Elle voit l’horizon s’empiffrer d’un soleil matinal

Oeuvre de John Everett Millais - Clarissa - 1887

Oeuvre de John Everett Millais – Clarissa – 1887

Les petits cahiers d’Émilie. Émilie 17.20


Toute haute debout, pieds nus, elle voit l’horizon s’empiffrer d’un soleil matinal où ses yeux s’accrochent en ce lointain quand la mort si proche, peut-être incertaine, est une interrogation, une provocation et ses mains crispées sur les barreaux de sa geôle à la paille humide possédée de la respiration d’une terre battue, de sueurs, de secrets, d’humeurs de condamnés à jamais disparus dans une autre entrailles terrestre …

La circonlocution de la narration n’arrêtera pas le sort de la jeune femme dont les cheveux longs ont été taillés réduit jusqu’au cou gracile défiant encore sa position …

Les larmes sur le bord du volcan de l’émotion, elle se rappelle ce baratineur débordant de ce charme mâle comme un appât désirable de belles phrases, d’aphorismes … et puis sa sentence avait été tracée sur la ligne invisible du hasard, de sa part de fin …

Elle s’étonnait d’avoir été prise dans ce tourbillon de mots dont le celui de téléphone mot saugrenu … ce beau parleur l’avait embobiné dans un complot à mille lieues de ses préoccupations quotidiennes celles de discuter d’un bon bagou sur le prix des œufs, de la viande fumée, d’un légumeux de saison … mais lors de sa comparution devant ses juges aucun plaidoyer pour la défendre …

Sa parole contre celles de bedonnants bourgeois aigres et vicieux comme … des hommes …

Elle n’avait pas joué une pirouette pour s’en sortir, elle avait débordé de sincérité … avait été la girouette d’une affaire …

Là voilà par un soleil radieux… pendue …

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

Parloir sourd au format miroir à soi

Max Ernst - Santa conversazione - 1921 - Dédicacé à Benjamin Péret

Max Ernst – Santa conversazione – 1921 – Dédicacé à Benjamin Péret

Agenda Ironique Juillet.

(Choix ici du lipogramme (sans e))


 

Il part. L’horizon noir pour salut, sa main sur son front brûlant … pas à pas, il sort … d’ici pour la …

… prison… sa prison… son rasoir… murs du parloir, sourds au format miroir à soi, par la voix sans nuit, sans goût, fait son habit… la claustration sur lui, position du fautif au chagrin garrot, banni parmi tous bannis, un cachot lui sourit …

… aux visions poisons, d’abandon a sa raison … lui pantin corrompu a son ragoût d’alcool du mal construction amplification aux poumons d’un vaudou d’un air au bruit à subir l’attraction du …

La nuit, l’imagination au carcan à vif à vouloir fuir fait noircir son sang … aux matins toujours trop durs … poings au mur … croupir à l’infini dans son hôpital …

Tous, rugissants dans son ciboulot … tous fous …

 

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

Il est mort, seul

Oeuvre de Ramon Masats - Barcelone 1953 - Blanca Berlin Galeria

Oeuvre de Ramon Masats – Barcelone 1953 – Blanca Berlin Galeria

Des mots, une histoire : récolte 50


 

« Pour vivre heureux, vivons cachés » disait-il.

 

Il est mort, seul,

Sa liste de bonheurs entre les dents,

Et les palabres de la messe à promettre un Paradis … un lac desséché.

 

La misère est en nous … et le mur du désir hurle dessalé de son envergure sur le grain de sa peau …

Et l’oniromancie rit, la dupe.

 

Avec la danse d’un seul temps, il s’était égaré dans le monde d’une Incertitude aux dents acérées d’une Inhumanité, devant l’ogresse de la réalité, à cette envie de la goûter … cette souffrance n’était pas chimérique

 

Il est mort … seul.

 

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

La Boîte à Temps

Nuageux_Iotop_2020

Nuageux_Iotop_2020

Les petits cahiers d’Émilie. Émilie 16.20


La Précipitation du Temps dans le gouffre de l’insondable Tic-Tac de l’engrenage qui prend son pied … s’arrête d’un éclair

La Boîte à Temps informe le Courrier du Temps, tout à courir, de la glaciation inattendue de la Précipitation. Toute l’armée de Seconde, aux Têtes des troupes les unes à Vélo les autres à la pointe de l’innovation de leur aiguille quand d’autres à la Diligence, s’apprêtent à envahir le Territoire à la Minute jusqu’à Risquer la Disparition par un effet Sablier …

Si le Tout s’arrête, le Silence l’ennemi du Temps serait vainqueur sur la Totalité de l’Univers Visible et le Ralentir est la première victoire mais pas le Remède.

Le Néant sur le bord de la Route, lui, attend son Heure…

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

Rho-Man Tout en Gala-Tik – Chapitre 5

Créature_Tout_en_Gala-Tik_Iotop_2020

Créature_Tout_en_Gala-Tik Iotop_2020

Enfin le fameux Chapitre 5 du roman Rho-Man Tout en Gala-Tik sort aujourd’hui – Sur une idée commune avec Carnetsparesseux. Chaque semaine, tous les mercredis, un nouveau chapitre sera présenté, chacun sur son blog.


Tout en s’accrochant à rester lucide

Il ne comprend pas Qi Peuh Leu P+ à la hauteur de sa logique positionnée telle la chauve-souris (et pas à celle que l’on pense) qui s’interroge sur la consistance de son état sur le tableau ancien de Karnaugh et d’une algèbre dissociée sur un code duodécimal à deux voies réfléchies appris lors de son stage de réadaptation dans la circonscription des Allumés Des Pipants Mots (ADPM) suite à une mission improbable qui s’est avérée tout à fait impossible dans une configuration inconcevable avec une hiérarchie déficiente par excès de confiance comme le lait de brebis dans l’éprouvette de la science qui s’est égaré…

Il ne comprend pas l’échelle de la valeur qui s’impose à ses beaux yeux opales de feu à ce retournement de situation dont il est l’objet et comme tout objet sa valeur est proportionnelle à l’envie de le garder en vie inversement à la distance des questions qui lui seront imposées comme tentations à le piéger dans une toile d’araignée sans nom qui aura tôt fait de lui aspirer toute envie de vie jusqu’à la sécheresse de ses os dans le bouillon d’une réincarnation improbable car non inscrite dans l’un des chapitres de l’éducation intemporelle qui structure toute ethnie.

La pièce qui l’accueille est aussi minimaliste que la tête chauve du premier tétratonaute venu aux yeux partiellement artificiels défiant les spectres les plus osés des ondes qui parcourent les Quatre Univers Parallèles et Adjacents ce qui donne un aperçu non pas définitif et ou exhaustif de l’endroit… fermé à toute interprétation farfelue et ou exagérée qui n’aurait pour objectif que de perdre le fil de la pensée de Qi Peuh si ce n’est à se convaincre de l’absurdité de sa positon inconfortable voire désagréable suspendu par les pieds à une hauteur tenue par une architecture de barres ferrailleuses et audacieuses de formes qui l’interroge.

La question est à la question ce qu’est la réponse est à la réponse, se dit-il la tête en bas, les bras ballants, le bout des doigts à quelques timètrecents du sol boiteux tout à présent totalement réveillé telle la plante créant sa photosynthèse à la lumière d’une obscurité éteinte… qu’aussitôt il s’aperçoit que ses pensées se diffusent dans le non-sens comme le colimaçon rejoint l’apothéose du palier à la relation d’une jonction qui s’étend vers les seuils inconnus de la connaissance… qu’il retombe dans le fracas d’une déraison tout en s’accrochant à rester lucide quand il est interpellé :

— D’où vnies-tu cohse ainmée ?
— Qu’est-ce que c’est ? dit-il en essayant d’onduler comme une anguille.
— Ce n’est pas le pielbmor, je vuos ruasrse ! dit la créature.
— Je ne comprends rien à votre charabia ! Et détachez-moi !
— Deocemunt lellluibe.
— Margoulin ! Escorporte ! Exterminateur ! Oppresseur ! Distipulateur ! Envahiss…

Et comme une extinction inattendue d’un élément moteur vivant, il s’éteint subitement le Qi Peuh par une action indéterminée de la créature filiforme qui appelle sa doublure presque sans ombre qui d’un trait à un autre considère l’élément Qi Peuh Leu P+ dans un état moins conforme qu’il n’y paraissait quelques Eurhes avant et constate amèrement qu’il ne sera pas l’interlocuteur privilégié des négociations futures sur la métamorphose de leur société vers une autre structure à l’architecture aux contreforts harmonieux à l’équilibre des gravités et l’élasticité des formules de conceptions.

Les créatures s’interrogent de la disjonction de l’élément bipédique suspendu et inerte quand un soubresaut à peine perceptible traverse la pièce fédérant un questionnement d’inquiétude qui leur plie les revers structurels.

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

Le souffle lui-même va prendre l’air

Concours des œufs de pâques - published in Vu magazine numero 158 - 25 March 1931

Concours des œufs de pâques – published in Vu magazine numero 158 – 25 March 1931

Blog entreleslignes Sabrina

(Cette semaine pas de 5ème chapitre (encore) du roman Rho-Man Tout en Gala-Tik, toujours en chantier (peu de temps pour m’y consacrer et me concentrer) et Carnetsparesseux  ? ou au moins ICI)


L’interphone, ou le parlophone, est une oreille toujours attentive dans tous les immeubles. Qui peut dire le contraire ? Ce n’est pas une mauvaise langue … du rez-de-chaussée… à la fenêtre entre-ouverte, à la croisée coupable telle l’indiscrétion à la sève vivante de son pillage verbal quotidien et voit d’un bon œil une récolte d’infos de l’anodin à l’intime …

Zoé Rey ne nie pas. Elle assume.

Drissa Keita, locataire de cet immeuble, au deuxième étage du couloir tout à gauche d’une porte droite, amant de Zoé, lui, ne supporte plus son intrusion maladive dans la vie des autres.

Médium de formation intuitive, collaborateur du Dr U Meyer, psychanalyste animalier, spécialiste du primate stultus sapien, en dehors de ses heures de canapé et Maître Gadin, avocat des fruitiers qui bordent, entourent, contournent, débordent, s’épanchent de l’immeuble territoire partagé départagé aux paliers couloirs étages escaliers des habitants tels que Marc Louis Alice Cloé Martin et Pierre Clerc Chris Fleurs et la Gardienne forte de caractère telle une herse … tout ce monde joue l’envers du décor … mine de rien … le sourire en porte-à-faux à la mode de tous les jours … tous, ce jour, sont devant la porte de Zoé, chaque oreille tendue à l’extrême de l’ouïe … ils attendent … car c’est aujourd’hui …

Et puis, un pétale porté au souffle de l’effondrement punaisé de l’humanité s’affranchit de la gravité des choses et de la formule et s’enhardit à se déposer sur le bord de la fenêtre coupable par excès de présence en son mur porteur …

Tel le détonateur, il est cet instant déclencheur, cette seconde où tout bascule, le souffle lui-même va prendre l’air … et à l’échelle d’un tremblement aortique du genre d’une surcharge volumique diastolique, aux spasmes des dividendes du ras-le-bol, ce peuple épié par l’indécente Zoé … celle-ci entend mille respirations qui transpirent de sa porte d’entrée …

L’effet de courbe de Wöhler s’amplifie à la vitesse d’élan chassé à l’hiver aux appeaux et le coup fatal vient de l’interphone qui se réveille à l’oreille de Zoé :

— Alors, on m’espionne ?
— Qui est là ? s’étonne la préposée possédée de sa raison … encore.
— Je suis dans ta tête, chantonne l’interphone.
— …
— Alors, on se pétrifie sur sa place ?
— C’est une blague ? dit-elle possiblement piégée, le regard égaré entre la porte d’entrée pour une fuite possible et la fenêtre qui d’un claquement entrecroisé inexplicable s’est refermée.
— Est-ce blague que d’être à l’affût de l’intimité des gens ?
— Je je je … ne … comprends pas …
— Je vais t’emmurer dans des voix multiples et bariolées.
— Expliquez-vous ?
— M’expliquer ? Je n’explique rien, comme vous d’ailleurs. Ce trop d’années de pillage emmagasiné va s’effondrer comme un barrage dont les soutènements sont rongés.
— Je n’ai pas peur de vous !
— Non ? Alors, dégorgeons à plein toutes les conversations pêle-mêle de ces quelques décades…

Aux bruissements de la pensée, l’interphone cellulaire étend ses mailles, tisse une schizophrénie brutale dans le cerveau déplié à la démence et à l’acouphène tel un barotraumatisme, Zoé frappe durement sa porte d’entrée que toutes les oreilles en même temps se décollent aux hurlements des locataires et d’un élan d’une possédée elle disparaît dans les méandres du bois de sa porte qui soudainement régurgite de la moelle de cervelle …

© Max-Louis MARCETTEAU 2020