Consommez votre solitude toute seule

Feu_cheminée_le_divatte_Iotop_2018

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Le Marathon de la Nouvelle (merci à Sabrina de cette découverte)


— … et faites pas cette demi-tête.
— Ça ne veut rien dire : demi-tête … c’est la tête entière, et dites : ne faites pas la tête.
— Vous êtes vraiment à fleur de chose.
— On dit : à fleur de peau.
— Oh là là là là … quel mauvais coucheur !
— Vous pouvez dire : quel mauvais caractère.
— Je ne dis plus rien.
— C’est ça … consommez votre solitude toute seule.
— C’est bien pompeux.
— Non. Je vous dis d’une manière élégante ma pensée.
— Passez moi plutôt votre veste.
— Non.
— J’ai froid.
— Vous avez qu’à regarder dans les caisses environnantes.
— Franchement, vous n’êtes pas aimable.
— Normal, non ?
— Non !
— Comment, non ? On vient de tout perdre !
— Nous sommes vivants.
— Et après ?
— La survie n’est pas qu’une question de volonté, il faut un minimum.
— Eh bien, je n’ai pas de besoin de vous.
— Que vous dites.
— Comment ça, que je dis ?
— Nous sommes perdus à jamais …
— Impossible !
— Une camionnette de vêtements, au fond d’un ravin ?
— Si vous ne m’aviez pas allumé, nous n’en serions pas là !
— Vous n’avez jamais vu une femme en robe d’été ?
— Si, mais pratiquer de l’auto-stoppe en tenue aussi courte …
— Et si j’avais été en maillot de bain, deux pièces, hein ?
— Pas pareil !
— Comment ! pas pareil ?
— Bon, écoutez … j’ai mal aux os et au dos … je ne vais pas traîner, là …
— Avec la nuit qui arrive …
— Vous faites ce que vous voulez, je me casse …
— Vous avez le sens de l’humour.
— Non, je tiens à survivre et même sans vous.
— Chacun pour soi.
— C’est ça
— Mais dites moi avant de partir … vous n’avez pas oublié un détail ?
— Quoi ?
— Je suis déjà morte.
— Morte ?
— Eh oui.
— Moi aussi … alors ?
— Irrémédiablement …
— Mais alors, cette conversation ? …
— Nous sommes devenus des errants … des ectoplasmes …
— La tuile … nous sommes liés à jamais … pour l’éternité …

© Max-Louis MARCETTEAU 2019

L’aube s’approche de mon visage

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Le Marathon de la Nouvelle (merci à Sabrina de cette découverte)


Je marche aux rues nuiteuses de la ville qui se gargarisent des sommeils aux ronflements des rêves et incontinences aux réveils d’un sursaut de coeur au matelas déformé par la voix d’un rêve barbelé de barbe à papa mais dont le sucre-glu emprisonne les gestes de délivrance …

Je marche en compagnie de ma fidèle bouteille de whisky valorisée par mon adoration aux degrés de mon réchauffement corporel et des débordements de mes plages fixes sur les boulevards à refaire le monde comme un dessinateur créateur d’un autre vivant humain jusqu’à l’os de l’orbite à la spatiale conquête de l’harmonie ente lui-même et sa conscience à la disparition de son animalité …

Je m’assois sur le banc bois à multiplace dans l’unique but de m’envoler au premier allongement d’un nouveau rêve pour oublier qu’ici je ne suis qu’une quantité négligeable négligé à néantiser en un mot à nettoyer de la place des indésirables comme une feuille morte sur le mauvais tableau …

L’aube s’approche de mon visage et mon allongement s’étire encore et encore sur des landes de rayons cosmiques d’un soleil flamboyant découpant l’horizon à la hache d’un jour à l’ombilic abricot quand un oiseau d’eau à la rencontre inattendue me dit :

— Alors soûlot un autre seau pour te réveiller complètement ?
— Ignoble, dis-je étendu sur le bord d’une parenthèse.
— Ignoble ? Je suis ta sécheresse de ligne de vie.
— Tu me parais trempée d’un sacré caractère.
— Je suis ta dernière ligne de flottaison mon coco.
— T’occupes, ma vie m’appartient.
— Eh bien, prends soin de ne pas laisser de trace.
— Je suis déjà invisible.
— Que tu dis …

Devant moi, des visages inconnus, des propos défilent …

— Monsieur ? …. monsieur ? …
— Il revient à lui…
— … vous êtes hors de danger … tout va bien … vous avez bu la tasse des baïnes …

© Max-Louis MARCETTEAU 2019

Scotché entre la septième et sixième marche

Escalier_st_nazaire_Iotop_2019

Escalier_st_nazaire_Iotop_2019

Des mots, une histoire : récolte 23


Aujourd’hui, le tapis me fait la tête … et moi aussi. Il me paraît d’un poussiéreux galactique. Je vais le rouler et le déposer dans le parking collectif. Je sais qu’il y a un sans domicile fixe qui va se fixer … dans quelques jours dans ce lieu protégé… l’hiver arrive à grands pas …

Je descends les escaliers, éclairage vivace, tapis sur l’épaule, pour rejoindre le parc de stationnement … au sous-sol, quand une araignée anthracite aussi plate que ma main et aussi large, me précède…

J’en crois pas mes yeux … tétanisé, vitrifié, une avalanche nommée angoisse me crie son saisissement et je reste scotché entre la septième et sixième marche quand au même moment les gros yeux de l’arthropode chélicère semblent me sourire …

Mon humanité appelle au crime d’une telle bête quand elle avance de quatre pattes, je recule de deux marches et je me sens pris au piège d’un tel phénomène qui vient d’une autre planète si ce n’est du port qui est à deux pas d’ici …

Je me décide à tenir tête à cette immonde bestiole avec une bonne bouteille d’acétone et un bon briquet pour une flambée digne d’un big bang … mais, car il y a un mais, je n’ai pas ce matériel et j’ai l’impression que je vais éclater comme une bulle de trouille qui ne va pas tarder à remonter quatre à quatre pour évacuer ce cauchemar à huit pattes …

Quand, par une idée incongrue dont la nature humaine a le secret par sa préférence de se déclarer au bon moment, je balance mon tapis roulé dans un élan de rage puisé à la moelle de la laine de cette arme blanche inattendue …

Et d’un fracas de craquements qui ressemblent à un météore qui traverse un toit, à la charpente de type fermette, habillage tuiles, un cri étouffé et pourtant perceptible sort de la gorge de la bête qui s’écroule en contrebas de l’escalier et se recroqueville pour mourir sans avoir compris le fatal de sa situation …

— Quel drame ! Ces jeunes à fumer n’importe quoi !
— En effet, son vieux mari tout perclus de rhumatismes a été tué par erreur dans l’escalier du sous-sol …
— La fameuse araignée …

© Max-Louis MARCETTEAU 2019

Motif d’un algorithme neuronal

Cuisine_expo_Iotop_2017

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Le Marathon de la Nouvelle (merci à Sabrina de cette découverte)


Il est là, derrière la porte. Je sais qu’il m’attend …je n’avais pas compris les subtilités de ses changements. Une prise de conscience entre lui et moi. Une idée qui germe dans le mauvais terreau et le terrain vague du possible au dérapage de l’embourbement de l’acte irréparable de l’effet d’une angoisse à calmer la loi défigurée à la Une d’un événement sur les réseaux aux visages sociaux qui purgent leurs propres démons…

Il est là, derrière une porte. Je sais qu’il m’attend … l’âme défiant les contenus et à la fois les contenants il est redoutable et à cet instant il joue au sous-marin en sous-main il est prêt à me torpiller comme l’ennemi à passer à l’acte l’arme à gauche quoi qu’il en coûte tout est là de sa détermination comme un leitmotiv il va gratter le bois comme un signe de sa présence physique …

Il est là, derrière ma porte. Je sais qu’il m’attend … je m’avance d’un pas à un autre suspendu à la lueur d’un doute d’une peur à la réponse d’un partir mais j’avance à contre sens du bon sens de la logique d’un instinct de survie qui me hurle d’une voix intérieure tissée à la raison parfois rasoir qui ne risque pas un iota de son entité à son pourcentage de probabilité sur le motif d’un algorithme neuronal qu’il sait à présent en sursis …

J’ouvre la porte de la cuisine … il est là … le couteau assassin…

© Max-Louis MARCETTEAU 2019

Le grillage imperméable

Coq et Poule Bisous Iotop 2019

Coq et Poule Bisous Iotop 2019

Des mots, une histoire : récolte 22 (participation hors délai)


— … sûr, j’en ai la chair de poule !
— Quelle horrible fin !
— N’est-ce pas !
— Et maintenant ?
— Eh bien, voyez-vous, j’en conclus que le talon d’Achille des hommes … n’a rien à voir avec les femmes.
— Ah ?
— Oui !
— Eh quel est-il, le talon d’Achille des hommes ?
— Je cherche encore.
— Ah ?
— Oui !
— Vous travaillez … du chapeau, non ?
— Non, non, je ne travaille pas le chapeau, je travaille le métal.
— Le métal ?
— Oui, je fais du grillage.
— Et c’est difficile de travailler … le grillage ?
— Oui, et il a l’avantage d’être imperméable.
— Oui, mais … entre les trous ?
— Il pleut bien sûr, mais le métal lui est imperméable !
— Effectivement, suis-je bête.
— Je ne vous le fais pas dire.
— J’ai eu une absence de logique.
— Ce n’est pas de la logique, c’est l’évidence. La logique, c’est pour les intellectuels !
— Ah ?
— Oui !
— Bien, je vais vous laisser …
— C’est un beau métier que le vôtre, vous savez … vous prenez le temps d’écouter …
— Merci.
— Je le crois … même si l’émerveillement ne vous ouvre pas les portes tous les jours.
— C’est vrai… il y a aussi de l’obscurité
— En tout cas, vous êtes une chouette factrice.

© Max-Louis MARCETTEAU 2019

L’oubli est aussi une aubaine

Chateau_treillieres_Iotop_2017

Chateau_treillieres_Iotop_2017

Agenda Ironique d’Octobre 2019


« Clara allait au Cora« , le dimanche matin comme certaines bigotes allaient à la messe, car avec « Cora, la qualité est là ! ».

Cependant, ce jour-là, elle avait un rendez-vous, tout là-bas, sur la terre des Neufs Pendues, au manoir de la comtesse de La Motte Hantière et dont les six enfants étaient appelés par le village : les demi-mottes.

Clara avait la trentaine marquée, le corps d’un boulot et la chevelure blonde d’un pleureur, célibataire et vendeuse dans un magasin de lingerie fine, ce jour-là, elle allait apporter à la comtesse, très exceptionnellement, des pièces pour un essayage particulier avec l’accord de son employeur … la comtesse en ce milieu d’après-midi devait recevoir son amant dans une discrète dépendance que contient le manoir sur la terre des Marais … devenue cultivable à la fin du dix-neuvième siècle développant ainsi les ressources du domaine.

Telle était en fait la rumeur, de cet amant, qui s’était installée, comme une lèpre sur le corps social et le corps social ne fait pas le dos rond ni avec le dos de la cuillère quand c’est croustillant, voire morbide et le morbide avait son mot à dire …

Les jeux étaient faits et la comtesse agonisait ligotée dans son peignoir déshabillé dans une cave au plus sombre de son histoire entre l’humidité de la Mort et l’angoisse d’une terre battue à qui l’on avait creusé comme un stigmate sa propre chair pour l’attente d’un contenu de chair probable …

— Alors, salope … tu croyais quoi ? … ton petit jeu allait durer éternellement ? Il m’aime, moi … je suis jeune, belle, je l’aime … et toi … tu es répugnante avec ton argent et tes cinquante ans à la cougar… tu vas crever sans requiem à la Mozart … sans rejoindre ton cocu de mari … mort de tes frasques … de ton cul toujours trop chaud …

Elle avait posé sa pelle à côté de la pioche. Elle était tout en sueur, cette sueur de la vengeance, cette sueur de la justice, cette sueur qui allait enfin lui apporter la liberté …

— Il te croira partie … comme tu le fais si bien, sans prévenir, comme tous les ans … comme une crise de ton plein de vie, tu veux être libre … tu vas l’être totalement … j’ai tout calculé …

Et elle avait repris la pelle et d’un coup ajusté, elle avait frappé fort très fort le profil de la femme de la mère de l’infamie dans un craquement d’os … à retardement et d’un semblant dernier souffle … elle avait enfoncé dans la bouche du cadavre, pour faire bonne mesure, un tanga dentelle …

— Bouffe-le, jusqu’à l’éternité …

Puis, d’efforts en efforts elle avait traîné et basculé le corps dépouillé de dignité dans la fosse … et les deux beaux paquets de lingerie … et la chaux vive … jusqu’à l’épuisement de sa haine elle avait pelleté pour recouvrir son acte sa rivale puis avait égalisé le reste de la terre dans l’immense cave et avait roulé quelques tonneaux puis debout comme stèle …

Dix heures dix minutes dix secondes … du matin… la montre de Clara s’était arrêtée posée et oubliée sur une étagère poussiéreuse de la cave … mais l’oubli est aussi une aubaine à qui sait chercher au bon endroit …

Le chaudron magique de sa vie allait enfin s’ouvrir sur nouvelle ère d’amour, à cœurs ouverts ils allaient s’aimer … après ce coup de balai de « la vieille » comme il disait, dont il avait soutiré une petite fortune car tel était son rôle à lui … les deux complices pouvaient retirer le masque de la cupidité du faux semblant …

Mais au retour de son forfait, à rejoindre sa voiture, sur le bord d’un chemin poisseux d’eau de la nuit à la lune gaillarde au hibou de service qui digère son deuxième mulot égaré par un rayonnement lunatique … à prendre un raccourci à traverser champ, elle avait été prise au piège d’une gadoue en ventouse genre sable mouvant … un restant de marais … un restant d’outre-tombe ancien … comme des racines qui l’avaient enveloppée par les chevilles … elle s’était enfoncée …

Elle avait crié, de ce cri thoracique qui brûle la gorge jusqu’au creux du ventre de l’ombilic de l’utérus … ce cri dit sauvage de la bête blessée qui sait son heure arrivée devant l’abattoir …

« C’est ce qu’on appelle être faite comme un rat ! »

© Max-Louis MARCETTEAU 2019

… l’épine dorsale de la paranoïa

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Des mots, une histoire : récolte 21(participation hors délai)


Je suis là au fond d’un semblant de lit dans mon dix mètres carrés aux coins arrondis par les punitions de ma vie et les bonnets d’ânes de l’ordre du … désordre …

J’ai été soupçonneux jusqu’à l’épine dorsale de la paranoïa, j’ai parcouru les mondes de ton corps, j’ai caressé toutes les lignes verticales de ta jouissance … j’ai liquidé tes larmes, j’ai passé mes nuits à ligoter ta vie de jour … j’ai dévoré ta liberté …

La gazette en a fait un gros titre une seule journée … le jour de ta mort provoquée par un jaloux … moi …

Mes angoisses viennent de toi … quand je repense souvent à tes yeux révulsés par le manque d’air à serrer ton cou qui était bien épais à bien y repenser ta bouche a fait une bulle comme un appel d’espoir jeté dans le plein de mort de notre chambre qui se voulait d’atteindre la fenêtre ouverte de cet été de canicule où ton corps trop nu m’avait fait soupçonner un voisin lointain de l’autre côté de la rue un genre de particulier célibataire possiblement …

Tu as été ma faille… mon amour …

© Max-Louis MARCETTEAU 2019

Un noyé sur le bord de l’aveu

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Le Marathon de la Nouvelle (merci à Sabrina de cette découverte)


Dimanche à Paris un monde entre ce trottoir du cinq heures dix-huit du matin fraîchement lavé et les habitants en attente de se vidanger je marche seul une bouteille à la main comme une accolade vers un autre monde aux moments de hasards et de plaisirs minutes…

D’un pas à un autre j’essore ma pensée première de la première minute du jour et me délecte des images possédées sur un parapet debout devant la Seine m’observe je suis statue de chair à chair de poule je ressens le frisson de l’importance de ce fleuve et j’ose le défier à l’usure d’un temps au fil du temps qui se tisse à l’horloge d’un contre temps conséquence d’une pause à la note dévergondée d’un instrument à vent d’ouest épris d’une rosace à quatre et demi d’un monde qui a perdu le nord et la gare qui s’annonce je détourne la tête d’un mouvement de rouages je suis voyeur de l’événement je déraille à contresens à vent contraire la houle de mon humeur tapeuse ressemble à un noyé sur le bord de l’aveu à sortir la sirène hurlante qui s’étonne des voyeurs sangsues au brancard de l’illusion embarquer une demi-vie d’une masse atomique d’une vie scalaire au dernier cri d’un secours si ce n’est d’une voix commune reconnaissable à l’onde de choc vibrant défiant le mégaphone …

— Dis-moi, mon fils, tu comptes rentrer manger ou à présider ton avenir à picoler sur ce parapet … Emmanuel ?

© Max-Louis MARCETTEAU 2019

L’écho étendu à dormir dans le hamac

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Des mots, une histoire : récolte 19 (participation hors délai)


Pro-cras-ti-ner ! et les syllabes frappent à la porte de l’écho étendu à dormir dans le hamac nommé demain … toujours fâché avec aujourd’hui même s’ils jouent chaque jour à saute-mouton comme un « je-t’aime-moi-non-plus » entre minuit et minuit dans la pénombre de l’horloge du temps qui ignore ces moments car aiguillonnée par le mot passé possédé du miracle de la sourde oreille …

Et le vide en porte drapeau de la procrastination se met en volume d’imposer sa propre consistance et dévoile son pouvoir comme une instance qui se veut le poison de la couleur d’un ara d’une vérité possiblement nommée en faux peut-être bonheur genre de boîte de Pandore qui envahit une vie et emporte toutes les valeurs des projets si ce n’est ceux des rêves …

Et la question d’une existence personnelle désactivée s’ouvre séparément à la vie collective dont le capharnaüm ambiant a ses rues qui s’essoufflent aux passages de gens qui s’imposent à taquiner leur destin avec celui de la masse comme des faire-valoir industrieux d’un savoir-vivre savoir-être démis de leur nature …

Alors, à chacune à chacun de choisir son camp car ce n’est pas la longévité de la vie qui fait une existence mais la façon dont on l’utilise …

© Max-Louis MARCETTEAU 2019

Un étrange sourire devant le monde

En vers et contre nous Iotop_2019

En vers et contre nous Iotop_2019

Le Marathon de la Nouvelle (merci à Sabrina de cette découverte)


— Elle était belle … et c’était tout. Non, elle avait autre chose : un étrange sourire devant le monde. D’ailleurs, ce sourire m’avait conquis comme un iceberg qui se réchauffait au changement climatique et fondait. Et oui, j’avais fondu carrément littéralement complément entièrement débilement … j’étais devant une merveille et donc je m’émerveillais … Elle m’avait accepté tel que j’étais avec mes défauts marqués et mes qualités nuancées … j’avais découvert que l’amour était aussi dans les étoiles de l’autre … et le « rêve n’est pas qu’une ombre » comme le dit Hamlet … ma vie avait pris la sixième dimension sans navette rien qu’avec le cœur et mon désert de célibataire a vu fleurir et naître une nouvelle source et remplacée l’océan marécageux de ma solitude qui se prenait pour éternelle est riait le soir devant mon miroir et qui de ce face à face je restais de marbre pour ne pas donner un relief à quoi s’agripper mais tous les soirs cette solitude me serrait le sentiment de ne pouvoir aimer et être aimé comme si je n’avais pas ce droit de trouver l’âme sœur la chaussure à mon pied ma moitié devenue ma seule raison de vivre encore au milieu de mes semblables qui de loin m’ignoraient et des proches qui me tenaient pour responsable de mon état de terre promise et que la jachère avait pris racine et je me sentais retenu par une laisse comme un animal qui voudrait découvrir un autre territoire qui avait la restriction par défaut … mais je l’avais rencontrée et depuis lors le pain avait un notre goût le café du matin un autre arôme le ciel avait un autre regard sur moi sur Nous … je n’étais pas heureux Nous n’étions pas heureux Nous étions bien très très bien … apaisés complices …

— Arrête ! Tu vois bien qu’elle ne peut plus t’entendre .. elle est complètement défigurée …
— … écrasée … oui, je vois …
— Cela ne sert à rien …
— Pour moi, elle était toute ma vie … pour toi, elle n’est qu’une poupée gonflable.

© Max-Louis MARCETTEAU 2019

Une déclaration devant le monde

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Rose_nuageuse_Iotop_2018

Le Marathon de la Nouvelle (merci à Sabrina de cette découverte)


— Vision d’outre-tombe les mots s’étiolent et le silence est devenu sourd… il y a comme un os. Je rentre les épaules et mes funestes pensées dans le frigo sidéral de la Mort et pose mon céans sur le banc du marché du mercredi celui des Indigents où la solitude se vend toute l’année au prix de quelques mots engagés sans engagement ou en abonnement gratuit de présence les mains vides mais le cœur au présent à l’avenir … tu es partie … décédée sur le papier sur ton lit d’hôpital … dans le cercueil … je suis réfrigéré à vie de ta mort comme l’évidence de l’impermanence perméable pénétrée pénible et pourtant pétrifié à la conservation d’une nuit d’étoiles tellement lointaines mais une seule à la magnitude si présente … je retiens mes larmes j’ai voulu retenir tes mains trop glaciales … tu m’as dit « prends soin de toi » mais à présent comment réaliser ce vœu dit dans un dernier souffle d’humanité … je suis comme un bâtiment qui subit un tremblement de terre les failles invisibles s’ouvrent au grand jour d’un soleil d’été au ciel trop bleu comme un œil fixé à la fenêtre de ma vie qui s’effondre … ma structure est sur pilotis comme ma croix mais je ne suis pas Jésus et pourtant ma couronne d’épines est mon quotidien ..

— T’as pas fini de faire ton cinéma …. une déclaration devant le monde et te plaindre par-dessus le marché … vient ramasser les caisses de pommes de terre, feignant… ta gueuse de fiancée ne reviendra pas, pour sûr … feignant !
— Oui, maman !

© Max-Louis MARCETTEAU 2019