Participation à Agenda Ironique d’Avril 2019
Rien n’est moins sûr que la certitude.
Un jour des épis de pereskia se présentent à une heure tardive à l’entrée de ma hutte d’hôtes au bord du fleuve. J’ai cru à quelques graines sans importance qui demandent asile pour la nuit toute fraîche de nos contrées. Je ne vais pas germer longtemps dans cette fameuse certitude qui taraude même les meilleurs. Elles s’installent comme des habituées et réclament audacieuses et en chœur un spectacle à casser la graine. Jean Fu serveur de bons vins, de mes employés fidèles et intéressé par la prime du quintal de blé de l’année, outré du ton et de la couleur des propos, s’oppose tout de go avec le jeu de ses yeux noirs et profonds comme deux puits en prolongement verticaux d’une telle demande qui n’est pas de belle facture.
Elles s’opposent, crient, s’excitent, glapissent, s’égosillent, tempêtent, meuglent, tonnent et enfin protestent fermement au rempart en seuil déposé comme un bouclier tenu courageusement par Fu qui tient haut sa position comme une graine de champion. Il n’est pas dit que son dernier mot prennent le chemin le plus court pour porter l’estocade à ces mégères qui s’étalent, de-ci de-là aux tables conquises telles des Amazones contre Priam. Et pourtant, à l’évidence, elles s’égrainent tant et si bien qu’il perd patience, affronte son désarroi et passe au travers d’un doute, d’un flottement, d’un embarras, d’une incertitude et flanche comme une flèche qui n’atteint pas sa cible.
Et, là, défiant l’impensable situation, l’abdication de Fu, je m’interpose et menace, j’exhorte à la raison et la dignité du lieu. Ici, on respecte la coutume et l’ordre. Ne vient pas en repos repas par des impositions, des exigences, des revendications. Les mauvaises graines, par ce coup, deviennent migraineuses, se figent comme dans une gélatine refroidie à fort tempérament. Et puis par un élément déclencheur dont je n’ai toujours pas compris l’once d’une logique graineuse, un grain de folie s’empare des épis comme un enchantement maléfique, dans un tohu-bohu, saccage ma hutte.
Alors, une graine de moutarde me monte au nez, je fais intervenir sur-le-champ les gardes : des fourmis tambocha, qui sont du genre à vous piquer de hannetons si vous prenez latitude d’un maître de céans alors que vous êtes désigné gueux par effet de caste, d’obligation, de résignation ou par convenance personnelle, voire par déplaisance d’attitude. L’épicentre fait onde de choc sur la totalité des épis qui s’éparpillent comme un coup de vent, balaie mon plancher, vers une direction dont la rosace conductrice sait m’éloigner de ces hôtes indésirables.
Rien n’est moins sûr que la certitude.
© Max-Louis MARCETTEAU 2019
Non, rien n’est moins sur! Merci pour ce texte 🙂
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Bon jour,
Merci de vos mots et passage 🙂
Max-Louis
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rien n’est moins certain que le doute ;
j’aime beaucoup cette histoire dérapante, décapante et surprenante !
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Bon jour,
Oui, plus j’écris et moins je comprends moi-même dans quelle direction va cette écriture … qui ressemble de moins en moins à quelque chose …
Merci de vos mots et passage 🙂
Max-Louis
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oui, il faut parfois laisser aux mots l’illusion qu’ils se débrouillent tout seul et peuvent se passer de nous ; simplement, relire à la fin et, souriant, savourer ce qu’on a écrit 🙂
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…ce qu’on a écrit à leur insu !
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J’aime cet angle vue positif … Merci 🙂
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Je dirais mème plus que la certitude par son degré vous indique le degré de maturité du contenu dont elle est l’objet et donc la certitude de fausseté grandissante.
Par exemple : si on est sur que sa femme vous trompe, et l’embète avec ça, alors elle va vous quitter et ne pourra plus vous tromper du tout. En revanche si on est sur que sa femme vous aime ( quelque part exprimé comme ça mon propos final devient un peu trop voyant à défaut d’être clair, mais s’il est clairvoyant …) au fur et à mesure que les années avancent… ça devient un peut trop de moins en moins vrai, parce qu’on compte quand mème un peu trop dessus sans faire attention, et en plus si « pffff depuis le temps elle l’aurait fait avant…elle peut plus maintenant ! » alors là c’est l’accrostiche en strophe, la cataschtroumpf. Elle vous quitte.
Bon ça a l’air simple, de toute façon elle vous quitte…. du coup on laisse entrer n’importe qui dans notre lit , nos patins nos couffins, ET ELLE VOUS QUITTEUH PAS CELLE LA.
Donc alors là c’est vrai, la certitude, c’est le bordel.
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et j’en suis sur
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Bon jour,
L’exemple de la femme est audacieux 🙂 Les femmes généralement n’ont pas de certitudes, munies d’un sixième sens. 🙂 Ce qui est paradoxal dans la mesure où le mot : certitude est féminin et sens : masculin. Cherchez l’erreur. L’un est-il plus nuancé que l’autre ? Possible. Pour ma part la certitude change de profil au fil du temps car rien n’est immuable. Mais croire à sa certitude c’est aussi se rassurer … 🙂
Merci de vos mots et passage 🙂
Max-Louis
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C’est une foisonnante écriture étonnante qui tarabiscote du sens emmêlé quoique bien ordonné, et qui secoue les neurones autant qu’un coquetelier Oscar Labaie, inoxydable, indérogeable. ne serait-ce que par dérogation d’intérêt public du ministère de la réforme des convictions les plus ancrées dans les sous-mi de Sion à la question antécédalement qui ne résoudra jamais le théorème des particuliers qui souhaitent rester de marbre devant les status de la fonction des propos incertains, mais je m’égare, pardon !
C’est assez Ubuesque comme situation à ce que je constate, et la propension à globuliser la belle prose pétillante est on ne peut plus complexe.
Merveilleux style qui fait partir mon commentaire du côté de la force du jet d’ail ski set.
Je vais m’arrêter sinon je peux en faire des pages comme ça, épi après, « on » va me demander si je suis pour ou contre, bien au contraire, et je ne vais pas savoir quoi répondre.
Jolie participation à l’agenda coquelicoté du mois d’avril.
D’une écriture à la table des divisions pittoresques, moi je dis, bravo pour le genre.
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Bon jour Jo,
A l’académie littéraire dont j’appartiens et dont je suis … le seul membre, fondateur, actionnaire, donateur, etc sommes honorés de vos mots. En effet, cette lumineuse rhétorique cime d’un bel horizon, nous enivre de sa musicalité aux nuances ressentis du bonheur …
Max-Louis
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Sans doute qu’un seul grain de folie est suffisant pour élucubrer de cette façon 😉 et rire est bon pour la santé. Merci Max-Louis
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Bon jour,
Oui, absolument et ce grain folie reste encore autorisé 🙂
Merci de vos mots et passage 🙂
Max-Louis
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C’est beau, les larmes me montent aux yeux, à moins que ce soit les oignons que j’épluche…. ou les deux…..
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Bon jour,
Un kleenex made Chine ou un mouchoir tissu de Cholet ? 🙂
Merci de vos mots et passage 🙂
Max-Louis
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Je fais tout moi-même, je me les tricote. Noyeuses vasques !
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C’est beau l’autarcie 🙂
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