Sa lampe adhère dit-il illuminé… 9/…

Photographie Iotop_2022

Pour la deuxième fois, voici une autre histoire mais cette fois-ci de lampadaire à 4 mains sur une idée de Firenz’ du blog La plume de mouette. Chacun de nous fait paraître le texte de l’autre sur son blog et une photographie.

Chapitres 1 ICI et 2 ICI et 4 ICI et 6 ICI et 8 ICI et 10 ICI ou l’ensemble des chapitres ICI


La Russe autorité avait entrepris de soulever la trappe à nouveau. La grouillance souterraine n’avait point faibli, c’était comme une ligne de métro ou deux, aux heures de pointe et en temps de grève. Réalisant qu’il avait presque cohabité et même protégé ce microcosme sombre et peut-être gluant, Sieur réverbère faillit tourner de l’œil et du bec de gaz.

— Mais qu’est-ce donc que cette affaire ? est-ce que quelqu’un peut m’éclairer ? demanda-t-il d’une voix blanche. Il ne diffusait plus à présent qu’une lueur blafarde.

Tous se penchèrent à nouveau sur le monde miniature. Une main caressant leur barbe, les deux nains bredouillaient des sons inintelligibles ponctués de « c’est pas ça qu’on attendait », ou de « Mais à quel moment la légende s’est-elle embourbée ? »

Le Prince russe écarquillait les yeux pour tenter d’apprivoiser l’obscurité jaillissant de cet univers différent. La luciole, quant à elle, ne semblait pas émue outre mesure et continuait à papillonner, ici et là, en toute légèreté.

— Regardez ! croassa Kremaloff. Regardez cette foule d’insectes rassemblés et collés les uns aux autres ! ça pullule et ça bouge comme la plèbe attroupée au moment des soldes, ça gigote et ça remue et ça parait immobile à la fois. On dirait une toison noire, un pelage plein de pattes ondulant sous l’effet d’un vent stagnant… ! Que diable se passe-t-il dans ce recoin lugubre ?!

Les nains s’étaient tus, le lampadaire avait des remontées acides, la luciole souriait. Et tous, tous, avaient les yeux fixés sur la masse sombre.

C’est alors que s’éleva un chant au-dessus des têtes, une mélopée émergeant d’un autre espace-temps, une mélodie pentatonique parfois aigue et parfois grave, accompagnée de stridulations et de soupirs légers. C’était Luciole qui chantait, les ailes habillées de couleurs précieuses et déployées selon le tempo, dévoilant ce faisant un peu plus de ce que sa nuisette dissimulait à peine. Le spectacle était plus que charmant.

A la surprise générale, tous les insectes agglutinés se dispersèrent en dansant-rampant, laissant ainsi voir le trésor qu’ils protégeaient vaillamment.

Alors on distingua la Lucane d’or.

Sous la multitude sexapodée dormait un insecte géant, au corps et aux pattes d’or massif et aux ailes couleur turquoise et Lapis Lazuli.

Déjà à moitié anesthésiés par les chants lucioliques, ceux du dessus de la terre restèrent interdits. Sauf bien sûr le Prince Russe qui ne s’interdisait jamais rien. Et Dame Luciole qui pris son envol, après avoir déposé un baiser sur un œil vitré de Sieur Réverbère. Celui-ci se mit à rougir et à crépiter. Luciole dansa avec frénésie avant de s’engouffrer dans la cavité fantastique, l’éclairant ainsi d’une lumière nouvelle….

(texte Florence)

Sa lampe adhère dit-il illuminé… 7/…

Photographie ©Iotop

Pour la deuxième fois, voici une autre histoire mais cette fois-ci de lampadaire à 4 mains sur une idée de Firenz’ du blog La plume de mouette. Chacun de nous fait paraître le texte de l’autre sur son blog et une photographie.

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C’est lorsque la grande perche lumineuse fit un pas de côté que le Prince Kremaloff se réveilla. Et c’est lorsqu’il se réveilla qu’il se rendit compte qu’il s’était endormi.  

— Sacrebleu, comment ai-je pu m’endormir à pareil moment ?! J’ai assurément perdu la tête et le fil de tous les événements, c’est la raspoutitsa ! 

Il se souvint alors que la Luciole avait laissé choir quelques cristaux lumineux sur les couvre-chefs des nains, mais aussi quelques paillettes sur son propre carafon. Un rien fanfaron, il avait toujours aimé les paillettes, il avait donc accueilli celles-ci avec plaisir et entrain, quelques-unes dans les mains, le reste dans sa bouche grande ouverte. Il réalisait à ce moment qu’il s’agissait en fait de poudre de perlimpinpin, de celle qui vous méduse, vous assomme et vous endort. Il s’était fait berner comme un bleu et en était tout déconfit. 

Les nains avaient négocié le déplacement du lampadaire sans trop de difficulté car la Luciole s’en était mêlé et avait obtenu l’accord à grand renfort d’yeux doux et de promesse de futures étincelles à deux.  

Dans le carré libéré par la perche majestueuse, la terre ne demandait qu’à être retournée, retournée un peu plus car elle l’était déjà par tout ce changement. Pensez donc, elle venait d’être affranchie du joug de la fée électricité et pouvait à nouveau rêver  la torche du soleil.  

On remua la terre, un peu, beaucoup, sous l’œil goguenard de Sire Réverbère et le sourire malicieux de Dame Luciole, jusqu’à ce que le bruit des pelles change, s’assourdisse, et que l’on mette à jour une trappe. Au centre brillait un médaillon d’argent représentant un être fantastique et inquiétant dans la bouche duquel se trouvait l’anneau qui permettrait de soulever la trappe. Étonnamment, ou pas, des sons filtraient à travers les jointures, des sons comme de la musique, une musique comme une invitation. Alors les efforts des deux frères se combinèrent pour soulever la plaque de bois vermoulu. Ce qu’ils découvrirent sous cette plaque les laissa sans voix…  

(texte Florence) 

Sa lampe adhère dit-il illuminé… 5/…

Photographie iotop 2019

Pour la deuxième fois, voici une autre histoire mais cette fois-ci de lampadaire à 4 mains sur une idée de Firenz’ du blog La plume de mouette. Chacun de nous fait paraître le texte de l’autre sur son blog et une photographie.

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— C’est là, exactement là.
— Tu es sur ?
— Oui, absolument, c’est ce que me disent la carte, la boussole, le sextant et le fil à plomb réunis.
L’ombre immense qui avait surgi était en fait celles superposées de deux nains de bitume. La lumière est trompeuse qui allonge les êtres et diffuse des halos que l’on pourrait peut-être prendre pour des signes, signes du hasard ou symboles christiques…
— Alors, que va-t-on faire ?
— Toi, tu creuses, moi je réfléchis.
— Tu réfléchis à quoi ?
— Je réfléchis la lumière, bougre d’andouille, il faut bien que je t’éclaire !
— Et je creuse où ?
— Eh bien, là, sous le lampadaire.
— Oh là, qui va là ?!, gronda l’illuminé perché. Que vois-je ? Deux nains de jardin équipés de pioches et piolets ? Vous cherchez Blanche-Neige ? Eh bien sachez qu’il y a un bon moment qu’elle a décampé !
— Nains de jardin ? Vous vous méprenez. Il y a surement longtemps que vous n’avez vu un carré de pelouse pour ainsi divaguer. Nains des villes nous sommes, nés en zone urbaine de père en fils depuis au moins quatre générations. Regardez donc nos cravates !
— Qu’est-ce qui vous amène ici ? fulmina la perche flamboyante.

La luciole mâchouillait une brindille sortie d’on ne sait où, et observait la scène, amusée. Libre comme la lumière, elle s’était échappée de la gibecière et voletait ici et là pour mieux se réjouir du grand bazar qui s’annonçait.

Quant au Prince Russe, flairant l’embrouille, il se dit qu’il n’allait pas lanterner longtemps ici. Il voulait à tout prix éviter une rencontre avec les forces de l’ordre. Tant pis pour son breuvage divin et pour la divine bestiole, il lui faudrait trouver une prise à jus pour samovar ailleurs, et une autre attraction insectifère. Il s’apprêtait à tout remballer, quand les mots du plus petit des nains vinrent lui titiller les oreilles.
— On vient chercher notre trésor, vous êtes assis, ou plutôt planté, dessus…
Son frère ainé lui colla une taloche pour le faire taire, mais le mal était fait. Le trésor venait, en quelque sorte, de changer de futur propriétaire…

(texte Florence)

Sa lampe adhère dit-il illuminé… 3/…

Oeuvre de jideair – Fusain, charcoal, petit format : Blog

Pour la deuxième fois, voici une autre histoire mais cette fois-ci de lampadaire à 4 mains sur une idée de Firenz’ du blog La plume de mouette. Chacun de nous fait paraître le texte de l’autre sur son blog et une photographie.

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C’est à moi qu’il parle le goujat ?! Quelle vulgarité ! Il se prend pour qui ? Il me prend pour quoi ? Imagine-t-il que je vais m’abaisser à lui parler d’égal à égal ? Que nenni, la condescendance s’impose. Le rustre ne parait bien mal éclairé, et je parie qu’au Siècle des Lumières, Voltaire n’aurait même pas voulu de son eau chaude pour mettre dans sa bouillotte les soirs d’hiver. 

— Qu’est-ce ? Qu’ouïe-je ? Que sens-je ? Quel est ce chien qui vient se soulager à mon pied ? Pouah, quelle odeur infecte !

— Eh oh, le lampadaire, je ne suis pas un chien, parle-moi autrement ! Je suis le Prince Erbeir Kremaloff, descendant de Tzar. Prince déchu, certes, déchu mais aussi déçu de l’accueil que ton pays réserve à la noblesse slave. Aucune déférence, aucune révérence, et me voilà réduit à brancher mon samovar électrique au pied d’un bec de gaz.  

— Bec de Gaz ?!!! Oh je sens que la moutarde me monte au nez, et vous êtes bien chanceux que je ne sois pas à gaz, malappris, mes émanations vous auraient couté cher ! Expliquez-moi comment vous pourriez brancher votre samovar électrique sur un bec de gaz, mÔssieur Kremauzeux ? Je suis électrique, moderne, stylé, classé, admiré, et UTILE moi ! Quant à vous, il semble que l’on vous ait coupé la lumière et que vous ayez de l’éclairage public des connaissances qui frôlent l’obscurantisme.

— Oh là, monsieur le lampion, ne vous énervez pas ! Il s’agit d’une simple méprise. Faisons la paix, voulez-vous ? Si vous le désirez, je m’en vais quérir un tuyau d’arrosage, j’en ferai une paille et vous pourrez gouter mon délicieux thé russe.

— Lampion, moi ?! Vous m’insultez !! Et vous croyez que je vais gouter à votre soupe au caillou ? Non mais, il rêve, Erbeir ! Hors de ma vue, galapiat, ou je vais me mettre à clignoter si fort que toute la rue en sera alertée !’ 

(texte Florence) 

Sa lampe adhère dit-il illuminé… 1/…

Lampadaire_vision_Iotop_2021

Pour la deuxième fois, voici une autre histoire mais cette fois-ci de lampadaire à 4 mains sur une idée de Firenz’ du blog La plume de mouette. Chacun de nous fait paraître le texte de l’autre sur son blog et une photographie.

Chapitres 1 ICI et 2 ICI et 4 ICI et 6 ICI ou l’ensemble des chapitres ICI


Il semble que le jour soit sur le point de tirer sa révérence et moi je dois me mettre au taf. J’aime pas l’hiver, l’hiver il faut que je bosse davantage, je commence tôt et finis tard. Ces efforts ne sont nullement récompensés, pas plus de ménagement, pas de meilleur traitement et je n’ai jamais entendu parler d’un syndicat des réverbères. Je suis donc bien seul face à mes tracas.

Éclairer le monde et la nuit, ça n’est pas une sinécure. C’est affronter tous les temps, grelotter l’hiver et suffoquer l’été, sans que jamais personne ne songe à me protéger, d’un parapluie, d’un parasol, ou d’une couverture. C’est rester planter là, sans bouger, sans grande interaction avec les humains. A part, bien sûr, ces gluants aux mains poisseuses qui s’appuient parfois sur moi au cœur des nuits trop arrosées pour vomir leur excès d’alcool sur mon pied. Ou ces femmes peu vêtues qui m’utilisent pour mettre en lumière leurs atours et vendre à qui le veut ce qu’il leur reste de vertu. J’m’ennuie. Je suis seul ou mal entouré, et de ces humains je n’éclaire que les calvities ou la racine des cheveux, voire les poux. Moi râleur ? Non, réaliste.

Éclairer le monde ici, sur ce bout de trottoir, quel triste sort ! j’aurais préféré être un phare et souligner l’écume des vagues, guider les navires de tout poil tout en faisant la cour aux sirènes… Dans mes rêves les plus fous, je suis une étoile, et c’est sur l’univers entier que je scintille comme une petite loupiotte. Parfois même, je m’imagine soleil ! Soleil, ça a de la gueule, non ? Mais je m’emballe, je m’emballe, et le réveil est toujours brutal sur ce morceau de bitume… Mais qu’est-ce que je sens-là ? D’où vient cette chaleur qui m’empoigne ? c’est quoi cette odeur ?

(Texte Florence)

Agenda Ironique Mars 2019 – Résultats

lampadaire_beaulieu_2019

lampadaire_beaulieu_2019_iotop_2019


Nous voici au troisième volet de cet Agenda Ironique Mars 2019 avec pour thème : le lampadaire.

Les différents liens : ICI et ICI

1) Gagnant :

 – Il apparaît à la majorité des voix que la gagnante est :  Anne Coquelicot .

Cette mouture a apporté des univers  aux horizons divers et variés et tous avec une luminosité différente et attractive.

 

2) Organisateur

 – A une forte majorité, le nouvel organisateur de l’Agenda Ironique d’Avril 2019 est une … Organisatrice … (si elle accepte cette mission) :  Anne Coquelicot que nous ovationnons avec enthousiasme.

Merci à tous : lectrices, lecteurs, auteures, auteurs, et pendant que j’y suis le … monde entier et l’univers (soyons fous).

Mise à jour le 03/04/2019 :

Et pour participer à l’Agenda Ironique d’Avril c’est ICI   chez Anne 🙂

iotop 2019

Ce n’est pas du pavé de bœuf

Participation à Agenda Ironique de Mars de l’An 2019 (Vous avez jusqu’au 27 mars 2019)


Ici, la nuit n’a pas son mot à dire. Non, non. Ils sont tous aux garde-à-vous, lumineux cyclopes. Leur immobilité sonne un air d’éternité. Un tunnel, sur ce pont, dans la nuit fendue de part en part, forme rempart, dans un silence …

Le pavé de premier rang à droite est, aussi, silencieux. Et puis, un cliquetis étrange peu coutumier des environs… un cliquetis qui s’amplifie comme une souffrance qui s’offre les grands boulevards du chagrin, du sinistre, du lugubre … du malheur. Cependant ce cliquetis nuance sa partition, il devient comme ce goutte à goutte de robinet au joint usé, il perle…

— Mais il perle où, ce cliquetis ? dit le pavé du premier rang à droite, en se soulevant de quelques centimètres et se repositionnant aussitôt.
— Je ne sais pas, répond le pavé du premier rang à sa droite, qui pareillement à son congénère se soulève de quelques centimètres …
— Moi, je sais ! annonce le lampadaire à gauche, à droite en troisième position.
— Tu sais quelque chose, toi ? rigolent les deux pavés, en se soulevant …
— Vous êtes impertinents. Je ne dirais plus rien ! s’ébroue le lampadaire vexé.
— Allons, ne fait pas ta mijaurée, ma grande, lui dit le lampadaire à sa gauche.
— « On », me considère comme un lumineux bon à rien, alors que je sais moi d’où vient ce cliquetis.
— Bon, alors, dit voir, impose une voix, celle de maître pavé qui a connu 1789.
— Non !
— Tu vois, il recommence à bouder comme la dernière fois, dit le pavé du deuxième rang à droite du pavé de gauche.
— Non, c’est non !
— Bon … on peut négocier ? dit le pavé du premier rang à droite.
— Négocier quoi ?
— Je ne sais pas moi, un séjour d’une semaine à Chesterfield, en plein centre-ville, ça risque d’être chouette, non ? dit le pavé à gauche de la droite du sixième rang en partant du troisième pavé tagué.
— Et pourquoi pas sur l’Île de Pâques, hein ? Non, non … s’il faut négocier … eh bien je veux un nouveau visage … en leds … bleus …
— C’est les plus chers ! s’affole maître pavé qui a connu des mains sanguinaires de 1789.
— Bon … je ne veux pas vous contrarier, mais il m’énerve ce cliquetis … j’ai l’émétique aux bords des arêtes… ! énonce fort, le pavé du quatrième rang à partir du centre.
— Et un tour du monde sur le bateau Atlantique … ? dit un ancien pavé de la Commune.
— J’ai le vertige … dit le lampadaire à la voix divagante.
— Le vertige ? et le mal de mer, il compte pour du beurre ? dit le pavé de la huitième rangé à gauche en partant du milieu.
— Non. Mais tu t’imagines déjà à six mètres de haut ? Bon, eh bien suppose que je sois fixé sur un socle de ce bateau … qui navigue … et bien, j’ai le vertige moi, monsieur Du Pavé … et ne vous en déplaise.
— Bon, alors … va pour les leds bleus … dit résigné le pavé du troisième rang de la gauche de la gauche.
— De toute façon, je ne vais pas de suite vous dire d’où provient le cliquetis … non, non … il faudra me poser des questions …
— Jouer aux devinettes … c’est ça ? questionne, le pavé du dixième rang au centre droite … un peu décaler de l’angle gauche.
— Exactement !
— Eh bé, on n’est pas couché ! rétorque le pavé intérimaire, bien propre.
— Qu’importe, j’ai tout mon temps moi ! dit le lampadaire qui campe sur sa position par défaut, qu’il ne peut s’extraire de sa condition.
— Il m’énerve ce lampadaire, il m’énerve … dit le pavé du premier rang à droite.
— On se calme, dit le pavé de 1968.
— Alors, ce cliquetis est-ce qu’il perle sur la première rambarde à ta gauche ? dit le pavé ébréché à gauche du deuxième clou du passage piéton.
— Non.
— Est-ce qu’il est d’ici ? dit le pavé intérimaire, bien propre.
— Euh … je ne sais pas.
— Il ne sait pas ! Elle est bien bonne ! dit le pavé revenu de convalescence après un heurt avec … (lui-même ne sait plus).
— Et oui, je ne sais pas ! De toute façon cela n’a aucune importance.
— Comment ? Aucune importance ? Dis-moi, tu veux me tâter tête d’ampoule ? Et ce n’est pas du pavé de bœuf, dit le pavé en droite ligne et perpendiculaire au lampadaire, juste au-dessous de lui.
— Me menacer… il ferait beau voir (et pas Simone) … c’est bien … la première fois… dit le lampadaire en émotion neuf Beaufort, qui d’un élan de confusion interne se grille d’un coup.
— Messieurs ! messieurs les pavés ! Il va s’en dire que cet incident est regrettable, très regrettable, s’électrise en clignotements irréguliers le lampadaire en tête de colonne en partant du coin gauche à … droite.
— Nous, on veut savoir d’où il vient ce cliquetis et puis c’est tout ! dit un pavé romain en vacances.
— Vrai, nous on n’est pas là pour « Jeter un pavé dans la mare » dit un pavé excédé, exilé de la rue Colbert de Tours, et tous les pavés de rires par des battements à faire trembler le pont et les socles des lampadaires qui commencent à blanchir dangereusement signe d’une éventuelle syncope collective.
— Messieurs ! messieurs ! je vous en prie … messieurs les pavés! reprenez-vous ! reprenez-vous, dit le lampadaire deuxième du nom après le lampadaire en tête de colonne…
— …
— Merci messieurs d’avoir repris vos esprits et je vais vous dire de suite d’où vient ce cliquetis qui perle fortement et vous irrite … c’est une bouteille d’eau de belle nature … une eau des montagnes de beau caractère … qui vient de suicider par starification… sous l’arche droite du pont … ne me demandez pas comment elle est arrivée là … et le pourquoi de son geste … même s’il est pour nous évocateur d’un abandon de pureté, d’honnêteté, d’authenticité … mais je souhaite dire, en chœur, avec mes congénères ces quelques mots, de recueillement, en litanie : « Les réverbères dorment allongés dans l’espace » (*)… avec vous, car nous sommes différents mais nous sommes depuis la nuit des temps sur la même voie …

© Max-Louis MARCETTEAU 2019

(*) : Edmond Jabès – « le milieu d’ombre » – 1955.

Agenda Ironique de Mars de l’An 2019

Lampadaire_st_herblain (photo iotop 2019)

Lampadaire_st_herblain (photo iotop 2019)


Bon alors, je m’y colle pour la deuxième fois et donc je suis un peu moins fébrile.
Je ne suis pas très prolixe sur ce genre de domaine et pour informations voici des liens (la genèse) : ICI ou ICI

Et celui du mois de Février : ecriturbulente

Le thème : Lampadaire

J’explique : je suis un fétichiste des lampadaires (ne riez pas, je vous vois). Le lampadaire, dont les ancêtres devait être le flambeau puis le bec de gaz (pour faire court) n’est jamais mis en lumière et même en plein jour, de sa hauteur, il n’interpelle pas le commun des mortelles et pourtant … et pourtant, je vous propose de composer un texte (prose ou poésie – long ou court) sur cet « objet » urbain (ou pas) dans le genre qu’il vous plaira (fantastique, utopique, commun, journalier, romantique, animalier … ou même un lampadaire perdu sur la planète Mars)

Et pour « faire » bonne mesure, quatre mots imposés :
– Chesterfield
– Émétique
– Atlantique
– Évocateur

(vous pouvez les placer dans le désordre ou l’ordre et même en faire des anagrammes ou les triturer selon votre bon vouloir).

– Date du 1 mars 2019 au 27 mars 2019
– Vote du 28 au 31 Mars de la même année.

Faites savoir par un commentaire et un lien quand votre œuvre est en ligne sur votre blog.

A vos lumières … euh vos plumes éclairées … 🙂

Iotop 2019

1) – Le 03 mars 2019 => Texte de Jobougon : Le dessus des mots.

2) – Le 08 mars 2019 => Texte d’Adrienne : F comme Flaubert

3) – Le 08 mars 2019 => Texte d’Anne Coquelicot : En attendant le bus

4) – Le 08 mars 2019 => Texte 1 de CarnetsParesseux : Sa soeur, l’étoile en plein ciel

5) – Le 09 mars 2019 => Texte de Patchcath : Les maux sans dessus-dessous

6) – Le 11 mars 2019 => Texte de Palimpzeste : Réverbères blancs de nuit

7) – Le 12 mars 2019 => Texte/Commentaire de La Plume Fragile : Sous les feux d’un lampadaire   Chez CarnetsParesseux

8) – Le 13 mars 2019 => Texte de Victorhugotte : Melo sous les lampadaires

9) – Le 18 mars 2019 =>  Texte de Max-Louis : Ce n’est pas du pavé de bœuf

10) – Le 18 mars 2019 => Texte de Les Petits Cahiers d’Émilie : L’effet réverbère

11) – Le 18 mars 2019 => Texte de Chachashire : Le lien de Chesterfield

12) – Le 20 mars 2019 => Texte 2 de CarnetsParesseux : De graves et gros personnages

13) – Le 26 mars 2019 => Texte 1 de Écri’turbulente : Indomptable nature

14) – Le 26 mars 2019 => Texte de Palette d’expressions : Je rêvais les étoiles

15) – Le 27 mars 2019 => Texte 2 de Écri’turbulente : Le Lampadaire et la loupiote

 

Un délire décompté

Oeuvre de Karl Edvard Diriks

Oeuvre de Karl Edvard Diriks

Blog popinsetcris contrainte écriture (mots définitions)


Je m’appelle Salin de Guérande et j’écume les bars qui s’ouvrent encore à moi.

Je suis l’Estropié… et la gueule de bois six jours sur sept. Le septième jour c’est le repos de la… bouteille.

Il est lundi, trois heures du matin, les copains ne devraient plus tarder. Je suis allongé sur mon banc favori, sur la jetée accompagnée du seul lampadaire avec cet air triste en lumière comme un veuf qui s’est ouvert le cœur le jour de l’enterrement de sa moitié d’âme…

J’ai les écoutilles fermées et les esgourdes bien ouvertes. À quelques milles de là, les vagues très lointaines me parlent à tintinnabuler les nouvelles. Les premiers arrivants vont bientôt émerger, bordés par l’écume comme un linceul et briser ma solitude quelques instants. Ils me parleront de Trafalgar, je vais sourire.

Pourtant, il est écrit dans le fond de mon abyme que ce nouveau jour doit être différent comme un passage dont le destin en panne d’inspiration a écrit un scénario bien faisandé ou est-ce le delirium tremens qui avait son mot à dire ? Et pourtant je suis à mon jour d’abstinence.

J’entends un bruit, une onde brusque entre les vagues régulières qui s’agitent, des frissons de gouttelettes perdues dans l’axe du devenir. J’ouvre les yeux, me redresse, le lampadaire s’éteint… et a ce moment-là une partie de moi se refuse à admettre l’impossible ou possible réalité : un dragon à un demi-mille fonce vers ma direction. Pas un dragon de conte de fée. Non, non, non… un drakkar qui flambe de sa poupe… une vision surréaliste, un moment de pur délire et pourtant, je vois des ombres se jeter dans l’eau qui par endroit tourbillonnent comme affolées de ce tourment inhabituel…

Je me lève avec cette fureur inconnue de mes organes, de mon cerveau dépouillé du bon sens de la vie… ce ne sont pas mes copains les fantômes du Bucentaure, non… je reste pétrifié un instant quand ce ciel chamarré de quatre heures trente du matin ouvre à mes yeux étonnés un tourbillon brillant immense qui aspire ce drakkar sans un bruit.

Et puis tout redevient normalement calme, le lampadaire à griller sa tête d’ampoule et je me rassois le signe de croix à l’envers… demain, j’arrête la picole et me fais conteur d’histoires fantastiques…

— Tu te rends compte, on vient de repêcher le vieux Paul dans les filets du chalutier l’Escaubar… le pauvre après un énième délire, il a dû tomber à la baille…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Un couple lumineux

Oeuvre de Lorène Barioz

Oeuvre de Lorène Barioz

Le hibou de service, pris en flagrant délit

De fermer l’œil en ce jour de pleine Lune,

Fut condamné à ululer du lundi au samedi,

Au pied du nid de sa maîtresse d’infortune,

Son effraie, une berceuse d’antan, sur le dos !

Sa mélodie imposée fit dormir les mulots,

Souris et autres campagnols et ainsi l’éleva

Au rang de grand échassier devant la risée

D’une chouette compagnie et bien au-delà

De la campagne environnante, qu’il fut blasé !

Devenu vagabond, il rencontra un lampadaire,

Déclassé d’une zone urbaine, dans une cave,

Une nuit de grand froid, sous un ciel d’épaves,

Qui l’éclaira sur les affres de la vie routière !

Morale :

Les contraires s’attirent, c’est bien connu !

©Max-Louis MARCETTEAU