La table en chêne bien sapée

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L’Ange me regarde et le Cerbère me dépèce.

Tranquillement sur la table en chêne bien sapée, le spécialiste s’affaire conquérant.

Je ne suis qu’un Farfadet qui a été pris au piège d’un Gobelin qui a fait un marché avec un Korrigan.

Si j’avais été Dragon j’aurais eu leur peau de marchands.

Mon corps recèle une substance rare … à qui sait l’extraire au bon moment.

Et ce bon moment est … maintenant.

Ma chair est insensible, prise aux drogues diverses et accommodantes à tenir le fruit encore vivant un certain temps.

Et la Manticore est encagée rugissante à l’extrême de sa rage aux tremblements de son impuissance … elle sait sa peur du néant.

Je suis son poison extrait et qui badigeonné sur la pointe d’une flèche en os de saïga plantée dans sa poitrine l’étend entre les barreaux froids fléchis de son agonie épileptique jusqu’à sa dernière respiration dépolie couleur safran…

Une lueur bleu ciel s’envole parmi les feuillages qui s’écartent en cette nuitée déliée de cet assassinat pour une valeur de peau et possiblement d’un aphrodisiaque pour les légendaires lutins géants …

Pourtant, qui sait que je suis nécromancien à mes heures d’hiver ? Et avant de rejoindre les sous-bois d’ossuaires j’invoque par mon esprit dédié à Etemmu la formule à rétablir la Manticore dans sa force première, à sa densité amplifiée … maintenant.

Et la voilà qu’elle renaît, tel un Phénix, bouillonnante de vengeance devant les yeux effarés de l’impertinent.

L’Ange me regarde et le Cerbère meurt.

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

Le dos tourné se courbe à la porte stoïque

Photographie de Valentina De Felice

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Rien ne sert de pourfendre d’un mot hachoir la part de soi inavouable dressée là comme une forteresse qu’aucune neige d’indifférence ne glace. C’est un combat de soi-même avec soi-même qui brûle les années devant le miroir vrai faux ami qui se rit quand le dos tourné se courbe à la porte stoïque à la poignée indulgente qui grince du mécanisme par fatigue…

Les nuits sont longues à estourbir ses yeux ouverts de l’insomnie sur les frontons de sa devise :  » Soumis à l’insoumis sans être bête de somme » et tenir la lecture de son temps sur les rideaux des fleuves de l’imaginaire à fourbir en même temps son écriture sur les pages de l’incertitude sans froisser les lignes de conduite des mots pris aux pièges …

Faut-il besogner sa propre existe avec sa conscience pour n’en sortir qu’un filet de mots dépossédés de l’essentiel, en vérité ? Il y a toujours une dernière lance qui pénètre le flanc de son amour-propre piqué comme un destrier après s’être saoulé d’une bataille qui d’avance est perdue. Mais qui le sait ?

Investir son soi comme un ennemi n’est qu’un mauvais assaut, et en tant qu’ami est une gageure.

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

L’herbe froissée de ma posture

Port_st_nazaire_Iotop 2019

Port_st_nazaire_Iotop 2019

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… la pluie … toujours la pluie … pluie d’automne crûment insolente … pluie sur mon visage mon corps dénudé allongé sur l’herbe froissée de ma posture… et ces odeurs humide poisseuse de campagne indécente …toute de nuit … et les vies glissent sur ma peau et plissent ma chair… de mes supplices jouissent délices les goûteurs de goutte-à-goutte de vies encore faites de caprices sur ces sols de terres qui agonisent …

Et si j’avais eu la cuisse légère à aimer à l’emporte-pièce l’homme urbain entre bois de campagne et quatre murs de cris la morale assise à pleurer ses morts sur la croix crayonnée d’un autre homme moins dénudé que moi mais dépossédé de la mortalité …je suis, hélas, ce hasard fait d’un vagin … ah! quelle malice que la vie faite complice de tous les coups tordus au seul bénéfice qu’on y tient à cette garce qui nous tisse de l’espoir grandeur nature …

Et pourtant à présent la nuit porte sa coupable envie de me faire mourir comme le flux de mon sang dans mes artères frappent fortement parois et cavités … je respire cette terre recroquevillée … nous le sommes toutes les deux blessées griffées entaillées lacérées retournées incisées déchirées … sacrifiées à ces guerres de territoires …

© Max-Louis MARCETTEAU 2019

Il est cette marionnette de son temps

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… dans le temps fort de sa pièce qu’il joue, un verre d’eau est le bienvenu. Il est viscéralement dans le rôle de son personnage et comme tous les soirs il s’abreuve et se dessèche comme une terre à qui le bon terreau naturel est absorbé pour de belles plantes.

Ce soir-là, à la sortie des artistes le ciel pose son œil superbement lunatique d’un orangé comme né d’un sortilège …

Il s’allume une cigarette. La ruelle est vide. Le boulevard n’est pas loin. Il s’enferme dans son trois-quart. Il est l’heure de rentrer. Il marche lentement. Il refuse comme tous les soirs ce repas avec les autres comédiens.

Il va rejoindre son bar habituel sur l’un des quais de Nantes.

Chaque soir, la Loire, massive, déliée, indomptable, l’appelle pour un bain de minuit sans retour … il suffirait d’un pas … d’une idée malencontreuse à ce moment-là …

Et puis, il va boire … une bière … et puis une autre … les jours de l’hier, de l’aujourdh’ui, du demain, identiques comme une page d’un livre récitée tous les jours, il est cette marionnette de son temps écrit pour lui et par lui, un demi-homme pour un demi-naufrage…toujours à la limite de la noyade et bon à tenir par défaut au manque de courage d’aller voir plus loin dans un ailleurs peut-être avec une autre voix d’appel que celle de la Loire …

Il est deux heures du matin. La Lune est absente ou cachée par de forts épais rideaux de nuages. Il fait frais comme un frisson après une douche trop chaude dans une salle de bains réfrigérée …

Les rues sont des parcs à voitures où l’éclairage souffreteux dépose des reflets inquiétants … et pour lui pas d’éclaircie non plus … il fait parti de ses ombres que personne ne remarque … même sur la scène de la vie …

© Max-Louis MARCETTEAU 2018/2019

La peinture d’une angoisse d’airain qui m’assomme

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Disparaître, il n’est que temps. J’entrevois le scintillement de la fin comme une aubaine à ne plus souffrir à ne plus aimer à ne plus me demander si demain viendra m’ouvrir ses bras ou les veines.

Ou alors, j’ai besoin de vacances comme un trait d’union entre ce présent insupportable et un présent décidé à ne rien faire comme une balançoire qui ne veut plus supporter ses poids d’un ennui de métronome qui oscille tout en ce riant de la gravité de l’instant et pas z’un … pour s’envoler …

Mais j’ai l’abandon en moi, gravé à la chaude insulte d’être un bâtard comme on disait et puis je ne pleure plus sur mon sort qui est hameçonné à vivre par défaut d’une pâle envie de me foutre en l’air sur la peinture d’une angoisse d’airain qui m’assomme de moitié comme pour me dire : je suis ta haine ….

Et pourtant j’ai l’altruisme comme compagnon de route, le bagage bonnes actions et d’intentions comme humain je suis je reste pour les autres une aide …

Alors, j’écarte Dieu de mon enfer, j’isole le Diable … (étrangement le bien et le mal commencent par les deux premières lettres) et je me remets à jouer de la musique … du trombone…

J’ai encore des frissons. Suis-je encore vivant ?

 

© Max-Louis MARCETTEAU 2018/2019

Cela peut coûter … un bras

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J’ai une cabane en bois installée dans un grand arbre planté à l’intérieur profond d’un parc public.

A chaque visite, nocturne, le feuillage chuchote des mots qui s’étiolent dans la nuit et dont je ne retiens que les fragments si ce n’est l’écorce toute chaude qui s’évapore en peu de temps …

Hier … non, il y a quinze jours, pourtant, j’ai attrapé un mot complet : kinhuimpuis. J’ai retenu de justesse contenant et contenu comme un vase précieux. Combien de mot nomades j’ai laissé échappés toutes ces nuits aux voilures des murmures secrets échafaudés par la sève de cet arbre au moins deux fois centenaires ?

Je suis redescendu au petit matin comme un voleur de grand chemin cagoulé d’un mutisme et bâillonné par un chèche par sécurité, je me suis dirigé directement dans mon refuge au fin fond de ma cave à double entrée et de nos mystères connus de nous deux que nous gardons jalousement comme deux amants dont l’adultère ne peut être reconnu par les communs des mortels …

A cette date de découverte, je l’avais tatoué sur ma peau comme une relique. J’étais fier et inquiet car c’était la première fois que je sortais de notre traité, la cave et moi, qui stipule que rien ne doit sortir de son antre sans notre accord mutuel et sans réserve.

Une entorse qui m’a peiné un peu, mais qui n’a pas duré si ce n’est le temps de la cuisson d’un œuf coque … je l’avoue.

Et puis il y a quelques jours sur un chantier, j’ai loupé une marche, dévalé en roulé-boulé des escaliers béton et me suis affalé dehors au moment où un bloc de marbre s’est détaché de la grue et m’a broyé le bras … et le mot … le tout en charpie.

Aujourd’hui, je suis à me reposer, si l’on peut dire, à l’hôpital, amputé de beaucoup comme un rappel à l’ordre qu’il ne faut jamais dévier d’un contrat … cela peut coûter … un bras … parfois

© Max-Louis MARCETTEAU 2018/2019

Les nuages saoulés au whiskey sour sur ce tout enfariné

Film Dr Jekyll et Mr Hyde 1931- Acteur Frédric March

Film Dr Jekyll et Mr Hyde 1931- Acteur Frédric March

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… la folie, la folie, la folie … le faux de la vraie faux se lit sur le champ de blé perdu dans une campagne aux horizons multiples et au temps suspendu comme un jambon de Bayonne au marché branché de Saint-Jean-du-Corail-des-Bois et puis la ténèbre prend acte à la dernière signature d’un soleil rougeoyant par erreur dans un ciel speedball délirant sur les couleurs de l’overdose neuronal et les nuages saoulés au whiskey sour sur ce tout enfariné d’un regard humain qui ne comprend pas encore le mot folie car dans le creux de sa main sa mémoire l’appelle à boire sa propre lie qui constituée d’âmes anciennes aux cris de rédemption les miroirs sourient à son désespoir attaché à l’encre de sa respiration enveloppée par une apnée chronique …

Il est allongé sur l’herbe de son jardin… le leitmotiv en langue de bouche à lèvres : la folie, la folie … il se roule, puis s’époumone … se déshabille de tout … s’éparpille … puis se lève prêt à partir pour l’inconnue rencontrée entre réalité absolue et relative il court il court il court la langue coupée en deux la tête renversée en arrière il crie il crie … la folie vient …. d’un balancé de faux de le fendre puis de le broyer par effet ….

© Max-Louis MARCETTEAU 2018/2019

Arrête de jouer l’apprentie désœuvrée

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Yiiiii haaa !
— Pas la peine de crier si fort ! Nos vies ne tiennent qu’à un fil …
— Ça pince foutrement dur !
— Si t’avais mis ta main ailleurs, patate.
— Patate, patate … purée quelle affaire !
— Faut assumer …
— Assumer, assumer …
— T’arrêtes de répéter, hein ? … parce que je commence à voir rouge.
— Rouge ? T’as attrapé la myxomatose ?
— Tu vas pas tarder à goûter aux saveurs de ma main sur ta gueu…
— Pas de grossièreté, mon lapin.
— Je ne suis pas d’humeur
— Alors, fais le vide ..
— Le vide ? T’es pas un peu bizarre ? Comment utiliser cette expression dans notre situation toute périlleuse …
— Tu ne me comprends pas …
— Enfin, ce n’est pas le lieu d’une discussion de couple …
— Pas le lieu, pas le moment …
— T’es pénible, là …
— Et voilà …
— T’es pathétique …arrête de jouer l’apprentie désœuvrée, larguée …
— Ok, ok … tu vois la corde ?
— Et ?
— Tu vois le vide sous nos yeux ?
— Et ?
— Et là, je te largue …

Dernière info TV 24/24 : un alpiniste a fait une chute de quatre cents mètres après avoir dévissé dimanche après-midi … sa veuve a révélé aux gendarmes que son compagnon était depuis plusieurs semaines, suicidaire … une enquête a été ouverte …

© Max-Louis MARCETTEAU 2018/2019

Une conversation en outre égarée par le délire de plaire

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Par conséquent, il ne faut accepter quelqu’un comme ami et ne se lier avec lui qu’après avoir constaté des deux côtés qu’on est digne d’amitié et de confiance » nous dit Aristote (1). De fait, je constate que sur Facebook par exemple les amis sont légion et ne correspondent pas, à l’évidence, aux propos du philosophe antique. Et quoi que antique, ses dires sont toujours d’actualité et je ne veux pas mettre mon grain de sable ou de riz dans le rouage d’un avis personnel pour le diffuser par conscience d’une possible erreur de ma part et d’une sagesse incertaine qui m’honore car je suis actuellement dans un endroit un peu particulier voire un peu fou, là où on enferme des gens pas très bien dans leur tête quoi que ce n’est pas toujours vrai car qui n’a pas eu un jour des propos confus même devant un ami je vous le demande et qu’une conversation en outre égarée par le délire de plaire à une amie un peu déphasée par de l’alcool de cette amitié rassure tout le monde et le calme peut revenir sur le devant de la scène de sa propre vie ce qui ne porte pas trop à conséquence au regard d’une amitié solide de part et d’autre et que le désir de se lier ainsi non par défaut mais par sincérité …

— Alors, docteur, que pensez-vous de ce cas ?
— Rien … une logorrhée suite à une rupture amicale… il reviendra à lui … ou pas.

(1) Éthique de Nicomaque – Livre VIII – Chapitre IV

© Max-Louis MARCETTEAU 2018/2019

La découverte ultime n’est pas actée

Les Gardiens des Univers Ludiques – personnages de Numenéra

Les Gardiens des Univers Ludiques – personnages de Numenéra

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Voyage, voyage” et Desireless, “Et moi, et moi, émoi ” et Dutronc, tout est aventure entre le sac de voyage et moi le convoyeur de sac qui sur mon dos fait la feignasse. Et pourtant, si le Vietnam m’est connu, l’avion d’autant, et la rizière pareillement … tout cela dans les livres, je préfère la plage de Bretagne sous mes pieds nus et mon corps sait de quel soleil il a à faire.

En fait, seul le voyage intérieur fait rencontrer toute une population d’ici et d’ailleurs, de l’univers, la richesse de chaque contrée créée est d’autant fabuleuse que l’imaginaire de la langue n’a pas de frontière et la découverte ultime n’est pas actée, elle reste chaque jour à se dévoiler … par les mots …

Mots qui s’improvisent histoires, contes, mémoires, récits, anecdotes, chroniques, poésie, … la beauté attend sa plume comme l’encre guette la page comme les mots le talentueux …

Je m’attends moi-même …

© Max-Louis MARCETTEAU 2018/2019

L’assaut d’une vague rétive se prenait à téter

Oeuvre de Kristeen Van Ryswyck

Oeuvre de Kristeen Van Ryswyck

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La prose qui ne s’arrête pas » telle une roue à aube sur le crépuscule d’un soir noyé de chagrin d’avoir perdu son aube de bonheur lors d’une tempête mémorable et dont aucune vraie mémoire n’avait retenue le moindre petit embrun sur le tracé d’une … dune éclairée par la Lune et détesté par l’herbe folle et le chardon de service qui s’ensablait tous les jours à la même heure quand l’assaut d’une vague rétive se prenait à téter le mamelon de sable offert comme une provocation avec cette vague impression de ne résister que pour la forme de son tracé et puis tout s’arrête au bord d’une larme d’aube qui revient comme un mouvement perpétuel qui ne sait pas qu’il est perpétuel et qui pense que la mort est une aubaine pour renaître de nouveau dans les bras de l’horizon qui baille trop souvent les nuages en l’air de rien pousse la chansonnette avec le vent d’ouest qui se prend un vent avec le vent du sud qui ne comprend pas qu’il soit au travers d’un autre vent qui soupçonne un changement climatique et la voix de raison se cambre comme une soubrette perchée sur l’escabeau de l’incompréhension quand la prose qui ne s’arrête pas lui pince la fesse gauche qui à moitié nue n’ose faire état de son état à la fesse droite qui frissonne à se parcourir d’un mouvement d’ondulation jusqu’à l’aube que le crépuscule porte dans son cœur comme une flèche qui se demande comment elle a pu arriver à un tel état de médiocrité à cause d’un amour contrarié par effet d’un souffle nommé je t’aime et qui n’avait rien d’autre que cet amusement de la prose qui ne s’arrête pas …

© Max-Louis MARCETTEAU 2018/2019

Message pour toi

Pirates des Caraïbes : Jusqu'au Bout du Monde - 2007 - Johnny Depp

Pirates des Caraïbes : Jusqu’au Bout du Monde – 2007 – Johnny Depp

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Message pour toi,

Tu m’entends ? Non ? Pas grave …

Écume de mes jours … poison de mes nuits … une lettre de rupture ne suffit pas pour t’avouer tout l’amour qui me tient à cœur par une tension défiant tous les appareils de mesure…

Adieu ou … pas.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018/2019

Il y a des bulles qui chantent sur les fleurs des champs

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Il y a des bulles qui chantent sur les fleurs des champs et un ulcère d’estomac qui est bien seul parmi les borborygmes.

Il marche, d’un chemin à un autre, en compagnie d’un chien amicalement prêté pour défier la solitude …

En cette promenade de milieu d’automne, son regard se porte sur un bitmoji pas plus grand qu’un gnome. Il se frotte les yeux (pas le gnome) et le chien jappe. (Rien à voir avec le peuple nippon).

Le gnome a une pelle et il creuse avec entrain (à pieds et mains) dans un sol à l’humus bien épais. Étrange personnage sur “les jolies prairies en pente du Limousin qui rappellent la Suisse en quelques endroits”(1) . Quand par inadvertance d’une météo ou d’un ciel joufflu de nuages cuits à l’étouffé par de longs voyages, une grosse averse, genre classique, arrose drue, la richesse de ce pays-là.

Le gnome invoque dans un langage grotesque et des gestes en arabesques ce temps involontaire de déplaire … le marcheur et le chien sont médusés à ce spectacle gratuit et constate à leur détriment que le gnome les a pris à défaut de son petit manège et d’un sortilège certain développe sur le champ une engueulade maison …

A ce moment précis, les voilà transportés à leur point de départ comme par la magie des champs. Ils restent “scotchés” par cet événement inattendu. Ils décident, l’un de rejoindre sa niche la queue entre les jambes et l’autre de ne rien dire à sa maisonnée de peur d’être interné d’office pour hallucination …

Il franchit son seuil de maison, enfin, libre d’avoir décidé de ne pas dire l’indicible et de poser son postérieur sur son fauteuil vieillit mais encore robuste et se reposer devant sa cheminée qui flambe à merveille par son retour, jalouse qu’elle l’eût laissée à sa seule solitude d’âtre.

Il est toujours bon de se tenir au chaud quand l’on s’aime vraiment.

(1) Honoré de Balzac “Le curé du village” chapitre III

© Max-Louis MARCETTEAU 2018/2019

L’aventure ne s’écrit pas sur la peau de la normalité

Photographie - Carole Lombard

Photographie – Carole Lombard

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Rupture. Rupture de toi de moi, de nous, de tous, de notre bulle … de savon.

Et puis un nouveau départ, avec un handicap et pas de soulagement possible, pas de vrai renouveau

Et ce projet fou, de revenir en pèlerinage sur nos moments intenses …

Et puis la cinquantaine sonne le glas, j’ouvre mes yeux une nouvelle fois et … un nouveau jardin … d’amour vient de naître …

Un élan … de survie … une aubaine et je suis hameçonné … par le conventionnel d’une relation un million de fois écrite et l’aventure ne s’écrit pas sur la peau de la normalité …

Je viens de jeter ma lettre de démission. Ce soir, tu rentreras et le lit sera bien chaud de ma présence …

Je reste soumis … moi, le rebelle castré.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018/2019

A désosser tout optimiste

Le banc à bout de bras - Kiev - Ukraine

Le banc à bout de bras – Kiev – Ukraine

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Je me drogue à la … à la quoi, déjà ? … je me drogue à … je ne sais plus… de toute façon, elle est licite et cela ne m’empêche pas de pourrir sur pied comme tout le monde.

Je regarde ce monde aliéné par le superflu et l’effervescence de l’info voyeuse, anxieuse, scandaleuse, causeuse, monstrueuse et pourtant elle est identique aux décennies précédentes, aux siècles antécédents …

Je suis assis en califourchon sur un blanc dit public, fixé fermement au sol comme si un vol était possible … et je suis amer et vivant comme une ondée, je respire la terre et les fleurs et puis la déchéance sur les parvis de tout un chacun …

Tout devant moi s’opposent les vérités et les mensonges, les lois des hommes et ses instincts…

Je suis accroupi sur les questionnements de mon existence et à la validité de : “Je sers à quoi ? « . A rien et à tout. Et, tout de rien, je ne vois pas l’intérêt de continuer mon parcours, un champ de mines … à désosser tout optimiste … alors, la muraille psychologique prend l’eau et … la première larme gironde s’élance et la montée de l’émotion du dernier souffle dans ce parc public pour un dernier regard et puis une dernière bolée de Librax et je vais rentrer à la maison, ma solitude sous le bras et …

— Alors, commère ?
— Il s’est pendu hier au soir, à la pleine Lune, le pauvre homme …
— Remarquez, avec un tel handicap …

© Max-Louis MARCETTEAU 2018/2019

Pas un joint, pas un mollusque, mais un cône …

Oeuvre de Rob Scotton

Oeuvre de Rob Scotton

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Ce matin, je me réveille avec la seule image restante de ma nuit : un cône. Pas un joint, pas un mollusque, mais un cône de chantier dit aussi un plot. Je me demande si ce rêve n’est pas fallacieux. En effet, quelle idée a celui-ci d’exposer, d’imprimer et faire retenir ce genre de signe.

De signe ? Pourquoi ce mot me vient à l’esprit ? Un bouche-trou qui m’évite d’atteindre une profondeur neuronale inattendue ? Une absence comme un vide … abyssal ?

Bref, comme chaque jour, je me seringue du positif pour commencer au moins ma matinée, voire terminer ma journée … avec le sourire ou carrément m’enfoncer dans le mutisme sans connaître le langage des signes …

Je vais sortir du lit au sombre de la pièce. Ma chandelle en attente de faire office de lumière du pauvre n’a plus le souffle de me tenir compagnie et j’ouvre les volets trop souvent Cassandre quand mes yeux fatigués se figent sur un ciel de fin du monde …

J’enfile mes chaussons et la terminaison de chacun de mes orteils détecte une chaleur chaleureuse qui se faufile dans mes fibres jusqu’à la moelle …

Et puis, je me dis qu’en toute sobriété, je me dois de revenir à mon état initial … de dormeur, et élucider le pourquoi, du comment de ce cône …

— Alors, voisine ?
— Alors, il vient de passer par la fenêtre de sa chambre de rez-de-chaussée …
— Et ?
— Son somnambulisme m’inquiète. Il s’en prend aux plots de la rue en travaux … et il les emporte … une vraie rapine à ciel ouvert …
— Mauvais temps pour lui …

© Max-Louis MARCETTEAU 2018/2019

Luit à l’ombre le clair obscur ce fard

Oeuvre de Tsukioka Yoshitoshi

Oeuvre de Tsukioka Yoshitoshi

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Luit à l’ombre le clair obscur ce fard
Du visage ovale déterminé aux dards
Tes yeux me transpercent au poison
Silencieux la nuit s’offre à l’autel désir
Tu me quittes dépossédée de mon ire
Je reste seul dans la voiture en oraison …

Le madrigal dicté, mon Léonard, de service, le calligraphie, et va le remettre demain à ma tendre so fuckinspecial. On peut être amoureux d’une putain et l’aimer par les mots aussi bien que tout autre femme de Grasse … par exemple …

Au parfum de ton absence, j’interroge le miroir de la salle de bains et je te dis :

Regarde-moi d’un tout et d’un rien
Dis-moi que je suis un bon à rien
Tes chaînes je n’y peux rien
Je suis un sot rien

Et tu me regardes quand même .. tes mots d’amour sont un cadeau, chaque jour j’en paye la chance et la joie de t’aimer de corps et de sentiments vrais.

Dans J-11, j’aurai la somme totale, ton “rachat” auprès du taulier qui t’embauche. Tu n’as pas de prix et pourtant on me somme que tu es une marchandise, et ce transfert n’est pas humain … foi de souteneur …

© Max-Louis MARCETTEAU 2018/2019

Nul besoin de tenir une promesse pour trahir.

Oeuvre de Timothy M. Parker

Oeuvre de Timothy M. Parker

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Nul besoin de tenir une promesse pour trahir.

Je t’ai regardé, tu m’as souri, j’étais mal à l’aise, tu m’as pris la main, tu l’as embrasée et tu es partie.

Tu m’as pardonnée et je suis resté assis sur ma chaise de cuisine comme un idiot; j’étais saisi comme à l’intérieure d’une pomme au four qui ne sait à quel réchauffement climatique elle va être cuite, à point ou grillée dans son jus …

J’étais lié à mon environnement et à ma bêtise et mes doutes chimériques prenaient tout mon temps de raison pour ce temps de déraison, je devenais mon ensorceleur et mes victimes étaient des moi-mêmes qui se prenaient pour des autres …

J’ai le ruissellement de ma solitude qui s’infiltre dans les interstices de mon anxiété et le nocturne fait sa place, son nid, son lit, sa construction dans le plein jour de la vie, et les harpies des cauchemars me dévisagent comme une nouvelle offrande sur l’autel de mes frustrations …

Nul besoin de tenir une promesse pour se trahir.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018/2019

Tout naufrage n’est pas radeau de la Méduse …

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J’ai ma mustang qui m’attend devant la porte et je crois que je vais partir … à pieds… nus… ainsi le contact de la nature me sera salutaire, car aujourd’hui j’ai perdu trente-quatre millions … Je sais, c’est peu, pour certains, mais depuis le début de l’année je ne fais pas des merveilles dans mes investissements et mon capital s’émiette dangereusement à nourrir des autres moi-mêmes rapaces de la finance …

Il fait un temps comme je les aime : entre les Bermudes et les Canaries. Je vais de ce pas rejoindre mon moulin posté en une hauteur qui domine les nuages … non, moins que ça, beaucoup moins …

Il est beau en cette construction d’une stature presque militaire en ce garde-à-vous impeccable, il défie les tempêtes qui hurlent sur ses ailes qui pourraient tracer la mappemonde tant ces vents peuvent en raconter les reliefs… il est imperméable, et résistant à tout … un exemple, pour moi

Je prends mon sac à dos et me voilà sur le chemin. Tout est beau … étrangement beau … avec ce ciel qui commence à criser avec des nuages gris… il ne va pas tarder à mouiller … il n’est pas temps de musarder … je cours en petites foulées… c’est raide et les cailloux ne font pas de ce trajet un moment de sinécure …

Et me voilà devant la porte de mon moulin … il fait parti de mon domaine immobilier multilatéral … enfin, il faisait parti … je viens de le perdre ce matin … c’est un signe …

En contre-bas de la falaise, un autre sol ….avec une barque et l’océan comme un appel … vers une nouvelle aventure … peut-être … tout naufrage n’est pas radeau de la Méduse …

© Max-Louis MARCETTEAU 2018/2019

Au coup du sort ou au coup de rien

Donald_MP_Numero_238_1999

Donald_MP_Numero_238_1999

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Je voulais crier : place, place, place …

Et me suis accroupi sous ce réverbère … isolé … comme lui, mais lui est lumineux… il paraît presque intelligent, anime une ambiance… et, lui, au moins, il sert à quelque chose, même que les chiens pissettent sur son pied…

Mon exposé sur ce lampadaire est une diversion … un leurre … une échappatoire à m’éclairer par d’autres pensées …

J’ai le sang tout glacé tout d’un coup et la peau sûrement d’un violet pas catholique … j’ai faim, j’ai grand faim d’un repas de vie de vivre. Le fatal engouement à mourir est bien trop ancré dans mon esprit pour que je puisse m’en sortir … vivant.

Je ris de mon auto-dérision et puis j’essaye de pleurer de toutes les larmes de mon corps … qui n’a plus rien donner … c’est pathétique …

Je me relève. Je marche droit devant au coup de pot ou au coup du sort ou au coup de rien, je fais du pas à pas à défaut du porte-à-porte le trottoir d’ici est le même que celui de là-bas et mes joues se creusent avec les dents de la nuit et ce lampadaire qui me suit comme un fantôme éclairé de bonnes intentions … je rage de toutes mes dents et mes pieds qui se tordent sur les nids-de-poule des regards décroisés des passants et puis l’un a dégusté de mon poing dans le ventre comme mon ventre me fait mal à se faire la malle mais reste accroché à la texture de son moi, c’est-à-dire moi et je m’écroule sur le matelas de chair qui s’abat sur ce trottoir défiguré et le doute de ma mort me traverse comme un éclair …

© Max-Louis MARCETTEAU 2018