Votre visage n’est pas régulier

Loco_Iotop_2019

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Des mots, une histoire : récolte 28 (participation hors délai)


Je prends mon café … à mon troquet habituel quand une régulière (une combattante de la section A4-B22) m’interpelle :

— Vous avez vos papiers ?
— Vous n’avez pas d’interprétateur ?
— Panne généralisée …
— Et vous pensez qu’il me reste encore ce genre de … cellulose ?
— Mon interprétation visuelle … votre visage n’est pas régulier … je me dis … que vous avez …
— Je confirme … ça existe toujours …
— Ne prenez pas cet air blasé … j’attends …
— Si je vous offre un pélican-peeper ?
— J’ai comme une indicible envie de vous embarquer sur le premier Kar-Mint, direction le Pôle Mâles …
— Que m’importe vos menaces … je bois tranquillement à l’heure définie … à l’emplacement déterminé.
— Vous n’êtes pas à court de méandre pour nous embobiner … nous les régulières …
— Vos propos me blessent et si j’ai souvenir … vous me connaissais…
— Peu probable …
— Vous êtes une duplicante ? … Non ? … C’est la meilleure de la journée … une duplicante … je me marre … une duplicante avec un défaut …
— Je ne suis pas une duplicante … je suis moi, entière et consciente de ma psyché …
— C’est exactement la réponse d’une duplicante.
— Votre aventure terrestre va s’arrêter maintenant … maintenant … maintenant …
— Non, non, non… il y a des lois … vous n’avez aucun droit … à m’embarquer comme un vulgaire bétail mâle …
— Mais mon poulet, tu es entre mes griffes et je vais t’envoyer faire un nouveau projet au Pôle Mâles pour te rééduquer.
— Chapassera pas comme cha, ché chur …
— Dis-moi, tu as aussi comme un défaut à zézayer comme ça … tu dois être … un duplicant mon coco …
— Bon … on ne va pas se chercher les noises … nous sommes du camp adverse … des agents infiltrés programmés … alors …
— Alors … je t’embarque quand même et sans un soupir de regret … pour destruction …
— Garce !!! …
— A ton service !

© Max-Louis MARCETTEAU 2019

La découverte ultime n’est pas actée

Les Gardiens des Univers Ludiques – personnages de Numenéra

Les Gardiens des Univers Ludiques – personnages de Numenéra

Blog popinsetcris contrainte écriture (mots définitions)


Voyage, voyage” et Desireless, “Et moi, et moi, émoi ” et Dutronc, tout est aventure entre le sac de voyage et moi le convoyeur de sac qui sur mon dos fait la feignasse. Et pourtant, si le Vietnam m’est connu, l’avion d’autant, et la rizière pareillement … tout cela dans les livres, je préfère la plage de Bretagne sous mes pieds nus et mon corps sait de quel soleil il a à faire.

En fait, seul le voyage intérieur fait rencontrer toute une population d’ici et d’ailleurs, de l’univers, la richesse de chaque contrée créée est d’autant fabuleuse que l’imaginaire de la langue n’a pas de frontière et la découverte ultime n’est pas actée, elle reste chaque jour à se dévoiler … par les mots …

Mots qui s’improvisent histoires, contes, mémoires, récits, anecdotes, chroniques, poésie, … la beauté attend sa plume comme l’encre guette la page comme les mots le talentueux …

Je m’attends moi-même …

© Max-Louis MARCETTEAU 2018/2019

L’aventure ne s’écrit pas sur la peau de la normalité

Photographie - Carole Lombard

Photographie – Carole Lombard

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Rupture. Rupture de toi de moi, de nous, de tous, de notre bulle … de savon.

Et puis un nouveau départ, avec un handicap et pas de soulagement possible, pas de vrai renouveau

Et ce projet fou, de revenir en pèlerinage sur nos moments intenses …

Et puis la cinquantaine sonne le glas, j’ouvre mes yeux une nouvelle fois et … un nouveau jardin … d’amour vient de naître …

Un élan … de survie … une aubaine et je suis hameçonné … par le conventionnel d’une relation un million de fois écrite et l’aventure ne s’écrit pas sur la peau de la normalité …

Je viens de jeter ma lettre de démission. Ce soir, tu rentreras et le lit sera bien chaud de ma présence …

Je reste soumis … moi, le rebelle castré.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018/2019

Pensées déviantes

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La patience est un mot dont je n’ai pas d’accointance. Non, non. La patience, c’est attendre… souvent à distance. Et attendre c’est perdre du temps de vie, c’est le contraire de l’accomplissement et une des nombreuses carences de la constitution d’une existence.

Aujourd’hui j’ai cette sensation d’attendre au-delà du raisonnable. Ce bus qui n’arrive pas et ces gens insensibles comme l’eau qui traverse la terre qui se noie…

J’attends parmi d’autres attentes. Longueur d’un temps qui s’étire de bras à bras de minutes torturées, j’accomplis ma souffrance, mon impatience, ma pénitence, mon calvaire…

J’entrevois la ferveur de certains à cette souffrance de la patience déclinée sur le palier de l’attente et à son dernier degré celui du manque, à ronger les ongles des aiguilles de l’horloge du souffle qui fredonne les soupirs comme des râles et à toute aventure possible, la récompense, le trophée de la jouissance, de la libération de l’entrave du manque qui a posé le mot bonheur presque comme une enclume.

Et j’attends ce bus maudit qui ne vient pas et je tourne en rond dans mon esprit trop étroit à ma condition de salissure, de tache indélébile sur le parvis goudronné de cet abri qui m’aspire dans les tréfonds de la fièvre de l’agacement.

A genoux il faudra me repentir de ces pensées et me traîner sur le dallage cadavre de ma cellule… quand un indécis me cloue par ces quelques mots :

— Mon seigneur vous vous êtes égaré de votre diocèse ?
— Non, mon fils… mon chauffeur est en gréve, il se dit comme, nos religieuses, abusés par de nombreuses tâches et heures… Est-ce que Jésus a compté ses heures, lui ? Non, mon fils ! Je vous le dis en vérité…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Voilier dans de beaux draps

Blog popinsetcris contrainte écriture.


Il est de bonne heure. Et le vent vient de s’étendre sur la voile. À ma longue vue, j’aperçois une île qui n’est pas répertoriée. De mille en mille elle est perdue, elle aussi.

Je suis le vagabond des mers, le routard de l’océan, le Lapérouse des mers, bref j’y connais un rayon de sextant et pourtant… je ne sais pas où je suis… quelle honte !

En fait, je vais risquer l’accostage sur le port naturel de cette île… mystérieuse. Je n’ai plus de vivre, alors… ! Et à la dernière bordée, on m’a volé tout mon attirail de pêche…

Je m’approche aussi lentement que possible et une bitte naturelle va me permettre d’immobiliser mon catamaran trente-six pieds…

Et me voilà sur la passerelle : la terre ferme devant moi, enfin une plateforme rocheuse assez conséquente couverte de lianes et autres végétaux assez étranges d’ailleurs, à l’approche, qui remonte sérieusement sur trente de mètres de haut chapeauté d’arbres et à part ça ? Eh bien rien. Je suis bien avancé. J’aurais dû faire le tour de l’île avant d’accoster à cet endroit. Si je ne trouve pas d’issu pour explorer plus avant, je ne vois pas l’intérêt de rester et faire la politique de l’autruche.

Et je ne vois aucun intérêt à écrire ça sur mon journal de bord. C’est un coup à passer pour un gland.

J’avance quand même vers cette roche assez… hostile. Pourtant, j’avance comme un aimant et à mon contact, la végétation accrochée à la paroi… frissonne. Étrange phénomène.

Et j’entre aperçois dans la roche une fissure comme une entrée. Je suis attiré. J’écarte feuillages, branchages. Et au moment où je pénètre, une faible lueur parcours le boyau. Je ne pratique pas la peur tous les jours et à ce moment, je ressens que je ne vais pas en ressortir comme un pressentiment.

Une certaine chaleur s’impose. Mes vêtements sont trempés. Je respire un peu trop fort mais qui puis-je ? J’avance dans ce tunnel, mon guide par défaut. J’ai dû faire une vingtaine de mètres ce qui est peu et pourtant j’ai l’impression d’avoir fait un marathon.

J’ai une moiteur à l’intérieur de mon corps Et puis j’entends une voix. Est-ce vraiment une voix ? Ou le chuintement d’une eau ? Le murmure d’un ancêtre égaré comme moi ? La végétation qui se plaint ?

A quelques mètres, un peu au-dessus de moi, une chose brille. Je tends un bras, ma main accroche une forme polie d’œuf bleu brillant. Et tout-à-coup, je suis électrisé…

Je me réveille ligoté en haut d’un arbre et le lointain de l’océan est devant moi, gigantesque et surnaturel. Je n’ai pas la force de crier. Je n’ai plus la force de penser ce que j’aurais dû faire ou pas. Il y a des situations qui n’offrent aucune alternative et les deux mots : trop tard, sonne dans mon crâne.

le soleil ne fait pas semblant de se branler les rayons, il envoie l’animal, il martèle comme le forgeron sur l’enclume et je suis l’enclume… Je délire…

De l’eau, de l’eau… rien… le vide n’est pas nuageux et paradoxe de ce délire je suis en plein brouillard et j’ai la trique… quelle honte !

Et au moment le plus inattendu, me voilà renversé au pied de mon lit…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018