Agenda Ironique Juin 2018 : carnetparesseux
— Alors, on prend le soleil ou on se bouge ?
— Minute poupée, on est en pleine brousse, là !
— Faut pas abuser, hein, non plus… la voie est libre… devant nous !
— Possible, mais tu n’as pas par hasard une… boussole ?
— La chèvre connaît la direction.
— La direction ? C’est à un lieu, un endroit, qu’il faut nous rendre !
— Qui dit direction dit lieu.
— Rien à voir. Tu peux avoir une direction sans t’arrêter. Pareillement, tu peux « trouver chaussure à ton pied » et enfin de compte ça ne marche pas…
— Je ne vois pas le rapport. Et puis, ça tient pas debout…
— Suis assis, là.
—… ton raisonnement.
— Une direction c’est un point A vers un point B pour les déterministes. Pas pour moi.
— Tu connais la géométrie ?
— Je connais, je connais et je maîtrise.
— Laisse-moi rire. Alors, tu vas nous conduire au hasard avec un tel discours.
— Le hasard est un concept pour les non-déterministes et monothéistes incertains…
— Ne sors pas ta science… je ne comprends rien.
— Les filles ne comprennent rien de toute façon.
— Bon, on va pas attendre midi pour démarrer.
— C’est moi le conducteur, je fais ce que je veux… na !
— On n’est pas arrivé.
— On n’a pas démarré.
— C’est bien ce que je dis.
— Tu fais rien que me contrarier…
— Tu ne vas pas pleurer pour ça ?
— Non, je m’exprime en tant que minorité.
— Minorité ? Tu divagues, Charles…
— Non, Paulette…
— Comment, non ?
— Y a toi : une fille et une chèvre : une fille, donc tu fais le calcul : je suis le seul garçon !
— Dis-moi, tu as le chaudron du haut qui chiffonne sec de la pensée délirante.
— C’est un constat. De toute manière quand ce n’est pas toi qui a le bon discours, les autres sont des autruches.
— Tu fais une crise d’infériorité, là ?
— Non, j’assume ma minorité et je m’exprime au nom de toutes les minorités !
— C’est bien ce que je dis, tu travailles du chapeau. Bon alors, on avance ou on fait une conférence sur les minorités délirantes dans l’organisation de la colonisation des majoritaires ?
— Ah ! ça, c’est bien un titre d’intellectuelle dans ton genre.
— Je ne suis pas une intellectuelle, moi, je suis une fille de bonne famille qui apprend comment on doit éduquer les prochaines générations de garçons.
— Tu ne me fais pas la féministe avant la lettre ?
— Quelle lettre ? Tu déraisonnes ! Le soleil est bien haut et il atteint tes honorables neurones.
— Je dis que tu es en train de porter les premiers chapitres des suffragettes.
— Je ne connais pas les mots que tu emploies… tu es avant-gardiste ou hasard de néologismes primaires ?
— On s’égare, on s’égare…
— Pour le moment on est toujours en place… pas de gare à l’horizon, de toute façon le train n’est pas encore inventé, ici…
— Très drôle… franchement
— Dites-moi les deux drôles dans ma charrette, on va pas s’éterniser sur vos palabres ?
— On t’a pas sonné… la chèvre.
— Eh, le mouflet, tu peux changer de braquet et j’ai pas une cloche au cou, moi !
— C’est de moi que tu parles la chèvre dévergondée ?
— Oui, c’est ça et je peux te dire que tu as à faire à un drôle de pingouin de compagnie.
— Suis pas un pingouin.
— C’est une expression qui me vient d’un aïeul qui avait eu maille avec une pieuvre à la tentacule historique d’avoir été goûtée par inadvertance…
— On ne te demande pas ton arbre généalogique, la chèvre.
— Mais…
— Y a pas de mais ! Bon alors le gars, on s’enracine ou tu prends les rênes de l’affaire ?
— Hue ! la chèvre !
— Suis pas un cheval ! Va pas commencer à me prendre le pi en 3,14, le bougre !
— Silence la chèvre et avance, sinon je fais appel à un dénommé Seguin.
— Ça va, ça va… suis pas sourde…
— Allez la chèvre, je vois que tu comprends la bonne résolution et mène-nous au lieu convenu.
© Max-Louis MARCETTEAU 2018
par le pouvoir ancestral du crâne d’Alphonse Daudet, je crois que tout est là, et son contraire juste derrière la carriole 🙂
bravo !
moi, au contraire, je n’ai pas encore le début d’un bout d’idée pour tricoter mon tout !
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Bon jour,
Je vous sais imaginatif, la syntaxe riche, et le verbe civilisé … bref nous sommes qu’au début du mois, la germination ne devrait pas tarder … 🙂
En tout cas merci à vous de vos mots et de plus j’aime Daudet … 🙂
Max-Louis
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Mouhaha quelle repartie 🙂
J’aime beaucoup »
— Suis pas un cheval ! Va pas commencer à me prendre le pi en 3,14, le bougre »
Bisessss
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Bon jour,
Oui, j’aime faire des dialogues de ce style …brut sans les artifices « il répond » ou « il prend en même temps tel objet » … ainsi cela permet au lecteur de créer lui-même les attitudes, les expressions… des personnages.
En tout cas merci à vous de vos mots et compliments 🙂
Bisesss
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Waouh, ça fuse en tout sens… et son contraire. Bravo Max-Louis ! (Le sujet est loin d’être facile, je trouve ! Ah les contraintes !) 😉
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Bon jour,
J’aime les contraintes .. pour moi, c’est un dépassement de soi … c’est à ce moment de péril, de danger … on doit trouver une solution 🙂
Merci à vous 🙂
Max-Louis
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Lol ! On est en plein Euclide trigonométrique et déjanté du chapeau comme l’agenda aime à être décliné, incurvé du côté humoristique, aplani du côté néologique, quelle profusion, quelle inspiration ! Tous ces contraires qui s’agitent en rebondissant sur du bon mot et qui nous promènent dans un voyage aussi fantasque que sonore et haut en couleur, c’est pétillant comme un bon ginger tonic.
Va falloir s’accrocher pour trouver aussi vivant !
Prendre le pi en 3,14, si c’est pas une formule mathématiquement génialissime, ça !
🙂
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Bon jour,
C’est vrai que la formule est inattendue dans la sphère tronquée de la littérature. Il faut dire que je pensais : racine carrée de deux pour un carré au pré, il me fallait faire fi de ce raisonnement trop … carré et de mal en pis m’est venu à la main de l’encre la contraction de … pi … la découverte d’un 3.14 planqué sous la mamelle des neurones égarés sous les poils de nombres trop guerriers …. bref, j’en suis pas peu fier et vous remercie d’avoir souligné cet état de pi …
En ce moment, je suis assez déjanté et je crains à craindre le pis avec le temps qui me savonne de sa tendre sagesse …
Re bref … vous m’inspirez … et en suis tout ému et vous remercie de vos mots présentement … 🙂
Max-Louis
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– Allô, ici le syndicat des animaux maltraités. Voulez-vous bien dételer cette chèvre s’il vous plaît.
– Bêêê. Tu vois pas que c’est moi le patron? Où je veux, les gars, où je veux!
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Bon jour,
Excellent 🙂 … la liberté est le prix de son propre enchaînement 🙂
Merci à vous 🙂
Max-Louis
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Waouh, c’est pas rien tout ça! 😉
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Bon jour,
C’est copieux…:)
Merci à vous de vos mots et passage 🙂
Max-Louis
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Quelle prouesse d’avoir utilisé la photo ! Et quel régal de lire ce texte où tout côtoie son contraire sans oublier la chèvre !
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Bon jour,
Le mot : prouesse me touche, mais comme je dis souvent (car, j’ai un peu de mal avec les compliments) ce ne sont que quelques mots … 🙂
En tout cas merci à vous 🙂
Max-Louis
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Pour fuser, ça fuse! Un vrai feu d’artifice! Je comprends que la bourrique ait tournée chèvre 😉
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Bon jour,
Oui, c’est comme dans l’expression : « du tac au tac »… 🙂
Merci à vous de vos mots et passage 🙂
Max-Louis
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Jolie dispute! Pas moins absurde que d’autres, et plus rigolote!
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Bon jour,
L’absurde ouvre des portes et ses espaces sont à construire … 🙂
Merci à vous de votre … compliment 🙂
Max-Louis
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