Rhum arrangé

Oeuvre de Sergio Pezzutti

Oeuvre de Sergio Pezzutti

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Aujourd’hui, je bois. Rhum, sur rhum et que l’on ne vienne pas me mettre le bouchon sur cette noble et libidineuse bouteille.

Le goulot me pénètre comme une verge dans l’anal de mon palais comme un bouche à bouche de délice, à l’ivresse honnête d’un jus qui m’allaite jusqu’à la garde…

Je suis malade et je bois pour oublier une autre souffrance qui m’assassine chaque jour mielleuse, elle ronge l’enjôleuse, la nébuleuse, l’odieuse, la vénéneuse… Je rage comme un ver de terre empalé, entortillé sur un hameçon rigolard de me faire prendre le bain d’eau froide violemment, agressivement, brutalement…

Je ris de ma victoire quand je ressens le brouillard de douleurs qui s’estompe comme essoré par l’alcool expert en anesthésie locale. Je me montre guilleret et l’énième cigarette de lèvres à doigts j’humecte ma joie de vivre et attend presque un vagin bien mouillé… et c’est le goulot de ma bouteille qui m’introduit… de nouveau au plaisir sans faim qui s’impose en des larmes de résignation, et ma soumission pleure avec moi de cette dégradation de jour en jour qui effiloche ma crainte de la mort comme une possible bienvenue, comme une alternative…

— Vous avez là un drôle de paroissien cafetier…
— A qui le dites-vous ! C’est un ancien curé de Rome, au chômage, c’est dire…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

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