D’un pas à un autre la nourriture spirituelle est un filet des âmes dont l’hostie est l’hameçon que le corps en diable de bonne foi fait son office et défi la profession de foi de gâter et jouir à la fois de son éternelle rédemption même pour les retardataires anglicans le purgatoire ne sert pas… des repas vegan.
D’un pas à un autre l’homme de peine des West-India-Docks aux Docks de Victoria n’est qu’une marchandise qui complète la fosse creusée à temps plein aux scories d’un salaire qui se fait honte à lui-même à la morale indifférente chacun a son œuvre … d’un même sang rouge.
D’un pas à un autre quand Londres se transforme en belle printanière dépensière de musiques d’équipages superbes ses joies dévergondées inondent en contractions jouissives jusqu’aux sourires de fonds les porteurs de haillons car ici point d’ombrage chacun a sa place … même la pluie.
D’un pas à un autre les théâtres de la vie s’ouvrent à l’effervescence de la farce d’un English-Opera-House sans voix à une Taverne de Nicholson où l’on joue à se faire peur par jugement quand le Punch and Judy avec Toby amuse tous les âges à la dérision d’un tout… une même musique.
D’un pas à un autre Whitechapel l’horreur en panoplie se distingue aux meurtres de prostituées éventrées à l’innocence des bas-fonds de Londres l’émoi collectif surchauffe la tête du politique désempare la police et les journalistes font leurs griffesquand il court toujours… Jack.
D’un pas à un autre l’angoisse serre le haut du gosier de la Tour Sanglante à la Tour de Londres aux cris emmuraillés des suppliciés de Charles d’Orléans à Jeanne Grey le féal portier gardien des clefs fait son office moyenâgeux tel un tortionnaire aguerri son cœur ne sera jamais… de sortie.
D’un pas à un autre les palais royaux d’une épaisseur de tristesse charbonneuse momifient la tradition retranchée à jamais dans le marbre dont le peuple est enserré et lié de religion à un Lord-Maire roi de la Cité qui dicte le cours des existences à tous les niveaux… même du cosmopolite.
D’un pas à un autre il est dimanche et le temps dépose le fardeau des pauvres et des nobles sur la même ligne d’horizon quand un jésus compte ses épines au bord d’une Tamise comme baptisée par ces hommes des défauts de leur condition avant qu’ils ne regagnent leurs rôles même dans leur logis …ou leur appartement.
D’un pas à un autre les ruelles encrassées de la pauvreté charrient le brigandage le couteau en attente de sang frais pour quelques shillings tandis que les pick-pockets brassent le commun des mortels et se font parfois pincer jusqu’au cachot avec une fièvre de prison … par les Bobbies.
— Qui est-ce ? — C’est un auteur. — Pourquoi il ramasse des feuilles ? — À broyer des mots aux feux des lignes, je l’ai amené par la douceur à l’engager comme jardinier. — C’est un bon ouvrier ? — Il ne cabosse pas mes plates-bandes… il est au moins bon à quelque chose. — Ainsi vous le maîtrisez. — Tout à fait. Il me doit deux manuscrits, le bougre ! — Il faut bien se payer. — Eh oui, quand on considère qu’il n’a pas toute sa tête… — Qu’est-ce à dire ? — Il a voulu marchander avec une tablette de chocolat… son contrat. — C’est curieux, en effet. — Curieux ? Il avait retiré l’emballage… cela ne se fait pas… qu’est-ce que vous en pensez ? — … — Ne me regardez pas avec votre œil noir des dimanches sablonneux. — Je vais paraître suranné, ou mal convenu… mais… vous semble-t-il être conscient de votre état ? — Et vous-même ? — Moi-même ? — Oui, vous-même ? — Je ne comprends pas… — Vous prenez le risque de déguster… — De déguster ? — Un câlin ? — Euh… je suis un peu perdu dans vos propos… — Vous voyez… vous semble-t-il être conscient de votre état ? — J’avoue que j’ai un tantinet chaud en votre compagnie… — Il faudrait vous prescrire quelques moments en compagnie du jardinier. — Et pourquoi ? — Pour vous aérer l’esprit, tout simplement… une pâtisserie ? — Euh… avec plaisir… — Vous serez très bien parmi nous, je vous le dis, dans cet établissement… mental…
D’un pas à un autre le repas à Bird-cage-Walk s’installe déplié sur des dos courbés déformés usés sous les charges des heures irrévérencieuses la sueur s’imprègne du mélange des odeurs que la crasse ne se reconnaît plus et les sourires s’affichent parfois secs d’une ration dont il manque encore… le hamburger.
D’un pas à un autre se dessine un quadrupède tenu aux mors de la lignée tel un Darley pour créer aux firmaments la rareté d’un cheval nommé Éclipse tout au rapport du brûlot argent il est anobli étalon par un bipède noble pur-sang très bon coureur à ses heures après… quelques bières.
D’un pas à un autre les jours s’additionnent au boulier des miséreux sans nom mais non sans lois qui ne s’attardent pas sur demain épouvantail sinistre qui traverse Dudley Street du même tonneau que Clerkenwel l’épidémie du danger frappe chaque jour en masse… sans illumination.
D’un pas à un autre Les Chevaliers de la Jarretière en « Honi soit qui mal y pense » s’emploient à trôner l’ordre sur le haut du pavé tandis que la Sainte-Ampoule est tout sourire tungstène aux ordonnancements qui s’activent par caste où tant d’ordres… sont en soldes.
D’un pas à un autre qui n’existe pas sur la terre des innocents tous les étages de la société possède un chat à neuf queues tel celui qui rugit du couvent de Saint-Benoît non loin du pont Blackfriars à la castigation d’un corps frère pénitent possédé d’une obsession celui d’être… un punk.
D’un pas à un autre la mort est une question de vie une transmutation d’un état à un autre en filigrane son sceau déborde invisible sur tout vivant même sur les étoiles du Pont Westminster Bridge où vacillent les rêves dans le lit froid de la misère qui de tout temps tient … sa réputation.
D’un pas à un autre la langue des districts se façonne d’une seule respiration traverse toutes les artères de Chelsea des artistes aux quais de la Tamise en traversant the Strand aux goûts nuancés le vivant s’affronte aussi par les us et coutumes sous un seul drapeau … au bel accent.
D’un pas à un autre cette promenade des Dames sur Rotten-Row défile l’aristocratie de printemps les chevaux dressés aux corps féminins en positions à ce bal costumé au paraître la cravache se maintient et les dandies sont prêts à recevoir leur dû pleins les yeux et … se familiariser.
D’un pas à un autre les Trois Royaumes sont liés à l’ombilic de Londres entre la débâcle de la Northumbrie et la Maison de Tudor déployant puissance intelligence terreur et le pire de la Maison Stuart avec Anne pour le meilleur et de loin pour la longévité Élisabeth II … la Queen.
D’un pas à un autre à l’Impériale fait Street à tous les coups du Crosby Hall au bar à huîtres de Lynn à Fleet Street que voyageurs parisiens aux travailleurs à huit shillings la semaine vibrent sur les pavés aux sabots des chevaux par voix des conducteurs qui ne sont pas chafouins … dans les bus.