Sa lampe adhère dit-il illuminé… 13/…

Photographie_Iotop 2022

Pour la deuxième fois, voici une autre histoire mais cette fois-ci de lampadaire à 4 mains sur une idée de Firenz’ du blog La plume de mouette. Chacun de nous fait paraître le texte de l’autre sur son blog et une photographie.

L’ensemble des chapitres ICI


La question eut un impact inattendu. Toutes occupées qu’elles étaient à leurs joutes verbales, Dame Luciole et Pan d’Ore avaient oublié qu’elles n’étaient pas seules. Les mots du Prince Kremaloff générèrent un arc électrique qui fit grésiller l’ampoule de la Grande Perche, friser les barbes des deux nains, et hérisser les cheveux de Kremaloff. Dame Luciole avait eu le réflexe de mettre ses délicates ailes à l’abri, et s’en tirait avec quelques épis dans son brushing. Quant à Pan d’Ore…
Quant à Pan d’Ore, elle avait sursauté à s’en cogner la tête sur un tabouret dont on se demande encore ce qu’il faisait là, s’était ensuite recroquevillée et avait repris sa couleur d’or d’origine. Immobile, elle fut bientôt recouverte des milliers d’insectes qui la protégeaient avant l’ouverture de la trappe. Sur le point de sombrer dans une profonde léthargie, elle grinça dans une voix chevrotante : « C’est Heeeerrrrr maaaaann »
Puis le silence plomba l’ambiance et les ailes de Pan d’Ore en même temps. Tout alla si vite que le bec de gaz et les bouches en restèrent bée.
— « her man » a-t-elle dit ? s’interrogeait, perplexe, le Prince Russe à haute voix. « Pan d’Ore parle anglais ?! Mais le ‘man’ de qui ? Avez-vous une connexion avec cette affaire, Dame Luciole ? Êtes-vous d’une façon ou d’une autre fiancée ? Mariée ? Êtes-vous la concubine du complice de Pan d’Ore ? Allez, allez, dites-nous donc, dites-nous tout !!
— Que nenni Damier Russe ! Je ne suis point un pion sur l’échiquier de qui que ce soit, et je vous interdis de me parler sur ce ton, espèce de rustre !!
— Elle parlait peut-être de son homme à elle, tenta le Réverbère, embarrassé par ce nouveau rebondissement qui semblait faire encore durer la nuit et reculer le lever du jour et l’heure pour lui de se reposer. Il commençait à regretter sa vie d’avant. Dormir, éclairer, dormir, éclairer, c’était monotone, certes, mais confortable aussi. D’autant que la poigne de fer de Dame Luciole avait quelque peu refroidi ses ardeurs et ses sentiments à son égard. De toute façon, elle était trop petite. De quoi auraient-ils eu l’air cote à cote tous les deux ?
Têtes baissées, les nains restaient silencieux dans leur coin, pétrifiés, statufiés, sauf les mains qui se tordaient à loisir. Leur gêne était palpable.
— Eh bien, vous en pensez quoi, vous, les nains ?! Après tout, c’est vous qui nous avez embarqués dans cette galère dans laquelle on rame sans même savoir la possibilité d’une île !! A votre avis, c’est l’homme de qui, hein ? Le Prince russe, visiblement en manque de thé et de réconfort, vociférait fort comme le Capitaine Haddock.
— Euh… bah… enfin… euh… bredouilla l’aîné, Pan d’Ore parlait peut-être plutôt d’Hermann.

Toutes les oreilles de l’assemblée se dressèrent alors.
— Hermann qui ? Hermann Maier ? Hermann Hesse ? La tortue d’Hermann ? Mais enfin, allez-vous nous dire ??!!
Oui, il était vraiment énervé, le Prince Russe, une mousse blanche commençait à se former à la commissure de ses lèvres et ses joues étaient rouges comme un camion de pompier.

— Le Hermann de Pan d’Ore, c’est notre grand-oncle peut-être ?! C’est lui qui nous a mis sur la piste du trésor, c’est lui qui nous a bercé de cette histoire depuis notre plus tendre enfance. C’est pour lui que nous sommes partis en quête…
— Et il est où, à présent ?
— Eh bien, aux dernières nouvelles, il avait rejoint un sous-sol de la terre en s’élevant à un autre étage du monde.
— Je ne comprends rien à votre charabia ! Il est monté ou il est descendu ?
— Un peu des deux, peut-être, intervint la Grande Perche. Est-ce que votre grand-oncle Hermann est mort ?
— C’est ce qu’un voyageur nous a rapporté, oui, il y a quelques mois déjà…

(Texte Florence)

Sa lampe adhère dit-il illuminé… 9/…

Photographie Iotop_2022

Pour la deuxième fois, voici une autre histoire mais cette fois-ci de lampadaire à 4 mains sur une idée de Firenz’ du blog La plume de mouette. Chacun de nous fait paraître le texte de l’autre sur son blog et une photographie.

Chapitres 1 ICI et 2 ICI et 4 ICI et 6 ICI et 8 ICI et 10 ICI ou l’ensemble des chapitres ICI


La Russe autorité avait entrepris de soulever la trappe à nouveau. La grouillance souterraine n’avait point faibli, c’était comme une ligne de métro ou deux, aux heures de pointe et en temps de grève. Réalisant qu’il avait presque cohabité et même protégé ce microcosme sombre et peut-être gluant, Sieur réverbère faillit tourner de l’œil et du bec de gaz.

— Mais qu’est-ce donc que cette affaire ? est-ce que quelqu’un peut m’éclairer ? demanda-t-il d’une voix blanche. Il ne diffusait plus à présent qu’une lueur blafarde.

Tous se penchèrent à nouveau sur le monde miniature. Une main caressant leur barbe, les deux nains bredouillaient des sons inintelligibles ponctués de « c’est pas ça qu’on attendait », ou de « Mais à quel moment la légende s’est-elle embourbée ? »

Le Prince russe écarquillait les yeux pour tenter d’apprivoiser l’obscurité jaillissant de cet univers différent. La luciole, quant à elle, ne semblait pas émue outre mesure et continuait à papillonner, ici et là, en toute légèreté.

— Regardez ! croassa Kremaloff. Regardez cette foule d’insectes rassemblés et collés les uns aux autres ! ça pullule et ça bouge comme la plèbe attroupée au moment des soldes, ça gigote et ça remue et ça parait immobile à la fois. On dirait une toison noire, un pelage plein de pattes ondulant sous l’effet d’un vent stagnant… ! Que diable se passe-t-il dans ce recoin lugubre ?!

Les nains s’étaient tus, le lampadaire avait des remontées acides, la luciole souriait. Et tous, tous, avaient les yeux fixés sur la masse sombre.

C’est alors que s’éleva un chant au-dessus des têtes, une mélopée émergeant d’un autre espace-temps, une mélodie pentatonique parfois aigue et parfois grave, accompagnée de stridulations et de soupirs légers. C’était Luciole qui chantait, les ailes habillées de couleurs précieuses et déployées selon le tempo, dévoilant ce faisant un peu plus de ce que sa nuisette dissimulait à peine. Le spectacle était plus que charmant.

A la surprise générale, tous les insectes agglutinés se dispersèrent en dansant-rampant, laissant ainsi voir le trésor qu’ils protégeaient vaillamment.

Alors on distingua la Lucane d’or.

Sous la multitude sexapodée dormait un insecte géant, au corps et aux pattes d’or massif et aux ailes couleur turquoise et Lapis Lazuli.

Déjà à moitié anesthésiés par les chants lucioliques, ceux du dessus de la terre restèrent interdits. Sauf bien sûr le Prince Russe qui ne s’interdisait jamais rien. Et Dame Luciole qui pris son envol, après avoir déposé un baiser sur un œil vitré de Sieur Réverbère. Celui-ci se mit à rougir et à crépiter. Luciole dansa avec frénésie avant de s’engouffrer dans la cavité fantastique, l’éclairant ainsi d’une lumière nouvelle….

(texte Florence)

Sa lampe adhère dit-il illuminé… 7/…

Photographie ©Iotop

Pour la deuxième fois, voici une autre histoire mais cette fois-ci de lampadaire à 4 mains sur une idée de Firenz’ du blog La plume de mouette. Chacun de nous fait paraître le texte de l’autre sur son blog et une photographie.

Chapitres 1 ICI et 2 ICI et 4 ICI et 6 ICI ou l’ensemble des chapitres ICI


C’est lorsque la grande perche lumineuse fit un pas de côté que le Prince Kremaloff se réveilla. Et c’est lorsqu’il se réveilla qu’il se rendit compte qu’il s’était endormi.  

— Sacrebleu, comment ai-je pu m’endormir à pareil moment ?! J’ai assurément perdu la tête et le fil de tous les événements, c’est la raspoutitsa ! 

Il se souvint alors que la Luciole avait laissé choir quelques cristaux lumineux sur les couvre-chefs des nains, mais aussi quelques paillettes sur son propre carafon. Un rien fanfaron, il avait toujours aimé les paillettes, il avait donc accueilli celles-ci avec plaisir et entrain, quelques-unes dans les mains, le reste dans sa bouche grande ouverte. Il réalisait à ce moment qu’il s’agissait en fait de poudre de perlimpinpin, de celle qui vous méduse, vous assomme et vous endort. Il s’était fait berner comme un bleu et en était tout déconfit. 

Les nains avaient négocié le déplacement du lampadaire sans trop de difficulté car la Luciole s’en était mêlé et avait obtenu l’accord à grand renfort d’yeux doux et de promesse de futures étincelles à deux.  

Dans le carré libéré par la perche majestueuse, la terre ne demandait qu’à être retournée, retournée un peu plus car elle l’était déjà par tout ce changement. Pensez donc, elle venait d’être affranchie du joug de la fée électricité et pouvait à nouveau rêver  la torche du soleil.  

On remua la terre, un peu, beaucoup, sous l’œil goguenard de Sire Réverbère et le sourire malicieux de Dame Luciole, jusqu’à ce que le bruit des pelles change, s’assourdisse, et que l’on mette à jour une trappe. Au centre brillait un médaillon d’argent représentant un être fantastique et inquiétant dans la bouche duquel se trouvait l’anneau qui permettrait de soulever la trappe. Étonnamment, ou pas, des sons filtraient à travers les jointures, des sons comme de la musique, une musique comme une invitation. Alors les efforts des deux frères se combinèrent pour soulever la plaque de bois vermoulu. Ce qu’ils découvrirent sous cette plaque les laissa sans voix…  

(texte Florence) 

Sa lampe adhère dit-il illuminé… 3/…

Oeuvre de jideair – Fusain, charcoal, petit format : Blog

Pour la deuxième fois, voici une autre histoire mais cette fois-ci de lampadaire à 4 mains sur une idée de Firenz’ du blog La plume de mouette. Chacun de nous fait paraître le texte de l’autre sur son blog et une photographie.

Chapitres 1 ICI et 2 ICI et 4 ICI et 6 ICI ou l’ensemble des chapitres ICI


C’est à moi qu’il parle le goujat ?! Quelle vulgarité ! Il se prend pour qui ? Il me prend pour quoi ? Imagine-t-il que je vais m’abaisser à lui parler d’égal à égal ? Que nenni, la condescendance s’impose. Le rustre ne parait bien mal éclairé, et je parie qu’au Siècle des Lumières, Voltaire n’aurait même pas voulu de son eau chaude pour mettre dans sa bouillotte les soirs d’hiver. 

— Qu’est-ce ? Qu’ouïe-je ? Que sens-je ? Quel est ce chien qui vient se soulager à mon pied ? Pouah, quelle odeur infecte !

— Eh oh, le lampadaire, je ne suis pas un chien, parle-moi autrement ! Je suis le Prince Erbeir Kremaloff, descendant de Tzar. Prince déchu, certes, déchu mais aussi déçu de l’accueil que ton pays réserve à la noblesse slave. Aucune déférence, aucune révérence, et me voilà réduit à brancher mon samovar électrique au pied d’un bec de gaz.  

— Bec de Gaz ?!!! Oh je sens que la moutarde me monte au nez, et vous êtes bien chanceux que je ne sois pas à gaz, malappris, mes émanations vous auraient couté cher ! Expliquez-moi comment vous pourriez brancher votre samovar électrique sur un bec de gaz, mÔssieur Kremauzeux ? Je suis électrique, moderne, stylé, classé, admiré, et UTILE moi ! Quant à vous, il semble que l’on vous ait coupé la lumière et que vous ayez de l’éclairage public des connaissances qui frôlent l’obscurantisme.

— Oh là, monsieur le lampion, ne vous énervez pas ! Il s’agit d’une simple méprise. Faisons la paix, voulez-vous ? Si vous le désirez, je m’en vais quérir un tuyau d’arrosage, j’en ferai une paille et vous pourrez gouter mon délicieux thé russe.

— Lampion, moi ?! Vous m’insultez !! Et vous croyez que je vais gouter à votre soupe au caillou ? Non mais, il rêve, Erbeir ! Hors de ma vue, galapiat, ou je vais me mettre à clignoter si fort que toute la rue en sera alertée !’ 

(texte Florence) 

Porte à porte (8/9)

Porte – Iotop

Une fois n’est pas coutume, voici une histoire de porte à 4 mains avec Firenz’ du blog La plume de mouette. Chacun de nous fait paraître le texte de l’autre sur son blog.

Les chapitres => (1/9) (3/9) (5/9) (7/9) et l’ensemble des chapitres au fur et à mesure ICI


La tournure que prenaient les choses commençait à irriter la porte. Voilà qu’un congrès de complotistes menaçait la probité de ses lieux et le calme aussi.  

— Que vous me tutoyassiez ne me plaît guère, mon cher, je ne suis pas celle que vous croyez et je ne souffrirais point que, sous prétexte que je suis une porte, vous me sonniez, tapiez, cogniez, voire grattiez à. Je ne supporterai pas, non, que l’on me tapasse ni qu’on me tortillas aux pommes de terre à l’ibérique way. Si vous insistez, il est possible que je m’emporte et que je claquasse la porte à toutes vos demandes !  

La bourrasque de ces mots décoiffa le bourgeois mais l’amusa fort aussi. Une porte volcanique, s’emportant à la vitesse du son et sortant de ses gonds avec autant de virevolte n’était pas pour lui déplaire. Pour un peu, il aurait jeté les doigts de l’autre main dans la l’entrebâillement pour défier le battant, et rester un peu plus à discutailler l’affaire.  

— Je vous en prie ! Ne me traitez pas ainsi ! Vous me fridakahlomniez à me prêter de telles intentions ! Loin de moi l’idée de nuire à votre intégrité et à votre réputation. Je veux juste danser une salsa avec vous jusqu’à ce que, dans le mouvement entraînant de la danse, je parvienne de l’autre côté, et que vous, ma chère, vous retrouviez à la porte, là où est votre place.  

Mais la porte était à présent en colère, sentant bien que le bourgeois se moquait et la cherchait un peu. Sous l’effet du courroux son bois se gondola, Venise n’était plus loin, ses montants craquèrent et l’humidité des pluies toutes récentes s’échappait en vapeur sous l’effet de l’ébullition.  

Le bourgeois était toujours un peu amusé mais aussi passablement désarçonné. Diable ! Il pensait devoir franchir une porte récalcitrante et voilà qu’il lui fallait à présent escalader le Vésuve, l’Etna et le Stromboli tout à la fois…  

Comment apaiser cette éruption et ramener les choses au calme… ?

 (à suivre chez Firenz’

Porte à porte (6/9)

Porte à Mende – Lozère

Une fois n’est pas coutume, voici une histoire de porte à 4 mains avec Firenz’ du blog La plume de mouette. Chacun de nous fait paraître le texte de l’autre sur son blog.

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La porte était tout feu tout ruse et avait plus d’un tour dans son sas. Monsieur le Bourgeois n’était pas le premier à avoir tenté de jouer du bélier et d’entrer en force. Elle connaissait la musique, la tactique, et la rhétorique un peu aussi. La porte de derrière était une porte muette, ou une porte condamnée, point d’ouvrant, juste un dormant pour simulacre. Condamné, le Bourgeois ne tarderait pas à l’être aussi d’ailleurs, s’il acceptait son offre. Mais il semblait encore hésitant…

— D’aucuns pensent que les petites portes ne sont pas dignes d’un don de soi et de sa personne, qu’elles ne méritent pas un passage, ni même un coup d’œil Et pourtant, Monsieur, c’est par ici qu’entrent les artistes, les gens de talent. C’est par ici que se créent les alliances les plus secrètes, que se signent les contrats les plus juteux. Et puis, tous les amants le savent bien, c’est par la porte de derrière qu’il faut passer si l’on veut échapper au retour du mari et du maître des lieux sans se faire pincer les doigts ou les bretelles ! Croyez-moi, mon Seigneur, si moi je suis de chêne intraitable, la petite porte a la douceur du peuplier d’Italie, cette belle essence de Sienne. 

Le Bourgeois s’emperplexait au discours spongieux de la porte. Diable ! L’offre était tentante, alléchante, un peu trop peut-être. Il n’avait pas acquis ses boutons de manchettes en platine et diamant en écoutant les porte-faix lui conter fleurette. Il se sentait corbeau, la porte était renarde. Mais il mourait d’envie de pénétrer enfin dans les lieux et d’aller passer sous l’eau fraîche ses doigts bleus de douleur, rouge de honte aussi. 

— Comment puis-je être sûr que la porte à ventaux que tu me vantes mène bien là où je veux aller ? Qui me dit que je ne vais pas finir dans un soupirail à soupirer jusqu’à la fin du siècle ? Quelle garantie m’offres-tu, porte de malheur et de mystère insondable ?

La porte qui n’avait pas la fibre tendre, devait se creuser la cervelle pour apporter de l’eau au moulin de ses mots, et amadouer le nanti. Quels arguments pourraient faire mouche… ?

(à suivre chez Firenz’)

Porte à porte (4/9)

Porte_chateau Brézé – Iotop

Une fois n’est pas coutume, voici une histoire de porte à 4 mains avec Firenz’ du blog La plume de mouette. Chacun de nous fait paraître le texte de l’autre sur son blog.

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Mais la porte haute et fonctionnaire restent tout aussi muets aux requêtes du Bourgeois dont la patience est arrivée à ses extrêmes limites. Il vitupère, brasse de l’air et maudit à tout va, qu’importe. Alors, taquine et sure d’elle, la porte carte et s’écarte juste assez pour lui laisser entrevoir les ors de l’intérieur.  

— Eh bien, il est bien loti le fonctionnaire, bien logé aussi. 
 
Alors que le Bourgeois essaie de glisser les doigts dans la mince ouverture pour la forcer un peu, la porte se referme sur un bruit sec et quelques hurlements à percer les tympans des oreilles et de l’église.  
Heureusement, midi sonne et la cloche aussi. Les portes de la chapelle s’ouvrent pour laisser les ouailles retourner à leurs occupations. 

— Si les voies du seigneur sont impénétrables, ses portes sont bien plus accueillantes que d’autres portes en ville, tance le gentilhomme. 
— Si vous voulez vous offrir quelques indulgences, elles sont aussi plus adaptées que les nôtres. Ici point de corruption, il faut montrer patte blanche. 
— Que vous dites, que vous dites ! Je soupçonne que votre boîte-à-lettres fait parfois office de guichet et de tiroir-caisse.  

A ses mots, la porte de bois clair rougit en acajou. Le Bourgeois avait marqué un point.  

(à suivre chez Firenz’)

Porte à porte (2/9)

Double porte – Beaune Cote d or – Photo-Iotop

Une fois n’est pas coutume, voici une histoire de porte à 4 mains avec Firenz’ du blog La plume de mouette. Chacun de nous fait paraître le texte de l’autre sur son blog.

Premier chapitre => ICI (1/9)


La canne en festival espérait que tant de chahut attirerait le chaland qui prendrait fait et cause pour le pommeau glacé et ferait pression sur la porte, quitte à l’extraire de ses gonds.  

Hélas, nul ne parvint à la dévergonder et la porte toujours restait close.  

— Laissez-moi entrer, insistait le Bourgeois – gentilhomme à ses heures mais là il était déjà moins le quart.  
— Si vous n’avez pas le mot de passe, il vous faut produire le formulaire AimeAile 492 en double exemplaire. Signé et tamponné, s’entend.  
— Sacrebleu ! Mais où puis-je me le procurer ?  
— Au bureau 492, 4ème étage, à droite au fond du couloir. 
— Mais à quelle adresse, dans quel bâtiment ? 
— Ici même, Monsieur le Prince Monseigneur. Juste derrière moi. Il faut me franchir pour y parvenir. Avec soit le mot de passe, exact et épelé, soit le formulaire en deux exemplaires.  
— C’est une histoire de fous, un serpent qui se mord la queue ! Appelez donc le directeur !  

(à suivre chez Firenz’)