… la Géorgienne, a la poitrine généreuse qui ballotte à l’onde d’un trouble sous le corset à l’étoffe bleue, court, jupe troussée à pleines mains d’angoisse et sabotée d’un bois de misère…
Son souffle éreinté, la rue raide, le froid saillant, le Paris 16ème de ce temps-là n’existe pas…
La pleine Lune couronnée de son halo de martyre s’étiole au regard d’une pluie fine d’épines griffent tous les tissus de la Terre par la chorale de ses chants à la contrapuntique indéracinable qui se confond avec le corps entier blessé de l’intérieur de cette femme bliaut manches trop longues et ceinturée à sa belle taille d’objets hétéroclites…
Le sort en avait été jeté par une voix du fond de caveau qui n’avait pas froid aux orbites pour briser de quelques mots le delta du destin de sa servante quelques heures auparavant à l’intérieur du calvaire des Trois Pendus à l’ombre frileuse d’un candélabre à trois branches posé sur un guéridon trois pieds de bois torturés imperméables au temps…
Elle court au plus loin en contrebas du village…
Un dégorgement d’une eau pure brille singulièrement lugubrement au clair-obscur d’une Lune impassible défiant les tourments proférés à son encontre et les flip flop cric clac splash des sabots sont des petits cris sur ce fleuve que le fond parfois dégorge de corps innocents assassinés et font silhouettes que la peur elle-même en fait des sueurs froides …
Quand une princesse des ténèbres émerge sur un Olo…
Resplendissante par l’immortalité de son aura son apparition coupe net la course éperdue de la fugitive.
— Alors, coquine, on voulait vendre une relique de Lono ? annonce la princesse souriante. — Comment nier l’évidence… je voulais échapper à mon esclavage… — Tu es de cette lignée à qui rien ne sera épargné. — Il est tard, épargnez moi vos sarcasmes… je suis fatiguée de lutter. — Tu vas rejoindre mes eaux vives pour la peine. — Votre jeu de menace ne m’atteint pas… je ne veux plus souffrir… plus jamais…
La servante perd pied et se noie sans résistance dans l’eau du fleuve millénaire aux cent mille naufrages et contes… et se réveille dans un fracassant instinct de survie …dans son bain…
La Mort habille le mort sur l’horizon marbré à l’heure du sept du matin au chant du septain :
Laseptantaine au quart du dernier Les yeux exorbitent aux souvenirs D’une blonde romance toute chenillée Sourit au clair de lune à fleur d’élixir S’impose au défunt à la bougie de vie Dépouillée de son socle au seul cri Retentissant de vouloir renaître … au pire…
La Mort le prend sur ses épaules et récite ses litanies des septembrisades qu’elles filaient sur une traîne de comète blanche feu son tissu des heures noires.
A la septénaire de marche elle dépose son fardeau la tête au septentrion croise les pieds les mains et une prière au seuil d’un septembre résigné à devoir laisser une place et encore une sur sa parcelle de terre.
Elle lève le drapeausepticoloreet pince une dernière fois la joue du mort… comme signe de bonne route.
Ta vie, ton chat, ton travail, ta voiture, tes chaussures, … et ton regard qui traverse ma vie sur l’autoroute de ta réussite … basta !
Non ! Je ne délire pas ! Je suis conscient, pleinement, entièrement, totalement que j’en ai le vertige d’une Tour de Pise… notre vie à deux n’est que l’œil de bœuf dessiné au grand jour de ta personne à la passion de Toi sur ma terrasse destin dessinée par Toi et dont aujourd’hui je me destitue par ce ras-le-bol jusqu’à la dernière goutte…
Libre ! Libre de danser avec la première blonde venue, de copuler avec la dernière brune arrivée en bikini sur la plage, de dormir et ronfler toute gorge déployée du samedi au samedi suivant, de tenir toute la nuit saoule comme un goret le jour qu’il me plaira … enfin de retrouver l’homme qui est en moi qui ne demande qu’à sortir au grand jour … foutre Dieu …
Ne dis rien ! Reste sur ton piédestal au thermomètre du zéro absolu de ta compassion et ne viens pas tousser sur ma décision voir cracher comme le sportif après l’effort sur la pelouse de la défaite au sourire en ombre telle la fraîcheur d’une provocation qu’un beau bleu ne vaut pas une belle tache rouge sur un blanc de l’œil retourné de l’iniquité.
J’étais depuis trop longtemps englué par ton aura maligne et insolente jusqu’au froid de la castration moi qui t’ai permis de m’envoûter de m’enflammer tu m’as abusé indécente.
Ma fin est proche et le souhait enfin de prendre les voiles à plein vent de bourrasque tout du long de mes dernières lignes permettra d’éventer ton emprise et de…
D’un pas à un autre l’homme de peine des West-India-Docks aux Docks de Victoria n’est qu’une marchandise qui complète la fosse creusée à temps plein aux scories d’un salaire qui se fait honte à lui-même à la morale indifférente chacun a son œuvre … d’un même sang rouge.
D’un pas à un autre l’angoisse serre le haut du gosier de la Tour Sanglante à la Tour de Londres aux cris emmuraillés des suppliciés de Charles d’Orléans à Jeanne Grey le féal portier gardien des clefs fait son office moyenâgeux tel un tortionnaire aguerri son cœur ne sera jamais… de sortie.
D’un pas à un autre les ruelles encrassées de la pauvreté charrient le brigandage le couteau en attente de sang frais pour quelques shillings tandis que les pick-pockets brassent le commun des mortels et se font parfois pincer jusqu’au cachot avec une fièvre de prison … par les Bobbies.
D’un pas à un autre le repas à Bird-cage-Walk s’installe déplié sur des dos courbés déformés usés sous les charges des heures irrévérencieuses la sueur s’imprègne du mélange des odeurs que la crasse ne se reconnaît plus et les sourires s’affichent parfois secs d’une ration dont il manque encore… le hamburger.
D’un pas à un autre qui n’existe pas sur la terre des innocents tous les étages de la société possède un chat à neuf queues tel celui qui rugit du couvent de Saint-Benoît non loin du pont Blackfriars à la castigation d’un corps frère pénitent possédé d’une obsession celui d’être… un punk.
D’un pas à un autre cette promenade des Dames sur Rotten-Row défile l’aristocratie de printemps les chevaux dressés aux corps féminins en positions à ce bal costumé au paraître la cravache se maintient et les dandies sont prêts à recevoir leur dû pleins les yeux et … se familiariser.
D’un pas à un autre les Trois Royaumes sont liés à l’ombilic de Londres entre la débâcle de la Northumbrie et la Maison de Tudor déployant puissance intelligence terreur et le pire de la Maison Stuart avec Anne pour le meilleur et de loin pour la longévité Élisabeth II … la Queen.
D’un pas à un autre les brasseurs de bras à bras de Malt-Town déploient muscles et savoir-faire d’un bon tonneau au breuvage fier entonné dans la gorge profonde d’un Perkins and C° qu’une Londres la Remarquable s’enivre de cette industrie jusqu’à plus soif et gloire … de l’un ses monuments.
D’un pas à un autre la Tamise suit sa course d’esclave comme une longue traversée du désert dont les vestiges enfouis dans sa boue sarcophage que nul archéologue ou pilleur ne viendra ouvrir dépose sur ses berges pourtant des restes d’un Progrès qui fait fuir …même un écureuil.
D’un pas à un autre la place Leicester Square se peuple s’enfle s’enivre s’entraîne s’époumone s’embouche s’emporte s’enhardit s’enrage s’étonne et se disperse dans le cahot par le tremblement d’une vie qui s’écroule lentement d’une balle à cœur et y découvre sa propre déchéance … à ce film.
A l’heure de mon repas journalier ce vaisselier centenaire me scrute de ses yeux vitreux … et ce canapé… je l’entends crier à chaque fois que les griffes du chat lui triture la caouane couleur bleue de son teint …
Ma soupe est chaude et je réfléchis la tête … de la cuillère dans le bouillonnement … elle ne souffre pas … elle …
La lampe du plafond, allumée, la vague d’un tungstène dans l’âme :
— T’as un souci, Paul ? me dit-elle. — Je souhaite l’oubli. — Tu souhaites de l’aide ? — Non.
Et ma cuillère fait dos rond… c’est louche …
— Tu fais ta forte tête ? — … — Ne me réponds pas ! — J’en ai ras la soupière … — Et moi ras l’assiette creuse de tes bouderies … — Cesse ! .. de me mordre les rebords !
Cela dit, elle n’a pas tort. J’ai le dentier du haut qui racle et qui râle en fond de gorge comme un écho.
— Je te côtoie tous les jours et … — Précise, dit la cuillère en se retournant et me fixant le plein de son questionnement à ras le bord. — Tu vas retourner au tiroir. — Tu es abject ! — Laisse-moi exister au lieu de te plaindre chaque jour. — Tu vas fricoter avec une autre… — C’est sûr ! — Goujat !
Et … je l’ai noyée dans sa jalousie pour l’éternité.
Blog Sabrina (j’ai fait le choix d’une des trois consignes )
Deux hommes en haut d’un pont entre deux montagnes, et un lac en contrebas.
— Tu sais quoi ? — Non ? — Je me demande si l’eau est froide. — Ce n’est pas de l’eau, c’est du méthane. — Ah ? C’est un nouveau procédé ? — Tu pouvais choisir. — Momifié à vif ou gelé et réchauffé par intermittence jusqu’à ce que tous les membres tombent comme de la lèpre … quelle importance. — Rien ne sert de courir, il faut mourir à point ! — Ça te faire rire ? — Pardon. — Tu es le bourreau officiel sur ce territoire, alors je comprends que tu n’es pas là pour verser des larmes. — Un dernier vœu avant le premier saut ? — Tu sais pourquoi je suis méchant ? — Non ? — Parce que la vie a été injuste avec moi. — Cela m’étonne. — Je suis né avec une «cuillère en argent», je n’ai pas eu à traverser la rue pour trouver un job, tout le monde m’aimait, même la mamie que j’ai ébouillantée avec sa marmite de soupe… — Et ? — C’est devenu au fil du temps insupportable … adolescent, avec ma tête d’ange, le mot amour se collait sur la langue des filles qui voulaient s’approprier mon corps comme d’une marchandise, comme un caprice… — Être aimé, c’est beau non ? Quand une partie de l’humanité se demande si l’amour n’est pas une arnaque. — C’est là que j’ai commencé à tuer. La première, dans le sous-sol de la maison de mes parents. — Pourquoi n’as-tu pas simplement refusé ses avances ? — Beaucoup d’autres avant… avaient essayé de m’embobiner. J’avais lutté. Mais celle-ci m’avait carrément joué une grande scène du genre guet-apens… — Elle était moche ? — Non, non … — Une erreur de jeunesse … — Oui. Je n’ai pas été soupçonné. — Comme quoi, tu as été verni. — Les années ont passé. Je cédais aux femmes qui avaient de l’argent. J’en tuais quelques-unes quand elles étaient pots de colle. — Pourquoi tu me dis ça ? Ta condamnation n’a rien à voir avec ces femmes. — Il m’aimait, je l’aimais, il m’a trahi … je l’ai tué… — Et d’une manière moyenâgeuse … — On ne fait pas mieux, actuellement. — C’est vrai mais c’est pour la bonne cause, l’exemple. — J’avoue … à cet instant …. que … je n’ai jamais su aimer. Pour moi … c’est une révélation. — Trop tard. — Oui, trop tard…
Et le solide bourreau le prend à bras-le-corps, et le jette, par-dessus le garde-corps du pont, dans le lac de méthane en ébullition à moins 161°.
Assise sur le bord du fleuve Baignant son chagrin épreuve Colette belle comme le jour Devait décider quel parcours Elle devait prendre pour sa vie Finalement pas rose qu’elle se dit Grognant au vent toujours rude Hélant ses pensées d’inquiétude Implorant le hasard du destin Jurant qu’il ferait tout pour rien Kopeck il lança pile ou bien face La loi de Murphy a bon dos passe Misère connaît pas le pile sourit Nonobstant les quolibets endurcis Ouvre une nouvelle et belle voie Possible à la noble Colette de soie Quitte sa mouise et dévale le cœur Râpé mais encore solide à c’tte heure Sur la bonne route pour de vrai Toute guillerette enfin si fait Use ses sentiments à son prince Voleur de cœurs qu’elle en pince Willy son ange gardien le vaurien Xérès au goulot l’animal coquin Y-a-qu’à dit-il à Colette défaite Zigzaguant de chagrin plongeant la tête … la première dans le fleuve ….
Un missionnaire en petite tenue au bord d’une rivière, pied à pied, s’engage lentement dans le fluide frais qui déboussole son auguste personne jusqu’à mi-corps d’une eau bienfaitrice et avenante aux parfums mi-dorés par un soleil printanier en décolleté affriolant de vie quand surgit l’inattendu en la présence d’une Amazone.
Le missionnaire prude plonge le reste de son modeste corps jusqu’à tête toute haute sur son humble cou qui n’attendrait pas moins de se faire trancher à la vue de cette apparition genre Méduse femme fatale.
— Aguicheuse … lance-t-il tremblant (le bréviaire en moins et les yeux égarés). — De quoi souffres-tu, épicurien de la bonne parole ? — Tentatrice ! — Je vois ton âme sur la balançoire de l’envie quand tu croupis dans les méandres du savoir … — Possédée ! — Nous le sommes tous les deux. — Anomalie ! — Tu vas en perdre ton grec… toi le missionnaire herboriste … — Le vertige me prend par la langue … horreur … — Tu n’es qu’un homme … mais tu peux m’aider … car c’est toi que je viens consulter et de très loin … — … — Respire, je viens de la part d’Andromaque … — … — Elle voudrait ressusciter Hector… — Je ne suis pas celui que vous cherchez … — Ne te défausse pas, petit homme, tu fais parti de mon puzzle … — Ô ciel ! Ô ciel ! — Et si j’étais … un arc-en-ciel ? — Un arc-en-ciel ? — Un arc-en-ciel pour te convaincre ! — Laissez-moi sortir de votre sortilège ! — Alors prends-moi en levrette ! — La chair ! toujours la chair ! — L’arc-en-ciel te laisse froid, faut-il te réchauffer … — Je suis maudit, maudit, maudit … maudit …
— Alors, docteur ? — Pupilles dilatées, enflure de la face … état de choc, conséquemment à une absorption d’un agaric bulbeux, dit couramment amanite phalloïde… — Drôle de châtiment corporel … — Chacun sa voie, son calvaire.
Rien ne sert de pourfendre d’un mot hachoir la part de soi inavouable dressée là comme une forteresse qu’aucune neige d’indifférence ne glace. C’est un combat de soi-même avec soi-même qui brûle les années devant le miroir vrai faux ami qui se rit quand le dos tourné se courbe à la porte stoïque à la poignée indulgente qui grince du mécanisme par fatigue…
Les nuits sont longues à estourbir ses yeux ouverts de l’insomnie sur les frontons de sa devise : » Soumis à l’insoumis sans être bête de somme » et tenir la lecture de son temps sur les rideaux des fleuves de l’imaginaire à fourbir en même temps son écriture sur les pages de l’incertitude sans froisser les lignes de conduite des mots pris aux pièges …
Faut-il besogner sa propre existe avec sa conscience pour n’en sortir qu’un filet de mots dépossédés de l’essentiel, en vérité ? Il y a toujours une dernière lance qui pénètre le flanc de son amour-propre piqué comme un destrier après s’être saoulé d’une bataille qui d’avance est perdue. Mais qui le sait ?
Investir son soi comme un ennemi n’est qu’un mauvais assaut, et en tant qu’ami est une gageure.
Quand le soleil se lève … je répète : quand le soleil se lève (lève-toi feignant … j’ouvre la parenthèse) la beauté des bas horizons a belle figure en ce cadeau naturel que les yeux émerveillés du spectateur matinal (lève-toi feignant … le café est prêt) prend plaisir à s’ébaudir jusqu’à atteindre le seuil du nirvana qui n’est pas nommé à haute voix et qui se goûte comme un baba au rhum (lève-toi feignant … au nom du rhum) qu’il n’est pas meilleur chauffage pour le gosier que de développer l’extase devant la rondeur flamboyante d’une céleste vue quand chaque jour est de plus en plus inattendu mine rien dans ce bas monde qui se demande si le mot agréable reprendra le bon sens et consentirait au mot ébaudi comme le premier prix de la jouissance enterrant enfin le mot bonheur dans le haut-fond d’un puits dans sa partie la plus obscure celle de la peur salée de l’abandon qui se rit l’impavide de grossir son sol de la tragédie qui vient de se produire là devant ce balcon ouvert au néant de l’horizon étendu de tout son long comme saigné à blanc …
Nul ne se devait d’ignorer qu’il venait de mourir … dans son sommeil … ce matin …