Rho-Man Tout en Gala-Tik – Prologue

Sur une idée commune de « fabriquer » un roman chacun, avec Carnetsparesseux, on tient le pari de tenir la distance. Chaque semaine, tous les mercredis, un nouveau chapitre sera présenté, chacun sur son blog.


Tout est là, en attente.

Le chef, Qi Peuh Leu P+ se gratte le haut du crâne dégarni par les longues nuits de questionnements et de doutes qui se faufilent (et pas faux-filet) suite à la mission confiée par l’Entité, sous le couvert (et la vue basse) du Haut Découvreur en chef pour la mission nommée : De tout et rien, (et pas tout terrien) dans un périmètre assez vaste pour contenir plusieurs millénaires…

Aujourd’hui, avec ses valeureux guerriers ils ont atterri sur une plage de sable vert comme si des algues microscopiques avaient élu domicile, sur ce territoire exoplanète dont un océan d’eau au nuancier de gris fait grise mine sous une étoile naine jaune citron qui balafre le ciel blanc linceul.

Qi Peuh réfléchit en compagnie de l’onde lumineuse de sa cabine de pilotage biplace et se demande comment ils en sont arrivés à cet endroit, assis sur l’avant droit de son immense vaisseau inter-malactique suite à une traversée de plusieurs méga-parsecs qui a eu lieu en une fraction de seconde. Il se demande d’ailleurs s’il n’est pas en train de rêver les yeux ouverts. Il a l’impression d’être dedans et à l’extérieur du vaisseau !

Alors erreur de pilotage ? Défaut de programmation Apligalic ? Champ magnétoBicolic défaillant ? Éruption cutanée des neuro-transmetteurs du pilote automatique ? Poussière Loubicamie sur un réseau Transpotalavie ? Il a ainsi une multitude de questions qui s’empilent comme les gâteaux Moulito embarqués par précaution en cas de famine imprévue. Et l’imprévue n’a pas tellement bien fait les choses. Il n’a pas les moyens de revenir sur le territoire d’origine. En effet, l’énergie dépensée n’est pas, apparemment, renouvelable.

Poser le campement, seule chose à faire avant de voir fleurir la bonne idée qui fera avancer la mission avec cette lueur charbonneuse qu’aucun chardon ou épineux ne viennent piquer la mauvaise augure dans son sommeil.

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

La courroie de transmission de ses envies

Les petits cahiers d’Émilie. Émilie 9.20 (Hors délai)


Il était une fois un tracteur qui s’ennuyait ferme, même si une vieille poule lui concoctait tous les jours un résumé de la veille des caquetages de la basse-cour. Il avait été marqué d’obsolescence avec d’autres matériels dont les états étaient divers et variés entre les pannes et la vieillerie. Ils étaient devenus le produit de l’inutilité même si parfois des inconnus osaient ponctionner quelques pièces de leurs mécanismes, et cela au déchirement silencieux d’une déchéance mal vécue…

Tandis que dans la buanderie une lessiveuse chantait à tue-tête un bel canto en compagnie d’un feu ardent amoureux à la première forme de ses lignes de fond, le tracteur ruminait à travailler de nouveau dans les chants… euh les champs… avec tout son saint-frusquin : charrue, broyeuse d’accotement, chargeur frontal, faucheuse, déchaumeurs, remorque… et ouvrir enfin une nouvelle vie à une utilité digne d’être reconnu…

Cependant le paysan bourru et dodu à souhait n’avait aucune intention de reprendre comme compagnon son tracteur. En effet, bêche, fourche, râteau étaient ses alliés de chaque jour, humblement et efficacement. D’ailleurs, il était devenu dans sa ferme une réduction de lui-même aucun repreneur n’ayant voulu… reprendre ses quelques centaines d’hectares vendus la mort dans l’âme et le pire à une société écran chinoise dont il n’avait pas eu connaissance si ce n’est trop tard…

Ainsi, il lui restait quelques arpents avec un poulailler, une belle terre en jachère, un unique prunier qui donnait une année sur deux. Bref, sa vie n’avait plus rien à construire et la courroie de transmission de ses envies avait cassé irrémédiablement.

Et ce jour-là il fit un rêve étrange, celui de son tracteur qui le tourmentait pour reprendre du service à cultiver quelque que beaux légumineux sur son lopin riche et sain. Et chaque nuit, à heure fixe, ce rêve le poursuivait. Quand, un jour de pleine Lune ne pouvant dormir, il se leva. Chaussons aux pieds, il s’avança vers la porte pour sortir. Il eut une peur bleue au fond des yeux. Le tracteur était là… à son seuil, silencieux et imposant.

— Alors camarade, on reprend du service ensemble ? lui dit le tracteur de sa voix douce de ténor.

Le paysan n’ayant pas le cœur assez solide capota en avant la tête sur la calandre du tracteur.

Depuis ce jour la légende dit qu’un tracteur a enterré son propriétaire à la nouvelle Lune et que l’on entend ronronner ses chevaux a vingt lieues à la ronde.

Morale : ne vous levez pas si vous entendez un tracteur devant votre porte.

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

La grotte de l’ours indien

Grotte de Han du livre Les Artères du globe de Paul Bory 1888 – Page 213

Grotte de Han du livre Les Artères du globe de Paul Bory 1888 – Page 213 – Gallica

Des mots, une histoire : récolte 44 (Hors délai)


Délétère, sourcière, salière, poudrière, entière, derrière…
— Stop ! Quelle est cette terre de mots ?
— C’est un extrait.
— Extrait de quoi ?
— D’un prologue.
— Un prologue ? De quel livre ?
— « La grotte de l’ours indien »
— Connais pas.
— 1963.
— Encore moins.
— C’est l’histoire d’un adolescent adopté par une famille d’ours et d’une guérisseuse qui s’éprend de ce jeune homme.
— Inattendu.
— C’est une atmosphère à la fois animale et tendre.
— Un poil intéressant ?
— Je ne vais pas faire la vaticination* ou simplement te dévoiler… il faut lire…
— Tu peux me résumer sans tout me dire !
— Non !
— Je suis marri de cette attitude !
— Cool, ce bouquin…
— Eh bien ?
— Eh bien ! … il n’existe pas !

  • : prédiction

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

Le drame aux mains propres

Chaise sur champ (Si vous connaissez le la photographe )

Chaise sur champ (Si vous connaissez le la photographe )

Les petits cahiers d’Émilie. Emilie 8.20 (Hors délai)


La montagne se tient à l’horizon. L’aigle se pose sur la cime du premier arbre. Le mouton est en mode attente et le ruisseau… ruisselle et les ragots ragotent au café du village.

Ainsi, le décor décoré est installé, le drame aux mains propres s’habille de ses chaussettes réversibles, de son pantalon tissé à l’ortie du Nord, d’un long manteau feuillu de la plaine et d’un large chapeau plat fait de lames genre rasoir au possible et d’un radar dernier cri à appréhension amplifiée.

Quand le corbeau de service, s’approche en vol plané en delta et se pose aux cotés de l’aigle genre royal troisième branche à partir du bas, et dit :

— Alors, vieux frère, tu cogites ?
—…
— Si tu l’enserres trop lentement, il va iodler dans toute la vallée.
—…
— Au contraire, si je le rabats vers le ruisseau chantant, tu pourras à loisir le cueillir.
—…
— T’es pas causant mon frère, aujourd’hui ? Un problème ?

L’aigle d’un coup de bec comme un retour de boomerang sectionne la tête de linotte… du corbeau. Le bel aigle a un frisson de sa belle chair emplumée, éprouve un seul hoquet, déplie ses ailes, brasse l’air par une belle résonance qui traverse les belles lignes de la vallée jusqu’au journal déplié à la lecture d’un villageois d’une belle vieillesse assis sur un banc de granit, bien au frais, sous le platane de la place.

— Le rapace n’est pas de bonne humeur… y en a un qu’a dû morfler…
— Pour sûr, répond son vieux camarade de classe qui fume la pipe, le chapeau de paille entre les oreilles.
— Alors, tu vas le gronder ?
— Non, non.

Les deux hommes se regardent d’un œil profond et… rapace, glacial.

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

D’un éther a la rondeur de mon aimée – 12/12

Nicolas-François Gromort 12 1837

Nicolas-François Gromort 12 1837

 

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Les illustrations de Nicolas François Gromort (Fondeur en caractères, actif à Paris vers 1830)


12/12

Lucie, bien avant Jacquard

— Ma solitude, pourquoi souris-tu… édentée ? As-tu un autre nom ? Toi mon isolement mon désert d’amour dis-moi je t’aime dis-moi ma survivance ma douce faux à l’Ankou filigranée je te défie au bord de ma lignée détissée sur une trahison où j’ai posé mon désir fané sur une dalle de marbre veiné de ma tristesse et je brode mes malheurs à la vielle de mes larmes à mon océan d’amertume je rame sans fin comme pour résister encore et encore jusqu’au dernier moment sans rédemption abandonnée à mon sort sur le parvis des langues quolibets…

« Les hommes sont bizarres ; ils ne savent rien refuser à une femme
qui leur est étrangère, et celle qui mérite le plus leurs égards semble
toujours celle qui en obtient le moins. Mon saisissement, mes regards
suppliants, rien n’a put’arrêter, rien. Tu es parti ; je suis restée là,
debout, immobile ; je t’ai suivi des yeux donnant la main à cette femme.

Je l’ai vue monter en voiture. Puis toi, toi près d’elle ! Le bruit de la portière,
lorsqu’on l’a fermée, m’a presque renversée ; celui des roues, lorsque
l’on est parti, m’a fait pousser un long gémissement ; il me semblait
qu’elles emportaient ma vie, qu’elles broyaient mon cœur. Mes forces
diminuaient à mesure que le bruit s’affaiblissait ; et quand le dernier
murmure s’est perdu dans l’air, j’ai cru ne plus exister,
et je suis tombée mourante sur un siège. » (Constance de Salmlettre II)

— Ma solitude, pourquoi souris-tu… édentée ? As-tu un autre nom ? Et toi mon fils qui répudié mendiant sur le trottoir et vous mon époux défilé du logis désengagé à mon encontre je paie le prix de votre mésalliance et pourtant j’avais ce pouvoir de pardonner Dieu m’en est témoin et j’acte de mon nouveau chemin à la croix des calvaires vous me tiraillez le cœur et l’âme s’émeut de tenir prières sur les genoux des froids pavés de l’incertitude d’avoir une place au ciel moi honnête dévouée pieuse je m’endormirais l’enfer dans mes bras… moi l’innocente…

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

D’un éther a la rondeur de mon aimée – 11/12

Nicolas-François Gromort 11 1837

Nicolas-François Gromort 11 1837

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11/12

François et son fils

— … fils ingrat … relève-toi morpion…
—… Père ancêtre de la bonne parole et morale…
—… vas-tu te taire…
—… tu as trompé…
—… enchaîne tes mots à l’instant…
—… ta turpitude sera ta croix, indigne géniteur…
—… mauvaise herbe je vais te brosser l’échine…
—… tu n’es qu’une vermine qui ronge les sangs de ma mère…
—… insolent persifleur…
—… je t’ai vu à trousser la servante de l’auberge à la cave je t’ai vu sortir et elle derrière toi…
—… vil cafardeur, je vais te rosser jusqu’à l’os …
— … je préfère te renier père au sceau de ton nom je quitte ta souveraine possession … adieu !
—…

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

D’un éther a la rondeur de mon aimée – 10/12

 

Nicolas-François Gromort 10 1837

Nicolas-François Gromort 10 1837

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10/12

François et Nicolas aux unités du temps

— Quelle direction matelot ? Quelle étoile suivre ? Quel destin dans les flots incongrus ? Que ce bois trempé et courbé comme l’échine d’un esclave nous mène hors de nos chaînes de nos habitudes graisseuses de temps imparfait qui nous tiennent en chair le regard sur l’ailleurs et le ciel qui se grise sur fond de cale j’ai l’impression de m’ouvrir les veines sur le rebord d’un puits de colère enlisé dans ma gorge comme un premier vol de l’oiseau printanier empaillé pour faire décoration d’un souvenir qui n’a pas eu lieu tel un livre non imprimé… la mémoire se dessale…

« Qui de nous a changé ? Pourquoi dans la carrière
L’un court-il en avant, laissant l’autre en arrière ?
Lequel des deux soldats a déserté les rangs ?
Pourquoi ces deux vaisseaux qui naviguaient ensemble,
Désespérant déjà d’un port qui les rassemble,
Vont-ils chercher si loin des bords si différents ? » (Félix Arvers)

— Quelle direction matelot ? Quelle étoile suivre ? Quel destin dans les flots incongrus ? Nous sommes des évadés frère de nos terres nourricières et l’orage nous accompagne en tête les voiles sifflent et le vent danse la quadrille dans un solo infernal à la flamme de son désir des embruns comme de vagues larmes qui s’écrivent sur l’océan défait comme un lit de souffrance l’écume fait suaire et les grincements de notre goélette nous rappellent notre condition de terrien à la mesure de volonté de rester dans le chemin tracé… faut-il se l’avouer ?

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

D’un éther a la rondeur de mon aimée – 9/12

Nicolas-François Gromort 09 1837

Nicolas-François Gromort 09 1837

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9/12

Nicolas bien avant lui-même

—… car toute la saveur de ma terre est au crottin et…
— Arrête de penser et concentre-toi !
— Je cause en tête-à-tête.
— Eh bien, fait le en silence ou dégoise avec tes bourrins.
— Pas des bourrins tête de mule, des bretons…
— Pareil.
— Non, non, de belles bêtes, puissantes, massives, robustes…
— On ne va pas s’éterniser…
— Si toi tu reprenais ton harnais et te taire .
— Alors, arrête de m’asticoter.
— Petite voix intérieure de moi à toi tais-toi.
— Fais de même et suis ton sillon.
—…

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

D’un éther a la rondeur de mon aimée – 8/12

Nicolas-François Gromort 08 1837

Nicolas-François Gromort 08 1837

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8/12

François et Lucie bien avant la Genèse

— Quel avenir ? Quels horizons mon François pour notre progéniture ? L’arbre du péché fruit du pêché à la langue prêchi-prêcha à prêcher les mots sont à la portée comme l’accouchement à la multiplication de l’espèce humain, je suis ta servante et ton épouse, je suis ta patience et ton foyer, je suis tout à toi sous ton toit jusqu’au confessionnal d’âme à corps tu es mon maître à la douce attitude au juste propos à l’amour fidèle à l’assistance indéfectible et tout en toi me fait reflets d’un honnête homme… pour une femme sincère…

« Plus je ne crains de nulle estre deffaite,
Car du tout est Justice satisfaite.
Mon doux Espoux en a fait le paîment
Sy suffisant et tant abondamment,
Que rien ne peult ma justice vouloir
Que de luy seul elle ne puisse avoir:
Car il a prins tous mes pechés sur
Et m’a donné ses biens, comme je croy. » (Marguerite De Navarre)

— Quel avenir ? Quels horizons ma Lucie pour notre progéniture ? Je suis l’arbre tu es le fruit, tout est dit, tout est là, rien de plus rien de moins entre nous pas de soustractions seuls les additions de nos efforts font l’avenir possible mais tout dépend du monde aux volontés insoupçonnées à la milice des destins croisés aux fleuves des désirs et des pouvoirs je ne suis que le simple servant et domestique de notre tracé à tenir à la boussole bien ancrée d’un cap commun et judicieux pour notre famille… je te le dis, femme.

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

D’un éther a la rondeur de mon aimée – 7/12

Nicolas-François Gromort 07 1837

Nicolas-François Gromort 07 1837

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7/12

Nicolas et François embarquent

—… Ils t’ont dépouillé les fripouilles…
— Et te remercie de me prêter ton concours pour cet exercice.
— Notre amitié est solidifiée par les coups de boutoirs.
— Allons prenons notre meilleure distance.
— Gagnons quelques écus… je te donnerai ma part.
— Aussi j’en serai redevable.
— Que nenni.
— Je suis ton obligé.
— Tu es mon frère avant tout.
— Ton cœur parle à la sincérité d’une belle source.
— Allons cessons les compliments, nageons.
— Déployons nos plongeons.
— Soyons conquérants…

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

D’un éther a la rondeur de mon aimée – 6/12

Nicolas-François Gromort 06 1837

Nicolas-François Gromort 06 1837

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6/12

François, bien avant Robin des Bois

— Que me voulez-vous chauffeurs ? Bandits de grands chemins ? Ma bourse ? Ma vie est déjà promise à ma tendre et chère Lucie. Comment ? Vous êtes de braves paysans ? Aux armes tendues, au pouvoir de vous servir hors la loi ? Vous êtes dans l’erreur et la guillotine vous tranchera, il est sûr que vous avez encore la tête sur les épaules quoi que votre raison ne soit pas à la bonne place je vous assure que vous devriez renoncer à votre forfait même si l’impôt vous sert le collet ne vous méprenez pas sur ma propre condition…

« Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m’est une province, et beaucoup davantage ? » (Joachim du Bellay)

— Que me voulez-vous chauffeurs ? Bandits de grands chemins ? Ma bourse ? Vous tenez une bien mauvaise réputation à débourser un homme à la modeste condition qui doit céder à la menace de vos armes qui sentent la mort depuis trop longtemps et si je pouvais vous donner la clé des champs plus propice à vous faire retourner à votre œuvre d’humanité à nourrir vos tiers… comment vais-je nourrir et protéger mon prochain avenir qui est dans le ventre de ma bien aimée ?… mais séance tenante voici en fin ma bourse…

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

D’un éther a la rondeur de mon aimée – 5/12

Nicolas-François Gromort 05 1837

Nicolas-François Gromort 05 1837

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5/12

Nicolas et François l’explication

—… alors pas de faux pas, à présent reprenons à la base.
— Ce n’est pas faux.
— Ta blessure est guérie tout à fait.
— Grace à toi tu m’as sauvé de mon entêtement.
— Loin s’en faut… ta bien aimée Lucie t’as raisonnée.
— Ainsi et ici pas de faux départ.
— Reprenons notre amitié comme un fer brut.
— Belle expression.
— Forgeons des vrais liens sans épines.
— Entre nous la concorde et la cervoise.
— Bien dit et sans faux col.
— A nos chemins à nos croisements…
— A nos aboiements sans morsure…

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

D’un éther a la rondeur de mon aimée – 4/12

Nicolas-François Gromort 04 1837

Nicolas-François Gromort 04 1837

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4/12

Nicolas, bien avant Dante

— Qu’est-ce ? Où suis-je ? Ô l’En Faire à cette Lucie d’un François frère de lait aux fers de me provoquer aux songes d’une porte aux Satans venins a fait chavirer le genre humain et… j’ai froid… et j’entends le Géryon qui s’approche à triple galop et se poser sur mon épaule par le miroir de Simon j’entends des voix qui s’enlèvent de mon corps grillagé à mon purgatoire je rôtis à l’envie de tenir mon tison au bord des lèvres de la Mort qui sourit comme une nourrice à la faux affûtée du désir d’une sève printanière …

« Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ;
J’ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m’est et trop molle et trop dure.
J’ai grands ennuis entremêlés de joie.

Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j’endure ;
Mon bien s’en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie. » (Louise Labé)

— Qu’est-ce ? Où suis-je ? Ô je suis sourd aux cris qui s’étirent aux rires de luxure dont je suis l’innocent de l’Harpie qui me serre me soulève m’enlève m’envole et me secoue par les épaules qui se détachent de son lourd fardeau de tête et me voilà à rouler des yeux sur la route des airs d’un songe aux feux de sang dans les corbeilles à fruits de l’Échidna et Dieu joue aux osselets sur la peau d’Adam qui attend le pardon prit au piège de l’Eve qui s’en donne à cœur joie de tenir une taverne de maudits…

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

D’un éther a la rondeur de mon aimée – 3/12

Nicolas-François Gromort 03 1837

Nicolas-François Gromort 03 1837

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3/12

Nicolas et François duellistes

—… tu as osé profaner le nom de mon aimée.
— Rien n’est plus faux !
— Faux frère !
— Faux éclat a embobiné le cœur de mon cœur à ton poison !
— A cœur, je n’ai rien à me reprocher !
— Au reproche, l’une de nos épées va faire le distinguo !
— Je ne veux point de cela !
— Tu n’es pas digne !
— A ma botte je peux te mettre à défaut !
— Que tu affirmes insolent … !
— Tu as été dupé par un envieux !
— Que nenni vaurien !!!
—…

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

D’un éther a la rondeur de mon aimée – 2/12

Nicolas-François Gromort 02 1837

Nicolas-François Gromort 02 1837

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2/12

François, bien avant Le Penseur

— Je suis et je reste. Je suis et je peste. Je suis et j’attends. Je suis… qui suis-je qu’une pensée évanescente qui s’accroche comme toi végétal imparfait et sympathique à la nature de mon état ? Tu ne pleures pas ta sève, toi. Tandis que moi… tandis que moi, je suis assis sur l’indifférence du monde, dépossédé de mes actions et planté par mes générations précédentes à pousser les autres vers une même terre qui nous enterrent comme une offrande presque un terreau de souvenirs… je suis un chant une ballade …

« … La pluie nous a lessivés et lavés
Et le soleil desséchés et noircis ;
Pies, corbeaux nous ont les yeux crevés,
Et arraché la barbe et les sourcils
Jamais nul temps nous ne sommes assis ;
De-ci de-là, comme le vent varie,
À son plaisir sans cesser nous charrie… » (François Villon)

— Je suis et je reste. Je suis et je peste. Je suis et j’attends. J’offense mes ancêtres et pose mes conditions sur mon devenir à l’alchimie de renaître autrement dans le pourtour d’un éther à la rondeur de mon aimée possédée de la prière de s’évader de ses maîtres qui tiennent lois et bourses et morales douteuses à l’usure et l’avarice et Dieu m’entende si je mens à la hauteur de ses yeux qu’il m’aveugle de son intransigeance et miséricorde… le temps me pince la gorge et m’étouffe de son requiem…

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

D’un éther a la rondeur de mon aimée – 1/12

Nicolas-François Gromort 01 1837

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Les illustrations de Nicolas François Gromort (Fondeur en caractères, actif à Paris vers 1830)


1/12

Nicolas et François fauchent.

—… et le mauvais temps approche.
— Il risque de nous faucher notre récolte.
— Il faut en prendre la mesure.
— Oui et pas de la coudée.
— Farceur.
— Oui, c’est pas le pied…
— Pouce !
— Nom d’une pipe…
— A toute raison décubons nos pieds-du-roi cube…
—… bûchons…
— On va stère pour mieux avancer…
— C’est pas faux.
—…

 

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

Enfin une bonne nouvelle

Louise_Brooks

Louise_Brooks

 

Les petits cahiers d’Émilie. Emilie 7.20 (Hors délai)


Ma première pâtisserie du matin, c’est toi mon amour… pendant ta douche ou après… jamais avant… principe d’un commun accord et cet accord n’est pas en sucre et parfois tu me joues de ta voix d’orgue pour créer cet appétit de luxure à m’envoûter mais je tiens bon à ma propre rambarde pour ne pas céder à tes injonctions et ma faiblesse n’est pas la tienne au sel de tes lèvres gourmandes et de tentations du voluptueux au bestial je résiste à ta belle fraise et pourtant quand tu pratiques ton sortilège en dernier recours à haute teneur en sensualité celui-ci m’emporte à ton caprice tu me débauches sur des mots qui semble la création d’un Bacchus aux frémissements bouillonnants des dunes de ton corps chaud braise comme un trio genre Nirvana tu es une baïne…

Mais aujourd’hui, c’est dimanche, tu es partie pour une semaine dans les Landes pour te rafraîchir les idées dans ta famille, ainsi me voilà au repos à me préparer un cookie de belle envergure une douceur dont ton aversion est vomitive… je me retrouve enfin avec moi-même… enfin une bonne nouvelle…

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

La belle équation avait de quoi épiler

Taz en action rien ne l'arrête

Taz en action rien ne l’arrête

Des mots, une histoire : récolte 43


Un matin, un hurluberlu (et pas un lapin), s’installa au square Alfred Jarry sur un banc de bois bleu aux pieds verts, et se déguisa en monsieur tout le monde. Le pastiche fut saisissant. Quel tour de force ! Quelle imitation ! Le hasard n’eut pas son mot à dire, il pouvait s’enliser dans le premier sable mouvant du déterministe, la belle équation avait de quoi épiler, dégoupiller, désarçonner ce hasard que rien il est vrai ne pouvait imiter, lui…

Notre homme ainsi maquillé, masqué enfin costumé héla le peuple du square de cet après-midi chaude et découverte et tout à la fois ouverte à un mini spectacle hors norme il faut le dire dans ce contexte tout particulier de notre dictature du vingt-deuxième siècle…

Il osa, il prit le risque, l’audace à son plus haut niveau, le mots téméraire ayant disparu et il se présenta de sa propre voix, de son propre corps dans toutes ses humeurs comme une apparition exceptionnelle devant la curiosité grandissante de soi-disant encore humains et sa logorrhée apparut fantasque déliée de tous les tabous qui s’étaient serrés les coudes pour résister à la déflagration qui allait frictionner leur passé pour un retour à la source de l’humain… d’origine…

Comme on disait à une époque reculée (ce qui ne veut rien dire, en fait), il balança la purée dans le sens propre et figuré, ce qui dépoussiéra d’un seul tenant les neurones les plus prudes des spectateurs qui développèrent aussitôt deux catégories de cas : les incontrôlables et les imperturbables. Le soleil ne brille pas pareillement pour tout le monde, c’est bien connu.

Aussi une intervention d’un panier de gardes armés d’ukulélés modifiés recomposèrent la léthargie et remis aussitôt de l’ordre dans cette cohue et l’hurluberlu mis en quarantaine pour entropie caractérisée au troisième degré… de la bonne humeur…

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

La mort en équilibre

Passerelle_Iotop_2020

Passerelle_Iotop_2020

 

Agenda Ironique de Mars et en lien (Hors délai)


— « Monsieur Popples » tu es là ?… conscience trouble-fête ?
— Je suis là… crise flaques d’obsessions « a des yeux de framboises ».
— Tu es sortie de ton lit… injection retard de toi absente… « et se demande connaissance ».
— Te voilà chambré « et comtoise ».
— Mon humeur s’infecte… dehors, dehors !!!
— « Je vous prie de rester courtois, voyons ! » Je suis ta contention support sans consentement… à l’isolement.
— Je suis moi et pas un autre !!!… tu entends ? Je suis moi, moi, moi !!!
— Grimaces, grimaces… je suis ta fixation ton addiction ta sociétale hallucination au programme de soins en rupture…
— Je fais ce que je veux !!!… et ton blablablabla est le récif de tous les dangers !
— Non, tu es à moi… traumatisme corps d’âme psychose effet boomerang.
— Je suis quelqu’un !!!… une personne… un entier naturel… à l’intégrité libre du vécu.
— Non, non, non… décompensation en approche, l’affect défait l’ordre intime et public.
— Arrête !
— On nous regarde…
— Traitement du trouble que nenni et je mesure le lien de notre relation en souffrance !
— Te débattre ne sert à rien… au cadre plein, tu es démédicamenté, ton anosognosie double intensité…
— Je ne connais pas cette anosognosie, je ne connais pas cette dame…
— Tu es l’impact et le pacte de ta situation… la mort en équilibre…
— Tu es ma restriction… l’angoisse est mon établissement, ma crise a ses images dans mon couloir… tu es ce plan tangentiel à mon agression…
— Alors… contact…

— Alors, docteur ?
— Déséquilibre au rétablissement…
— Pas simple pour un funambule…
— Patience… tout est dans le mental…

© Max-Louis MARCETTEAU 2020