Agenda ironique février 2018 : ledessousdesmots au thème : le conte
Il était une fois un Manoir dans la campagne du lieu dit Le Pendu a Trois Pieds. Ce Manoir avait une bien triste réputation… aujourd’hui disparu…
En effet, il a quelques décennies, lors de la quadragésime, tout le monde avait son petit panier de…provisions : poissons et bières. Une belle coutume de ce territoire du maître des lieux et maire : le comte de Le Jeune-La-Meule, partisan de la libéralisation des régisseurs et capitalisation des terres par les paysans. Bref, l’investissement du travail par la récompense de parcelles après quarante ans de labourage… à qui était encore en vie…
Mais voilà qu’en ce jour, une belle rousse apparue comme un incendie sans pyromane, aux atours avantageux et d’un bagou bien fait, défia la bonne compagnie aux yeux de campagnards vampires de possession et d’épouses à la brûlure d’une pensée de bûcher, entre le parvis de l’église et le café du village, après la fameuse messe.
On se demanda qu’elle était cette apparition étrange qui narguait ainsi le rustique villageois et la rustre villageoise, tous deux du teint du labourage et de la besogne toujours à gratter une terre difficile par des temps aussi discourtois que cette rousse présentement aguicheuse, provocante comme possédée par un sortilège.
Et voilà que le bedeau du village cria le mot : sorcière, et comme une traînée… de poudre le mot s’enflamma dans les esprits et s’échauffa pour certains d’un alcool de derrière les fagots.
A ce moment précis on n’aurait pas donné un seul tringueld de restant de vie dans l’heure qui suivit à la belle rousse, tant les villageois et villageoises s’étaient montés le bourrichon jusqu’au trognon, qui se réfugia dans les bras de Le Jeune-La-Meule…
Tout ce monde fondateur d’une terre humaine, allait poser la première main sacrilège sur une femme, certes différente, mais une femme autrement femme…quand ce bon le comte de Le Jeune-La-Meule pour calmer les esprits et surtout celui du curé qui avait brandit son crucifix de service pour la bonne cause, prit la parole à la cantonade :
— Allons, allons, du calme mes chers administrés. Cette personne est inoffensive. Vous devez la laisser aller, elle va repartir du village…
— D’où sort-elle cette catin ? cria la femme du bourrelier, bien faite et bien posée sur ses hanches.
— Je n’en sais pas plus que vous, mais vous devez rester calme. Sinon, j’ordonne aux gendarmes d’intervenir, sur cette hystérie collective…
— C’est elle l’hystérique, hurla une paysanne tenant sa chèvre à la corde.
— Personne ne ressortira gagnant s’il arrive malheur à cette femme, clama le maire.
— Qu’importe, elle est la servante de Simon, c’est grand malheur déjà qu’elle s’accroche ainsi à vous, cria le curé qui brandissait son crucifix comme une arme.
Le comte de Le Jeune-La-Meule et maire de ce beau village, tout en s’exprimant et tenu par la belle rousse avançait vers la porte de l’église, les villageois en rangs serrés contre-avançaient avec les aulx et l’huile de la sainte du village jalousement gardée en cas de péril… éminent…
— Réfugiez-vous dans le haut du clocher… toute de suite… ne perdez pas de temps, dit-il à la belle rousse.
La suite on la connaît. Les villageois assiégèrent l’église, le curé en… tête, de toute sa truculence. Les gendarmes n’avaient pas eu leur mot à dire, tous fils du territoire. La pauvre belle rousse ne résista que trois jours et se décida à sauter du clocher et s’écrasa sur le parvis. Les villageois trop peureux demandèrent au bedeau de ramasser le corps et fit acte de prévenance, mais le pire est qu’il abusa post mortem de cette femme dans sa masure. Une villageoise le surpris, alerta ses congénères qui par le fait peu coutumier ligotèrent le bedeau comme un saucisson retroussé jusqu’à cul nu et le pendirent pas bien haut à un châtaignier. Le fait de la strangulation l’érection se fit présente, d’où depuis le lieu dit Le Pendu a Trois Pieds… par extension.
Mais l’épreuve que ne devait pas surmonter le comte de Le Jeune-La-Meule, c’est que l’on apprit quelques semaines plus tard que cette belle rousse était sa fille illégitime. Ses gens et ses administrés lui sabotèrent au fil de l’année tous ses projets, une partie de ses récoltes, l’empoisonnement de ses bêtes…aussi, vaincu par cette révolte larvée, il dépérit dans la solitude la plus complète et mourut dans son siège face à la fenêtre qui donnait sur la tombe de son unique fille à une centaine de toises sur les hauteurs de l’un de ses champs.
Morale : ne laissez pas un enfant illégitime dans l’ombre car celle-ci tôt ou tard vous dévorera.
© Max-Louis MARCETTEAU 2018
Pingback: Agenda Ironique Février de l’An 2018 | Le dessous des mots
Il n’avait pas pu être père et maire…
quant au bedeau, belle mort ma foi!
J’aimeAimé par 1 personne
Bon jour,
Effectivement et de fait, impair et manque et … trépasse 🙂 Et le bedeau s’impose au … garde à vous 🙂
Merci à vous Barbara 🙂
Max-Louis
J’aimeAimé par 1 personne
Sacré comte … et conte !! … Chapeau Max-Louis !
J’aimeAimé par 1 personne
Bon jour,
Merci de vos mots … Juju 🙂
Max-Louis
J’aimeJ’aime
L’art de manier le conte !
J’aimeAimé par 1 personne
Bon jour,
Merci du compliment 🙂 … en fait j’ai quand même un tantinet galéré pour l’écrire 🙂
Max-Louis
J’aimeAimé par 1 personne
MAx-Louis, ou le conteur éclectique !
J’aimeAimé par 1 personne
Bon jour,
Non, je ne fais pas dans le compteur électrique, mais suis au jus de la chose … 🙂
En tous cas j’adore votre trouvaille lol 🙂 🙂
Merci à vous
Max-Louis
J’aimeAimé par 1 personne
J’aime bien la morale, elle sort du lot et ne ressemble en rien à celles qui rythmaient nos matinées en primaire 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Bon jour,
J’aime les morales qui sortent du lot et celle-ci est effectivement inattendue 🙂
Merci à vus
Max-Louis
J’aimeJ’aime
Superbe conte à la morale ombscure !
Max-Louis, vous dépassez Grimm et Perrault réunis !
Bravo.
J’aimeAimé par 1 personne
Bon jour,
Euh … je ne vais pas me remettre de votre compliment de comparaison … c’est clair 🙂 Non,non, ce ne sont quelques mots agencés … rien de plus.
Merci à vous
Max-Louis
J’aimeAimé par 1 personne
Pingback: Agenda Ironique Février 2018 – Voter ! | Le dessous des mots
Surprenant et bien mené ce conte (et parfaitement ironique ….)
J’aimeAimé par 1 personne
Bon jour,
Merci de vos mots … 🙂
Max-Louis
J’aimeJ’aime
Eh bien, quelle ambiance ! Atmosphère glauque à souhait, récit au souffle d’antan, on y est, on y croit ! 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Bon jour,
Oui, j’ai essayé au mieux et c’est pas simple… Merci de votre compliment qui me touche 🙂
Max-Louis
J’aimeJ’aime