Ses végétales pensées noyautées de floraison

Photographie Iotop 2022

Le cerisier en sa hauteur prenait le soleil en plein que le premier nuage part-soleil était le bienvenu.

L’homme le contemplait, le cerisier.

Il était à la manette, l’homme. Il pouvait gérer sa vie à la lunette de vue de son destin qu’il menait à la baguette le bougre qui se pliait aux exigences de la persuasion d’être sur son chemin de bon droit à traverser par monts et par vaux à la correspondance de ses désirs.

Le cerisier en sa hauteur contemplait ce bipède humanoïde sur le volet de son ascension vers les hauteurs du ciel qui n’avait qu’un seul plafond et à sa bonne guise de fruiter son jugement à la saveur de ses végétales pensées noyautées de floraison que le printemps ne pouvait saucissonner de sa superbe.

L’homme le contemplait, le cerisier.

Il était dans son fauteuil, l’homme. De son dedans le dehors faisaient contrastes quand une souris grise queue tire-bouchonnée s’accrocha de griffes à griffes à la grise paroi du tronc court pas trop rond à sa fuite vers le grossissement du diamètre d’âge en âge que le rongeur arboricole par changement climatique souhaitait rejoindre un ciel.

Le cerisier en sa hauteur souriait de l’escalade du mulot qu’il secoua comme un prunier et l’homme toutes dents dehors dégustait une barre chocolat se suffisait du spectacle déjà écrit quelque part dans un cahier égaré entre les racines du Temps qui ressortait l’improbable de ses souvenirs au grand jour des derniers moments comme d’une farce.

Et l’homme, tout en haut de la chaîne, se leva, contempla la bouffonnerie… et se pendit…

© Max-Louis MARCETTEAU 2022

Les inconsommables contrefaits pourtant souriants

Photographie de Irina Dzhul

Agenda Ironique Décembre 2021


Il est minuit. Le charbonnier rentre chez lui tandis que le ramoneur à tintinnabuler en branlant du chef descend lentement d’un toit à la pente bien pentue au reflet d’une pleine Lune qui baille entre les nuages racoleurs et poursuiveurs tels des poissons rouges dans un bocal sans coins.

Il est minuit une. Une orange roule depuis quelques minutes sur les pavés centenaires de la rue des Trois Patates, échappée d’un filet à provisions usé de recruter les défigurés légumes, les rejetés fruits, les inconsommables contrefaits pourtant souriants de vitamines et de vies mais délaissés par leurs aspects rebutants.

Il est minuit deux. Un millier d’étincelles font la fête dans la rue des Quatre Fraises perpendiculaire à la rue des Trois Patates en compagnie d’une meuleuse toute guillerette de tourner plein régime au pied levé quand la main du rémouleur tient d’une main ferme et confiante une lame traversière de chair qui n’en mène pas large sur ses deux tranchants.

Il est minuit trois. Le charbonnier écrase l’orange et bouscule le ramoneur par croisement de chemin et de destin que la lame du remmouleur crie sans crier gare et ainsi relevant le bras de l’homme et par effet à écarquiller ses yeux d’un bleu acier qu’un introït impromptu s’annonce au point d’orgue de cette situation inattendue.

Il est minuit quatre. Le ramoneur tombe à jeûne depuis la veille qui elle-même ne sait pas dans quel temps elle évolue mais qui laisse percevoir le moyeu intra-véhiculaire de l’horloge du temps qu’elle n’est pas loin d’avoir raison sur son état aux rayons près d’une formule à la Pi qui semble être le centre de ce drame.

Il est minuit cinq. Les jeux sont faits, rien ne va plus. Le rémouleur ressent un danger qui n’est pas le sien et une peur que le Saint du Jour à cette heure de la nuit ne sait à quel Saint se vouer, s’enhardit et conçoit une modeste prière sur sa Bonne Étoile, qu’il poignarde proprement le charbonnier qui semblait déjà une ombre sous le réverbère de service.

Il est minuit six. Le Père Noël, en retard et malchanceux ce jour-là, s’empale sur un conifère décoré comme un sapin de Noël, se transforme en étoile sur la cime et laisse à loisir les habits au pied de l’arbre quand le rémouleur essuie sa lame sur le revers de sa manche sans regret, revêt le déguisement qu’à ce moment-là, la police nuiteuse (et pas en nuisette) embarque le ramoneur pour meurtre du charbonnier.

Il est minuit sept. Le faux Père Noël rentre chez lui, embrasse ses enfants et sa femme, le cœur léger. Ainsi est né l’esprit de Noël.

© Max-Louis MARCETTEAU 2021

La plaine défiant les ombres par sa nudité

Lune_photographie_Iotop_2018

Blog oulimots contrainte écriture


 

Au clair de Lune, le cyclope dévisage Sélène à l’heure du thé de minuit à pleine vue sur son belvédère qui penche sur l’angle aigu de la plaine défiant les ombres par sa nudité …

— Tu es trop belle, Lune.
— Ton regard est douloureux, ta voix trop grave.
— Je souhaite te rejoindre pour l’heure.
— Un coup de blues ?
— Un retour vers l’essentiel.
— Il te faut une couleur bleue sur l’azur d’un regard … moi, je suis d’un clair cendre …
— Je souhaite l’oubli, le souci..
— Le réconfort …
— Oui, le réconfort.
— Ne soupir pas.
— Tu es l’œil du mystère et moi l’œil de la monstruosité.
— Arrête !
— Je suis né d’un accouplement d’une désillusion et d’un espoir …
— Pourquoi cherches-tu à te bouleverser l’âme ?
— A la racine de mon origine, des hommes ont torturé mes lointains ancêtres pour essayer sortir une imposture de la Vie …
— Vas-tu cesser ton récit insoutenable !
— … car il est aussi le tien !
— Arrête !
— … et d’un homme plus pervers que les autres, tourmenteur, magicien des ténèbres a énucléé l’un des miens pour se rendre à l’évidence que son œil ne percevait pas l’avenir …
— Je ne veux plus t’entendre …
— … de rage il plongea l’œil dans un chaudron à la mixture à l’odeur écœurante et à son étonnement, l’œil se mit à gonfler, gonfler…
— Pourquoi me faire souffrir !
— … tel que, qu’il s’extirpa du chaudron, qu’il roula vers l’extérieur sans que rien ne l’arrêta sur tous les paysages inconnus et connus du monde, en quelques jours, et se griffa jusqu’à une souffrance insupportable …
— Tu es ignoble …
— … qu’un Vent charitable pour le soulager l’emporta dans ses bras, mais il s’échappa très très loin dans les airs pour se perdre dans l’Univers …
— …
— … et pourtant, ne voulant pas quitter tout à fait sa Terre natale, il se fixa à jamais dans le ciel …
— J’ai trop mal, encore …
— Tu es cette part de moi-même et cette souffrance à cœur d’exister …
— Ne pleure pas… tu es mon éternité …
— Je suis le dernier de mon espèce …
— Je suis là …
— Tu me manques …
— Toi aussi …

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

Werois aspirateur d’âmes

Rénovation_Sainte-Croix_Minneapolis_ Photo_George_Heinrich

Rénovation_Sainte-Croix_Minneapolis_ Photo_George_Heinrich

Des mots, une histoire : récolte 47 (Hors délai)


Il se nommait Tipi. Il avait un frère jumeau, Piti. Tous deux un jour d’adolescence, s’étaient perdus dans une forêt. Tous deux avaient reçu le prix de la peur, cette écorce qui vous pince à vie le fond des entrailles.

Pourtant, ils étaient revenus avec la sensation inavouable d’une révélation, d’une initiation.

Adultes, devenus musiciens, ils installèrent leur jeune école de musique à l’orée de cette forêt… visitée par des promeneurs du dimanche, des cueilleurs de champignons, des chasseurs de cerfs et sangliers, des amoureux de la nature … des amants délurés, des braconniers de belettes, des collectionneurs de papillons, des pique-niqueurs naturistes, des buveurs de liberté, des truffeurs de senteurs, des lépidoptéristes de couleurs, des peintres de l’effeuillage, des sylvothérapeurs égarés, des gymnases du Zhan zhuang,… jusqu’à turlupiner la forêt elle-même…

Le mot tranquille avait déserté son hamac et s’était enterré entre le blob et les mycorhizes…

Les frères avaient cette conscience du mal-être de la forêt… et considéraient qu’il était de leur devoir de la déposséder des mauvais fruits qui s’enracinaient au fil du temps par raison, ou pas, et qui s’appropriaient par excès sa Nature…

Il fallait limiter les assauts. Ils consultèrent aux quarts de Lune montante et descendante les nervures des feuillages…

Ainsi, des étranges phénomènes se déclarèrent comme une amabié genre de créature qui refoulait d’une haleine putride de bois morts, aux visages, les visiteurs indélicats, ou d’un werois aspirateur d’âmes pour les pourvoyeurs du souffle dominical… et pour tous les autres une bienveillance à l’heure de leur mort auprès d’un sycomore dédié…

Les mois s’embranchaient, la forêt reprenait son inspiration, et les frères musiciens animistes, déposèrent instruments et partitions pour s’installer à cœur du sylvestre et vivre pleines saisons des décennies avant de s’endormir à jamais … tous deux depuis le début… aveugles.

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

Une horloge tombe à l’eau

Dessin de Bubo – Inktober 2018 – #14  (je vous invite à découvrir cet artiste de BD)

Et c’est aujourd’hui le quatre centième texte 🙂 Champagne … 🙂


Une horloge tombe à l’eau. Elle bulle des « aux secours » par peur. Sur la berge un pêcheur qui ne voit que son flotteur traînant son ennui par le jeu du clapotis d’une pluie éphémère, indifférent à cette noyade, baisse son chapeau jusqu’à son nez.

Les secondes de l’horloge égouttent les flaques de l’agonie en des ondes qui se cassent sur le fond de la rivière caillouteuse, aux délits cachés en son sein. Les poissons font les gros yeux sur ses aiguilles qui cadencent au tic-tac affolés comme si elles couraient un sprint pour sauver ses minutes qui se comptent les unes les autres avant de passer de vie à trépas en soixante secondes et que le passé archive sur le rayon des suicides… possibles …

L’horloge rage.

Pourquoi les cambrioleurs l’avaient bâillonné ? Elle n’était pas une alarme, tout juste un carillonnement pour dénoncer les heures ? Pourquoi l’avaient-ils recouvert d’un tissu rouge lors de son enlèvement ? Elle n’avait pas l’intention de trahir ses ravisseurs. Pourquoi se retrouvait-elle en compagnie d’autres horloges dans un hangar aux lucarnes agressives ? Elle avait toujours vécu seule et ses congénères bruyantes dérangeaient son comptage journalier, elle ne savait plus, si elle était en retard ou en avance. Quelle angoisse ! Pourquoi, personne ne resserrait son ressort ? Elle avait envie de vivre encore ses secondes en éternité, ses minutes en espoirs, ses heures en cadeaux, ses jours en jouissances, ses semaines en bonheur, ses mois en étoiles, ses années en Noëls, bref de vivre un siècle bien remplit. Mais, comment sortir de cet asile d’horloges en délire, chacune son tic, avec pour certaines une tendance à se prendre pour des baromètres, et comment tenir plus longtemps sans compromettre irréversiblement sa raison ? Elle désirait retrouver une main attentive, prête chaque fin de semaine à remonter son mécanisme d’orfèvrerie imaginé par un maître horloger de la Vallée des Siffleurs. Et ses engrenages qui peinaient, et . . . pourquoi n’avait-elle pas pensé plutôt à invoquer la déesse des Horloges : TikTak ?

Elle rassemblait son énergie à invoquer la formule mathématique qu’aucuns scientifiques n’auraient pu déchiffrer. Tout le monde était mis à l’épreuve : cliquet, rochet, spirales, pignons, ancre, fourchette, roue d’échappement, roue motrice, poids, lames de suspension… Ses aiguilles dansaient un quadrille à une vitesse que la lumière en aurait pu perdre la vue. La déesse se présentait en montre gousset, brillante.

— Tu n’as qu’un seul vœu, ma belle, tu as une couronne de temps pour le prononcer.

L’horloge émue par ce phénoménal événement, balbutiait son vœu.

— Au bord d’une rivière, une jolie maison, annoncer mes heures à l’un des gentils habitants . . .

Quand elle se retrouva au bord d’une rivière, son cadran se mira les chiffres ! Le temps d’une couronne n’avait pas pris la totalité de sa déclaration ! Malheur ! Cet équilibre précaire lui valu la noyade.

Elle rage ! Tant et si bien que le dieu des horloges : TacTique, s’agace ! Il prend la mesure de ce tragique destin et lui glisse entre ses rouages délicats une incantation chiffrée qu’elle traduit par :

— L’horloge seconde sans heurt la vie des humains, tu seras l’horloge des poissons aux heures sans faim.

Morale : soyez clair et concis dans vos choix.

©Max-Louis MARCETTEAU

Inspection d’un temps

Photographie - A l'interieur du Big Ben - Londres- 1920

Photographie – A l’interieur du Big Ben – Londres- 1920

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Mesure de durée au temps autant que le temps démesure son propre temps au temps sablier au regard de l’horloge de la boulière callipyge, là-devant moi, en arrière train, je suis l’improbable client contrôleur qui entre par la petite porte de la ruelle gorgée d’eau.

Je m’installe califourchon sur le sol de la seule pièce du… temps et… j’attends. Je n’ai rien à faire d’autre que d’attendre le sourire sur mon visage, une boîte aux lettres de confiance qui m’apporte tous les timbrés de la terre qui supporte déjà une part d’impossibles idiots, imbéciles…

J’attends le compte rendu de l’espace-temps impétueux devant le tableau noir de craie poussiéreuse blanche presque ingénue qui s’impose, mais je ne suis pas une broutille de temps à me laisser embobiner dans le sens inverse d’une aiguille d’une montre et ou d’un calculateur quantique. Non, non…

Je note que la jeune femme seconde une autre femme et qu’elle écrit avec un calame, c’est un bon point pour elle à l’heure des comptes…

Je ressens ce moment à venir sur l’imperceptible cadran de mon humeur les effets fugaces d’une nuitée en compagnie d’une call-girl au regard envahissant d’être aimée et froide comme de l’azote et qui comptait les minutes avant l’éjaculation des secondes mâles au malaise du précoce et la repasser par une paire de gifles.

Mon temps, ici n’est pas implicite et j’attends la boulière à me rendre compte à défaut de me rendre gorge et je pense à l’intérieur d’un espace intime que la mesure du temps à la démesure du détemps s’étend et intente l’impossible retour sur soi car la seconde est seule à concevoir la naissance, maîtresse de l’instant et de l’éternité à sa froide existence qui ne connaît pas la sensation du… câlin

Je suis le Maître du Temps de celui qui ose poser remontrance sur la seconde de retard qui ne fait pas son travail…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Retour à l’origine

Photographie Sophia Loren

Photographie Sophia Loren

Blog popinsetcris contrainte écriture (mots définitions)


Je vais vendre le Tableau. Le seul que j’ai hérité de ma grand-mère. Ce n’est pas rien… car je n’ai plus rien d’autre de vendable, je suis fauché. Bientôt à la rue. Le mot rue me fait frissonner depuis quelque temps. J’ai des pavés dans la tête et du goudron uriné sous mon nez.

Je vais prendre le train. Ce train du matin à nuit affichée… salle d’attente étriquée même avec une centaine de places assises, ce lundi matin, cette longue attente avec des inconnus sur le quai, un rocher perdu dans la nature de la ville, de ma ville, de la ville de tout le monde et je ressens toute l’amertume qui monte en moi comme une odeur nauséabonde de souvenirs de ville bourgeoise…

Dans ma valise, le fameux Tableau. Enveloppé. Il n’est pas bien grand. Il représente le portrait d’une femme. Ce n’est pas ma grand-mère, c’est sa sœur. Une belle femme à la Sofia Loren dans les années 60.

Ce matin il fait froid par ce vent bronchitique qui tousse par rafales. Je me suis couvert des pieds à la tête avec mon écharpe fétiche reçu des mains de ma troisième amantes (je n’aime pas le mot maîtresse dans ce cas présent)… non cinquième… en fait qu’importe, j’y tiens.

La lampe incandescente au-dessus de moi accouche d’ombres difformes sorties de l’abdomen de ce quai. J’ai hâte d’un nouveau ciel, le vrai celui qui traîne des nuages, draine des formes en des scènes parfois fantasques…

Enfin le train arrive. Je monte dans le wagon, il y a foule, cherche ma place, je suis dans le sens de la marche côté couloir. Je préfère, sinon j’ai tendance à vomir ce qui dérange les autres passagers. Ce voyage ne m’inspire pas. Depuis le début j’ai un mauvais pressentiment. Mais comment faire autrement. Je n’ai qu’un seul acheteur. J’ai à ma droite une femme d’un certain âge. Elle me sourit tout le temps… C’est presque inquiétant…

Je n’ose plus la regarder et pourtant son sourire s’imprime sur ma nuque. Je ressens une légère électrisation, une vilenie à la limite du supportable.

— Vous ne pouvez pas vendre ce tableau…

J’entends cette voix de femme, tout prêt de moi, j’en suis certain. Je me détourne. Elle me sourit.

— Je vous demande pardon ?
— Vous ne pouvez pas vendre ce tableau.
— Et… pourquoi ?
— Il est hanté.
— Hanté ?
— Hanté depuis que votre grand-mère soit décédée d’une manière… étrange.
— Enfin… vous êtes qui ?
— La demi-sœur de votre grand-mère…
— Germaine ?
— Oui.
— Mais, il paraît que vous êtes morte depuis… dix ans…
— Vrai…
—…

Je respire profondément et je commence à suer comme si j’étais dans une lessiveuse.

— De toute façon, reprend cette femme, le tableau est revenu à sa place…
— Je… ne vous crois pas…

Je me lève brusquement et me dirige vers l’emplacement aux bagages, j’ouvre ma valise, je défais l’emballage du Tableau. Il n’est plus là, c’est une toile blanche devant mes yeux.

Tout en moi est ralenti… je m’entends respirer sourdement… je tombe dans un infini à l’intérieur du… Tableau.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Agenda Ironique Février 2018 – Résultats

Agenda_ironique_fevrier_ 2018 - Photo iotop

Agenda_ironique_fevrier_ 2018 – Musée histoire naturelle Nantes -Photo iotop

 

Nous voici au troisième volet de cet Agenda Ironique Février 2018 avec pour thème : le conte.

Les différents liens : ICI et ICI

1) Gagnant :

 – Il apparaît des ex-æquo et je peux dire (?) (écrire est plus adapté) que cette mouture est d’une belle qualité avec des univers palpables et ô combien intéressants … merci de vos participations volontaires et palpitantes …

2) Organisateur

 – A une forte majorité, le nouvel organisateur de l’Agenda Ironique de Mars 2018 est une … Organisatrice … (si elle accepte cette mission)  JOBOUGON que je demande d’applaudir bien fort.

Mise à jour le 03/03/2018 :  Agenda Ironique de Mars 2018 => JOBOUGON

Merci à tous : lectrices, lecteurs, auteures, auteurs, et pendant que j’y suis le … monde entier (bon, je retourne sur Terre)

Max-Louis (Alias iotop)

Agenda Ironique Février 2018 – Voter !

Agenda_ironique_fevrier_ 2018 - Photo iotop

Agenda_ironique_fevrier_ 2018 – Musée d’histoire naturelle Nantes – Photo iotop

Bon jour à tous,

Diantre, une participation qui compte 🙂 Merci à tous pour ces moments de lecture dont l’imaginaire a été un « orateur » assez fabuleux.

En tout cas,  j’ai été heureux et fébrile (aussi) d’avoir « hébergé » pendant ce mois de février cet Agenda, après une hésitation, il faut l’avouer. 🙂

Maintenant il est temps de voter du 23  au 27 février pour le meilleur texte … et puis voter qui organisera le prochain Agenda Ironique de Mars…

(Pour celles et ceux qui ont des soucis pour voter car problème d’affichage, ils peuvent le faire en écrivant un commentaire)

Max-Louis (Alias iotop)

Lien de l’Agenda Ironique Février 2018

Lien les Résultats de l’Agenda Ironique Février 2018

1) contribution de Palimpzeste

2) contribution de AlphonsineUne morale en cache …

3) contribution de lateliersouslesfeuilles  8 février 2018 à 21h 33 min :  nono le poireau

4) contribution de victorhugotte 

5) contribution de jobougon 

ledessousdesmots

Valentyne

 carnetsparesseux

laurence délis

chachashire

Le Pendu a Trois Pieds

Oeuvre de Albert Besnard

Oeuvre de Albert Besnard

Agenda ironique février 2018 : ledessousdesmots au thème : le conte


Il était une fois un Manoir dans la campagne du lieu dit Le Pendu a Trois Pieds. Ce Manoir avait une bien triste réputation… aujourd’hui disparu…

En effet, il a quelques décennies, lors de la quadragésime, tout le monde avait son petit panier de…provisions : poissons et bières. Une belle coutume de ce territoire du maître des lieux et maire : le comte de Le Jeune-La-Meule, partisan de la libéralisation des régisseurs et capitalisation des terres par les paysans. Bref, l’investissement du travail par la récompense de parcelles après quarante ans de labourage… à qui était encore en vie…

Mais voilà qu’en ce jour, une belle rousse apparue comme un incendie sans pyromane, aux atours avantageux et d’un bagou bien fait, défia la bonne compagnie aux yeux de campagnards vampires de possession et d’épouses à la brûlure d’une pensée de bûcher, entre le parvis de l’église et le café du village, après la fameuse messe.

On se demanda qu’elle était cette apparition étrange qui narguait ainsi le rustique villageois et la rustre villageoise, tous deux du teint du labourage et de la besogne toujours à gratter une terre difficile par des temps aussi discourtois que cette rousse présentement aguicheuse, provocante comme possédée par un sortilège.

Et voilà que le bedeau du village cria le mot : sorcière, et comme une traînée… de poudre le mot s’enflamma dans les esprits et s’échauffa pour certains d’un alcool de derrière les fagots.

A ce moment précis on n’aurait pas donné un seul tringueld de restant de vie dans l’heure qui suivit à la belle rousse, tant les villageois et villageoises s’étaient montés le bourrichon jusqu’au trognon, qui se réfugia dans les bras de Le Jeune-La-Meule…

Tout ce monde fondateur d’une terre humaine, allait poser la première main sacrilège sur une femme, certes différente, mais une femme autrement femme…quand ce bon le comte de Le Jeune-La-Meule pour calmer les esprits et surtout celui du curé qui avait brandit son crucifix de service pour la bonne cause, prit la parole à la cantonade :

— Allons, allons, du calme mes chers administrés. Cette personne est inoffensive. Vous devez la laisser aller, elle va repartir du village…
— D’où sort-elle cette catin ? cria la femme du bourrelier, bien faite et bien posée sur ses hanches.
— Je n’en sais pas plus que vous, mais vous devez rester calme. Sinon, j’ordonne aux gendarmes d’intervenir, sur cette hystérie collective…
— C’est elle l’hystérique, hurla une paysanne tenant sa chèvre à la corde.
— Personne ne ressortira gagnant s’il arrive malheur à cette femme, clama le maire.
— Qu’importe, elle est la servante de Simon, c’est grand malheur déjà qu’elle s’accroche ainsi à vous, cria le curé qui brandissait son crucifix comme une arme.

Le comte de Le Jeune-La-Meule et maire de ce beau village, tout en s’exprimant et tenu par la belle rousse avançait vers la porte de l’église, les villageois en rangs serrés contre-avançaient avec les aulx et l’huile de la sainte du village jalousement gardée en cas de péril… éminent…

— Réfugiez-vous dans le haut du clocher… toute de suite… ne perdez pas de temps, dit-il à la belle rousse.

La suite on la connaît. Les villageois assiégèrent l’église, le curé en… tête, de toute sa truculence. Les gendarmes n’avaient pas eu leur mot à dire, tous fils du territoire. La pauvre belle rousse ne résista que trois jours et se décida à sauter du clocher et s’écrasa sur le parvis. Les villageois trop peureux demandèrent au bedeau de ramasser le corps et fit acte de prévenance, mais le pire est qu’il abusa post mortem de cette femme dans sa masure. Une villageoise le surpris, alerta ses congénères qui par le fait peu coutumier ligotèrent le bedeau comme un saucisson retroussé jusqu’à cul nu et le pendirent pas bien haut à un châtaignier. Le fait de la strangulation l’érection se fit présente, d’où depuis le lieu dit Le Pendu a Trois Pieds… par extension.

Mais l’épreuve que ne devait pas surmonter le comte de Le Jeune-La-Meule, c’est que l’on apprit quelques semaines plus tard que cette belle rousse était sa fille illégitime. Ses gens et ses administrés lui sabotèrent au fil de l’année tous ses projets, une partie de ses récoltes, l’empoisonnement de ses bêtes…aussi, vaincu par cette révolte larvée, il dépérit dans la solitude la plus complète et mourut dans son siège face à la fenêtre qui donnait sur la tombe de son unique fille à une centaine de toises sur les hauteurs de l’un de ses champs.

Morale : ne laissez pas un enfant illégitime dans l’ombre car celle-ci tôt ou tard vous dévorera.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Invitation

Oeuvre de John Dawson Watson

Oeuvre de John Dawson Watson

Blog popinsetcris contrainte écriture.


Je regarde l’invitation. Je suis dubitatif. Elle ne correspond pas à mon calendrier lunaire. Il n’y a que ce viking de pacotille, ce farceur à deux sous, ce paltoquet d’égouts pour m’inviter à la première de l’astrolabe, en hiver.

Pourtant, je souris. Je prends un canon, puis un deuxième. A le gueux, il veut que je sois présent. Il va en prendre plein les mirettes. Tiens, si j’avais récupéré dans cette autre dimension cet iPhone, j’aurai une fois encore imposé ma vision des choses.

Enfin, ce n’est pas important, après tout. J’ai de quoi les occuper et puis cette invitation ne changera pas la face du monde.

Je vais prendre mon manteau tout chaud, mes moufles et autres tissus de bonnes laines et mon sac à dos. Allez, hop, direction le grand ouest. J’en ai bien pour une bonne semaine de marche en chemins de traverses pour les rejoindre tous ces gueux de magiciens et d’alchimistes.

J’ouvre ma porte. Fait un froid d’étoile polaire. Je regarde mon enseigne suspendue de belle ferronnerie : Nostradamus /Conteur.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Embarquement d’un possédé

Oeuvre de Frantisek Kobliha

Oeuvre de Frantisek Kobliha

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Le train est en retard. Normal. Cette normalité me faire regretter le temps d’une SNCF qui faisait du mot exactitude son leitmotiv, sa raison de tenir ses engagements ou ses engagements : sa raison d’être.

Bref, voilà le départ. Et il roule, il roule, il roule. Boggies à caresser les rails. Wagons wagonnant wagonne. Et puis, par un incident contraire aux bons usages, il s’arrête sur une voie dans le froid d’une campagne endormie d’hiver à seize heures vingt-cinq. Une campagne possédée d’une aura entre moiteur et fluide s’évaporant de terre.

Je note l’heure sur mon mémo de portable. Heureusement qu’il me reste de la charge, je n’ai même pas un lampion en cas de panne, si la nuit survient. Et la nuit est vorace en cette saison. Elle se costume d’un blouson bien noir et se pantalonne de quelques étoiles bien timides dont les nuages capuchonnent par jeu leur lumière déjà fantomatique.

Je suis seul dans ce wagon. C’est presque inquiétant. Quand, j’entends ou je crois entendre un son pianissimo. Je me retourne sur mon siège, de droite, je me lève un peu, je me rassois.

Horreur ! J’entrevois, là, sur la fenêtre, en hologramme, une tête des mauvais jours, des yeux irradiés d’une méchanceté inédite, un genre matriarcal dix fois pire que la norme d’une certaine époque.

Je crois l’instant propice à l’arrêt brutal du cœur. Je me mets à trembler comme un feuille, tellement j’ai peur. Je n’ose retourner la tête vers cette satanée vitre. J’ai les yeux d’un zigoto ahuri. Et voilà que mon corps ne me répond plus, du tout. Je suis en… lévitation. Je… je… dans une confusion totale, en position assise à flotter dans le couloir du wagon.

Je traverse à présent… la vitre. Je suis conscient et ne ressens plus rien comme… mort. La nuit m’enveloppe dans un brouillard campagnard et à peine si je distingue ma direction entre un champ floral et une forêt de pins. Et puis, là, en contre-bas, deux personnes qui m’observent.

— Son regard a croisé celui du spectre de la mère Pichylin. Pauvre homme. Rien ne viendra le sauver même “un leveur de sorts”. Brrrrrr, j’en ai froid dans le dos. Rentrons.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Encourir et risque

L_Abeille aux Ailes Argent - Limited edition Guerlain

L_Abeille aux Ailes Argent – Limited edition Guerlain

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Au cœur de la forêt les semences des étamines laissent de marbre l’abeille solitaire E-polaine. Depuis qu’elle boude dans son coin de ruche, et déclaré par l’avette psy de service, dixième étage, à droite après l’hexagonal, sans préambule déformé par un complexe Œdipe, la Reine lui fit savoir que le temps des biz-biz-biz était à son terme.
E-polaine avait le cœur gros d’une belle abeille. Elle rêvait de partir avec le premier cavalier bourdon venu. Mais elle avait toute conscience qu’il était atteint de cafard redondant, de spleen à chaque tour de Lune, et de vague à l’âme au premier cumulus qui broie du noir.

Elle ne pourrait rester, ici, calfeutrée entre cire et gelée royale. Non, non. Autant partir en formation pour jouer du saxophone, ce qui était un peu hors propos et elle se demandait si ce n’était pas la moiteur de l’endroit qui lui tournait un tantinet la tête en délire.

Il était temps de passer à autre chose. Elle commençait à avoir les abeilles (facile) et si elle ne voulait pas se prendre un pain (d’abeille), elle devait se bouger la propolis. E-polaine se savait condamnée en restant à butiner des mauvaises pensées.

Elle s’envola au premier matin qui baillait entre brouillard et fumet de compost, et se dirigea vers l’Abeille Érudit, hermaphrodite, suite à une intoxication à la fleur nommée Tcher’nobyle. Elle/Il était de bons conseils comme à l’exemple de l’éclairage de la Reine sur l’architecture de la Ruche actuelle avec une nouvelle ventilation révolutionnaire à hélices diphatiques.

Ce jour-là, pas de bol de miel, il était absent. Une absence étrange, tout de même. Elle/il était dans son alcôve bibliothèque aux heures du matin jusqu’à miel-midi. Il n’était pas né dans un monde-abeilles stéréotypé et il avait des habitudes ancrées comme le couvain.

E-polaine, inquiète, se posa sur le rebord de l’alcôve. Effectivement, pas un brin de frôlement d’ailes. Quand, elle ressentit sur une forte brûlure sur son thorax. Hélas, trop tard pour réagir, un citron mal luné ce matin présentement, de colère juteusement acide, pressa à tout-va ses envies de meurtres.

E-polaine mortellement blessée agonisa quelques instants en ailes décroisées sur le feuillage linceul, parmi ses milliers de congénères, dont l’érudit.

Morale : “Évitez de croiser un citron trop pressé le matin”. Maman abeille après ce cours du matin, envoya ses élèves dans le pré bellement fleuri.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Le conte authentique de la Galette des Rois. Chapitre 3/3

Galette - oeuvre inconnue - Si une personne à le nom de l'auteur(e) de cette peinture, ...

Galette – oeuvre inconnue – Si une personne à le nom de l’auteur(e) de cette peinture, …

— Alors ?
— Et bien mon ami, je crois que j’ai développé une pâtisserie toute particulière et qui va rapporter gros.
— Non ?
— Si !
— Non ?
— Si, si je te dis.
— Incroyable ! Et comment s’appelle cette nouvelle pâtisserie ?
— La Galette !
— La Galette ? Mais c’est nul comme nom, ça… enfin… c’est pas vendeur.
— Aucune importance et puis je ne peux pas changer de nom. C’est magiquement possible mais les effets sont imprévisibles. Et je ne peux me permettre de perdre ma renommée. Pas question. C’est ça ou rien. Alors ?
— Alors, alors… j’hésite…
— Tu hésites ?
— Et oui, j’hésite et si ça fonctionne pas ? Et si mon Roi y perd la vie ? Je lui ai donné tellement d’espoir…
— C’est beau de promettre…
— Tu es sûr que cela va fonctionner ta… galette ?
— Absolument. Il y a une nuance de magie qui portera ses fruits…
— Ses fruits ?…
— De l’argent à ton roi.
— C’est bien le but. Et, où est la… chose

Flibo, le magicien, sortit d’un meuble, un objet circulaire, d’une surface égale à la paume du… Roi.

— Donc c’est feuilleté avec de la pomme. Je vais te donner la recette et…
— C’est pas bien grand…
— Portion d’une personne de votre nature…
— Et sa singularité ?
— Après l’avoir goûté, on ne peut plus sans passer !
— Je ne vois pas l’intérêt de faire mourir nos gens par indigestion…
— C’est pour cela que la vente se fera exclusivement aux marchés extérieurs.
— C’est pas un tantinet… abuser ?
— Il n’y a pas de commerce équitable dans la nature actuelle de votre royaume. C’est ça ou disparaître définitivement.
— Effectivement, il y va de notre survie.
— En effet. Alors tu es preneur ?
— Je prends.

Ainsi se passa, on le supposa, la conversation.

Au retour des marécages du Sud, l’éminence grise dévoilait la fameuse galette à son Roi.
— C’est ainsi que se présente notre salut ? Une pâtisserie ? C’est un canular ?
— Non votre majesté !
— Alors, nous devons y croire ?
— Oui votre Majesté.
— C’est assez modeste.
— C’est aussi efficace.
— C’est à voir.
— C’est tout vue… mille excuses votre Majesté. Désolé.
— Qu’importe. Allons, faites vos explications aux plus claires.

FilBo raconta comment il fallait procéder

— Et comment s’appelle cette… chose ?
— La Galette.
— C’est amusant
— Ah ?
— Vous ne trouvez pas ?
— Euh… si, si votre Majesté.
— Cependant, j’aimerais l’appeler La Galette des Rois en hommage, aussi, à mes aïeux.
— Comme il vous plaira, Votre Majesté.

Ainsi se passa, on le supposa, la conversation et l’histoire de la naissance de la Galette des Rois. On ne dit pas, si ce royaume a retrouvé sa prospérité, mais il est certain que la Galette est toujours dans nos assiettes avec un même rendement de profit.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Le conte authentique de la Galette des Rois. Chapitre 2/3

Oeuvre de Vincent Van Gogh - Moulin De La Galette -1886

Oeuvre de Vincent Van Gogh – Moulin De La Galette -1886

Un petit être des bois, nommé FliBo, qui vivait dans un végétal millénaire, un genre de magicien.

— Je ne sais si je peux aider ta Royale autorité.
— Tu as des pouvoirs… et tu es ma seule adresse… la possible bouée de sauvetage du Royaume.
— Je suis un indépendant…
—… avec beaucoup de pouvoirs…
— Pouvoirs, oui, mais ils ne font pas offices de sauvetage financier d’un royaume. Je fais avant tout dans la pâtisserie magique, et non de l’industrie monétaire.
— Enfin, quoi… tu peux… inventer une pâtisserie monnayable ?
— Sottise
— As-tu au moins essayé ?
— En vérité… non.
— Alors qu’attends-tu ? Je serais ton obligé !
— Et tu crois que j’invente comme ça ? D’un coup de baguette magique ! Je ne suis pas comme se nommer Potter. Non, monsieur !
— Enfin, ne fait pas ta tête des mauvais jours et fait œuvre d’humanité.
— Humanité, humanité… enfin… reviens dans trois jours.
— Comment te remercier ?
— Je ne promets rien. Je vais essayer.
— Je reviens dans trois jours, à la première lueur de l’aube.
— C’est ça… et ne t’égares pas comme la dernière fois.
— Sois rassuré.

Ainsi se passa, on le supposa, la conversation.

L’éminence grise fit son rapport avec une bonne mesure d’optimisme en évaporant le soupçon d’un échec. Le Roi était tout sourire et prenait cette première intervention de son éminence comme un succès évident, une chose acquise et qu’il devait être célébré sans attendre. Car pour une bonne nouvelle, c’était même une excellente nouvelle. Cependant, il se ravisa. Comment célébrer avec la gibecière vide ? Il prit la décision de faire un discours à l’ensemble de ses sujets, marquant par des mots choisis qu’une nouvelle ère était à naître et que les survivants de ce beau royaume profiteraient du confort matériel à…

Son discours l’essouffla et il dut se mettre au lit, la fièvre comme compagne. Quelle émotion, se disait-il dans ses draps d’un feuillage orangé. Et il y resta trois jours pleins, bien entouré et nourrit à la paille de lait de chèvre et de poule. IL fit quelque délire sans grande conséquence.

Quant à son éminence, elle était dans l’inquiétude et avait peut-être donnée un trop d’espoir avec insouciance. Il s’en voulait et prenait le fouet de lianes pour se châtier de bonne manière. Il se traitait de coquin, de vaurien, de fripouille, de gueux… jusqu’à ce qu’il s’écroula, inanimé. Heureusement, la grise éminence était elle-même bien entourée et les spectateurs à ce genre de flagellation avaient pu le réanimer de belle façon en le frottant avec de la glace pilée à la vanille. Remède ancestral et efficace.

A l’aube du quatrième jour, LiDou reprit le chemin vers FliBo, avec quelque angoisse légitime.

(à suivre …)

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Le conte authentique de la Galette des Rois. Chapitre 1/3

Oeuvre de Claude Monet - Les galettes -1882

Oeuvre de Claude Monet – Les galettes -1882

Blog de girlkissedbyfire : défi 52 Semaines 2018 (1ʳᵉ semaine : Galette des Rois)


Il était une fois un Roi pauvre. Pauvre de monnaies trébuchantes. Très pauvre. Tellement pauvre qu’il était habillé de feuillage, sa couronne était de gui et de lierre et que son aimable demeure était fabriquée de branchages et de lianes.

Sa Royale Majesté s’imposait a elle-même ce que ses sujets subissaient : une restriction alimentaire dont l’inanition faisait des ravages et un dénuement style saint François à en perdre l’assise tout en restant digne.

Le royaume de ce Roi, était aussi vaste que les proportions n’étaient pas mesurables, avec un taux de dépeuplement à faire pâlir les fortes concentrations de populations de mégapoles connues et à venir sur des territoires voisins.

Il faut ajouter à cela un désintérêt des touristes.

Sa Majesté était dépossédée de l’âme mercantile. Il était avant tout hédoniste voire épicurien. La décence lui interdisait d’explorer ses terres à des fins de contre faims à soutirer les biens de la chair de ses sous-sols. Le marché intérieur était très modeste et les marchés extérieurs peu rentables.

Mais on ne gère pas une royauté avec le porte-monnaie du premier mendiant venu. Il faut du coffre, de l’audace, et il ne suffit pas d’une autorité bienveillante mais d’une autorité d’économie efficace et d’investissements performants.

Le Roi s’y refusait ! Ici, le bât blessait. Et pourtant, il se sentait en péril éminent, en chute libre, emportant le peu de vivants encore autour de lui.

Ce jour-là, il pensait fortement sur son royal trône (une chaise brute de paille), qu’il devait à la question de son état, évaluée très justement, la déposer ouvertement et sauver le peu de son peuple et de ses serviteurs, entraînés dans sa chute inexorable.

En effet, pour ceux-ci, fallait-il beaucoup de courage, de santé pour quitter un maître bon et se voir peut-être refuser la première obole d’un esclavagiste en dehors de ce royaume.

Sa Majesté fit venir à sa chaise brute de paille, son éminence grise, un homme de corpulence chétive mais qui était né sous le signe du roseau. Il avait ainsi quelque accointance dans le milieu fermé de mages Roseaux-Réseaux dont il était une branche active en sous bassement.

— Mon cher ami, dit le Roi d’un ton frêle mais clair, IL nous faut sortir de l’ornière de cette misère. IL le demande. IL porte en vous espoir et guérison de ce mal. Ce monde-ci que nous vivons est trop insupportable par son errance. IL vous prie de faire le nécessaire pour le Royaume, pour le bien de tous. Que proposez-vous, avant que le drame ne soit irréversible ?
— Sa Majesté a été aiguillée à propos à mon égard. Je vais consulter. Et apporte réponse dans un délai bref.
— Allez, allez, faites au mieux si ce n’est de l’extraordinaire.

Ainsi l’éminence grise nommé LiDou, s’enhardit de cette décision de raison, à en manquer de s’écrouler tout raide sur le champ. Il reprit cependant ses esprits et partit d’un pas certain vers les marécages du Sud pour s’entretenir avec un personnage d’une envergure toute particulière.
(à suivre …)

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

L’enfant dépossédé de ses rêves. Chapitre 5/5

Oeuvre de Gustave Vigeland

Oeuvre de Gustave Vigeland

Et moi, mes pieds se réchauffent. Je ne sais pourquoi, je souris. Suis-je devenu un monstre ? Un redresseur de torts ? Un justicier ? Ma réalité se modifie sensiblement. Cette flûte a un pouvoir bien étrange. Je vais enfin sortir de ce maudit marécage et avancer droit devant. C’est ma décision. Dis maman, tu en penses quoi ?

Après être devenu une pelure du temps, une averse sans pluie, une faim sans estomac, je revis et marche d’un pas soutenu. Je suis mon seul guide, ma seule boussole, ma propre confiance. Je suis presque… heureux. Comment prononcer ce mot sans ressentir comme un frisson de… honte. Moi, heureux, là, maintenant ? C’est l’impossible qui vient de se réaliser. Mais combien de temps cela va durer ?

Et le temps de pluie fait son office. Et je pense aussitôt à prendre dans ma poche le galet bleu et les mots du papillon me reviennent : “lis à la première ondée son appel”.

Au creux de ma paume, j’expose le galet à l’ondée. Ma voix n’est pas ma voix et pourtant j’entends les mots possédés de vie et me saisissent : “La première Lune cendrée et le chat-huant sur la branche du calvaire des Huit Puits, ton chemin tu retrouveras. »

Ainsi mon périple vers la liberté a une fin… une arrivée, un point d’ancrage, un port d’attache, un territoire bienvenu, sans doute. Et si je voulais me perdre ? Et si ma liberté à moi était différente de celles des autres ? Et si ma liberté était ici ? Ce territoire maison ? Ce territoire premier mot d’un espace de rêves ?

La pluie se passe de l’orage mais le soleil fait un clin d’œil arc-en-ciel. Je reprends ma route. Le galet bleu enserré dans ma main. Je veux devenir le magicien de ma vie.

Dis maman, tu m’aimes ? Dis maman es-tu fier de moi ?

Dis maman, pourquoi tu me frappes tous les matins à mon réveil ?

©Max-Louis MARCETTEAU 2017

L’enfant dépossédé de ses rêves. Chapitre 4/5

Je suis prostré, debout. Muet. Comment traverser ce marécage ? Et qui trouverais-je après l’avoir traversé ? Et si j’abandonnais, là ? Le retour est impossible. Mourir sur pieds. J’attends. J’attends. Les yeux fermés et le cœur ouvert à l’espoir. Mais il n’a pas ce nom. Je ne connais pas ce nom, je le ressens. Il est là, au fond de mon âme d’enfant.

Mes pieds trempés et mes larmes d’un œil à un autre me brûlent. Et je crie. Ce cri qui sort d’ici, ce cri d’enfant cruellement abandonné dans ce marécage et qui n’a aucune direction prendre. Dis maman, tu es où ?
Et ce bâton qui ne me sert à rien.

J’ouvre les yeux. Une troisième nuit. J’ai l’impression de ne rien ressentir. Ma peau est une herbe séchée. Ma bouche n’a plus sa source. Je suis statue. Je suis cette nuit à moi tout seul. Cette nuit muette et qui me broie le cœur. Cette nuit qui n’a rien de moi. Cette nuit des douleurs sourdes. Je n’attends pas ce quatrième jour. Je vais mourir. Je n’ai plus de force. Elles sont parties avec mon désespoir.

Ce jour arrive. Il n’est pas aussi beau que les précédents. La liberté d’un enfant n’est pas d’être seul. Je respire encore. Debout, mes pieds sont partiellement gelés. Mes yeux sont des lanternes presque éteintes, à peine ce souffle de vie et puis, j’aperçois dans un quart de ciel orangé défiguré, des ailes d’oiseau. Est-ce pour moi ? Ce premier voyage vers un ailleurs inconnu et que l’on espère fortement.

Cet oiseau de belle envergure se rapproche de moi, tournoie, s’exprime étrangement et se rapproche. Et j’aperçois, enserré dans ses pattes, un objet qu’il laisse tomber à mes pieds. Je me penche difficilement avec l’aide de mon bâton qui se courbe en même temps que moi. Je ramasse la chose, tout en bois et le bâton m’aide – enfin – à me redresser.

C’est une flûte galoubet. Elle est gravée de symboles. À son contact, ma main se réchauffe. Suis-je à l’orée d’un rêve ? J’ose porter à mes lèvres, sans faim de trois jours, le bec de l’instrument. Mon léger souffle et mes quelques doigts, par magie, interprètent un air, inconnu, à mes oreilles. Quand, je vois apparaître à quelques toises, à l’entrée de la clairière, face à moi, une ombre filiforme. Un homme de toge violette et d’une toque noire s’approche, rapidement, trop rapidement que déjà son regard est accroché au mien à quelques centimètres.

— Que me veux-tu gamin ? Grogne-t-il.
— J’ai… froid et… faim.
— Et c’est pour cela que tu me déranges, garnement ?
— C’est que… je suis bien en peine de me déplacer. J’ai les pieds… souder au sol…
— Qu’est-ce que tu me chantes ?
— Veux-tu m’aider ?
— Je suis un magicien. Le magicien des Quatre Houx sur ce territoire. Et que m’importe tes pieds soudés au sol. Je rentre d’où je viens, et ne m’interpelle pas une nouvelle fois, je n’ai que faire de toi.
— Mais…
— Indélicat crapoussin…
— Dis-moi l’enchanteur, si tu ne frayais pas avec l’alcool de prunes tu aurais la convivialité printanière et non hivernal.
— Qu’est-ce qui pousse entre tes oreilles le marmot ? Tu te crois où ? Au salon des jouets enfarinés d’oribus ?
— Ton aura se pourrit par chaque lettre que tu viens de prononcer. Bientôt, je devrais te prêter mon bâton pour que tu puisses rentrer dans ton logis
— Qui… es-tu… marmouset ?
— Vois tes mots, tu deviens viande carnée…

Le magicien, peau tannée, bouche édentée, devient comme un arbre foudroyé, planté dans la boue gelée.

( à suivre …)

©Max-Louis MARCETTEAU 2017

L’enfant dépossédé de ses rêves. Chapitre 3/5

Oeuvre de Dik Ket

Oeuvre de Dik Ket

— C’est toi l’arbre qui me parle ?
— Oui mon garçon.
— Tu m’as fait peur.
— Et à moi donc !
— Comment aurais-tu peur, tu n’es que végétal.
— Mais je suis vivant.
— Vivant et parlant. Je rêve.
— Rêve ou réalité, qu’importe, tu viens de franchir mon territoire.
— Territoire ? Qu’est-ce ?
— Une parcelle de terre, un espace privé, une onde éprise de vie pour moi et dont la terre que j’aime ne peut être foulé par un inconnu.
— Je ne suis pas un inconnu. Je suis celui qui est né sur cette terre.
— Pas celle-ci. J’en suis certain.
— Et pourtant, l’arbre, je suis ta sève.
— Tu me chantes un drôle de couplet, gamin.
— Je suis en vérité l’enchanteur de cette terre et d’un mot, je te transforme en bipède galopant dans la steppe.

Et aussi étrange que cela puisse paraître, l’arbre se métamorphose en un genre de farceur qui me rit béatement au nez.

— Fichtre et mille rameaux d’automne, me voici dans un drôle de déguisement.
— Et moi, étonné de mon pouvoir. Je crois que j’ai été ensorcelé un instant et me voilà à tes côtés avec désarroi.
— Tu es celui qui devait accomplir ma renaissance et pour te remercier voici le bâton à la crosse recourbée et presque tranchante, pour te guider dans ce territoire.
— Merci à toi.

Il disparaît à ma droite et je prends à main gauche. Hasard du chemin, hasard des rencontres, je ressens en moi un changement. Je franchis des rivières, des ponts d’arbres, des entre falaises, le soir se prend à aimer le jour qui va s’étendre dans le drap les huit heures à venir.

Je vais par une deuxième nuit dormir en compagnie de l’étrange, de l’insolite, du saugrenu, et surtout de l’inattendu. À mon réveil dans le creux d’un arbre couché comme un cercueil, je ne retiens rien et la faim me tenaille comme une pince qui a la dent dure. Je n’ai pas suivi de stage de survie. Et je reste sur ma faim à défaut de m’empoisonner ou l’inverse. Je suis à jeun, je suis la fatigue, je suis ce tout d’enfant et ce rien de vie dans un monde mystérieux, ignoré, inaccessible.

Je reprends mon chemin qui n’est plus d’azur depuis longtemps et j’empreins des traces plus ou moins marquées qui m’amène sur un lopin marécageux. Je reste immobile. Enraciné par la peur. Mains jointes entre mon bâton, j’attends. Mais quoi attendre ? La non vie ? L’enfant que je suis commence à pleurer, et l’adulte qui sommeille en moi se prend à trembler. J’ouvre les yeux de l’angoisse et des rires ironiques de ma cervelle embrumée crispe mon ventre torturé par une faim qui n’a pas de nom.

(à suivre…)

©Max-Louis MARCETTEAU 2017

L’enfant dépossédé de ses rêves. Chapitre 2/5

J’ouvre mon regard autrement si je veux survivre et j’obéis à ce papillon. Je prends le premier galet à mes pieds. Il est d’un bleu parme, d’une belle douceur, aussi large que ma main, et qui me fait penser à l’unité de temps correspondant au siècle. Le ciel m’observe. Il sourit aussi en bleu azur et les nuages mouchoirs pliés au loin ne bronchent pas. Ce n’est pas aujourd’hui que la pluie consentira à exaucer le vœu.

Qu’importe, je décide de suivre le chemin de l’Azur avec ses fleurs de trèfle, rose, à longues tiges, semées sur cette plaine qui s’ouvre comme par enchantement à mes premiers pas. Je me sens bien, léger, comme un nuage… blanc, non pas blanc, laiteux, mais pas enfariné. Je ne l’ai pas dit, mais pensé. De toute façon, que m’importe.

En fait, je flâne. Je prends ce temps devenu mien pour un … temps, que les secondes se gravent de ce bonheur éphémère de paradoxe. Le souvenir s’imprime comme une eau de roche sur les galets de mes pupilles. Rien ne m’arrête. Je me conte et me raconte ma propre vie. C’est mon tracé. C’est ma première naissance, celle que je n’aie pas eu. Celle qui m’attendait les bras tendus. Dis maman, t’es où ? Je cherche ton sourire. Je me suis perdu. Et pourtant ici, j’ai l’impression d’être en tes terres, maman.

Le dernier soleil prend son drap du soir. Je souris aux premières étoiles. J’ai froid. Oui, j’ai froid. Mais je me sens vivant. C’est étrange d’être vivant. Dis maman, c’est comme ça d’être vivant ? Où je suis mort ?

C’est ma première nuit dans le ventre de la nature. Seul et pourtant que de gazouillis, de rumeurs, de souffles, de murmures inconnus. Dis maman, c’est toi qui me parles ? J’écoute ton cœur, là ? Tu es vivante ?

Et puis, je m’endors entre deux oreillers de buissons ouatés, tellement doux, tellement incroyablement soyeux. Dis maman, c’est ta peau ?

Je me réveille. J’ai dormi ? Il faut croire. Je ne ressens aucune faim, aucune peur, aucune solitude. Je suis bien. Je suis au cœur de toi, maman. Enfin, je crois.

Je n’ai pas de direction précise. Je quitte la plaine et j’aborde des vallons boisés, et épineux. Une voix me fait sursauter.

(à suivre …)

©Max-Louis MARCETTEAU 2017