Une histoire de dessous ? Chapitre 2/3

Bon_dimanche

Bon_dimanche

Bon, je vais ausculter cette maudite palette. Un indice, un signe, une preuve de l’expéditeur. Rien. C’est plastifié dessus et cartonné à l’intérieur. Je vais me procurer un cutter prestement et éventrer la chose en un rien de temps. Enfin, le premier carton se justifie à mes yeux d’aucune marque… même de draps. Inquiétude et écume viennent à moi. Mon humble cutter en arme de poing à ma poigne, découpe par ligne longitudinale, le premier carton venu. Une autre main écarte. Que vois-je ? Diantre, est-ce possible ? J’ai l’étonnement attesté mais la surprise moins tendre. J’ai la révulsion de l’œil gauche. La palpitation délestée. Je suis la douleur d’un instant improbable.

— Des carnets, un carton de carnets… vierges…

Je reste à demi-voix à grogner. J’ouvre un autre, puis un autre, et, etc. La moitié de la palette y passe.

Pendant quelques secondes je suis sur le cul… littérairement. C’est quoi cette histoire de dingue ? Des carnets vides au lieu de draps. Alors, le livreur… s’est trompé d’adresse ? Une farce de celui-ci ? Je vais peut-être le revoir, là, dans un instant ?

Une caméra cachée ? C’est ça ! Une caméra cachée ! Je me mets à rire comme un damné. Mais elle où ? Je scrute les alentours et prends conscience que je suis toujours à moitié nu. Je me défigure. Et hop, comme par réflexe de pudeur, je sers les fesses et tout le reste, et d’une démarche presque burlesque, franchis le seuil de ma maison et claque la porte.

Est-ce que tout cela est bien raisonnable ? Je vais de ce pas me doucher, et m’imposer ainsi un moment de répit et aussi de repli. Le café est froid, qu’importe. La douceur de cette eau me fait état tout de même d’un bleu, là, à cet endroit précis qui part d’ici et va là. Ah, diable. Il y a comme une douleur au toucher. Je vais devoir me soigner. Quelle plaie ! Ce n’est qu’un bleu, restons pragmatique.

Une fois soigné, habillé, pomponné, je vais appeler Marie. Hier au soir, j’étais absent. Et il faut dire aussi, que parfois je “prête” pour quelques heures mes soixante mètres carrés, tout douillet à quelques amis(es) proches. Je ne pose pas de question, mais j’exige de la discrétion. En d’autres termes “pas d’embrouilles, pas d’emmerdes”. C’est clair et cela ne discute pas. Et tout un chacun le sait.

— Marie, c’est Pilou, Pilou…
— Comment vas-tu, mon Lou ?
— Moyen, moyen…
— Raconte-moi…
— Dis-moi, es-tu venu hier au soir à la maison ?
— Non, pas du tout. Pourquoi ?
— Non, comme ça. Simple question d’usage.
— “Question d’usage” ? Tu es bien mon Lou ?
— Je… je… enfin j’ai trouvé sur une chaise, ici, à la maison…
— Quoi donc ?
— Un soutif !
— Non ?
— Si !
— En effet. En tout cas je peux t’assurer que ce n’est pas de moi.
— Bien.
— Tu devrais contacter Emmanuel.
— Et puis pendant que j’y suis, comme ça, à tout hasard, tu n’aurais pas commandé des draps pour moi ?
— Des draps ?… Non, et il y a un rapport avec le soutif ?
— Je ne sais pas. Je suis en plein brouillard depuis ce matin. J’ai l’impression d’être dans un cauchemar.
— Allons, allons, mon Lou. Tu veux que je vienne ?
— Non, non. Je vais appeler Manu. Merci à toi ma tante… Marie. Pourquoi ma tante. Excuse-moi.
— Ce n’est rien mon chou. Tu devrais te reposer.

Elle raccroche tout de go. Marie est trans. Et oui ! Mais bon. Quelle gaffe. Mais quelle idée de l’avoir nommé ma tante. Je vais prendre mon café avant d’appeler Manu. Quelle histoire. Quelle histoire, mon Dieu. Et la journée qui ne fait que commencer. Je crois que je vais faire un tour sur VDM.

(À suivre …)

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

11 réflexions sur “Une histoire de dessous ? Chapitre 2/3

  1. Pingback: A vos claviers #3 – Les textes | L'atelier sous les feuilles

Répondre à roijoyeux Annuler la réponse.