Le poisson dans mon désert qui me donnait soif

Oeuvre de Maciel Cantelmo

Oeuvre de Maciel Cantelmo

Agenda Ironique Septembre 2018 – Double thème


Une connaissance, aujourd’hui, a fait référence à un mot que je ne connaissais pas : métropolitain. Tout le long de la conversation, je suis resté bloqué sur ce mot. Debout, je fixais l’interlocuteur avec cette fausse attention de l’intention d’écoute de tentation de l’interrompre pour une intervention avec cette prétention de poser ma question sur ce mot.

J’étais fixé comme ces pingouins en muraille sur la banquise par grand froid à se protéger les uns les autres jusqu’à l’abnégation. En fait, je me trouvais dans cette position étrange et tout à la fois inconfortable d’être à l’intérieur d’un milieu humain et à la fois à l’extérieur comme si j’étais à siroter une boisson de monteuse en bouche dans une brasserie “La Rotonde” que ne je connais pas, d’ailleurs et même d’ici, c’est dire toute la fausseté et l’incarcération de ma posture…

J’avais tenté une sortie et demie vers l’extérieur du bord gauche, sans succès comme pris au piège par une autre connaissance sensible à ma présence silencieuse et intéressé comme pour légitimer sa présence par ma présence. J’en étais presque confus dans un deuxième intérieur de moi-même et j’ai cru même m’entendre dire avec moquerie : “salsifis, mon gaillard, tiens-toi tranquille, fait semblant …”.

Et les minutes se multipliaient comme le pain et le poisson dans mon désert qui me donnait soif dans la nuitée de ce qui était devenu un monologue et je n’avais pas le projet d’entendre les mots : “ici l’Aube !” car je commençais à bouillonner au crépuscule de mon impatience. Je faisais un mini pas vers la droite, puis un autre vers l’avant, mine de rien, l’air de boire les paroles avec cet égard hypocrite, l’infinitésimal habituel de ma personne prenait une dimension monstrueuse. Je le ressentais comme le lait qui passe par-dessus la lèvre de la casserole dont le tatouage d’un lait brûlé défiait la nature même l’élément métal dans sa noble structure par l’élément alimentaire débordant de sa propre nature, rivalisant ainsi avec le génie de l’art culinaire en prenant l’avantage d’une improvisation artistique …

Une invasion d’adrénaline me porta directement à la surface consécutivement à une perte de contrôle de mon métabolisme outragé par l’inaction et les deux événements se percutant, je repris contact avec une réalité qu’un nommé Jacques Lacan n’aurait pas rejeté sur le ballast de l’incompréhension tandis qu’il impose que “Le réel n’est pas de ce monde”, mon infarctus n’aurait eu aucun impact sur ma personne et mon entourage proche …

Bref, le mot métropolitain m’avait porté dans une dimension comme une promenade sous terre, la mienne finirait sans doute sous perfusion …

Tandis, que je reprenais une nouvelle vie dans une autre ville qui ressemblait à celle de … Barbie … je posais un nouveau regard sur ma personne qui avait été modifié par des éléments incorrects qui me définissait en tant que … femme. Je devais me rendre à cette évidence, Jacques n’était pas l’homme qui me redonnerait confiance en moi dans cette forme toute particulière et inconfortable …

Je me cherchais un abri, un logement pour me cloîtrer peut-être dans un meuble, une armoire mais pas un lit, je ne devais pas de l’horizontal perdre pied et en prendre un sans avertissement préalable même si l’on m’offrait le meilleur pinot gris de Bourgogne …

Je ressentais en moi des interrogations de formes imprévues et je sortais pour me dégourdir les neurones intoxiqués par des angoisses existentielles. A la sortie de mon immeuble, je croise sur le parking extérieur, une brebis qui a l’air aussi égaré que moi. Je m’approche. Je mets un genou à terre. Je lui caresse le pelage. Elle se pétrifie aussitôt. Et, c’est à ce moment précis, que ma joue gauche ressenti le salto d’une larme se marquer durablement et puis une autre larme et encore une autre, de centaine et aussi étrange que cela puisse paraître que d’un œil comme si une poussière indésirable s’était incrustée …

Je m’écris avec cette voix indéfinissable à la luette minette avec une octave de mâle : “Bernique ! » Il est des situations entre le comique et le tragique. Une valeur au-dessus de la moyenne qui semble en dehors du temps comme une parallèle entre deux dates dans une année qui n’est pas inscrite sur le calendrier inflammatoire d’une année civile.

Je dois ouvrir les yeux. La ville rose est vide. Elle est ce cauchemar qui m’ouvre les veines comme un pipeline explosé au bord d’un océan de vie qui hurle sous les cendres d’une fin du monde qui se marre sous cape des têtes de morts aux sourires pleines dents irradiés et puis j’entends au loin la cloche du Jacquemart de Dijon. Je prends dans mes bras la brebis et je cours les poumons plein air vers la plage de sable rose, je cours vers la vie, je cours vers l’improbable retour à la normale et devant moi sur cette plage enfin décidée à se laisser voir un ballet de dauphins bleus … et ciel pavé de lumière …

— Alors ? Pas de secours ? Le monsieur va mourir de son malaise ?
— Je crois bien qu’il est trop tard. Calancher sur le quai Bonne Nouvelle … c’est presque de l’humour noir … quelle ironie …

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

20 réflexions sur “Le poisson dans mon désert qui me donnait soif

  1. Pour un petit dégourdissement neuronal, leur faire un léger massage à la graisse à traire les huître Marennes d’olé olé Olé rond.
    Un mélange phospho-iodé neuro-hâtif hyper dégourlissant.
    🙂
    Mais de rien Max-Louis, ne me remerciez pas, je vous en prie.
    😀

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    • Bon jour,
      J’aime les massages, je l’avoue … à l’huile de Monoï (la vraie) 🙂 mais à la « graisse d’huîtres de Marennes … » je suis tout à fait enthousiasmé par cette découverte dont vous m’offrez je n’en doute pas la primeur (le mien est ouvert même le dimanche) … et pourtant contre toute attente de retour de remerciement, je tiens à le dire …:)
      Un admirateur masqué et attentif 🙂
      Max-Louis

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