Je navigue à vue. Le penon en berne, les rames sur la grève, le moral dans les chaussettes … trouées … ma vie est un brouillard enflammé qui ne s’est jamais dissipé.
Le verbe éclore est absent de ma vie … je suis momifié avant d’être mort … aucun souvenir même nacré d’un amour perdu…
Ce soir, je suis devant mon velouté de potiron bergamote. Il est vingt heures. Je regarde une chaîne d’info historiquement grabataire, perclus de ses mauvaises nouvelles, figurée d’un buste, d’une voix … mille ans … et pourtant je m’accroche à ce rituel …
Le téléphone sonne (rien à voir avec l’émission de radio quadragénaire). Je décroche.
— Allô ? — C’est Paul ? — Lui-même. — Je me présente, Paula … — Stop ! Je ne suis pas intéressé par votre pub téléphonique interdite selon l’article L. 223-1 du code de la consommation… — Mais je suis Paula, Paul ! tu ne me remets pas ? — … — Paula ! nous étions tous les deux en intérim dans une boîte de fournitures de bureau au sud de la ville. — Oui, possible … et que puis-je pour vous ? — Tu me vouvoies ? — Je ne suis pas très frénétique, ce soir… — T’as le vilebrequin du cerveau qui déraille, Paul ? — Pourquoi riez-vous ? — Fais pas l’innocent de celui qui ne me connaît pas, hein ! T’as peur ? — Ce mot m’est inconnu… — Vantard ! — Demain tu seras morte, tu le sais ? — … — Tu ne dis rien ? — … — Tu vas mourir d’une occlusion … et tu auras le choix … de l’occlusion … — T’es vraiment un grand malade toi…
Elle raccroche. Mal polie.
Et je souris. Pour une fois que je peux annoncer une mauvaise nouvelle directement car la vie n’est pas toujours rose, pour nous les suppôts du maître Satan …
Elle vient de Miyazaki ville du Japon où est née la chanteuse et actrice Yui Asaka. Il n’y a pas de quoi faire un fromage (et le fromage n’est pas une spécialité de cette île) se disent les pensées bien pensantes. C’est vrai. Cependant, j’aime les lignes japonaises (et pas de trains hyperloop) qui me semblent mystérieuses comme une Sei Shōnagon.
Je l’ai rencontrée sur le web (une fois n’est pas coutume) ce qui m’a enchanté jusqu’au moment du rendez-vous pour de vrai. Réalité qui fait peur, un bouillonnement au ventre d’un volcan d’émotion s’ouvre et me fais passer de la tachycardie digne d’un funambule qui traverse un canyon d’Arizona.
Quoi qu’il en soit si elle n’aime pas le lapin, elle me fait comprendre que sa spécialité est d’en poser. L’envers du décor me prends à la gorge quand j’entends au loin le pimpon d’un véhicule de secours. Je suis à l’intérieur quand j’ouvre les yeux et qu’un personnel soignant le visage rouge brique sourit, les dents blanc d’Espagne et il me semble l’entendre d’une voix couleur bleu pastel :
— Voulez-vous votre doudou ?
Se moque-t-il ou suis-je au bord du délire d’un traumatisme temporel ?
— Quelle heure est-il ? — 20h35, me répond-il en aiguillant une aiguille dans un truc à plusieurs embouts que j’aperçois planté dans l’avant-bras. — Je suis où ? — Ici et maintenant, dit-il en souriant béatement.
Il ne me console pas.
— Vous avez pris des conservateurs ? Avouez, hein ? — Des quoi ? — Ne faites pas la sourde oreille, hein, mon canaillou. — Je ne vous permets pas, non mais ! — Ou alors, des proguateurs, des mulateurs, des bimalateurs, des gibalateurs ? — Je ne comprends rien ! — Calmez-vous. On va se rendormir tranquillement.
Deuxième réveil. Étrange impression de ne plus avoir de corps mais seulement ma tête. Effectivement, ma tête est posée sur une vitre ronde transparente dans un lieu qui ressemble à un laboratoire.
— Alors, toujours pas de doudou ? me dit le même personnel soignant avec son sourire de gouvernante. — Puis-je savoir ce que je fais ici ? — Vous avez perdu la tête si j’avais l’humour espiègle . — Euh … je vous en prie, un peu de décence. — En fait, on a jeté ce qui n’est plus bon… — Eh bien bravo ! — On a un tantinet hésité sur votre tête, mais comme vous en avez une bonne, de tête, on s’est dit, il peut encore la garder. — Et le reste de mon corps, c’est pour aujourd’hui ou pour demain ? — Demain et en attendant, un petit somme pour retourner au merveilleux pays des rêves…
Troisième réveil. Je suis dans mon lit en compagnie de ma japonaise qui me dit :
— Je ne savais pas que tu étais une femme … — Aaaaaaaaaaaaaah !
Il lui semblait avoir une tête de potimarron après l’ivresse de la soirée qu’il venait de passer dans le château de la belle au bois dormant surnom de la comtesse cinquantenaire d’une belle tournure de corps qui l’avait invitée alors qu’il faisait le poireau devant un cinéma suite à un rendez-vous pris sur un site web de rencontres qui s’était avéré être un lapin …
Il avait des souvenirs par flashs depuis qu’il était sous la douche un peu fraîche comme la nudité de ce matin dont la rosée s’éveillait à l’orangé d’un horizon bancal et défiguré par les nuageux cumulus baluchonnés en voyageurs éphémères qui n’attendaient pas à se faire enguirlander par les nimbostratus maous…
Il faisait glisser son savon bio à la courgette sur sa peau délicatement robuste comme une belle carrosserie de mustang qui devenait verte par effet d’une composition instable et ne s’étonna pas de ce changement au climat de son état entre deux eaux, qu’il se rappelait que la comtesse l’avait bousculée à la sortie du ciné après la séance de quatorze heures dix, lui qui faisait le pied de grue et que matait une aubergine…
La pomme de douche en main, l’eau se déversait d’un corps à corps avec lui-même se découvrant un moment de bonheur qu’il se demandait comment il avait cédé aux avances de la comtesse si ce n’était son allure bon chic bon genre avec son trench-coat beige et sa robe fourreau poivron jaune clair unie avec poches ou son sourire en coin, ses yeux de biche ou tout simplement son parfum N°5 ou peut-être bien sa voix qui l’avait envoûté…
Il faisait ses premiers pas à l’extérieur de la douche italienne que la comtesse se présenta toute … inattendue qu’elle lui claquât sa fesse droite qu’il rougit comme une tomate au milieu d’un été possédé d’une sécheresse à dénuder les écorces des arbres, qu’il n’avait pas, ni feuille de vigne ou de salade seulement sa main gauche pour cacher sa modeste verge :
— Alors, mon chou, on fait sa midinette ? Hier au soir, tu avais un meilleur répondant ! — Hier au soir, était un autre jour. Aujourd’hui, je ne veux pas me faire déguster par une mante religieuse. — Et si j’étais une veuve noire ? — Raison de plus pour ne pas contraindre ma vie à subir tes démons de midi. — Goujat ! — Non, c’est un constat ! — Profite au lieu de constater, juger, condamner … à la barre des témoins … faire la fine bouche, dénaturer de ce que tu as joui, déposséder ce que tu as possédé toute une nuit … — Holà ! Je suis d’une nature délicate moi ! Je souhaite encore profiter de contrées inconnues et ne pas me consacrer à un seul territoire ! — Tu as la langue bien pendue, autant que pour pratiquer un cunnilingus. — Un compliment ? — Un compliment car je ne suis pas avare moi ! — Holà ! Doucement, ! … une nuit avec toi c’est Austerlitz devant les Russes, c’est Mohamed Ali devant George Foreman … bref, je suis essoré ! Ok ? — Et moi, si j’en redemande, beau goujat ? — Je déclare forfait ! — Immature ! — Femme fatale ! — Soldat sans munitions. — Hystérique ! — …
Deux mois plus tard, ils se marièrent et n’eurent qu’à jouir … de la vie.
Une page anonyme a été envoyée par un dictionnaire masqué (selon les experts en tout genre amenés à émettre des avis à la fois discordants et concordants selon la position et l’humeur du moment du public toujours avide et curieux par sa nature des mystères et à la fois perdu par le tohu-bohu de ces mêmes experts) au service de la milice police municipale des objets à venir chercher.
A la lecture de cette fameuse page imprimée à l’encre de Chine (cela ne s’invente pas) sur papier recyclé sur des machines industrielles et lavé à l’eau pure et dénaturée par effet, indique qu’une étrange virgule déambule dans les étagères, les allées et même le sous-sol des archives, émanant un parfum de rose qu’enivre jusqu’à ce que mort s’en suive des livres de poche après une agonie digne des films à la Dario Argento.
La bibliothèque est aujourd’hui fermée.
Le maire de la commune a pris des dispositions. Un peu tard profèrent les langues de vipère et a juste mesure disent les plus honnêtes, quand d’autres ne font état que d’un conte pour attirer l’attention pour s’offrir du tourisme à gogo sans sous déliés de pub.
Dans cette page anonyme, il est question d’un autodafé si les livres des éditions Rhododendron ne sont pas libérés d’ici la fin du mois. Nous sommes le vingt. Les jours se comptent ou se décomptent, selon la position des experts qui divergent…
La bibliothèque est aujourd’hui fermée.
Les plus audacieux des experts travaillent d’arrache-pied tout en conservant leur tête froide pour comprendre la fermeture inexpliquée de toutes les issues de la bibliothèque. La conclusion, non unanime, qui en ressort après moult tentatives à comprendre ce phénomène inexplicable : un livre de magie dépressif et persécuté serait le coupable.
Après cette nouvelle retentissante le monde s’use à lire pour découvrir la clé d’un désenchantement dans le marc de café, les cartes de toute nature, dans les feuillages d’arbres millénaires et même à se livrer à des incantations avec des cerfs-volants au clair de Lune. Certaines langues trop pendues disent que ce n’est pas un loisir ni même une occasion de s’élever voire s’occuper avec intelligence… pour ceux qui en ont une, bien sûr.
La bibliothèque est aujourd’hui fermée.
L’occulte fait peur. Il va sans dire tout en disant qu’une évasion de la totalité des ouvrages est exclue. Alors, si les idées s’enflamment, le nombre de livres de poche meure d’une manière exponentiellement alarmante.
Il n’y a pas de revendication et c’est la question qui jamais soulevé (même avec un palan) vient percuter sans ménagement les experts ahuris, qu’un enfant de huit ans pose.
La bibliothèque est aujourd’hui fermée.
De suite un plénipotentiaire est désigné par les forces de l’ordre public dans la ménagerie des experts. Celui-ci n’en mène pas plus large qu’une marge quand il se présente avec un livre ouvert sur le code pénal de l’occultisme et des dragons… en livre de poche.
Il va sans dire que l’encre du livre de magie ne fait qu’un tour. Il se tourne les pages, se fait un sang d’encre en taches d’encre, se froissent toutes les lignes de la page vingt-deux… et quand l’inattendu se réveille, voilà qu’avec un jet d’encre de capitulation il signe sa reddition. Il souhaitait seulement une réédition mais avait omis de l’écrire comme… revendication.
Assise sur le bord du fleuve Baignant son chagrin épreuve Colette belle comme le jour Devait décider quel parcours Elle devait prendre pour sa vie Finalement pas rose qu’elle se dit Grognant au vent toujours rude Hélant ses pensées d’inquiétude Implorant le hasard du destin Jurant qu’il ferait tout pour rien Kopeck il lança pile ou bien face La loi de Murphy a bon dos passe Misère connaît pas le pile sourit Nonobstant les quolibets endurcis Ouvre une nouvelle et belle voie Possible à la noble Colette de soie Quitte sa mouise et dévale le cœur Râpé mais encore solide à c’tte heure Sur la bonne route pour de vrai Toute guillerette enfin si fait Use ses sentiments à son prince Voleur de cœurs qu’elle en pince Willy son ange gardien le vaurien Xérès au goulot l’animal coquin Y-a-qu’à dit-il à Colette défaite Zigzaguant de chagrin plongeant la tête … la première dans le fleuve ….
Aujourd’hui, il fait beau. Enfin une bonne nouvelle.
— Et toi, tu as une bonne nouvelle ? — Oui ! — Et ? — Je garde le secret. — Pourquoi ? — C’est beau un secret … le préserver du monde extérieur, ne le garder que pour soi c’est jouissif … — Hum … on a besoin des bonnes nouvelles des autres, aussi. — Pour se gorger d’indécence ? Le monde est une gigantesque sangsue de biens et de maux !!! — N’accuse pas le monde de ses imperfections … tu es de ce monde … — Tu disjonctes ou quoi ? C’est ta nuit astrale qui t’envahit ? — Non ! Les ennemis de la bonne entente, de la joie de vivre, de l’espérance … — Soit dit en passant, l’espoir est fait pour les pauvres… — … de l’alliance, de la concorde, de la compréhension … — Stop ! Gare à la connivence des adjectifs qualificatifs obséquieux à venir … — En prononçant : gare, j’ai l’impression que l’on s’égare … — Tout juste, et ne gardons pas en mémoire cette divergence. — Allumons une bougie de paix ? — Nous avons des discordances pas des dissonances. — Nuance. — Tout juste. — Les années passent, s’entassent et nous encrassent, parfois. — Oui, mais qu’importe, notre amitié n’est pas vacillante pour autant. — Et … ce secret ? — Je t’avoue, et tu le sais, l’amitié a son jardin secret … — C’est une bonne nouvelle …
Une touffeur peu commune se dégage dans le castel enterré de moitié dans une terre rocailleuse importée d’un territoire aussi millénaire que la propriétaire du lieu que l’endroit aussi reculé qu’aucune âme n’est venue hanter, d’homme ou autre animal …
Des traits de lumière traversent des pièces dont les noms se sont perdus au fil des siècles, meublées d’un style mystérieux presque occulte et tapissées de récits d’un autre monde comme s’ils avaient été envisagés qu’ils possédassent l’éternité comme signataire …
Quand le frisson d’un mur de pierres en schiste comme une onde palpitante d’un ruisseau de plaine tinte le tissu de la peau doucereuse de la dormeuse millénaire …
Un spectre murmure : « … mémoire traîtresse et souvenirs bourreaux, le tranchant de l’un nous écorche vif l’autre nous transperce à cœur jusqu’au malaise … et pourtant nous tenons les chaînes dirigeons par les mors labourant les flancs par les éperons et nous résistons jusqu’à l’aube … la souffrance comme une aubaine et la douleur comme une malédiction …»
Et comme un enchantement inattendu, lunule de l’index droit de l’endormie se met à briller tandis que s’élève lentement le son d’un piano en allegro …
Le temps du réveil et de la désillusion …
Le prince charmant est en retard …
— C’est navrant … qu’il soit maudit … en attendant, je vais faire le ménage…
Au clair de Lune, le cyclope dévisage Sélène à l’heure du thé de minuit à pleine vue sur son belvédère qui penche sur l’angle aigu de la plaine défiant les ombres par sa nudité …
— Tu es trop belle, Lune. — Ton regard est douloureux, ta voix trop grave. — Je souhaite te rejoindre pour l’heure. — Un coup de blues ? — Un retour vers l’essentiel. — Il te faut une couleur bleue sur l’azur d’un regard … moi, je suis d’un clair cendre … — Je souhaite l’oubli, le souci.. — Le réconfort … — Oui, le réconfort. — Ne soupir pas. — Tu es l’œil du mystère et moi l’œil de la monstruosité. — Arrête ! — Je suis né d’un accouplement d’une désillusion et d’un espoir … — Pourquoi cherches-tu à te bouleverser l’âme ? — A la racine de mon origine, des hommes ont torturé mes lointains ancêtres pour essayer sortir une imposture de la Vie … — Vas-tu cesser ton récit insoutenable ! — … car il est aussi le tien ! — Arrête ! — … et d’un homme plus pervers que les autres, tourmenteur, magicien des ténèbres a énucléé l’un des miens pour se rendre à l’évidence que son œil ne percevait pas l’avenir … — Je ne veux plus t’entendre … — … de rage il plongea l’œil dans un chaudron à la mixture à l’odeur écœurante et à son étonnement, l’œil se mit à gonfler, gonfler… — Pourquoi me faire souffrir ! — … tel que, qu’il s’extirpa du chaudron, qu’il roula vers l’extérieur sans que rien ne l’arrêta sur tous les paysages inconnus et connus du monde, en quelques jours, et se griffa jusqu’à une souffrance insupportable … — Tu es ignoble … — … qu’un Vent charitable pour le soulager l’emporta dans ses bras, mais il s’échappa très très loin dans les airs pour se perdre dans l’Univers … — … — … et pourtant, ne voulant pas quitter tout à fait sa Terre natale, il se fixa à jamais dans le ciel … — J’ai trop mal, encore … — Tu es cette part de moi-même et cette souffrance à cœur d’exister … — Ne pleure pas… tu es mon éternité … — Je suis le dernier de mon espèce … — Je suis là … — Tu me manques … — Toi aussi …
Si on considère « une place pour chaque chose et chaque chose à sa place » cela sous-entend sans sonotone que « chacun chez soi et les moutons seront bien gardés » nous place devant des assertions qui portent sur le haut de l’Everest la raison en ces fameux mots : « dans la nature, tout à toujours une raison » selon Léonard (et pas Bernstein), ce qui permet d’approcher une certaine vérité qui a toujours dans son casier une très belle toile à la Jules Joseph Lefebvre de 1870.
Cependant, : « on passe une moitié de sa vie à attendre ceux qu’on aimera et l’autre moitié à quitter ceux qu’on aime » écrit le Père Hugo avec raison, et je vous vois hausser le sourcil gauche bien fourni à la Georges car vous cherchez avec désespoir le pourquoi du comment, tel le puits devant une eau qui s’évapore à son pied …
Eh oui, quel rapport ? Eh bien, s’il y a « un temps pour chaque chose » et « une place pour chaque chose et chaque chose à sa place » la citation du Père Hugo devient par effet caduque. Ce qui nous amène directement l’énoncé suivant : « En Normandie, poire de mouton, poire précoce bonne à manger ». Est-ce à dire que Hugo nous a pris pour des moutons depuis tant d’années ? Et, à la vérité toute décente et nue (voir Jules Joseph Lefebvre) le flambeau ne fait pas mine de prendre de la hauteur devant nos yeux et notre compréhension toute éberluée, le menton relevé, la raison vacillante mais non abattue, car n’oublions pas que le verbe aimer se conjugue au moins à deux et un divorce de l’être aimé.e devient par effet non avenu car l’attente a pris racine et feuillage jusqu’au ciel de l’espoir devenu lui-même un squelette méconnaissable…
La trahison est fière, devant nous, comme une statue à l’envergure antonyme de la Liberté, la larme bien salée de l’œil droit qui roule (ce n’est pas l’œil qui roule, suivez) comme un torrent de satisfaction car, il est écrit : « Il y a un moment pour tout, et un temps pour tout faire sous le ciel », en un mot : « tout vient à point à qui sait attendre »…
En cela, ne jurons pas outre mesure tel un fabuliste plagiaire trop connu qui : « jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus » au fond du tombeau sans ver luisant mais avec humour : « Bretzel liquide ! ».
Comme quoi, il y a bien : « Un temps pour chaque chose ».
Chaque regard est une semence et fait fruit d’une couleur d’un trait d’un signe d’un éclair et s’insère sincère dans la toile… tel est le tableau expressif ambitieux abstrait et conquérant accroché sur le mur de ce musée et qui s’arrange devant les visiteurs amplifiant des nuances ou un tracé qui s’exhibe par son caractère.
Aux regards nourris il fait acte d’une plaie vivante de son existence et s’expose à la nudité des effets incrustés à l’éclairage de sanctions ou d’approbations il est celui qui s’écrit sans complexe à la morale d’un temps qui s’encre sur les murs des écrans possédés de la communication hallucinée mythomane …
Ce tableau vivant est une première mondiale et signe lui-même les autographes avec son pinceau-scalpel sur des reproductions lithographiques sur pierre…
Quand une femme éprise de ce tableau jouisseur jusqu’aux racines de son ombilic le décroche d’un seul élan à la vue de tous éberlués fascinés applaudissant par l’acte d’une amoureuse insupportablement belle …
L’emporte à bras-le-corps et le fait circuler de quelques rues en quelques ruelles anciennes aux pavés dégoulinants de souvenirs piétinés aux cris décousus et le jette sans ménagement aux pieds d’un banc délavé ressemblant à un linceul …
… il devient tableau ambulant, une œuvre déchue … sur les trottoirs humains éviscérés de toute compassion …