bientôt commencer : « Vingt mille lieues sous les … » draps.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Un secret

Oeuvres de Gabriel Argy-Rousseau - Pâte de Verre de Bouraine

Oeuvres de Gabriel Argy-Rousseau – Pâte de Verre de Bouraine

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Aujourd’hui pâtes, demain nouilles, après-demain coquillettes… pas de volupté du palais… rien à craindre. L’extase en option.

Tendresse alimentaire, je t’attends ! Quelques-uns d’entre vous diront et à juste cause que la créativité est aussi dans les pâtes.

Sûrement ! Mais de cette pâte, j’en suis repu, gavé, blasé, rassasié et… même pas heureux. Alors, il est vrai, j’ai des rondeurs, là et ici et encore ici ou même là, c’est pour vous dire.

« Les pâtes ne font pas grossir. » Ah, oui, eh bien monte sur la balance ! Regarde ! Hein ? Impressionnant.

Et oui, je sais je n’ai pas tout dit. Je gagne petit. Un salaire dont la misère ne voudrait même pas.

« Alors, comment un miséreux comme toi grossit avec un porte-monnaie anorexique ? » Et c’est le comble. J’ai honte. Mais mon organisme, réclame ses pâtes. Et je veux autre chose ! Et je crie, je crie…

« Et, quelques baisers feraient-ils l’affaire ? » Qu’importe un baiser faut-il de la fougue, de la chaleur, de l’audace, de la sincérité. Oui, c’est vrai. Il pourrait remplacer chaque jour mes pâtes. Mais comment l’avouer, moi le timide ? C’est un secret.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Du cœur… au ventre

Acteur Natori Shunsen

Acteur Natori Shunsen

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Déserter ! Oui, est alors ?

J’étais à la lisière du pétage de plomb. La falaise du malaise de l’océan sociétale me tendait les bras. Et pas de zodiaque pour récupération… même en morceaux.

Je pose mon regard indifférent sur l’indiscret miroir du matin. Je vois, en lui de moi, une étendue d’eau et toi mon Ondine, mon Amour… et pourtant une vaguelette dans ma vie de paumé.

Je rage et je prends une lame, bien tranchante, neutre d’émotion… la carotide en sursis, je veux une réponse maintenant ! Suis-je un lâche ?

Dis-moi, toi qui a traversé mon cœur de part en part comme du placoplatre… et pourquoi tu ris, de ce rire sinueux, indécent ?

Je suis ridicule ? C’est ça ? Et bien tu l’auras voulu, garce !

— Non, non, ça manque de conviction, c’est trop mou, vous devez vous approprier la consistance du texte, du personnage. Où sont vos tripes ? Vous êtes comédien, alors sortez-les ! Vous comprenez ce que je dis ? Bon, allez, on remet ça ! Action…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Détermination… tranchée

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Il y a du vertige comme de la migraine, tout est question d’oxygénation du cerveau. Il parait. Et selon mon entourage j’ai un petit cerveau et la nitescence de mon intelligence n’est jamais venue me prouver le contraire. Qu’importe.

Aujourd’hui, je pars en voyage. Pas d’affaires. En vacances… prolongées. Je suis sur le quai et j’attends que le train vienne se présenter. Ce n’est pas aujourd’hui que je vais éclore. Non, non ! Et pourtant je suis en germination.

En vérité, je viens de quitter mon mari. Un ignorant. J’ai aimé pendant vingt-trois ans trois mois et maintenant six jours et… quatre heures, aussi un naïf. Et cela me rappelle Paul Guth “Mémoires d’un naïf”. Rien à voir.

En partant ce matin, il ressemblait à un saule-pleureur. J’ai cru ne jamais partir. Je me suis ressaisie, et j’ai fermé la porte et j’ai vu sur le palier poindre la liberté et ce poids à l’estomac se réduire. Je commençais à me remplir de positif. Cela ne s’explique pas, ça se vit.

J’ai marché lentement. Chaque rue est un souvenir. Chaque magasin aussi. C’est pour moi un moment de libération mais aussi d’un mal au cœur indéfinissable. Tout cela se mélange comme une mauvaise absinthe. Je respire lentement. Mes talons claquent et j’ai soif. De l’émotion, oui. Je frissonne un bref instant. Et puis, je souris.

Et la gare qui était devant moi. J’avais pris ma décision de partir depuis trop longtemps pour l’ensorceler de bonne manière et ne pas craquer au denier moment. Notre séparation a été muette comme une évidence, sans un mot, un souffle de regret, un cri d’abandon ou de colère. Non. Comme si nous n’avions jamais existé, les années éprises dans le tourbillon de l’incompréhension. Nous étions des automates du quotidien. Des meubles sans importance, de la vaisselle un peu ébréchée, des vêtements du tweed au tergal usé. Nous étions tout cela à fois, élimés et réduits à des nuits d’ennuis. Deux colocataires.

Le train vient de se positionner et de s’arrêter. Je m’installe à l’étage d’un wagon. Je m’assois. Et j’entends, derrière moi une voix fluette et claire :

— Allons, mon Amour revient !

Et, ni une, ni deux, je me lève, ressors ma valise de son emplacement bagages, dézippe un pan et sors… une serpe à bec…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Un dernier espoir… peut-être

Blog popinsetcris contrainte écriture.


“Rien ne sert de courir, il faut partir à point”. Je ne crains rien, je suis dans un cahot de la Bastille. Seul. Enfin, non. J’ai des compagnons un rat et quelques os. Je suis bien installé. Ce n’est pas le Pérou, ni l’Eldorado (pour celles et ceux qui connaissent).

Mon geôlier ne fait pas grève. Et oui, s’il veut me garder en vie. Mais pourquoi d’ailleurs ? J’ai longuement réfléchi et puis j’ai stoppé le “branchage” des questionnements qui transformait mon quotidien en un aspect touffu et brouillon à toutes mes réflexions. J’y ai mis le feu intérieurement. Je veux être libre… de l’intérieur, si je ne peux de cette vie profiter de la liberté extérieure avec des contraintes encore plus nuisibles que saines… sûrement.

Ainsi je me suis fabriqué un monde à moi avec une très haute montagne de… livres, des crayons suspendus comme des étoiles dans un ciel turquoise, un bon fauteuil, une literie de bonne qualité, un logis tiède et agréable…

Voilà qu’il m’arrive que ma pâmoison se déclare une nouvelle fois. Quelle idée ! Quelle idée de me transmettre tel confort dans ma tête, alors que je végète en ascète contre mon gré, moi le bon vivant. Je rage mais l’âge ne fait que grincer mes rhumatismes et quelques larmes.

Je n’ai plus de capharnaüm comme autrefois. Mon mobilier présent : une chaise de paille moisie, une petite table mitée, un lit de fer et paille humide, un sceau à besoins en bois, et quelques vieux journaux pour me torcher le nez, les fesses…

Tiens ! Je lis à la lumière blafarde continuellement présente, que le solstice d’été est dans une semaine.

Mais suis-je encore candide pour croire encore à revoir la vraie lumière.

Aujourd’hui, pourtant, je fais missionner mon rat d’un message, enroulé autour de son petit cou et je précise que ce cachot, où je suis actuellement, est de l’ancienne Bastille, là en dessous de Paris, à l’emplacement de la Tour de la… Liberté.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Elle est partie ce matin …

Psylocke de la bande annonce du Super Bowl X-Men Apocalypse

Psylocke de la bande annonce du Super Bowl X-Men Apocalypse

Blog de girlkissedbyfire : défi 52 Semaines 2018 (4eme semaine : bleu)


Elle est partie ce matin avec son sac et nos souvenirs. J’ai brandi l’anathème, elle m’a souri une dernière fois avec un petit signe de main comme un sémaphore qui dit adieu.

J’ai fermé la porte et celle du cœur, aussi. Je vais me recoucher, attendre demain, … peut-être … pour revivre.

Il est déjà demain et je me lève, le cœur lourd comme du plomb chaud, à blanc. Je prends une douche et mes pensées savonnées sont toujours présentes. Je tourne en rond dans la salle de bains, deux fois nus : corps et psyché.

Je reste ainsi toute la journée ensoleillée entre mon salon et ma chambre, la baie vitrée chauffée à blanc, je vais boire … encore et encore … de l’eau, drapé de blanc.

Je suis lasse de penser, obsession, oui un bleu obsession ainsi je nomme mon état actuel.

Elle aime le bleu, j’aime le violet. Nous étions incompatibles, nous étions inséparables. Cherchez l’erreur.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Embarquement d’un possédé

Oeuvre de Frantisek Kobliha

Oeuvre de Frantisek Kobliha

Blog popinsetcris contrainte écriture.


Le train est en retard. Normal. Cette normalité me faire regretter le temps d’une SNCF qui faisait du mot exactitude son leitmotiv, sa raison de tenir ses engagements ou ses engagements : sa raison d’être.

Bref, voilà le départ. Et il roule, il roule, il roule. Boggies à caresser les rails. Wagons wagonnant wagonne. Et puis, par un incident contraire aux bons usages, il s’arrête sur une voie dans le froid d’une campagne endormie d’hiver à seize heures vingt-cinq. Une campagne possédée d’une aura entre moiteur et fluide s’évaporant de terre.

Je note l’heure sur mon mémo de portable. Heureusement qu’il me reste de la charge, je n’ai même pas un lampion en cas de panne, si la nuit survient. Et la nuit est vorace en cette saison. Elle se costume d’un blouson bien noir et se pantalonne de quelques étoiles bien timides dont les nuages capuchonnent par jeu leur lumière déjà fantomatique.

Je suis seul dans ce wagon. C’est presque inquiétant. Quand, j’entends ou je crois entendre un son pianissimo. Je me retourne sur mon siège, de droite, je me lève un peu, je me rassois.

Horreur ! J’entrevois, là, sur la fenêtre, en hologramme, une tête des mauvais jours, des yeux irradiés d’une méchanceté inédite, un genre matriarcal dix fois pire que la norme d’une certaine époque.

Je crois l’instant propice à l’arrêt brutal du cœur. Je me mets à trembler comme un feuille, tellement j’ai peur. Je n’ose retourner la tête vers cette satanée vitre. J’ai les yeux d’un zigoto ahuri. Et voilà que mon corps ne me répond plus, du tout. Je suis en… lévitation. Je… je… dans une confusion totale, en position assise à flotter dans le couloir du wagon.

Je traverse à présent… la vitre. Je suis conscient et ne ressens plus rien comme… mort. La nuit m’enveloppe dans un brouillard campagnard et à peine si je distingue ma direction entre un champ floral et une forêt de pins. Et puis, là, en contre-bas, deux personnes qui m’observent.

— Son regard a croisé celui du spectre de la mère Pichylin. Pauvre homme. Rien ne viendra le sauver même “un leveur de sorts”. Brrrrrr, j’en ai froid dans le dos. Rentrons.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Contrat de dupe

Dessin de Gahan Wilson

Dessin de Gahan Wilson

Blog popinsetcris contrainte écriture.


J’ai croisé l’autre jour (qui n’a pas de nom) un personnage, genre olibrius de la famille des vagabonds zigomars. J’ai eu le défaut de lui offrir un billet de loterie (et tiens-toi bien, ce n’est pas simple à la lecture) avec la certaine incertitude à ne pas gagner et de ne pas savourer son gain, même avec de la chance, qui n’est pas la première à se représenter, car elle n’a rien d’un caractère obéissant.

Pourtant, pas de bol… pour moi. Il a gagné de quoi s’offrir un saphir gros de quelques dizaines de carats. Je suis irisé… euh… non, hérissé. J’en suis en barbarisme, qu’aujourd’hui rien ne me va. Mon horizon est une plate-forme de peaux de bananes, de désillusion, d’amertume, et d’un fléchissement.

En effet, je t’écris, après ma disparition involontaire, très chère, de mon modeste appartement luxueux de trois cents mètres carrés. Et pourtant, je suis dans un état larmoyant, du corps à l’âme. Ce coquin de vagabond vient de m’embaucher comme porte-bonheur et le pire… ça fonctionne. A le bougre. Je suis pris au piège entre contrat exclusif et de bouledogues du style Pulp Fiction.

Mon restant de vie est dans votre cœur. J’aurais voulu vous adorer mille fois par addition d’amour. Je reste votre époux aimant et désorienté. Aime-moi encore…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

À la censure d’aimer

Tom_et son _amoureuse

Tom_et son _amoureuse

Blog popinsetcris contrainte écriture.


Je ne reviendrais pas sur la censure dont j’ai été victime dernièrement. En effet, j’ai osé jouer les Roméo sous balcon. Un effet nocturne entre voix (légèrement éraillée) la mienne et un instrument à corde appelé guitare largement sous employé dans son office de l’amour courtois ;

Pour la première fois, je m’étais sorti de mon “tiroir”. Mon sept mètres carrés, loué à un marchand de sommeil chinois qui parlait sans accent un français à la Prévert. Je ne lui arrivais pas à la cheville. Une honte de plus à ajouter à ma vie anguleuse, bétonneuse, épineuse, de témoin acteur d’une société dont je suis une peinture floue et tout à la fois rupestre et moderne. Des paradoxes que je peux lire en des magazines qui “causent” d’un temps entre campagne basse-cour et urbanisme de bonne figure aux étages de la modernité : voiture et politesse, le tout enveloppé dans le meilleur du progrès. Suis-je vraiment à la page ?

Je m’égare. En fait, je ne dois compter que sur moi pour “draguer” une belle féminine, blonde (95C, 1.75 m), une croupe à faire pâlir le premier étalon venu. Et que puis-je faire, si ce n’est don de ma modeste et humble certitude de l’aimer pour sa plastique, son déhanché et ses bottes en cuir noir ? Je ne crois plus aux sentiments.

Et ce jour entre la basse nuit et la haute nuit, j’ai pris mon courage à quatre bras avec une brouette d’audace. Je me suis posté sous son balcon et j’ai chanté. Oui, chanté. Chanté avec ce désir d’aimer et surtout d’être aimé.

Pourtant, aucune ombre pour venir me rassurer de sa présence. Et, quelque dix minutes plus tard, une patrouille de police municipale est intervenue pour me rappeler les bienfaits de vie en communauté, dérangement incompris de celle-ci.

Dépité, froissé, presque offensé, la rage au ventre, je suis revenu sur ma terre d’exil, d’asile, mon sept mètres carrés avec pour lot de consolation une glace à la vanille, mon seul dessert de ce soir-là. J’avais ainsi, aussi, le tout… bien glacé.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Après-midi à la maison

Oeuvre de Alex Lashkevich

Oeuvre de Alex Lashkevich

Blog de girlkissedbyfire : défi 52 Semaines 2018


 

Au jour levé à l’ivresse
Pose mes lèvres d’ici
Rose parme sur fesses
Entre ta douce galaxie
Suis à toi en caresses

Mon agréable amour
Indécents contours
Désirs de tes atours
Invitent aux labours

AIME TES COURBES

Lit en mes doigts
Allégeance pour toi

Mille ans je te fourre
Androgyne de nous
Irréversible vautour
Source sans tabou
Oses toi à moi Nous
Narcisse mon Amour !

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Comment, nu ?

Tom_cartoon

Tom_cartoon

Blog popinsetcris contrainte écriture.


C’est décidé, aujourd’hui, je cours. Je vais faire un footing… nu ! Oui, oui, tout nu… mais avec des chausses. Je suis à la campagne et donc pas de sous-entendu en sous-bois ou même entendu de : atteinte aux bonnes sœurs… mœurs (excusez).

Enfin, quoi ? Il faut manger sain, naturellement et bien… je cours… nature et même si l’on dit que la nature “se pare de ses plus beaux atours”, je dis toute même qu’il y une certaine gâterie à m’apercevoir… si le cas se présente.

J’entrevois des haussements d’épaules et ceux qui pensent : un caleçon, au moins pour minimum et bien, non… n’insistez pas. Et ne pensez pas que j’ai la cuisse légère parce qu’il me prend idée de courir ainsi dans les bois entre les regards d’une rivière qui pourrait sortir de son lit, des feuillages prêts à m’ignorer par pudeur sur vent siffleur et oiseaux persifleurs et de celui qui glande la haut, le Très Haut.

Donc avant de poser mon premier pas de foulée sur le vénérable sol de ma contrée bien aimée, je prends quelques forces et me tartine de mon fromage adoré le Sainte Maure de Touraine.

Allez, je m’échauffe les muscles et hop, dehors. Il est matin, il fait un tantinet frais. Je prends une petite route qui mène directement sur un chemin viticole. Je n’ai pas vraiment le temps de m’apercevoir que la voiture de la factrice arrive, qu’elle freine brusquement. Aucun temps de réagir, je me fracasse comme sur mur, la tête sur sa portière et tombe comme une marionnette, à terre.

La factrice prend peur ; appel les pompiers, la police, les journalistes et je suis embarqué à l’hôpital le plus proche et j’intègre quelques jours plus tard l’hôpital psychiatrique.

— Non, monsieur, courir nu n’est pas synonyme de premier homme sur la terre. Non, monsieur vous avez arrêté votre traitement et vous devez être soigné.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Croisement

Blog lesnarinesdescrayons jeu de mots


Croisement

“Rien ne va plus, les jeux sont faits” et pour l’autruche aussi qui vient de percuter mon pare-chocs. J’ai tout perdu au jeu, même la montre offerte par mon frère disparu, tant aimé. Je crois que je vais vomir mon repas tagliatelle. Mais bon, je suis fait de ce bois dur de l’alpha que l’oméga ne pourra pourrir.

Je m’arrête et vois les dégâts. Pas beau à voir. La plume du rachis à l’étendard fait un drôle de jus, la chair broyée, pétrie, rompue, pilée, écrasée, et du sang d’un foncé carmin… Bon appétit. Je crois que je vais vomir mon repas tagliatelle.

Combien de témoins ? Je ne sais pas. La route est peu fréquentée par ici. Et pourtant, une femme se présente : Madame Bovary. Je ricane. Je lui fais répéter. Elle me dit à voir vu la totalité de la scène. L’autruche est dans son tort. Elle me le confirme. Pourtant je me demande si son taux d’alcool est raisonnable.

— Vous n’aurez pas de besoin de maquiller l’accident. Mon témoignage est de grande valeur.

Puis, elle fait quelques pas en arrière. Ouvre son sac et en sort un carte de la région. Elle l’étale sur le goudron.

— Venez voir. J’habite ici. Vous pouvez venir me voir, si cela ne vous fait pas peur.

Elle sourit. Un sourire vraiment édenté. Je crois que je vais vomir mon repas tagliatelle. Elle devrait carrément se faire coudre la bouche. Je réponds que je n’ai pas le temps et que je vais ramasser les restes de cette volaille et passer à la pharmacie pour prendre un antiémétique.

Elle m’écrit sur un morceau de papier son numéro de téléphone. Elle me sourit une nouvelle fois. J’évite son regard. Et me pose la question si vraiment, elle n’est pas en état d’ivresse.

Je fais peut-être mon ringard, sans un merci. Je la vois partir. Sa voiture n’est pas en état de rouler, non plus, apparemment. Je dégage le reste de la bête à grands coups de pied. Le bord de fossé fera très bien une belle fosse.

Je remonte dans ma voiture et je vomis, un tout indescriptible surtout une tagliatelle devenue innommable. Et je souris, de mon sourire… édenté.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

À perdre la tête

Dessin_idees_noires_de_Franquin

Dessin_idées_noires_de_Franquin

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Rien ne va plus. J’ai un océan de factures à payer. J’exagère. Oui, je sais. Rien n’est simple pour “ma petite entreprise”.

J’ai refroidi un trésorier du royaume, l’année passée. Ses restes font partie de la composition de ma statue nommée : le nuancier des douleurs, inaugurée par le seigneur du territoire, amateur éclairé d’art… humanoïde. C’est particulier et rien à voir avec l’art de l’armure. Et je me ferai parjure si je devais changer de matériaux.

N’empêche que cet amour à un coût et je dois faire des pieds et des mains (j’aime bien cette expression) aux équarrisseurs de notre royaume pour me procurer quelques coquins détrousseurs, coupe-jarrets ou brigands condamnés dans une des geôles du pays.

Je suis un peu nostalgique (et aussi parfois mélancolique) du temps où le droit de création n’avait pas de limite. Nous étions dans un maelström de l’autopsie de l’art jusqu’à son épilepsie en compagnie du Bal des Dézingueurs. Et surtout la gratuité des matériaux. “On a beau faire, beau dire”, quand le produit de production vaut une bouchée de pain, (voire gracieusement procurer) la vie de l’entrepreneur est moins laborieuse. Et sur ce point la Transnistrie a bien changé. Et la preuve j’en suis à produire, (et oui) un orphéon par mois, pour sortir la “tête hors d’eau”. J’en ai presque honte, mais comment éponger mes factures autrement ? Enfin, je ne suis pas le plus à…

Tiens ? qui frappe à la porte ?

A peine ouverte, mon regard à l’éclat de surprise quand d’un coup de sabre… ma tête roule sur mon seuil.

— Enfin, un goinfreur en moins dans notre royaume et notre cher collègue vengé.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Ça brûle maman

Blog popinsetcris contrainte écriture.


Je ne crains pas la forêt, sauf, il faut l’avouer, le bleu de la vaste étendue de futaie des Trois Cercles des Éperviers. Je vais toujours accompagner de mon… doudou. Je sais c’est bête, mais c’est mon talisman et on ne rigole pas. J’ai cinquante ans d’âge, l’air oxyde, le caractère placide, la volonté d’acide, mais j’ai mes faiblesses comme mon animal de compagnie, le Lipomel, un genre de croisement entre le corps d’un renard et d’une tête de bélier. Efficace à la chasse, audacieux devant la difficulté, obéissance de premier choix, ce n’est pas un genre Mario. Non, non, c’est du sérieux cet animal-là, mais il y a du tendre en lui, c’est aussi sa faiblesse.

Et il n’est pas comme nous tous, il n’a pas peur du feu et maman nous le dit et redit sous tous les tons, le feu ça brûle. Il y a aussi un autre feu qui incendie, et pour nous consoler, mes frères et sœurs, quand nous étions à cet âge des amourettes, elle nous promettait un superbe crayon fabriqué par le magicien de cette fameuse forêt de TCE (Trois Cercles des Éperviers) mais que jamais nous n’avons eu.

Et c’est bien en ce jour que je vais m’y aventurer, pour me le procurer, car il guérit les brûlures. Mais au moment de partir, maman m’apporte mon bonbon préféré : la frise de fraises confites. J’en raffole tellement que rien ne compte que ça. Je suis un fada de cette confiserie. Je suis carrément damné. Je remets, une nouvelle fois, à un autre jour ma recherche du crayon guérisseur des brûlures du… cœur.

Les mamans sont parfois étrangement possessives.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Ça balance pour moi

Oeuvre de Ida Rentoul Outhwaite

Oeuvre de Ida Rentoul Outhwaite

Blog popinsetcris contrainte écriture.


Entre “je marche sur des œufs” et “je joue sur du velours”, y a un monde. Et l’un ne raille pas l’autre. Respect mutuel et apaisement assuré, harmonie de bon aloi et l’horizon de la paix sera assuré.

Bref, tout ça pour dire que je suis un total profane des expressions. Je n’aime pas les expressions, enfin celles des autres et puis c’est tellement facile. On peut ainsi faire bonne figure dans la pâleur d’une conversation et les sacrer aux airs de discussions usées, débraillées, évasées et disgracieuses (je ne donne pas d’exemple, suivez mon regard).

Je préfère les moments naïfs de la balançoire (je suis un fan, cela me rappelle, d’un peu loin il est vrai, mon berceau), cela m’apaise, me console, me charme et ce rythme m’endort presque que je pourrais me métamorphoser en chrysalide de papillon (je conçois l’énormité de la chose et la quantité de glucide astronomique de l’envergure d’un tel papillon de cent trente bons kilogrammes (habillé).

Mon vœu n’a jamais été réalisé pour le plus grand soulagement de mon entourage et je ne voudrais pas les hérisser (même des poils) mais je soupçonne qu’ils profitent du débonnaire gallinacé de notre voisin pour me réveiller au moment le moins opportun. Mais gare si je m’en aperçois, avec moi “ils marchent sur des œufs” et “ils jouent sur du velours”, car mon courroux sera d’une belle brises-d’os.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018