Blog oulimots contrainte écriture
L’Ange me regarde et le Cerbère me dépèce.
Tranquillement sur la table en chêne bien sapée, le spécialiste s’affaire conquérant.
Je ne suis qu’un Farfadet qui a été pris au piège d’un Gobelin qui a fait un marché avec un Korrigan.
Si j’avais été Dragon j’aurais eu leur peau de marchands.
Mon corps recèle une substance rare … à qui sait l’extraire au bon moment.
Et ce bon moment est … maintenant.
Ma chair est insensible, prise aux drogues diverses et accommodantes à tenir le fruit encore vivant un certain temps.
Et la Manticore est encagée rugissante à l’extrême de sa rage aux tremblements de son impuissance … elle sait sa peur du néant.
Je suis son poison extrait et qui badigeonné sur la pointe d’une flèche en os de saïga plantée dans sa poitrine l’étend entre les barreaux froids fléchis de son agonie épileptique jusqu’à sa dernière respiration dépolie couleur safran…
Une lueur bleu ciel s’envole parmi les feuillages qui s’écartent en cette nuitée déliée de cet assassinat pour une valeur de peau et possiblement d’un aphrodisiaque pour les légendaires lutins géants …
Pourtant, qui sait que je suis nécromancien à mes heures d’hiver ? Et avant de rejoindre les sous-bois d’ossuaires j’invoque par mon esprit dédié à Etemmu la formule à rétablir la Manticore dans sa force première, à sa densité amplifiée … maintenant.
Et la voilà qu’elle renaît, tel un Phénix, bouillonnante de vengeance devant les yeux effarés de l’impertinent.
L’Ange me regarde et le Cerbère meurt.
© Max-Louis MARCETTEAU 2020