Au transport de mulots musclés

Photographie Iotop 2022

Blog oulimots contrainte écriture


Un chat de belle prestance et de bons poils… entretenus, attendait … sur son banc titulaire le prochain passage d’un volatile ingénu comme une première neige qui ne sait pas encore qu’elle sera le jouet d’une boue de caniveau …

Le félin locataire d’un chinois naturalisé par défaut russe de tenir une cantine de travailleurs aux ordres d’un collectivisme de bon aloi de besogner jusqu’au dernier os valide sur la reproduction d’une seule rose… sombrait dans un rêve qui franchissait par curiosité le seuil d’un cauchemar anodin…

L’espace s’ouvrait, à qui savait l’interpréter, sur un immense champ unifié par une seule couleur verdoyante et en son centre, qui paraissait naviguer à vue, une énorme meule de foin dont l’extrémité clignotait tout de blanc, se déplaçait au transport de mulots musclés…

Dans son sommeil le matou frétillait ou convulsait des membres quand son museau menu et rose troussait ses babines blanches par l’action neuronal déphasée de l’incongruité de la situation qu’il se voyait à croquer quelques rongeurs qui riaient comme des damnés les incisives en sang et le chinois en garde poules…

Le chinois propriétaire du félin jardinait à quelques vues du banc. Il souriait des soubresauts de son greffier, un bon chasseur qu’il gardait par pur intérêt. Sa jeune femme, enceinte de quelques lunaisons, qui l’aidait d’une binette, ne souriait pas de l’agitation de ce grassouillet et profiteur serial killer. Elle pensait au mieux à le soustraire par une punition radicale que le mitonner avec de bonnes herbes pour le meilleur.

Le chinois mari connaissait l’aversion de sa tendre épouse, Tiān Shǐ, pour son quadrupède qui à cet instant animal et d’instinct de survie que la binette allait lui trancher possiblement sans certitude pourtant affirmée son fil de vie qu’il se réveilla pour agresser en un ressenti d’une légitime défense la bipède dans un sursaut que la demi-seconde elle-même fut surprise de la rapidité de la manœuvre que répondit dans l’immédiaté une main poignante et marrie qui lui rappela son rang de mammifère… dans la chaîne alimentaire….

© Max-Louis MARCETTEAU 2022

Le pragmatisme de l’acte charnel

Photographie de Dmitriy Krasitsky

Blog oulimots contrainte écriture


Aux retrouvailles tous les souvenirs sont là comme le filet à provisions, il y a des ingrédients qu’on apprécie et d’autres moins mais indispensables à la préparation du plat considéré.

Après un confinement sexuel, il était évident qu’il me manquait : le jouir pleinement et en nature comme l’on pourrait dire en toute élégance.

Ces retrouvailles ont été un fiasco. Normal. La hauteur de mon engagement n’était pas à la hauteur de la personne. Un déphasage et des attendus divergents. Rien n’est moins simple de satisfaire autrui (et inversement) par toutes les exigences qui s’enfilent comme des perles dans un collier. Je décidais de prendre une autre direction.

Le cœur étant mis de côté, le pragmatisme de l’acte charnel à venir était important pour ne pas s’égarer sur une relation tendue sur un fil funambule qui a tout moment pouvait rompre. Aussi, la distance entre point de départ et point limite définissait le périmètre à explorer pour découvrir ce qui pourrait m’enchanter. En effet, plusieurs dizaines de kilomètres carrés paraissaient une belle surface, cependant avec une idée précise non négociable de ma recherche : 1,75 m, 95C, blonde (et autres critères sur ma feuille de route) rien n’était moins sûr de trouver la correspondance à cette prétention, mais l’espoir fait vivre, paraît-il. Amen.

En prenant en compte mon portefeuille qui n’était pas extensible et le téléphone en poche, j’effectuais mes recherches ardemment. Je m’informais, contactais, visitais, prenais notes. Plusieurs semaines entièrement consacrées à la poursuite de la femme idéale à mon envie sexuelle, j’abdiquais un beau matin, devant ma glace à doubles reflets. Je me questionnais. J’admettais que je faisais le difficile.

Je décidais de prendre le train de la raison. J’embarquais pour un pays fabuleux, non pas imaginaire mais celui qui me permettrait le baiser attendu, et tout le reste pour ma plus grande joie sexuelle. Ce pays était pourvu ce dont je recherchais. Il n’était pas aussi loin que je pouvais le croire à mon grand étonnement, il s’appelait : La Fraise, un magasin qui fabriquait et vendait… des poupées gonflables…

© Max-Louis MARCETTEAU 2022

Sa lampe adhère dit-il illuminé… 9/…

Photographie Iotop_2022

Pour la deuxième fois, voici une autre histoire mais cette fois-ci de lampadaire à 4 mains sur une idée de Firenz’ du blog La plume de mouette. Chacun de nous fait paraître le texte de l’autre sur son blog et une photographie.

Chapitres 1 ICI et 2 ICI et 4 ICI et 6 ICI et 8 ICI et 10 ICI ou l’ensemble des chapitres ICI


La Russe autorité avait entrepris de soulever la trappe à nouveau. La grouillance souterraine n’avait point faibli, c’était comme une ligne de métro ou deux, aux heures de pointe et en temps de grève. Réalisant qu’il avait presque cohabité et même protégé ce microcosme sombre et peut-être gluant, Sieur réverbère faillit tourner de l’œil et du bec de gaz.

— Mais qu’est-ce donc que cette affaire ? est-ce que quelqu’un peut m’éclairer ? demanda-t-il d’une voix blanche. Il ne diffusait plus à présent qu’une lueur blafarde.

Tous se penchèrent à nouveau sur le monde miniature. Une main caressant leur barbe, les deux nains bredouillaient des sons inintelligibles ponctués de « c’est pas ça qu’on attendait », ou de « Mais à quel moment la légende s’est-elle embourbée ? »

Le Prince russe écarquillait les yeux pour tenter d’apprivoiser l’obscurité jaillissant de cet univers différent. La luciole, quant à elle, ne semblait pas émue outre mesure et continuait à papillonner, ici et là, en toute légèreté.

— Regardez ! croassa Kremaloff. Regardez cette foule d’insectes rassemblés et collés les uns aux autres ! ça pullule et ça bouge comme la plèbe attroupée au moment des soldes, ça gigote et ça remue et ça parait immobile à la fois. On dirait une toison noire, un pelage plein de pattes ondulant sous l’effet d’un vent stagnant… ! Que diable se passe-t-il dans ce recoin lugubre ?!

Les nains s’étaient tus, le lampadaire avait des remontées acides, la luciole souriait. Et tous, tous, avaient les yeux fixés sur la masse sombre.

C’est alors que s’éleva un chant au-dessus des têtes, une mélopée émergeant d’un autre espace-temps, une mélodie pentatonique parfois aigue et parfois grave, accompagnée de stridulations et de soupirs légers. C’était Luciole qui chantait, les ailes habillées de couleurs précieuses et déployées selon le tempo, dévoilant ce faisant un peu plus de ce que sa nuisette dissimulait à peine. Le spectacle était plus que charmant.

A la surprise générale, tous les insectes agglutinés se dispersèrent en dansant-rampant, laissant ainsi voir le trésor qu’ils protégeaient vaillamment.

Alors on distingua la Lucane d’or.

Sous la multitude sexapodée dormait un insecte géant, au corps et aux pattes d’or massif et aux ailes couleur turquoise et Lapis Lazuli.

Déjà à moitié anesthésiés par les chants lucioliques, ceux du dessus de la terre restèrent interdits. Sauf bien sûr le Prince Russe qui ne s’interdisait jamais rien. Et Dame Luciole qui pris son envol, après avoir déposé un baiser sur un œil vitré de Sieur Réverbère. Celui-ci se mit à rougir et à crépiter. Luciole dansa avec frénésie avant de s’engouffrer dans la cavité fantastique, l’éclairant ainsi d’une lumière nouvelle….

(texte Florence)

Le silence regarde le cadavre tout chaud

Photographie Iotop_2022

Blog oulimots contrainte écriture


— La pluie arrive de l’ouest …
— Tu pars quand même ?
— Il faut bien partir un jour, non ?
— J’sais pas… il faudrait bien que tu restes… non ?
— Tu sais, dans ta vie je ne suis qu’un petit caillou, rien de plus…
— Qu’est-ce t’en sais ? hein ?
— Je le sais, c’est tout et je te connais… je ne suis pas un gars pour toi…
— Qu’est-ce que tu connais de ce que j’ai au cœur et dans mon ventre eux qui me disent tous deux que tu dois rester…
— Je pars, c’est tout…. tu sais que c’était convenu…
— Oui… je sais, mais bon… j’ai… j’ai mal… pas toi ?
— Les choses sont comme ça, c’est tout…
— Tu emportes ta belle plante anémone avec toi… et tu me laisses ? C’est injuste.
— Injuste ? Enfin, on a bien décidé trois mois ensemble pour engagement pour une coloc et ensuite je partais… enfin, on a couché quelques fois… voilà, s’est terminé, je pars… et puis laisse moi mon anémone. Elle est malade
— Malade ? Tu déconnes là ?
— Tu vois bien, elle n’a pas la grande forme…
— Et moi ?
— T’es pas une plante !
— Raison pour que tu restes !
— Ce n’est pas la question… de toute façon… je t’aime pas…
— Est-ce que je te demande ce genre de verbe au présent ?
— J’en sais rien… j’m’en fous… t’es trop compliquée…
— Et t’as plante, elle n’est pas compliquée, elle ?
— Je l’aime, elle !
— Quelle excuse à la noix quand tu peux avoir une femme à toi !…
— Laisse-moi passer…
— Non !
— Aller… et puis lâche ce fusil…
— Non !
— Mais il y a des millions de bons hommes!… fait ton choix…
— Je t’ai choisi…
— Bien ma veine… j’ai gagné le gros lot, c’est ça…
— J’ai un secret à t’avouer.
— Je ne veux pas de ton secret, jamais !… tu entends !… je ne veux rien de toi !… rien de rien !

Et pour toute réponse, elle tire à bout portant. L’homme s’écroule en lâchant le bocal d’eau, habitât de l’anémone, qui se brise aux pieds de la femme.

Le silence regarde le cadavre tout chaud, tandis que l’anémone, périssant et amoureuse, injecte sur les jambes de la meurtrière sa toxine mortelle…

© Max-Louis MARCETTEAU 2022

Pour faire fleurir la tristesse

Photographie Iotop 2022

Blog oulimots contrainte écriture


Le pétale rose est morose sur son balcon au regard lointain défiant la forêt de toitures qui semblent une peinture indélicate trop grise pour que le ciel s’en offusque lui qui a de sa préférence le nuage cirrus…

L’Astrolabe, son voisin, installé sur la petite table verte bien en fer, est silencieux et semble trier ses souvenirs tel l’humain assis près de lui avec son kilo de lentilles à départager l’ivraie avec une loupe, son troisième œil…

Paul entend sa Tentacule, sa voisine de palier, jouer de l’Orgue qui semblait pleurer d’une larme à une autre pour faire fleurir la tristesse en cet après-midi qui semble s’étirer sur le bord du rien sur le bulbe d’étrave fendant le néant…

Exergue qui fumait sur le balcon, le compagnon de Tentacule (pas du balcon), dit à Paul :

— J’ai cerné le pourquoi de la question.
— Quelle question ?
— Les gens
— Quels gens ?
— Oui, les gens qui passent, là, en dessous, sur le trottoir du côté de l’ombre alors que le soleil sur l’autre trottoir personne ne s’y aventure…
— Ah ? Et ?
— Eh bien, c’est la volute de l’escargot géant planté comme une stèle sur le trottoir ensoleillé qui pose question, tout simplement !
— Ah ? et les gens ne semblent pas apprécier et ils changent de trottoir, c’est ça ?
— Oui…
— Dis-moi, tu prends toujours tes médicaments pour les hallucinations ?
— Oui, pourquoi ?
— Non,comme ça, pour causer, pour le pourquoi de la question qui… me posait question….

© Max-Louis MARCETTEAU 2022

Au rayon vert deuil

Photographie Iotop 2022

Agenda Ironique Février 2022


— Y a quelqu’un ?
— …
— Vous êtes là ?
— …
— Je sais que vous êtes là ! Ne faites pas la bête, hein ?
— Si je veux…
— Ah ! Vous boudez ?
— On n’a plus rien à se dire, vous savez…
— Pas moi ! J’ai plein de choses à vous dire !
— Parlez-en à votre cœur, lui, sera vous conseiller…
— Mon cœur est bien là où il se trouve.
— C’est pas lui qui vous empêche de dormir ? Avouez !
— …
— Ce n’est pas la peine de me réveiller pour ne plus vous entendre !
— Oui… c’est vrai… c’est lui qui m’empêche de dormir… ça vous va, cette confidence ?
— C’est bien ce que vous êtes venu chercher, non ?
— Je ne comprends pas ?
— Vous êtes à ma recherche par cet intérêt de vous confier à moi pour que l’autre, ce cœur, que vous soupçonnez d’ingratitude, entende. Ne niez pas !
— Vous êtes pénible.
— Alors, laissez-moi où je suis au lieu de m’asticoter et vous servir de moi pour votre intérêt tout personnel.
— Oooooh ! Il y va de votre intérêt aussi, hein ! Bon ! Alors, ne soyez pas si revêche et prenez votre part qui est aussi la mienne. Arrêtons de nous combattre et prenons acte que nous sommes dans le même bateau !
— Le même corps…
— Oui, oui… on va pas chipoter…
— Eh bien, je chipote, un corps ce n’est pas un bateau !
— Enfin, il est constitué de quatre-vingt-dix pour cent d’eau et le reste de la carcasse c’est en dur… donc, si nous extrapolons c’est bien une carcasse qui navigue sur l’eau, là !
— Extrapolez, extrapolez, mon bon, je ne vous écoute plus, je ferme les écoutilles !
— De toute façon…
— De toute façon ?
— Il est trop tard !
— …
— Il vient de mourir…

Ainsi, le soi et l’âme du soi s’envolent dans l’éther du soir au rayon vert deuil qui ferme à cet instant son rideau… et le linceul de service couvre un corps … sans cœur…

© Max-Louis MARCETTEAU 2022

Du questionnement en granulat qui mijote

Photographie Iotop 2022

Blog oulimots contrainte écriture


— … et il y a du ciment de la vie, comme des copeaux de moqueries, qui vous pénètre dans l’âme assise devant l’âtre flambant neuve du questionnement en granulat qui mijote tranquillement !

Ce ciment malaxé dans la bétonnière du monde civilisé grandi par les lois qui développent le sens aigu de la morale bien mise, propre sur elle, qui se targue d’être à la hauteur de son dévouement pour le peuple à remettre sur le droit chemin pour le bien collectif tandis que l’individu pachyderme par essence de se reconnaître comme libre n’est qu’une tare qu’il faut éduquer pour son bien-être !

Un exsudat poignant qui valorise l’air insipide que je respire par défaut se vaporise autour de moi : la Liberté. Cette liberté, encore, de pouvoir dire avant que le macronphage prestidigitateur ne dépièce la totalité de l’espace nourrissant d’un libre ensemble et pas au travers d’un prisme déformant d’une réalité ou d’un tamis qui ne laisserait passer les uns, ici et les autres, là !

Point d’estrade pour clamer haut et fort crescendo le dire à l’humeur de la liberté d’expression…

— Bon ! Coupez !
— Mais, je n’ai pas terminé…
— Qu’importe, votre temps de parole est mesuré !
— Mais, je n’ai pas terminé…
— Il radote le candidat… comme il s’appelle déjà ?

© Max-Louis MARCETTEAU 2022