Sa lampe adhère dit-il illuminé… 3/…

Oeuvre de jideair – Fusain, charcoal, petit format : Blog

Pour la deuxième fois, voici une autre histoire mais cette fois-ci de lampadaire à 4 mains sur une idée de Firenz’ du blog La plume de mouette. Chacun de nous fait paraître le texte de l’autre sur son blog et une photographie.

Chapitres 1 ICI et 2 ICI et 4 ICI et 6 ICI ou l’ensemble des chapitres ICI


C’est à moi qu’il parle le goujat ?! Quelle vulgarité ! Il se prend pour qui ? Il me prend pour quoi ? Imagine-t-il que je vais m’abaisser à lui parler d’égal à égal ? Que nenni, la condescendance s’impose. Le rustre ne parait bien mal éclairé, et je parie qu’au Siècle des Lumières, Voltaire n’aurait même pas voulu de son eau chaude pour mettre dans sa bouillotte les soirs d’hiver. 

— Qu’est-ce ? Qu’ouïe-je ? Que sens-je ? Quel est ce chien qui vient se soulager à mon pied ? Pouah, quelle odeur infecte !

— Eh oh, le lampadaire, je ne suis pas un chien, parle-moi autrement ! Je suis le Prince Erbeir Kremaloff, descendant de Tzar. Prince déchu, certes, déchu mais aussi déçu de l’accueil que ton pays réserve à la noblesse slave. Aucune déférence, aucune révérence, et me voilà réduit à brancher mon samovar électrique au pied d’un bec de gaz.  

— Bec de Gaz ?!!! Oh je sens que la moutarde me monte au nez, et vous êtes bien chanceux que je ne sois pas à gaz, malappris, mes émanations vous auraient couté cher ! Expliquez-moi comment vous pourriez brancher votre samovar électrique sur un bec de gaz, mÔssieur Kremauzeux ? Je suis électrique, moderne, stylé, classé, admiré, et UTILE moi ! Quant à vous, il semble que l’on vous ait coupé la lumière et que vous ayez de l’éclairage public des connaissances qui frôlent l’obscurantisme.

— Oh là, monsieur le lampion, ne vous énervez pas ! Il s’agit d’une simple méprise. Faisons la paix, voulez-vous ? Si vous le désirez, je m’en vais quérir un tuyau d’arrosage, j’en ferai une paille et vous pourrez gouter mon délicieux thé russe.

— Lampion, moi ?! Vous m’insultez !! Et vous croyez que je vais gouter à votre soupe au caillou ? Non mais, il rêve, Erbeir ! Hors de ma vue, galapiat, ou je vais me mettre à clignoter si fort que toute la rue en sera alertée !’ 

(texte Florence) 

Je m’appelle Sylvestre

Photographie de Megan Rayner

Blog oulimots contrainte écriture


— Tu as de drôles de yeux… on a l’impression que tu viens de naître…
— Arrête de consommer des phrases qui ne veulent rien dire…
— J’ai cette envie de ronronner auprès et tout en toi…
— Laisse-moi, nom d’un chien…
— Fait pas la greluche du camping sans étoiles…
— Tu me saoules… je suis à saturation
— Ne t’enroules pas dans les draps du déni de notre amour naissant quand ta nudité transparente le gadin de la vieillesse déjà paraît …
— Arrête !
— Ta voix est une bouillotte qui pique l’épiderme de ma sensibilité… tu le sais ?
— Enfin ! regarde-toi… ta bedaine comblée, tes poils indécents, tes bras branchés sur un tronc trop long, tes jambes déplaisantes sans mollets…
— Tu deviens grossière …
— Non, j’imite un pot de colle, toi !
— Tu es ma pouliche préférée avec ce chanfrein tout particulier de ton visage chevalin…
— Mais quelle idée de t’avoir dit oui… quelle idiote je suis…
— Parce que je m’appelle Sylvestre… tout simplement…
— Eh bien, on peut dire que tu n’es pas le meilleur plat de réveillon qui ait transité dans mon lit…

© Max-Louis MARCETTEAU 2021