Agenda Ironique Décembre 2020 : Flyingbum (Merci à Laurence de l’idée d’écrire un dialogue)
Il sonne : je n’ouvre pas. Il sonne : je reste muet. Il sonne : il m’énerve. Il sonne : je fais la sourde oreille. Il sonne : je prends l’apéro…
Le Malheur est à ma porte (à ne pas confondre avec Mahler). Il souhaite être invité. Je dis : non. Qu’il aille voir si j’y suis… ailleurs. Il me harcèle tous les jours du calendrier Grégorien.
Le Bonheur est chez moi et nous prenons le bon temps, foutre-Dieu ! Et cette calamité qui vient vers moi.
— Ouvre-moi !!! crie-t-il
— Rien à faire ! Va te faire embaucher ailleurs !
— Tu es sur ma liste !
— Sûr que ce n’est pas une liste de courses ! répond le Bonheur qui sirote quelques plaisirs de ma table.
— Tu ne peux pas passer ton tour !
— Et pourquoi pas ? réponds-je
— Le Bonheur, il le sait, lui !
— C’est vrai que tu le sais, toi ? Rétorque-je au Bonheur les yeux malicieux.
— Sûr que je sais !
— Alors ?
— Pour faire court, depuis la mise en ménage de la Béatitude et du Désastre on a décidé de couper la poire en deux comme on dit par chez nous. Chacune de nos obédiences se devait de réagir. Ainsi, il n’y a pas embarras de choix, sauf exceptions, les hommes se soumettraient au même poids de malheurs et de bonheurs, tout cela ratifié avec le Destin et son épouse la Fatalité.
— Dites-moi que je rêve ?
— Non ! s’exclame le Malheur qui tambourine à ma porte. (la sonnette ayant rendu l’âme… c’est un signe).
— Il va me bouillonner ma journée, dis-je en marmonnant, me tartinant une crêpe de confiture à l’abricot.
— Il va sans dire que je dois courber l’échine, m’avoue le Bonheur avec une moue qui n’est pas s’en rappeler les heures graves de l’épi de pain durcissant dans la huche du même nom.
— Tu veux faire mon malheur, c’est ça ?
— Non, non, répond le Bonheur, le cœur bien propre sur lui.
— Tu me condamnes !
— Ne soit pas si futile dans ton discours. Ce moment passé avec moi est à garder précieusement dans ton âme. Et puis, un petit malheur, ce n’est qu’une petite dose d’arsenic à digérer.
— T’es un comique, Monsieur Bonheur, ça fait plaisir à entendre, dit le Malheur qui vient d’entrer portant la Détresse en bandoulière.
— Mais …mais comment … ? dis-je au Malheur, avec toute la surprise, la déconvenue cousue sur mon visage.
— Tu sais, je reste poli en sonnant ou frappant à la porte, mais les gens ne veulent pas me voir, m’ignorent comme la Misère qu’il croise et tourne le regard vers l’autre trottoir ou font semblant de zyeuter leur téléphone portable.
— Alors, tu entres par effraction !
— Holà ! Doucement ! Je préviens, j’annonce, j’avise, j’informe, j’alerte, il m’arrive même de mettre la puce à l’oreille …
— Eh oui, il est honnête, le Malheur, concède le Bonheur qui vient de se lever et de boucler son baluchon.
— Je t’en conjure, Bonheur, reste !!! crie-je
— Allons, un peu de courage … que diable, souris béatement Bonheur.
— Et si vous restiez tous les deux ? Hein ? Avec moi, là … c’est une solution convenable.
— Tu tentes de négocier l’innégociable ? me répond Malheur qui dépose son sac de poisons à ma table que le pain se rassit à vue d’œil …
— Bon jour chez toi, me lance euphorique, Bonheur en franchissant ma porte.
— «Retenez-moi… ou je fais un malheur !»
© Max-Louis MARCETTEAU 2020
Très bon, Max-Louis, très bon !
J’imagine bien la suite, Bonheur et Malheur, ces deux escrocs, repartant bras d’sus, bras d’sous, à la recherche de leur prochaine victime.
Bonne journée, Max-Louis.
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Bon jour Jean-Louis,
Effectivement … ces coquins de grands chemins pour profiter des âmes puériles 🙂
Merci de ton compliment, passage et mots 🙂
Bonne journée tout en Soleil 🙂
Max-Louis
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Bonjour Max-Louis,
Ce dialogue entre ces deux bougres que tout semble opposer est très original…
Je trouve qu’effectivement le Bonheur joue à un jeu qui n’est pas très clair, sûrement parce que nous ne savons jamais l’apprécier à se juste valeur !
Merci j’ai beaucoup aimé te lire, et je garde en mémoire ce dialogue, surréaliste et inspirant.
Bises Soleil (la vérité, il tombe des seaux d’eau chez nous hihihi!!!)
Corinne
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Re bon jour Corinne,
C’est une bonne remarque sur le Bonheur : » … nous ne savons jamais l’apprécier à sa juste valeur » … tout est là.
Merci de tes compliments, passage et mots 🙂
Bizzz enSoleillées (Ici, fait très frais, avec un soleil fardé de gris blanc) 🙂
Max-Louis
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Très juste ! Il n’est pas bien clair le bonheur. Alors que le malheur ne manque jamais de franchise…
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Bon jour Danielle,
Oui, c’est vrai. Le bonheur n’a pas le même comportement que le malheur…
Merci de tes mots, passage et compliment 🙂
Max-Louis
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Ce n’est jamais facile d’ouvrir le bal et Bonheur et Malheur l’ont fort bien fait dans leur ronde endiablée. J’ai envie de dire comme Christophe Maé: il est où le bonheur, il est où? (https://youtu.be/fVrRZ56EO9c) et de répondre qu’il est partout où notre coeur le trouve ».
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Bon jour,
Je suis le premier ? Ah ? Diantre, je pensais que Flying Bum avait déjà fait un texte …
En tout cas, les deux antagonistes sont à leur scène tout à l’aise, il est vrai 🙂
Merci de tes mots, compliment et passage 🙂
Bonne journée.
Max-Louis
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Quelle chute !!! encore une fois tu as tout bon ! cette approche serait intéressante à discuter en cours de Philo. Merci Max-Louis ta rapidité et la justesse de tes adaptations font mon admiration ! bon dimanche.
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Bon jour Hélène,
Il est vrai que le regard du malheur et bonheur est nuancé selon les personnes, l’éducation, les peuples, l’histoire… il y a une vaste littérature sur ces deux sujets et parfois je dis : « Le malheur des uns fait le bonheur des autres » … etc … 🙂
Merci de ton compliment qui me touche, de tes mots et passage 🙂
Bonne journée à toi 🙂
Max-Louis
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Bonheur, malheur, les deux font la paire, ça j’avais cru le percevoir; mais qu’ils le fassent de mèche, de concert, que ce soit quasi joué au poker, ça m’époustoufle, me stupéfait, me ratatine… Et pourtant, je m’étais levée de bonne heure….
Merci pour le rire !
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Re Bon jour,
Eh oui ! 🙂 Il y a de la connivence entre les opposées … mine de rien … la nuit et le jour, l’amour et la haine, la terre et le ciel …
Alors, les dévoiler au « grand jour » avec une certaine « recette » textuelle c’est une tentative audacieuse de comprendre un mécanisme de rapports entre eux et nous …
Merci de vos mots, compliments et passage 🙂
Bonne journée 🙂
Max-Louis
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Oh ben Diantre, c’est malheur de bonne heure ici ! si tu te tartines de la confiture c’est que c’est petit-déjeuner, non ? 😉 Ce sera bien d’inverser la formulation en « … sinon je fais un bonheur ! » dans la vie courante (bien qu’on ne soit pas obligé de courir non plus). Tentative audacieuse et fabuleuse de traiter des opposés, bravo Max-Louis !
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Bon jour Pat,
Le thème étant : Annus Horibilis, le malheur est le bienvenu 🙂
P’tit déj mais possiblement le quatre heures 🙂
La formulation que tu proposes est intéressante mais je pense qu’elle s’adresse par exemple au Père Noël 🙂
Merci de tes compliments, passage et mots.
Bonne soirée à toi.
Max-Louis
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C’est délicieusement pêchu comme dialogue ! Vaut mieux être au 4 heures pour profiter du rocambolesque de cette rencontre. Quand à la confiture ce sera à la pêche pour moi, pas d’abris Co. Bon ça m’a donné la dalle tout ça jme fais la malle.
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Bon jour,
Une rencontre qui vaut son pesant de… dialogue …pour un trio infernal … 🙂
J’aime bien la confiture aux pêches de vigne 🙂
Merci de vos mots, passage et compliment et bon p’tit déj 🙂
Max-Louis
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Superbe 🤩 ! J’adore
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Merci de ces deux compliments 🙂
Max-Louis
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Bravo Max-Louis, ton dialogue dans le ton de l’agenda joue avec le thème sans pesanteur ! 🙂
Cela dit, je n’en doutais pas. 🙂
Bonne soirée à toi
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Bon jour Laurence,
Merci de ta confiance 🙂 de tes mots, passage et compliment 🙂
Bonne soirée à toi également.
Max-Louis
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Les bougres… Ils vont presque bien ensemble ! Et continueront leur gigue …
« C’était un p’tit bonheur que j’avais ramassé, il était tout en pleurs sur le bord d’un fossé »
Merci à vous deux de ce texte qui fait mouche. Bravo!
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Re Bon jour,
Ils sont liés par le pacte de l’indicible possession de vivre … ensemble 🙂
Merci pour les mots de Félix Leclerc 🙂 et merci pour le compliment 🙂
Max-Louis
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Bonjour Max-Louis,
« Despair came knocking at my door, and I let him in for a while… » chantait Daniel Johnston dans une de ses ritournelles éraillées. J’ai bien ri au contraire en lisant ton texte, qui rêve néanmoins d’un partage équitable de fortune entre les hommes. Pas sûr que la poire soit si bien coupée dans la réalité, hélas. Le Destin se soucie peu de moralité, et moins encore d’équité.
A bien tôt
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Bon jour Princecranoir,
En fait, si l’on « regarde » avec attention : le malheur et le bonheur, ils ont un point commun : celui d’avoir une durée extrêmement courte. En effet, l’impact qu’ils génèrent est de quelques secondes. Seuls la « traînée » ou le « sillage » qu’ils laissent, engendre les effets ressentis … telle une piqûre de guêpe d’une fraction de seconde, son effet se déploie beaucoup plus longuement.
Aussi, il me semble, que la poire est possiblement bien tranchée … mais tout cela est de l’ordre du ressenti … 🙂
Merci de tes mots, passage et compliment.
Max-Louis
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