Rien ne sert d’être gentil, il faut accrocher les wagons des sourires…
L’apparence de cette affirmation n’est pas un leurre ni de la poésie en catalogue et je ne veux pas me comporter comme un cachalot à la couleur outremer et passer outre à déclarer à la douane de l’outre mesure mon désarroi sous les yeux du tout outre vide, le f perdu, dépossédé de son précieux bien de survie au désert de l’incompréhension…
Bref, quand l’insolite prend sous le bras le frisson, rien ne sert de prier devant le Grand Tout mais prendre ses jambes à son cou (même pour un yogiste averti) et courir très très très loin de toute appréhension malsaine et se cacher sous le regard du ridicule sous le radar des faits divers des podiums des m’as-tu-vu que le premier pingouin (tenu à ne pas être manchot), qu’aucun froid du ridicule ne peut atteindre, demanderait un autographe à chaque vainqueur…
De fait, je ne veux pas citer ici le mot youpi au détriment d’une incongruité mal fagotée qui pourtant aurait la meilleure place, et se rendre compte que la démone de la bi-za-rrrrrre-rie, elle, ne rit pas, même sous les bras, même en danger…
Aussi, je ne souhaite pas être détecté dans ce couloir des phrases égarées et rentre directement après le point final … moi qui rassemble la part d’ombre des non-dits de la page… moi, la tache d’encre… blanche…
« Elle a du chien, mais rien d’autre» disait-il, dans sa barbe buissonneuse genre pierre ponce, la pipe galbée ancrée sur le côté gauche, la lèvre inférieure en porte-à-faux.
Elle, Symphronie, jouait de la musique ou bien est-ce la musique qui se jouait d’elle ? Son instrument était docile, pliant sa volonté de prendre la première découverte en ré-mineur, ce qui semblait à l’écoute à Louis une dissonance généreuse et insupportable à la fois qui l’incommodait le jour de son repos et l’obligeait à camper volontairement chez Gladys, sa logeuse, une blonde qui ne savait repousser l’homme et repasser ses envies …
Aussi, Louis, après la vigoureuse activité charnelle pour sa gourmande, pouvait à loisir dormir dans la nature d’un lit qui était matelas d’apaisement tant le soleil de Gladys avait rayonné en lui comme une route joliment décorée de fleurs sauvages aux parfums enjôleurs.
Cependant, à ce moment plaisant et ardent, il devait rejoindre sa Symphronie en nomade averti qu’il devait répondre par sa présence de sédentaire mari pour sa liberté d’amant et ainsi tenir le feu amoureux que couvait un esprit forain dont le froid n’avait prise avec les années … d’habitudes.
Ta vie, ton chat, ton travail, ta voiture, tes chaussures, … et ton regard qui traverse ma vie sur l’autoroute de ta réussite … basta !
Non ! Je ne délire pas ! Je suis conscient, pleinement, entièrement, totalement que j’en ai le vertige d’une Tour de Pise… notre vie à deux n’est que l’œil de bœuf dessiné au grand jour de ta personne à la passion de Toi sur ma terrasse destin dessinée par Toi et dont aujourd’hui je me destitue par ce ras-le-bol jusqu’à la dernière goutte…
Libre ! Libre de danser avec la première blonde venue, de copuler avec la dernière brune arrivée en bikini sur la plage, de dormir et ronfler toute gorge déployée du samedi au samedi suivant, de tenir toute la nuit saoule comme un goret le jour qu’il me plaira … enfin de retrouver l’homme qui est en moi qui ne demande qu’à sortir au grand jour … foutre Dieu …
Ne dis rien ! Reste sur ton piédestal au thermomètre du zéro absolu de ta compassion et ne viens pas tousser sur ma décision voir cracher comme le sportif après l’effort sur la pelouse de la défaite au sourire en ombre telle la fraîcheur d’une provocation qu’un beau bleu ne vaut pas une belle tache rouge sur un blanc de l’œil retourné de l’iniquité.
J’étais depuis trop longtemps englué par ton aura maligne et insolente jusqu’au froid de la castration moi qui t’ai permis de m’envoûter de m’enflammer tu m’as abusé indécente.
Ma fin est proche et le souhait enfin de prendre les voiles à plein vent de bourrasque tout du long de mes dernières lignes permettra d’éventer ton emprise et de…
Il est trois heures du matin. Je me confectionne une tartine de miel sauvage. La Lune s’invite et le chat s’interroge.
J’ouvre la fenêtre. La nuit empeste l’orageux.
Je mâche tranquillement. L’océan ressemble à une perle.
— Tu fais quoi ? interroge ma compagne du moment qui s’est engagée nue et pieds chaussés sur le carrelage en terre cuite à me poursuivre sur le terrain de ma plénitude.
A quoi bon répondre ? Il y a dans une vie trop de questions, trop de réponses qui saupoudrent le vide d’une relation quand certaines sont des arêtes de poissons …
— Je te dérange ?
Oui, tu me déranges. Tu es ce genre de brebis galeuse de l’inconsistance qui circule entre les lignes de vie et que l’on happe par défaut, par inadvertance, au moment d’une distraction ou d’une envie suite à une possible sécheresse sentimentale comme une crème glacée par un été belle gueule au sourire torride.
— Tu m’écoutes ?
Oui, hélas, mes oreilles s’impatientent de retrouver le sein du silence et m’allaiter du velouté de ma tartine de miel par cette nuit qui repose sous le couvercle d’une cocotte-minute… plein feu…
— Je sais que tu m’écoutes.
Je voudrais traire le Temps et boire les heures vanillées sur la plage de sable des amants qui s’aiment jusqu’au cannibalisme …
— Je vais t’accompagner et me faire un chocolat au lait.
Et pourquoi pas un lait de poule ?
— Tu sais, je crois que nous devrions acheter cette maison. Elle nous plaît à tous les deux. Qu’est-ce que tu en penses ?
Je ne pense rien. Si, je pense au mot : berlingot. Le berlingot nantais… toute mon enfance. Elle me manque cette enfance. Quand il est dit : il faut réaliser ses rêves d’enfance … je ne comprends pas ces propos… j’ai réalisé mon enfance … alors que reste-t-il pour l’adulte que je suis ?
— Et puis, il serait temps … je veux un enfant … tu comprends ?
J’ai l’empressement de partir de suite dans une fusée pour la Lune. Une injonction ? J’ai cette intolérance au présent verbe vouloir : « je veux » … « je veux » … si je pouvais l’incorporer dans un béton bien armé jusqu’à la dernière génération de ce monde terrestre …
— Dis-moi, tu crois qu’il va faire de l’orage ?
Il commence à pleuvoir crescendo jusqu’à dru et l’odeur de la terre et du ciel se mélange tel un explosif …
— Mon instinct me dit qu’il serait temps que l’on prenne une vraie décision … tous les deux …
… quand le savon commence à comprendre que tout le monde s’en lave les mains, il se dit qu’il est temps pour lui de prendre la tangente.
Après avoir été douché plusieurs fois pour des évasions … loupées, il se dit qu’il n’est pas prêt à sabrer le champagne sur la plage de galets de ses rêves et de finir ivre de contentement en compagnie d’une savonnette bien blonde a tous les coins des angles de sa beauté éclairante de promesse.
Aussi il réfléchit à un stratagème à défaut d’écrire par bulles devant la glace toujours de marbre avant qu’il ne finisse à éclater de regrets (à défaut de rire) pour disparaître à jamais comme peau de chagrin.
Son intérieur bouillonne d’idées comme un envol sur la piste de rinçage/polissage après baignade et jeux dans la piscine privée ou de faire croire à la lingère qu’il n’est pas consommable pour sa peau de tendre quadragénaire en devenir d’un nouvel amour à repasser avec le valet de chambre homme de bonnes mœurs.
Il cogite ainsi dans son lit douillet nommé porte-savon quand un léger soubresaut d’une pensée l’éclaire de mille LED effervescentes et qu’apparaît l’image de ses cousins de Marseille embobineurs tchatcheurs à la galéjade en porte-voix interfèrent en voix-off :
— Allô ! Allô ! Allôôôôôôôô !!! ici le porte-savons général de Marseille … — Allô ! Allô … ici porte-savon cousin … je suis en perdition … — Ta position ? — De latitude Pli-En-Deux, de longitude 2-4-ZR-0 — Bonne mère, t’es chez des bourgeois hygiénistes … — Ma sécurité n’est plus assurée cousin … — Hélas, oui … tu vas être définitivement lessivé … — Mon rêve était de couler des jours heureux … — Tu n’es pas dans la bonne case pour coincer la bulle … fin de transmission …
Il comprend qu’il est dans la mousse (et pas en chocolat) jusque là et même au-delà d’ici et son air des bons jours disparaît au sourire de sa destinée qui lui a savonné la planche et pas de surf pour s’encanailler à la Pointe de l’Aiguille … et aucune armure de papier pour le protéger. Non aucune.
Alors … il décide de s’auto-savonner … pour en finir.
J’ai voulu l’accompagner. Elle a dit non. Ce non dans sa bouche raisonne en moi tous les mardis matin à 10h24, l’heure de la signature de l’acte de séparation définitive.
Divorcer n’est pas rien. C’est un tout qui ne laisse rien au hasard. A tout prendre, il ne faudrait rien promettre. Promettre c’est s’engager et s’engager s’est signer un accord … deux accords pour cloisonner le couple.
Aujourd’hui, je maîtrise ma vie… ce qu’il en reste. Ce reste est le fait de la division de nos entités ennuyeuses au milieu d’autres entités assommantes. Et pas un enfant pour solde de tout compte.
Il est mardi matin et je soigne mon oubli au bord de la rivière en compagnie d’une canne à pêche qui semble s’ennuyer au bout de la ligne comme moi au bout du compte.
La canalisation de mes sentiments est une fracture ouverte et j’ai placé une fausse barrière pour la soigner même si je fais semblant de mettre tout en œuvre pour la réparer.
Je souffre à distance. Et rien n’arrêtera cette souffrance. J’en prends soin à la nourrir. Ce lien entre elle et moi nous permet de tenir les longues heures de l’ennui qui nous soutiennent avec ferveur.
Rompre, n’est pas à l’ordre du jour. Jamais. Et me voilà à sourire au bord de l’eau sur un reflet tout neuf qui me fait partager ce moment d’union.
Et voilà que surgit un ornithorynque à la frontière de mon territoire de pêcheur. Et je lui crie :
— Tu vas filer ? hein ! … au trot ! …. animal fumeux… diabolique… tu ressembles bien à mon ex-femme …
— Vous êtes bien tendre mon ami, ce matin. — Je viens vous jardiner ma douce amie. — À mon plaisir d’avoir accepté au bal votre émeraude ? — À votre rayon de lumière qui jaillit de vos yeux entre vos feuillages en ce lever désirable. — Je ne suis pas un arbre, grand vaurien. — J’attends de vous un renouveau de notre amour cendré. — Le Phénix n’est pas à l’ordre du jour et votre espérance me fait sourire. — Je suis encore cette graine qui germe d’un amour vrai en votre territoire. — J’ai bien peur que vous deviez vous contenter de vous-même… — Eh bien, voilà un soufflet qui me contrarie jusqu’à mon chapeau. — Votre chapeau est aussi de la partie à danser avec votre caractère ? — Vous sous-entendez que j’ai pris un coup de soleil ? — J’entends parfois que vous avait à la place de votre cerveau de la mousse. — Il faudrait me ménager… à l’occasion. — Allez courir la gueuse pour vous distraire alors que moi je ne suis qu’une insatisfaite et une drôle de mine…
— Qui est-ce ? — C’est un auteur. — Pourquoi il ramasse des feuilles ? — À broyer des mots aux feux des lignes, je l’ai amené par la douceur à l’engager comme jardinier. — C’est un bon ouvrier ? — Il ne cabosse pas mes plates-bandes… il est au moins bon à quelque chose. — Ainsi vous le maîtrisez. — Tout à fait. Il me doit deux manuscrits, le bougre ! — Il faut bien se payer. — Eh oui, quand on considère qu’il n’a pas toute sa tête… — Qu’est-ce à dire ? — Il a voulu marchander avec une tablette de chocolat… son contrat. — C’est curieux, en effet. — Curieux ? Il avait retiré l’emballage… cela ne se fait pas… qu’est-ce que vous en pensez ? — … — Ne me regardez pas avec votre œil noir des dimanches sablonneux. — Je vais paraître suranné, ou mal convenu… mais… vous semble-t-il être conscient de votre état ? — Et vous-même ? — Moi-même ? — Oui, vous-même ? — Je ne comprends pas… — Vous prenez le risque de déguster… — De déguster ? — Un câlin ? — Euh… je suis un peu perdu dans vos propos… — Vous voyez… vous semble-t-il être conscient de votre état ? — J’avoue que j’ai un tantinet chaud en votre compagnie… — Il faudrait vous prescrire quelques moments en compagnie du jardinier. — Et pourquoi ? — Pour vous aérer l’esprit, tout simplement… une pâtisserie ? — Euh… avec plaisir… — Vous serez très bien parmi nous, je vous le dis, dans cet établissement… mental…
— Annulation ? — Eh oui … — Je m’élève contre … — Confrontation ? — Frustration ! — Alors, organise avec toi-même ton carnaval. — Pour masquer ma frustration ? — Non. Pour te mettre hors d’atteinte de ce monde. — Hors d’atteinte de quoi ? — De l’effervescence mondiale… du demain entre deux eaux (et pas le village des Vosges) … — Tout est à brûler ! — Au contraire, tout semble se reconfigurer ! — Que m’importe, l’angoisse me conseille fortement, me presse le ciboulot, et son jus m’empoisonne. — Tu es perméable comme le beignet dans la friture… à boire trop de médias toxiques, voilà où tu en es … — C’est vrai… je dois stopper ces avalanches de morts, de complots, de conflits, de menaces, de statistiques, de guerres … — Et toute la bêtise faite homme — Et femme … — Aussi ! — Bon, je vais accueillir aujourd’hui mon nouveau moral tout neuf ! — Excellent ! — C’est fou comme tu me fais du bien ! Tu sais ça ? — Euh … oui … bon … — Tu me revigores … tu sais oser me bousculer … et j’aime ça … — Bon, arrête ton char … — Tu es ma couleur de vie ! Tu sais ça ? Mon Amour ! — Je n’aime pas les compliments, c’est moi qui vais avoir le moral en dessous de la ligne de flottaison… — Et si je t’apportais réconfort, là, maintenant ? — Qu’est-ce ? — Goujat ! Regarde ! Cette belle culture du bon de toi en récompense … viens à moi, prends moi, maintenant, de corps… en ton carnaval !
Se souvenir … et plonger dans le regard d’un passé moqueur qui se croit indestructible et plus encore qui s’impose dans l’état des lieux de notre vie telle une maladie chronique qui nous rappelle … à son bon souvenir… et puis …
Il y a les souvenirs sans applaudissements comme par exemple dans la famille des objets égarés comme cette bague de fiançailles possédée du mot regret gravé par des larmes incomprises ….
Il y a les souvenirs que le mot heureux prend à pleins bras comme par exemple la Madeleine de quarante-quatre ans qui me brisa le cœur dans l’assiette d’un midi avec le homard vertigineux qui n’avait rien demandé, lui non plus …
Il y a les souvenirs ainsi qui sonnent l’Aléa comme par exemple le regard d’une femme dans le couloir d’un métro au trop-plein qui vous agrippe tel l’appât et que vous relâchez tous les deux pour cause d’un mauvais courant descendant …
Il y a les souvenirs qui vont apparaître du tréfonds de l’adolescence comme par exemple cette première tentative sur un slow d’un «Hotel California» et d’un banana-split renversé sur des genoux … à se mettre à genoux …
Il y a les souvenirs … en fait, on ne se résigne pas aux souvenirs … et parfois, ils nous font rêver … encore … et nous restaurent … quelque part …..
«… la découverte fondamentale du blanc et pas de l’œuf, n’a d’égale que la complexité de sa structure entre la géométrique et la prétopologie …» les mots du conférencier me laissent transparent sur le siège de l’indifférence neigeuse de mon intérieur.
Alors, «on rigole, on rigole, mais on ne voit pas le fond du bol», mais je viens de me réfugier dans cette salle presque vide de participants et l’animateur me paraît chauffé … à blanc par son sujet.
Je suis poursuivi depuis l’après-midi … par un œuf. J’ai toute ma tête, faites-moi confiance !
Un œuf de Pâques et pas à croquer sous les dents gourmandes ! Non, non ! Un œuf très grand, genre Gulliver, pas très naturel. Cet œuf qui me paraissait inerte comme un décor entre plâtre et métal, devant une chocolaterie, m’a interpellé par mon prénom. J’ai sursauté. Je me suis arrêté et il m’a menacé de me supprimer stricto sensu. Et là, j’ai décampé illico presto.
Mais il m’a poursuivi en déboulant, roulant, secouant toute son «anatomie» pour se déplacer et guidé par on ne sait quelle haine, il me piste comme un animal enragé d’une rue à une autre, d’un boulevard à une place … et pas une âme qui vive pour m’aider… chacun dans sa bulle à se dévoiler enfin comme lâche.
Le temps s’est arrêté dans cette salle par le ronronnement de l’orateur. Et l’œuf de Pâques … ne m’a pas encore retrouvé. Je culotte ma pipe, les doigts un peu tremblants. Que me veut-il ? J’ai la tête qui se farcit d’une question à une autre telle une cascade et leurs bruits se déposent dans le fond de mes yeux comme s’ils voulaient sortir pour exploser en feux d’artifices…
J’ai de plus en plus froid. Étrange sensation d’une panique qui s’installe à l’intérieur de mes fibres musculaires et au foyer de mon sixième sens la ma perception du danger imminent quand le baratineur sur l’estrade se transforme, fusionne sous mes yeux … en œuf de Pâques …
Une page anonyme a été envoyée par un dictionnaire masqué (selon les experts en tout genre amenés à émettre des avis à la fois discordants et concordants selon la position et l’humeur du moment du public toujours avide et curieux par sa nature des mystères et à la fois perdu par le tohu-bohu de ces mêmes experts) au service de la milice police municipale des objets à venir chercher.
A la lecture de cette fameuse page imprimée à l’encre de Chine (cela ne s’invente pas) sur papier recyclé sur des machines industrielles et lavé à l’eau pure et dénaturée par effet, indique qu’une étrange virgule déambule dans les étagères, les allées et même le sous-sol des archives, émanant un parfum de rose qu’enivre jusqu’à ce que mort s’en suive des livres de poche après une agonie digne des films à la Dario Argento.
La bibliothèque est aujourd’hui fermée.
Le maire de la commune a pris des dispositions. Un peu tard profèrent les langues de vipère et a juste mesure disent les plus honnêtes, quand d’autres ne font état que d’un conte pour attirer l’attention pour s’offrir du tourisme à gogo sans sous déliés de pub.
Dans cette page anonyme, il est question d’un autodafé si les livres des éditions Rhododendron ne sont pas libérés d’ici la fin du mois. Nous sommes le vingt. Les jours se comptent ou se décomptent, selon la position des experts qui divergent…
La bibliothèque est aujourd’hui fermée.
Les plus audacieux des experts travaillent d’arrache-pied tout en conservant leur tête froide pour comprendre la fermeture inexpliquée de toutes les issues de la bibliothèque. La conclusion, non unanime, qui en ressort après moult tentatives à comprendre ce phénomène inexplicable : un livre de magie dépressif et persécuté serait le coupable.
Après cette nouvelle retentissante le monde s’use à lire pour découvrir la clé d’un désenchantement dans le marc de café, les cartes de toute nature, dans les feuillages d’arbres millénaires et même à se livrer à des incantations avec des cerfs-volants au clair de Lune. Certaines langues trop pendues disent que ce n’est pas un loisir ni même une occasion de s’élever voire s’occuper avec intelligence… pour ceux qui en ont une, bien sûr.
La bibliothèque est aujourd’hui fermée.
L’occulte fait peur. Il va sans dire tout en disant qu’une évasion de la totalité des ouvrages est exclue. Alors, si les idées s’enflamment, le nombre de livres de poche meure d’une manière exponentiellement alarmante.
Il n’y a pas de revendication et c’est la question qui jamais soulevé (même avec un palan) vient percuter sans ménagement les experts ahuris, qu’un enfant de huit ans pose.
La bibliothèque est aujourd’hui fermée.
De suite un plénipotentiaire est désigné par les forces de l’ordre public dans la ménagerie des experts. Celui-ci n’en mène pas plus large qu’une marge quand il se présente avec un livre ouvert sur le code pénal de l’occultisme et des dragons… en livre de poche.
Il va sans dire que l’encre du livre de magie ne fait qu’un tour. Il se tourne les pages, se fait un sang d’encre en taches d’encre, se froissent toutes les lignes de la page vingt-deux… et quand l’inattendu se réveille, voilà qu’avec un jet d’encre de capitulation il signe sa reddition. Il souhaitait seulement une réédition mais avait omis de l’écrire comme… revendication.
J’écris pour faire sortir des mots qui ne sortent pas … à calmer l’indécence d’autres mots qui gigotent ligotés par la censure au soutien d’une morale qui s’empiffre du pire et conçoit sa douceur par son diktat car tout idéal est dictature.
Être héroïque quand moi-même je me suis bâillonné comme un patient entre quatre murs et une fenêtre qui me fait la gueule toutes les journées passées au gris délavé telle une radiographie géante déliant ses nuances et ses noirceurs comme un état délétère à venir …
Rien n’est moins nue que ma propre vérité qui me regarde l’air cool après avoir déchanté sur ma façon de la déposséder comme une châtaigne de sa bogue, accentuée d’une onomatopée du genre grrr…
Toute méditation sur ce sujet est du temps sablé sur le territoire verdoyant et maternel de l’impossible concorde entre moi et mon écriture qui s’élance telle une furie et que je retiens tel le conducteur de char de ses chevaux nourris d’un bon foin d’imaginaire.
Moderari, moderatrix, moderatus… « restons calme et buvons frais » nous dit l’adage et un bon verre de whisky sans modérer la hauteur du verre et la descente du gosier en toute bonne foi à trinquer évite l’embrouille et mon écriture se moque bien de ce que je pense de son penchant pour l’encre ironique tant qu’elle a l’évasion et que je suis en éveil pour l’accompagner …
Nous sommes toujours bras dessus dessous pour le meilleur… et le pire …
— Bois ! — Non ! — Bon sang de bois, je te dis de boire !!! — Non, rien, nada, niet, no, naï, nein … — Stop ! — Tu as beau m’incendier, tu n’as pas les moyens d’éteindre ma conscience au non vivre ! — Tu dis n’importe quoi ! — Vive le pouvoir, hein ? Mais tes mots glissent sur mes épines … étrangement … — Si j’avais le moindre pouvoir, tu ne serais pas dans cet état ! Non ? — Qui sait ? — Arrête ! toutes les stratégies que tu mets en place pour me contrer … — C’est désespérant comme une danse à contre temps … — Et si je baissais les bras ? Là, maintenant ? — Des mots, des mots … — Mais tu les prends comme des attaques ! Tu me l’a dit combien de fois, hein ? — Possible … — Comment possible ? — Je n’ai rien à déclarer sur le sujet … tu me fatigues … — Et ma passion pour toi ? Tu n’as rien déclarer non plus, hein ? — Passion, tu exagères le mot… — J’exagère ? — Oui … — Tu vois … je me fais honte de t’aimer … — Rien ne t’oblige … tu sais … — J’ai mal … comme si j’avais reçu une lance dans la poitrine … — Normal, tu t’es égaré avec moi … prends une lampe pour reprendre un autre chemin … et va flamber ton amour ailleurs… — Tu es ignoble de long en large … — Tu as joué avec moi … — Non, non, non … — Tu t’es jeté toi-même de la poudre aux yeux … — Arrête ! Arrête ! C’est toi qui joues à la pyromane dans notre couple ! — Arrête de faire semblant de me protéger et laisse-moi mourir dans mon lit avec ma conscience tranquille … — Tu n’as honte de rien ! — Trop tard …
Le temps d’ouvrir une boîte d’haricots verts, de rincer, de verser dans un bain-marie, que la sonnette tinte un air de glacier qui se détache d’un pôle arctique qui de nue terre va bientôt se retrouver.
Est-ce que l’on vient m’annoncer une nouvelle à enflammer mon cœur ou à le détruire … moi qui n’attends rien ?
Je n’ose m’aventurer dans le vestibule, ouvrir la porte et regarder en face les propos grandeur nature … que je grossisse l’importance comme une montagne … possiblement.
Trêve de radotage ! je m’élance ! le courage en main et les jambes toutes à mon ordre de marche, je déclenche la poignée de la porte, le grand jour m’éclaire … il n’y a personne … c’est un lapin, une farce de garnements … sans doute …
Je reviens à ma chère cuisine quand une nouvelle fois la sonnette reprend sa formule glaciaire. Est-ce l’effet de mon troisième whisky de la matinée, consommation quotidienne, qui me joue ce tour de cochon ? Est-ce la chaleur ambiante de mon fourneau et les émanations de mes plats en préparation ? Est-ce le moite de mon rhume qui m’embrume et fait bourdonnement à l’oreille droite ?
D’un questionnement à un autre, ma main tourne la poignée … elle me reste dans la main. Quel est ce mauvais tour que l’on me joue ? Et une voix forte se fait entendre … derrière ma porte :
— Ouvrez-moi ! Ouvrez-moi !
— Mais … mais c’est moi qui suis enfermé chez moi !
— Prenez un marteau, une masse … n’importe quoi mais ouvrez cette porte !
— Vous êtes un dingue, un dérangé du ciboulot… j’appelle la police !
— Il n’y aura personne à arrêter !
— …
— Ouvrez-moi !
— Comment personne ? Je vous entends, moi, donc vous êtes bien présent !
— Oui et … non.
— Comment : oui et non ?
— Cela va être difficile à croire.
— Je craque maintenant, ou j’attends ?
— Attendez.
— J’écoute.
— Je suis vous…
— …
— Je sais c’est difficile à croire.
— J’ai un don d’ubiquité ?
— Non.
— Alors !
— Vous devez m’ouvrir absolument la porte !
— Et pourquoi ?
— Eh bien, pour effectuer …
— Effectuer ?
— Effectuer le transfert ! Dépêchez-vous !
— Le transfert de qui ?
— De vous … de toi …
— De moi ? Mais … vous me tutoyez, là !
— Oui, et si tu tardes, nous allons errer pendant un certain temps !
— Je peux me réveiller, là ? Ou je rêve ?
— Non, hélas !
— Et pourquoi ?
— Tu es … mort !
Toute haute debout, pieds nus, elle voit l’horizon s’empiffrer d’un soleil matinal où ses yeux s’accrochent en ce lointain quand la mort si proche, peut-être incertaine, est une interrogation, une provocation et ses mains crispées sur les barreaux de sa geôle à la paille humide possédée de la respiration d’une terre battue, de sueurs, de secrets, d’humeurs de condamnés à jamais disparus dans une autre entrailles terrestre …
La circonlocution de la narration n’arrêtera pas le sort de la jeune femme dont les cheveux longs ont été taillés réduit jusqu’au cou gracile défiant encore sa position …
Les larmes sur le bord du volcan de l’émotion, elle se rappelle ce baratineur débordant de ce charme mâle comme un appât désirable de belles phrases, d’aphorismes … et puis sa sentence avait été tracée sur la ligne invisible du hasard, de sa part de fin …
Elle s’étonnait d’avoir été prise dans ce tourbillon de mots dont le celui de téléphone mot saugrenu … ce beau parleur l’avait embobiné dans un complot à mille lieues de ses préoccupations quotidiennes celles de discuter d’un bon bagou sur le prix des œufs, de la viande fumée, d’un légumeux de saison … mais lors de sa comparution devant ses juges aucun plaidoyer pour la défendre …
Sa parole contre celles de bedonnants bourgeois aigres et vicieux comme … des hommes …
Elle n’avait pas joué une pirouette pour s’en sortir, elle avait débordé de sincérité … avait été la girouette d’une affaire …
La Précipitation du Temps dans le gouffre de l’insondable Tic-Tac de l’engrenage qui prend son pied … s’arrête d’un éclair …
La Boîte à Temps informe le Courrier du Temps, tout à courir, de la glaciation inattendue de la Précipitation. Toute l’armée de Seconde, aux Têtes des troupes les unes à Vélo les autres à la pointe de l’innovation de leur aiguille quand d’autres à la Diligence, s’apprêtent à envahir le Territoire à la Minute jusqu’à Risquer la Disparition par un effet Sablier …
Si le Tout s’arrête, le Silence l’ennemi du Temps serait vainqueur sur la Totalité de l’Univers Visible et le Ralentir est la première victoire mais pas le Remède.
Le Néant sur le bord de la Route, lui, attend son Heure…
Fei Fei Sun pour Vogue Italia juin 2015 par Mert Alas & Marcus Piggott
Les petits cahiers d’Émilie. Émilie 13.20 (Hors délai)
(Cette semaine pas de 5ème chapitre du roman Rho-Man Tout en Gala-Tik, toujours en chantier (peu de temps pour m’y consacrer et me concentrer) mais Carnetsparesseux est bien présent ICI)
Il est sept heures dans le salon ; la baie vitrée baille haut ; le soleil fait sa rentrée en petite tenue thermonucléaire. Et toi, ton bonjour sous le bras sans effort, ton semblant de patience pénélopéenne en grande tenue et ton sourire béat comme un piège, m’aborde pour me saborder :
— Tiens, t’es toujours là !
— J’ai encore ce courage du cocu…
— Si ce n’est une faiblesse … te voilà humilié et pourtant tu frétilles, ici, devant moi.
— Non, je ne frétille pas, ce n’est pas dans mon caractère … tu le sais de ta mauvaise foi…
— … et à poil ! T’as honte de rien !
— Honte ? Tu sais très bien que je dors ainsi et puis l’homme nu ne vaut-il pas l’homme habillé ?
— « L’habit ne fait pas le moine » c’est sûr … allez, tu sais que je ne veux pas de couple à trois… ne reste pas ici.
— Je paye la moitié du loyer … ce n’est pas un vecteur négligeable.
— Et alors ? Ton droit ne vaut pas obligation de ta présence ici !
— Je souhaite peut-être aussi réparer mon erreur…
— Tu es déjà une erreur à toi tout seul …
— Ta dureté est de diamant … je pense sérieusement à étreindre ton joli cou présentement …
— Il te faudrait ce brillant courage, ce rien du meurtrier pour exceller dans cet acte … ce qui est peu probable …
— Ne joue pas à ce jeu …
— Ne m’approche pas !!!
— A t’énerver brusquement ainsi … ta peur me fait bander …
— Arrête !!!
— Trop tard …
Portrait de Leonor Fini – 1934 – Photographe anonyme
Les petits cahiers d’Émilie. Émilie 12.20 (Hors délai)
(Cette semaine pas de 5ème chapitre du roman Rho-Man Tout en Gala-Tik, qui est en chantier mais Carnetsparesseux est bien présent ICI)
Atteindre le sommet et se voir … aveugle
Toutes les partitions de la vie ne se valent pas et se concentrer sur un objectif est aussi pertinent que se diluer dans le court-bouillon du destin qui dessine bien ce qu’il veut et arme son ironie à bien des égards sur des quais dont les rencontres ne sont pas toujours celles de l’âme sœur et qu’il faut tirer à soi, ce qui n’est pas coton, le bleu du ciel et les soleils de la volonté au risque du bleu douleur, voire celui qui glace les envies, même pachydermique …
Si l’amour est une valeur qui n’est pas cotée en bourse (quoique), il est essentiel d’avoir le doigt pointé vers la direction qui porte la bonne tenue et pas celle du camouflage celle de l’hypocrisie, cette flèche qui souvent tue lentement aussi faut-il savoir sortir de son fourreau l’épée de son courage tout en évitant de flirter avec la facilité qui est souvent le piège qui se referme avec le sourire du faux …
Les petits cahiers d’Émilie. Émilie 11.20 (Hors délai)
(Cette semaine pas de 3ème chapitre du roman Rho-Man Tout en Gala-Tik, qui est en chantier mais Carnetsparesseux est bien présentICI)
Je préfère le Conteur au comédien, l’Auteur à l’acteur.
Je vois déjà des rictus et autres grimaces de votre visage pris entre les lignes aux mots écrits aux rôles différents de faire violon.
Qu’importe l’expression est libre, l’opinion d’autant et le jeu subtil de faire comme tout le monde me donnent de l’urticaire … quoique je sois comme tout le monde et parfois faux jeton …
Cependant j’ai la chance d’appartenir à moi-même, même si la chaîne de mon esclavage permanent me râpe la psyché. Je ne vais pas faire l’ahuri en dénigrant ce que je suis même si l’ombre d’un doute me fait dépenser mon énergie à ce que je suis pour être et être pour ne pas être tout à fait moi par les effets de toutes les manigances de l’extérieur aux influences non négligeables …
Il n’y a pas à gratter le fond du bol de la conscience lucide pour s’apercevoir que la séduction d’un comédien d’un acteur est une représentation sensible de l’être qui nous ment effrontément à notre égo… ou pas.
Je préfère en cela la voix du conteur, les mots de l’auteur. L’un fait création d’un climat, l’autre fait apparition de jeux de rôles. Tous les deux apportent une ambiance, à tous les degrés du suspense à la béatitude sans que je sois soudoyé en tant que spectateur enclin à se laisser prendre par consentement, je l’avoue comme le mistigri qui ronronne parce qu’il est nourri logé par l’habitant nommé : maître.
Et pour conclure, je tiens à mes jeux de rôles : celui de comédien et d’acteur… de ma vie …