Entre sourires tristes

Photographie - Anna_Nahowski

Photographie – Anna_Nahowski

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Il est midi cinquante-six depuis dix minutes déjà… étrange. Je prends mon sceau après avoir soigneusement plié ma lettre de… démission et j’estampille… et je remets à la directrice du personnel toute triste de me voir partir avec ce sourire que nous échangeons…

Oui, je pars, je pars, je pars… cela fait du bien de le dire.

Tout me devient indifférent, si ce n’est une assuétude. Je n’ai plus d’envie et l’assaut d’un nouveau projet me laisse froid, comme un rond-point planté dans son sens giratoire. Je tourne en rond-moi.

J’ai pourtant ce sursaut d’instinct de survie, un canot de sauvetage à la Bombard, une phrase du genre « qui n’attend rien, peut tout se permettre »… tout cela dans le même seau de pensées, bien agité, un cocktail, et même si la vie est un cerceau, voire plus justement un carcan… j’ose me bouger pour le partir…

Je pars… définitivement de ma vie d’aujourd’hui, pour une vie de demain, et vais m’inscrire à une asso nommée : « bien rire, bien vivre ». J’ai fait le saut. J’en ai le cafard, mais je souris à l’inscription et m’engage à faire des efforts.

J’ai les zygomatiques frileux, et mon réchauffement climatique perso va être difficile. Je m’arc-boute, et tiens l’arceau de mes efforts comme un haltérophile…

Mais, à l’évidence de quelques semaines, je rends mon tablier-visage-sourires pour celui de tristesse engagée. Suis-je un sot ? Suis-je incurablement triste de vivre que je continue de porter ma carcasse… Si j’étais un triste heureux. Mais non, je suis un triste triste… Alors, je reviens d’où je suis parti et reprends ma vie d’avant qui a toujours été ce monde à moi… en attente du sourire triste de joie de mon retour de la directrice du personnel…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Rhum arrangé

Oeuvre de Sergio Pezzutti

Oeuvre de Sergio Pezzutti

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Aujourd’hui, je bois. Rhum, sur rhum et que l’on ne vienne pas me mettre le bouchon sur cette noble et libidineuse bouteille.

Le goulot me pénètre comme une verge dans l’anal de mon palais comme un bouche à bouche de délice, à l’ivresse honnête d’un jus qui m’allaite jusqu’à la garde…

Je suis malade et je bois pour oublier une autre souffrance qui m’assassine chaque jour mielleuse, elle ronge l’enjôleuse, la nébuleuse, l’odieuse, la vénéneuse… Je rage comme un ver de terre empalé, entortillé sur un hameçon rigolard de me faire prendre le bain d’eau froide violemment, agressivement, brutalement…

Je ris de ma victoire quand je ressens le brouillard de douleurs qui s’estompe comme essoré par l’alcool expert en anesthésie locale. Je me montre guilleret et l’énième cigarette de lèvres à doigts j’humecte ma joie de vivre et attend presque un vagin bien mouillé… et c’est le goulot de ma bouteille qui m’introduit… de nouveau au plaisir sans faim qui s’impose en des larmes de résignation, et ma soumission pleure avec moi de cette dégradation de jour en jour qui effiloche ma crainte de la mort comme une possible bienvenue, comme une alternative…

— Vous avez là un drôle de paroissien cafetier…
— A qui le dites-vous ! C’est un ancien curé de Rome, au chômage, c’est dire…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

La puissance du Rien

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Je viens de m’acheter une nouveauté. Un pripalin à double entrée. Une innovation dégottée sur une plateforme dit financement participatif ou le crowdfunding.

Après quelques mois d’attente, j’ouvre enfin le résultat, l’aboutissement d’une idée. Elle est là-devant moi, dans cette boîte. L’exploration d’un monde inconnu… tant attendu est enfin à m’a portée.

J’ouvre la boîte que vient de me remettre la factrice au succulent sourire. D’un mouvement d’émotion, je plonge ma main dans les flocons de polystyrène expansé. Mes doigts en tentacules cherchent dans… l’obscur blancheur. Mais rien. Rien ? N’y tenant plus, je verse la boîte d’emballage sur le carrelage de la cuisine.

J’ai comme un mouvement de peur. Une douleur dans le cortex infiltré par le regard d’une appréhension et puis par un dérapage de mon pied droit étourdit involontairement sur le froid carrelage et je me casse en deux les os de l’avant-bras… l’apothéose est dans ce cri qui sort de ma gorge trop souvent frileuse d’émotion qu’elle est d’autant fortement soumise que je ne me reconnais pas…

— Alors ?
— Alors ! Puissant… c’est renversant, incroyable, on m’a vendu ce que j’attendais… le Rien.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Dernier repas

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A l’ultime, nous sommes tous, un jour ou l’autre, tenu et “les jeux sont faits, rien ne va plus,” et “le vin est tiré, il faut le boire”… n’ont pas d’échappatoire. Nous sommes sur le fil du rasoir et chaque blessure nous délie de la chair et d’os nous engrossons à nourrir grassement, à l’exemple, une vivace desmodium gyrans en terre exotique…

J’entends au loin le hautbois de ma dernière ligne… mais j’en ai rien à vibrer, j’avance à contre-courant comme déphasé à la ligne d’un destin déjà aiguillé à la va-vite, aux desseins à la sanguine marinée au nébuleux d’une bonne étoile qui s’essouffle comme un coureur de fond qui a usé sa volonté, limé son espoir, déshabillé ses dernières larmes sur le col de la souffrance tout là-haut à la gamme finale sans trophée…

J’ai le tantrique et les glanduleuses Skene insensibles et mon corps sur miroir déforme ma réalité d’être. Je ressemble à une pomme de terre filiforme déformée aux fibres d’un arbre trop souvent foudroyé. Je prends mes derniers médicaments poisons avec une autre bouchée de tagliatelles comme si je dévorais mes derniers liens…

Je m’allonge et attends le terminal d’un regard de Mort harmonique… qui sait ?

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Ne décide pas qui veut

Oeuvre de Kiyotaka Hashimoto

Oeuvre de Kiyotaka Hashimoto

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Il est neuf heures et je prends le chemin des Quatre Vies qui mène directement à la Forêt du Seuil. Une dernière promenade matinale.

Le soleil est levé, cyclope brumeux, j’entends firguloter à l’avance des premiers pas chaussée de brodequins, la dure réalité se déterre aux muscles citadins et les semelles piochent le terrain et les souffles criards s’éprennent à cajacter sur le paravent gauche de la lisière…

J’entends à miauler les efforts, à hennir les pensées… prisons. Mon dernier pèlerinage ne sera pas pour me cajoler… Je connais toute ma souffrance à glousser d’indécence, et je prie mortellement… à mon pas d’oraison, je me cause du souci et m’embarque lourdement sans espérance…

Je m’invite à cacarder, à résister… et à me tracer une ligne de sauvetage…

Alors, pourquoi je jase à m’affirmer mon échec et entreprendre l’impensable marche vers le néant ?

Je suis au seuil du Seuil. Il me faut l’ultime pas franchir sans réveiller le geai, gardien du lieu, mais, j’hésite, le pied d’appel en suspension à ma demande, je le retiens et puis… le repose en… arrière. Non, ce n’est pas aujourd’hui que je franchirais… il me reste encore une dernière vie à consommer…

— Mon ami, vous allez être gâté… vous l’oiseleur… me dit le geai, qui me surprend…
— Ah, oui ?
— Vous allez vivre en oiseau
— Quelle poisse…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Je traverse le temps liquide

 

Blog de girlkissedbyfire Défi 52 semaines N°21  le mot : liquide


Je traverse le temps liquide
De larmes galères possessives
Jette mes derniers cris livides
Toi société impassible rétive

L’essentiel de moi s’est rompu
Mes chaînes enlisées s’étirent
Et s’ensablent dans ma crue
De dépression à m’occire

Je résiste à mon sang colère
A la poussée de conquérir
Mon échec beau vulgaire
Mais tu es là compagnon  … à tenir !

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

La recette du Rire

Film extrait Spiderman avec Peter Parker

Film extrait Spiderman avec Peter Parker

Défi de lateliersouslesfeuilles : A vos claviers #7 :


En fait, depuis un certain temps, je joue à l’apprenti sorcier, à l’alchimiste en chambre… dans ma cave aménagée à cet effet. Je suis à la recherche de la recette du Rire. Le vrai ! Pas celui qui vient comme un quidam du dimanche, voir fleurir les fleurs de campagne et hop hop, une photo et hop, un instant frigorifié qui va rejoindre le Grand Tout du Néant.

Je suis à la quête du Rire, ce Graal franc, incontestable, éclatant de sincérité qui dilate les neurotransmetteurs, qui délient l’épigastre, le diaphragme, les zygomatiques… les larmes et la vessie… mobilise les fluides positifs d’une réaction en chaîne (le nucléaire du Rire)… immobilise les armes de la mélancolie, de la peine, de la morosité, les bourdons du string, la lassitude en résille… Le rire édifiant par l’écho renvoie sa nature au profil de son onde authentique…

Cette recette du Rire perdue depuis… on ne sait vraiment plus et d’ailleurs qu’importe, elle n’a jamais été inscrite que dans les mémoires des anciens qui hélas par un effet non attendu ont égaré par des rires à mourir la fameuse recette…selon la légende…

Par prudence, il faut quand même une posologie adéquate selon l’état de tristesse de l’individu concerné (pour les femmes doubler les quantités) et espère ne pas avoir fabriqué un insecticide du Rire. Donc vous notez :

Vous prenez de dix gammes de chant, soixante grammes de notes et un huit grammes d’air et vous mélangez le tout dans un bain de foule de… naturistes, auparavant épilés de près… À boire sans modération le matin…avant tout autre breuvage. L’effet est garanti sur facture… sans bourse déliée… et je peux vous affirmer que ce n’est pas du vent. Une telle recette vaut son pesant de cacahuètes et ainsi croquez la vie à plein bras (et si vous en avez deux, c’est d’autant mieux).

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Nuisible ?

Photographie de Osamu Obi

Photographie de Osamu Obi

Agenda Ironique de Mai 2018 La Jument Verte


Nue-propriété ainsi je te désigne. Tu es la femme de ma vie mais tu appartiens à tous… sauf à ma possession.

Je rage depuis ce premier jour nuptial, au détour d’une pièce, une chambrette à ta nu-dit-thé, c’est moi qui te buvais comme un damné, tu me refusais par cet outrage de te posséder de chair…

J’étais le numéro de ta chance, je suis le numerus clausus. De fait, de ma vie j’ai pioché le mauvais numéro et tu me joues depuis trop longtemps ton propre… non, mauvais… cirque. Cela doit, cesser !

Alors, j’ai décidé de nuancer… ma décision suite à ton refus de divorcer et à ma demande de t’acoquiner avec un seul amant et pas tout le… village. Village qui va de mal en pis depuis déjà un temps certain et surtout au moment où l’horloger de la place de l’église s’est accroché à sa seconde femme à la première heure de leur alliance… En fait, ce qui me chagrine ce n’est pas le nombre d’amants qui se donnent du mal à satisfaire ta libido surdimensionnée mais bien d’un immonde individu : le maire du village.

Immonde ? Non, immoral ! Il se promène trop souvent nu sur la rue Principale et je suis tout à fait opposé à une telle pratique qui est de l’ordre de l’exhibitionnisme mal placé. D’un naturisme urbain de mauvais aloi. D’un déferlement de chair ambulante… unijambiste, car il est estropié de la guibole. En vérité, il n’a pas toute sa tête et je ne permets pas que ce va-nu-pied pose la… main, sur ma femme. Femme nullement qualitative, hélas…

De fait, par ces mots, femme, je te répudie de la manière la plus solennelle, ici présentement dans ce lieu public et ô combien estimable par les bonnes gens…

— Qu’est-ce qu’il a le Émile ?
— Il boit trop…
— Trop ?
— Il parle d’une femme qu’il n’a pas…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Le quotidien jacasse dans son nid

Défi de Lili littérartiste Poésie de l’aléatoire N°5 (projet d’une lycéenne, à encourager, participer)


Le quotidien jacasse dans son nid
Trop douillet au parfum d’un bleu
Serein qui s’impose en eau de vie
Perpétuelle comme un tout asservi

Et un soleil matinal un jour de tango
Produit un effet sur vos yeux saturés
Un humain libère en vous tout l’écho
De son Amour pour vous désaltérer

Et vous prenez acte de cette volée
De sentiments équilibrés sincères
En son regard vous êtes comblée
Dévoilée renouvelée aventurière

Et vos réponses sont à la réunion
De vos questions tant remâchées
Qu’elles s’effilochent en opinion
Positive à la signature de l’aimé

Et votre vie débute café le français
Un après-midi d’octobre au soleil
Vous tremblez de sève à l’excès
Ce printemps il est vrai effraye

Le premier éveil vous est donné
Ensemble de mains à corps entiers
Vous voilà unis et bientôt enracinés
Le quotidien jacasse … rentier !

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Première fois

Oeuvre de Jeanne Mammen

Oeuvre de Jeanne Mammen

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Je reste prudent devant le mot amour. J’en ai une peur bleue. De cette peur de l’inconnuE : la Femme. Je n’ose penser à ce moment qui aura le goût de l’inattendu… l’écrire n’est rien, le vivre… je le vois comme une angoisse, une possession de soi dont on n’est plus chez soi… mais chez l’autre tout étant un seul dans deux corps pour un seul acte grandissant comme une fleur tropicale…

Je n’attends pas ce jour, et pourtant, je le ressens, il est inscrit sur le mur gris de mon inconscience. Je frôle ce moment de désir intense et la répulsion de l’aborder. La rencontre fatale, l’appel du dépassement, l’excitation de la découverte…

Aurai-je la force… d’être pris au piège ? Je souhaite la trahison… que le premier pas… ! Dois-je accepter la douceur de l’instant proposé comme une possibilité à la fougue incontrôlée ?

Et puis, tout arrive, la Femme est là-devant moi comme une statue de la liberté, impressionnante et inaccessible, aux yeux pénétrants et… affectueux. Contraste inquiétant et surprenant.

Elle me prend la main et… la pose doucement à la base de son sein…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Mots de gueux

Oeuvre de Lucas Van Leyden

Oeuvre de Lucas Van Leyden

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Je dépaquette mes baloches au foin
Tu les trouveras et je te retroussera
A la fondue de ta chair en grand soin
Je fourra mon épine que tu crieras

Je dépaquette tes envies de choix
Au chaud de toi dans la campagne
De ton corps à saison tu suivras
Mes intentions en ma… cocagne

Je dépaquette mes rêves tes seins
En poire à sucer de pointes verges
Tu oses caresses sur mon asperge
Crème-toi au plus profond en plein.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Un délire décompté

Oeuvre de Karl Edvard Diriks

Oeuvre de Karl Edvard Diriks

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Je m’appelle Salin de Guérande et j’écume les bars qui s’ouvrent encore à moi.

Je suis l’Estropié… et la gueule de bois six jours sur sept. Le septième jour c’est le repos de la… bouteille.

Il est lundi, trois heures du matin, les copains ne devraient plus tarder. Je suis allongé sur mon banc favori, sur la jetée accompagnée du seul lampadaire avec cet air triste en lumière comme un veuf qui s’est ouvert le cœur le jour de l’enterrement de sa moitié d’âme…

J’ai les écoutilles fermées et les esgourdes bien ouvertes. À quelques milles de là, les vagues très lointaines me parlent à tintinnabuler les nouvelles. Les premiers arrivants vont bientôt émerger, bordés par l’écume comme un linceul et briser ma solitude quelques instants. Ils me parleront de Trafalgar, je vais sourire.

Pourtant, il est écrit dans le fond de mon abyme que ce nouveau jour doit être différent comme un passage dont le destin en panne d’inspiration a écrit un scénario bien faisandé ou est-ce le delirium tremens qui avait son mot à dire ? Et pourtant je suis à mon jour d’abstinence.

J’entends un bruit, une onde brusque entre les vagues régulières qui s’agitent, des frissons de gouttelettes perdues dans l’axe du devenir. J’ouvre les yeux, me redresse, le lampadaire s’éteint… et a ce moment-là une partie de moi se refuse à admettre l’impossible ou possible réalité : un dragon à un demi-mille fonce vers ma direction. Pas un dragon de conte de fée. Non, non, non… un drakkar qui flambe de sa poupe… une vision surréaliste, un moment de pur délire et pourtant, je vois des ombres se jeter dans l’eau qui par endroit tourbillonnent comme affolées de ce tourment inhabituel…

Je me lève avec cette fureur inconnue de mes organes, de mon cerveau dépouillé du bon sens de la vie… ce ne sont pas mes copains les fantômes du Bucentaure, non… je reste pétrifié un instant quand ce ciel chamarré de quatre heures trente du matin ouvre à mes yeux étonnés un tourbillon brillant immense qui aspire ce drakkar sans un bruit.

Et puis tout redevient normalement calme, le lampadaire à griller sa tête d’ampoule et je me rassois le signe de croix à l’envers… demain, j’arrête la picole et me fais conteur d’histoires fantastiques…

— Tu te rends compte, on vient de repêcher le vieux Paul dans les filets du chalutier l’Escaubar… le pauvre après un énième délire, il a dû tomber à la baille…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Imposture à la posture ?

Photographie téléphone skype_- Imposture à la posture ?

Photographie téléphone skype_- Imposture à la posture ?

Suite intemporelle de dialogues exclusivement … téléphoniques. Si cela vous inspire … d’écrire sur ce genre de thème … « Plus on est de fous, plus on rit » … ou pas 🙂


— Allô, c’est moi
— Oui, et ?
— Tu fais quoi, là ?
— Je mets mes bas …
— Tu ne portes jamais de bas
— Tu crois ça ?
— Certain, je n’ai jamais eu l’occasion …
— C’est vrai … ton travail, tes copains, ta voiture, tes sorties …
— Bon, on va pas se raconter nos vies, je t’appelle pour …
— Tu ne m’appelles jamais, chéri
— C’est que là, c’est un peu spécial
— Spécial ? Tu m’inquiètes Mon Schtroumpf
— Euh … c’est nouveau, ça !
— Quoi qui est nouveau ?
— Mais ce Schtroumpf
— Non, pas du tout … mais tu as quoi aujourd’hui, Mon Azalée Fleuri ?
— Euh … j’ai comme un gros doute ?
— Quel genre ?
—Tu es bien Patricia ?
— Moi non, je suis … Emma … et toi ?

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Ici les dialogues téléphoniques à votre écoute …

Photographie téléphone skype_: ici les dialogues ...

Photographie téléphone skype_: ici les dialogues …

Une fois n’est pas coutume, je viens vers vous pour exposer les dialogues des différents.es participants.es de ce thème improvisé : créer des histoires courtes avec une seule contrainte : exclusivement des dialogues… téléphoniques. Et j’avais précisé : si cela vous inspire … d’écrire sur ce genre de thème … « Plus on est de fous, plus on rit » … ou pas 🙂

Bref, vous avez été présents.es en nombre et je tiens à vous remercier 🙂 … et en attendant les dialogues suivants …


Voici que voilà, dans l’ordre d’apparition :

carnetsparesseux dit :

– Excellent !
– Excellent quoi ?
– Ben, ce que tu fais !
– Moi ?
– non, toi !
– merci
–…
– Mais, au fait, tu es qui ?
– Tu ne me reconnais pas ?
– Ben non. Je devrais ?
– Zut, je me suis trompé.
–…
– Désolé !
–…

 

iotop dit :

– CarnetParesseux ?
– Oui
– Merci !
– Merci ? Et pourquoi ?
– Pour ce retour
– Retour ?
– Oui, votre réponse dialoguée, diantre…
– Ah, oui
– Excellentissime
– C’est un plaisir… je vais raccrocher là, j’ai une recette sur le feu.
– Au feu ?
– (Il est sourd ou quoi ?) Non… recette… sur le gaz…
– Le gaz ? Vous avez appelé les pompiers ?
– Euh… non, parce que là… je vais raccrocher…
– Prévenez les pompiers, diantre…
– Oui, oui… (il est un peu incendié des neurones le Max-Louis)
– Soyez prudent
– Tuuut……

 

histoiredhumain dit :

– Allô.
– Allô.
– J’adore l’idée, je peux me permettre de reprendre la formidable idée ?
– Pardon mais qui êtes-vous ?
– Vous n’êtes pas…
– Non je ne suis pas… ce doit être un faux numéro monsieur.
– Pardon je suis désolé, mais sinon, je peux ?
– Je ne sais pas monsieur…
– Bon… bonne journée alors.
– Bonne journée a vous.

 

Lili, littérartiste dit :

– Allô ? Qui est ce ?

– Ton moi du futur !

– Pardon?!

– Tu ne crois pas qu’il serait temps de réagir un peu ?

– Mais enfin, qui êtes-vous?! Si c’est une blague vous n’êtes vraiment pas drôle !

– Parfois j’oublie à quel point j’ai été chiante plus jeune… Tu devrais respirer un bon coup et faire les bons choix de temps en temps ça te changerais un peu !

– Non mais je ne te permets pas ! !

– Et bien moi me le permets, de toute façon je ne t’ai pas appelé pour me disputer avec toi (enfin moi quoi…), simplement pour te dire qu’il est temps de prendre ta vie en main, de faire ce que tu veux faire TOI et d’arrêter de te laisser marcher sur les pieds !

– C’est ça, bien sûr ! Comme si j’allais écouter un illustre illuminé inconnu ! Adieux canular stupide !

Et Marion raccrocha, un peu vacillante. Il fallait vraiment qu’elle arrête de prendre des antidépresseurs. Comme si elle pouvait s’appeler elle-même… Ridicule !

 

lesfaitsplumes dit :

– Non mais dis donc, je suis vraiment en colère là !
– Heuuuu… Oui, Bonjour quand même…
– Tu ne pouvais pas nous le dire ?
– Bonj…
– Nous sommes tes parents quand même et non des étrangers, tu nous traites comme tel depuis que tu as rencontré cette (pff)… fille
– Mais…
– Quand je pense à tout ce que nous avons fait pour toi. Nous t’avons pourtant bien élevée. Tu oublies que tu es une fille de bonne famille tout de même. Nous avons souhaité le meilleur pour toi et voilà que… Oh non ce n’est pas vrai, comment as-tu osé !!!!
– Mais vous…
– Et ne me coupe pas la parole, laisse moi au moins te dire ce que j’ai sur le cœur ! ! Je suis tellement déçue Prudence ! !
– Prud…
-Oh oui je suis déçue. Je n’aurais pensé cela de toi (sanglots et raclements de gorge). Oh Prudence (les sanglots s’intensifient)
– Madame, je n’ai pas compris, vous êtes à la maison de retraite « les tilleuls maudits » quel résident souhaitez vous joindre ?
Bip…………………………………

 

Lasource dit : (je n’ai pas d’info de blog)

– Allô…
– Oui, c’est de la part de qui ?
– C’est internet qui vous écrit…
– Comment ? Mais nous sommes au téléphone !
– Vous oui, mais c’est un téléphone fictif… De la poésie en somme, nous faisons semblant…
– Sans blanc ? Sur fond noir comment pourrait-on lire sans écrire en blanc ?
–… (un blanc noir)
– Vous êtes là ?
– Oui…
– Et alors ?
– Alors quoi ?
– Que vouliez-vous me dire, enfin m’écrire, je ne sais plus ?
– Euh… Je ne sais plus bien. J’ai dû me tromper d’adresse ou de numéro. De toutes façons j’ai trop picolé, je suis complètement noir !
– ?
– ??????????????
– ???????????? (Il a raccroché ou mis un point final, on ne sait plus.)


Pensées déviantes

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La patience est un mot dont je n’ai pas d’accointance. Non, non. La patience, c’est attendre… souvent à distance. Et attendre c’est perdre du temps de vie, c’est le contraire de l’accomplissement et une des nombreuses carences de la constitution d’une existence.

Aujourd’hui j’ai cette sensation d’attendre au-delà du raisonnable. Ce bus qui n’arrive pas et ces gens insensibles comme l’eau qui traverse la terre qui se noie…

J’attends parmi d’autres attentes. Longueur d’un temps qui s’étire de bras à bras de minutes torturées, j’accomplis ma souffrance, mon impatience, ma pénitence, mon calvaire…

J’entrevois la ferveur de certains à cette souffrance de la patience déclinée sur le palier de l’attente et à son dernier degré celui du manque, à ronger les ongles des aiguilles de l’horloge du souffle qui fredonne les soupirs comme des râles et à toute aventure possible, la récompense, le trophée de la jouissance, de la libération de l’entrave du manque qui a posé le mot bonheur presque comme une enclume.

Et j’attends ce bus maudit qui ne vient pas et je tourne en rond dans mon esprit trop étroit à ma condition de salissure, de tache indélébile sur le parvis goudronné de cet abri qui m’aspire dans les tréfonds de la fièvre de l’agacement.

A genoux il faudra me repentir de ces pensées et me traîner sur le dallage cadavre de ma cellule… quand un indécis me cloue par ces quelques mots :

— Mon seigneur vous vous êtes égaré de votre diocèse ?
— Non, mon fils… mon chauffeur est en gréve, il se dit comme, nos religieuses, abusés par de nombreuses tâches et heures… Est-ce que Jésus a compté ses heures, lui ? Non, mon fils ! Je vous le dis en vérité…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Je croque la rose des vents

Film de Malcolm St Clair - 1926 - Hugh Huntley et Louise Brooks dans A Social Celebrity

Film de Malcolm St Clair – 1926 – Hugh Huntley et Louise Brooks dans A Social Celebrity

Blog de girlkissedbyfire Défi 52 semaines N°20  le mot : rose


Je croque
la rose des vents
Perds le nord
débordement
Du temps
frileux d’un
Nous
Défiguré
aux mots
bagouts
Enfilés au
clair d’une
Lune
Complice de
Vices
rancune
Les Blessures
des propos
En vers de
vers au goulot
Des baisers
tous escrocs
Effilent pointes
bourreau
Le sang
Nous
cendre
AU
t
e
n
d
r
e
.
.
.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Ruée vers le néant …

Photographie de Louis Stettner

Photographie de Louis Stettner

Le blog de ghislaine53 : défi d’écriture n°63.


C’est un petit matin frileux, le soleil en T-shirt, le ciel en string bleu et moi … dans une boite en carton frigo-congélo Brandt devant les portes de Vuitton…

J’aime ce moment entre rêve et réalité. Le brumeux qui s’impose comme un bienfait avant d’être … viré comme un mal-propre par la société civile dite civilisée dont je suis l’indispensable marge … mais l’effet aveugle voire borgne de la chose me fait vomir de la bile chaque matin sur les pompes des vigiles propres de près mais loin de connaître le mot respect …

Et de concert avec moi-même je gueule tel un chien édenté de toute ma dignité de bipède blessé et je remballe mon attirail dans mon chariot à la caddy et je vais m’octroyer un autre emplacement plus digne sur le trottoir des obligeants qui est mon pâturage pour la matinée à la monnaie clémente…

Et puis je vais me retirer sous le couvert d’une petite faim chez l’ami Paul dans son dortoir du Square Trousseau et enfiler quelques restes d’aliments des habitants contagieux de bonnes actions. Et puis je vais d’un pas moins assuré me reposer dans les rues parallèles et éviter des congénères bien bien barrés de râlements, meuglements, de chicanes ….

Et puis mon amie soirée va venir me rejoindre, on va picoler, prolonger à la première brume du delirium, mon caddy menotté par sécurité,je vais transformer le tout à vomir une nouvelle fois sur ma vie de paria sans souvenir des miens, de ma vie d’avant, un arrêt sur l’image de la femme de ma vie …qui m’a détruit … cette sociopathe ..

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Vous avez dit injustice ?

Oeuvre de Henri Biva

Oeuvre de Henri Biva

Blog popinsetcris contrainte écriture (mots définitions)


L’homme se regarde au miroir du puits cyclope millénaires. Il tente de se persuader que la victime n’a pas basculé dans cette fosse d’eau, ce bel ouvrage à la Sychar (sans les chenilles).

L’amant disparu n’était pas à son premier périple adultère. Il avait la frénésie des lits des autres. Les femmes n’avaient en lui que sa parole, pas divine mais ressentie comme telle, et de l’envoûtement aux prémices de l’effleurement, aux élans de séduction, la herse de la conquise était prise d’assaut, ouverte en bastille et embastillé d’amour… frelaté.

Bref, un populaire dont le journal local fait état aujourd’hui et les fessiers de ces dames n’attendraient plus la culbute bienvenue et pour cause : trop souvent la jachère était présente par défaut, impopulaire mais subit, seule et imparfaitement injuste.

L’homme se retourne et demande à sa femme, debout, bras croisés à soutenir sa généreuse poitrine:

— Alors ?
— Alors quoi ?
— Tu l’as fait disparaître ?
— Je n’ai pas les moyens.
— Franchement, on risque d’avoir des soucis…
— Demande le divorce
— On a encore des factures en commun à s’acquitter
— Tu es mesquin
— Je suis pratique, nuance
— Goujat…
— Gueuse…
— A méditer sur mon cas, tu devrais revoir notre position de couple.
— Quel couple ? Nous sommes deux meubles… à s’astiquer chacun dans son coin.
— Tu es ignoble
— Je constate
— Je rage
—… pour rien…
— A ce disparu, qu’importe… un autre me retroussera… tu n’auras pas le triomphe facile…

Et d’une gifle, elle ressent aussitôt l’effet. Et de cause elle s’enhardit à cette attaque surprise et bouscule promptement son mari qui bascule dans le… puits. À ce fait d’armes, elle y voit une chance de refaire sa vie et crie aussitôt au malheur et de l’imprudence d’un époux charitable à qui elle devait le faire croire.

Morale : À qui pense être dans une mauvaise passe, l’injustice sait porter secours.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Choix des ordres

Oeuvre de Hurvin Anderson - 2013

Oeuvre de Hurvin Anderson – 2013

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Je demande pardon aux sociétés des hurluberlus, extravagants, farfelus, loufoques et autres pinsons de la vie qui chantent et à ma bonne étoile qui veille sur mes intérêts et dont je suis infidèle à bien des égards.

Je viens à l’instant de mettre ma liberté sur le bûcher. Tout est dit au premier craquement d’allumette, je vais devenir le pyromane de l’indépendance, de la hardiesse, de la franchise, de l’autonomie, de l’impudence…

J’esquisse un sourire à l’essence des cris de résignation de ma liberté que j’ai ligotée pour qu’elle se tienne droite pendant la flambée. Et je songe aux derniers instants de mes impertinences aux sifflements stridents… et je me retiens de flaquer un océan de regrets…

Une navette m’attend. Je pars pour un autre espace. Peu de bagages, l’essentiel est dans ma volonté d’embrasser une nouvelle vie par tous les… offices qu’elle me présentera. Je suis debout devant la mortalité de ma condition et l’immortalité en devenir qui me tend les bras comme un refuge possible à l’anti-gangrène de mon âme.

Je souffle ma bougie d’ici et inspire celle à venir. Entre ces deux bougies, le doute tapeur, dilaté, mesquin, racineux, épineux braillard… Et puis, devant moi la nouvelle route qui croise d’autres disciples au dépouillement, au seuil d’un renoncement…

Je rentre aujourd’hui dans les ordres… une autre liberté…
© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Cul et chemise ?

Photographie de George Hoyningen-Huene - 1929

Photographie de George Hoyningen-Huene – 1929

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Je ne vais pas faire l’autruche. Non, non… Il faut sortir du quotidien et ouvrir les yeux… mais tristesse et corde sont dans chaque paluche.

Le temps de relever la tête avant de la perdre. Le temps du pourquoi est à enterrer… attention tout de même à la fosse déjà bien creusée… un faux pas est vite arrivé et le bonheur de l’asticot n’est jamais vraiment loin.

Je vais goûter l’abricot de la vie… ce qui en soi ne veut strictement rien dire.

— Tu fais quoi ?
— Je goûte l’abricot de la vie !
— Ah ? Et… je parie que ta copine t’as largué ?
— Non, non… c’est une expression nouvelle !
— Tendance ?
— Oui, c’est ça !

En fait, cette expression est l’arbre qui cache la forêt.

— Un abricot devenu arbre qui cache une forêt !
— Wouaaaah, c’est la fumette du matin et l’intoxication de la pensée ?

Bref, c’est le mystère. Comme quoi, il ne faut pas s’éterniser sur des expressions dont l’invention est douteuse, mais qui peut porter son fruit… unique.

Aujourd’hui, je sors de mon quotidien. Je vais prendre le frais et me prendre en main à défaut de me donner ce fameux « coup de pied au cul » encore une expression qui me rappelle celle-ci, aussi fameuse, d’un général : « Donnez-moi quinze jours de dictature, je vous décentralise la France à coups de pied dans le cul. » (et pour les puristes, il s’agit du général d’Amandine dans Le Bœuf Clandestin de Marcel le Bien Aymé).

Quoi qu’il en soit, je vais de ce pas à la piscine (une fosse d’eau) noyer mon ennui de vie et y mouiller ma chemise à défaut de la perdre si ce n’est provoquer une rencontre appropriée et devenir… cul et chemise…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018