Le cerisier en sa hauteur prenait le soleil en plein que le premier nuage part-soleil était le bienvenu.
L’homme le contemplait, le cerisier.
Il était à la manette, l’homme. Il pouvait gérer sa vie à la lunette de vue de son destin qu’il menait à la baguette le bougre qui se pliait aux exigences de la persuasion d’être sur son chemin de bon droit à traverser par monts et par vaux à la correspondance de ses désirs.
Le cerisier en sa hauteur contemplait ce bipède humanoïde sur le volet de son ascension vers les hauteurs du ciel qui n’avait qu’un seul plafond et à sa bonne guise de fruiter son jugement à la saveur de ses végétales pensées noyautées de floraison que le printemps ne pouvait saucissonner de sa superbe.
L’homme le contemplait, le cerisier.
Il était dans son fauteuil, l’homme. De son dedans le dehors faisaient contrastes quand une souris grise queue tire-bouchonnée s’accrocha de griffes à griffes à la grise paroi du tronc court pas trop rond à sa fuite vers le grossissement du diamètre d’âge en âge que le rongeur arboricole par changement climatique souhaitait rejoindre un ciel.
Le cerisier en sa hauteur souriait de l’escalade du mulot qu’il secoua comme un prunier et l’homme toutes dents dehors dégustait une barre chocolat se suffisait du spectacle déjà écrit quelque part dans un cahier égaré entre les racines du Temps qui ressortait l’improbable de ses souvenirs au grand jour des derniers moments comme d’une farce.
Et l’homme, tout en haut de la chaîne, se leva, contempla la bouffonnerie… et se pendit…
Que restera-t-il de ma peau – cette peau toute douce de naissance qui a pris les fouets de la vie aux traçages dont on ne sait quel destin se rit bien de ce qui est juste ou injuste car il ne fait pas de distinction sur la ligne départ – qu’une simple épopée individuelle qui séchera quelque part dans un caveau à une place dans une terre qui n’a pas de nom ?
Et que devient cette deuxième peau que l’on nomme par défaut : l’instinct de survie, imperceptible et fait figure d’un tout mystérieux dans le corps de l’âme que chevauche l’alchimie du récit qui fait acte ?
Je traverse cette rue blanche comme une vérité qui file entre les doigts et essaye de retenir du sable aussi sec que la gorge qu’il l’a formulée aussi ronde que la Terre est ovoïde à portée de main au crayon gras du silence de la feuille lissée de ses lignes par l’automne hors d’âge.
Quand un bémol trottine à quelques pas de moi et semble s’intéresser à ma lumière entre les interstices de mes mots :
— Vous êtes de passage me dit-il ? — Je le suis. — Pour longtemps ? — Qu’importe le temps si son heure n’est pas piquée. — Vous ut une renommée me semble-t-il ? — Il paraît. — Vous étiez mineur de fond ? — L’écriture porte mine à l’anthracite des mots qu’il faut tailler et faire briller. — Vous étiez de ce canon qu’il fallait atteindre… — Les voie des mots sont pour chacun de nous. — Et qu’en est-il maintenant ? — Je me demande ce qui vous interpelle en moi, vous le demi-ton. — Je suis votre signe… — Mon signe ? — Oui, celui qui vous fera rencontrer la partition de votre vie. — Quel étrange signe vous faites…
A ce moment précis je me réveille au strident… de la porte d’entrée.
«Les Fées sont d’exquises danseuses» quand l’heure du solstice se lève après le minuit derrière la dernière tonalité d’un son de cloche sur le parvis de l’église qui traîne toute la misère du monde devant l’origine du cierge saisi en main comme une aubaine s’il est bien allumé de bonnes intentions pour éclairer le Paradis de l’Enfer et ne croyez pas un traître mot de l’esprit du conteur païen à la gouaille qui sève à tour de branches le tronc de ses histoires portées à la hauteur du premier podium de la calembredaine les légendes du monde au toupet de transmettre que l’Enfer vient du feu de Dieu quand celui-ci déplace ses meubles un soir de la Pâques pour son nettoyage de printemps…
… et quand bien même on peut y faire contenir des vérités à ces légendes à toutes les panoplies des contes à l’heure du bois flambant dans l’âtre de la cheminée bien montée de ses jambages et de la crémaillère qui a du cran à tenir le chaudron émulsionné de tous les fruits de la Terre mère porteuse des aspirations d’une seule idée qui converge vers un seul fruit pas nommé mais décidé pour sa pomme à être coupable et pas un seul palimpsesteou un archéoptéryx pour y mettre son grain de sel pour infirmer ce concept à la ligne qui se propage d’un point à un autre des âges pour tenir comme fait accompli que la souffrance nous gouverne et semble rajeunir de jour en jour tel un fruit mûr au risque d’éclabousser nos vies prises aux corsets des habitudes qui tirent de drôles de mine sur le terreau de l’impermanence…
… ainsi l’effet danse à la vibration de la narration quand le compteur du temps se laisse porter aux déluges d’un conteur… délirant.
Le Diable ce matin-là, prenait son petit déjeuner et comptait sur le boulier de service le nombre d’arrivants tandis que Dieu en face de lui décomptait ceux qui n’avaient plus rien à faire à la Maison Paradis tout en grignotant une pomme…
L’ambiance était bon enfant. Quand un oiseau se posa sur l’épaule droite du Diable. Dieu leva les yeux, pointa son index en direction de l’oiseau et le Diable fit pivoter ses yeux de quatre-vingt-dix-huit degrés.
— Étonnant ! s’étonna Dieu, monothéiste pur et dur. — En effet ! convenait le Diable, habillé ce jour-là en Arlequin.
La journée et les années passèrent ainsi : l’oiseau sur l’épaule du Diable.
Au moment du coucher (une fois par mille ans, pour les puristes théologiens), la lune accompagnait Dieu et Diable (il n’y a pas de tour de garde) à s’enfoncer délicieusement chacun de leur côté dans un lit moelleux : l’un au duvet des bienheureux et l’autre aux piquants des malhonnêtes, tandis que la nuit (en contre bas), elle, faisait son office au moment où le jour prenait son tour de veille. Ainsi à chacun sa mission et pas l’ombre d’une dispute, au silence comme gardien.
Ce jour-là, l’oiseau piailla pour la première fois, déboussolé que son perchoir ait une autre position, incongrue… qu’il s’essaya à déplacer.
— Ooooooooh ! dit le Diable, joignant le geste à la parole se débarrassant du volatil tournoyant autour de son auguste composante démoniaque et infernale, et se retournant dans le lit, dérangeant Dieu qui grommela en un juron et une bénédiction tout en s’exprimant :
— Alors ? Qu’es-ce ce raffut ? Je voudrais bien dormir en paix.
Et le parloir du Temps s’activa en alarme, premier devant le prie-Saint à la croix du martyr qui se réveilla, soupira, se leva, enfila sa robe de bure violette, chaussa ses caligæ et s’informa de l’incident au prêt de Dieu.
— Qu’est-ce, Dieu mon père à la trinité bien sonnée ? — Met-moi… à distance ce volatile infernal… que je puisse hiberner en sainte tranquillité. — D’où sort-il ? — Je n’ai pas la genèse de cet… emplumé ! — Mon Dieu, vous exprimez là un mot déviant. — D’Évian ? Je ne vois pas le rapport avec cette commune thermale ! — Ne soyez pas espiègle, Mon Dieu. — Dites, ne jouez pas au directeur de conscience… allez, hop, il faut me virer cet oiseau là…
Et malencontreusement le doigt de Dieu désigna le Diable en même temps que l’oiseau passait sur la tangente du regard de celui-ci.
— C’est moi que tu veux chasser ? dit le Diable qui se voyait désigner comme indésirable. — Mais non ! informa très justement Dieu, béatement. — Comment non ? — Bé non, ce n’est pas toi, mais l’oiseau. — Il ne te plaît pas, l’oiseau ? — Il me gêne pour m’endormir. — Moi pas ! — Dis, tu vas t’y mettre aussi, hein ? J’ai déjà le saint martyr sur les bras… — On dit ça, on dit ça… — Comment, on dit ça ? Clarifie ta pensée ! — Non ! — Comment : non ? — Ce n’est pas assez clair comme refus ?
Depuis la discussion s’éternise quand les exégètes considèrent ce moment-là comme l’oiseau de la discorde… et de ce temps, le monde … de bien et de mal ne savent plus à quels saints se vouer…
Les amants au piano de leur partition d’élans à la nuit carrousel sillonnée d’un seul sillon d’une audace à aimer le mortel moment éternel grandissent aux heures ménestrels corps à corps aux étincelles un deux à l’unité à jouir à la phase de l’intensité bientôt aquarelle sur leur toile devant la sentinelle de leur vie.
Ils confectionnent un espace-temps une bulle à quatre temps à la naissance d’une histoire née aux premières racines de quelques mots sur une terre fertile liée à leur destinée habillée de l’instant.
— Je t’Aime… — … et le pourtour de mon oreille, tu mordilles…
CETTE nuit est une rosée d’Amour qui renaît hydre de chapitres dragons exaltés en chapitres orgasmiques enflammés où ruissellent des arcs-en-ciel que le mot Origine dessine des âmes nouvelles aux heures fascinées seules spectatrices des transformations.
— Aime-moi à la souveraine tentation de mes horizons mouillés… — Tu es ma Lionne insatiable…
L’attente sciée à un endroit renaît autre part comme une hydre sur le regard du temps qui se couvre d’un chaud sablier qui se retourne toutes les heures dans son lit de frémissements sableux d’un vague passé qu’une audace capée à l’héroïsme giflée par un zéphyr du verbe celui que le cœur a taillé à la serpe s’ancrée sur le mur indécent du souvenir.
Le frimas du réveil que l’incertitude épaule à la convenance à ne rien dire à l’oreille du premier mot velours du matin apporte pourtant l’annonce d’un renouveau le a s’éprend d’un h à sa garde s’interroge et fait l’étonné à se fendre de ce ah exclamatif en demi-ton comme une découverte pêchée au torrent d’un dictionnaire émoustillé onctueux d’onomatopées aux pages d’une peau abricot que se retient une première langue à goûter.
Au lever le seuil s’impatiente l’attente lui prend le bras les premiers pas s’allongent et le jour se farde aux yeux d’une fenêtre qui semble médusée de sarriettes qui dansent de bras en bras au vent siffleur soulèvent quelques corolles à l’envi.
Il est matin différent des autres matins… l’attente est distance…
Un chat de belle prestance et de bons poils… entretenus, attendait … sur son banc titulaire le prochain passage d’un volatile ingénu comme une première neige qui ne sait pas encore qu’elle sera le jouet d’une boue de caniveau …
Le félin locataire d’un chinois naturalisé par défaut russe de tenir une cantine de travailleurs aux ordres d’un collectivisme de bon aloi de besogner jusqu’au dernier os valide sur la reproduction d’une seule rose… sombrait dans un rêve qui franchissait par curiosité le seuil d’un cauchemar anodin…
L’espace s’ouvrait, à qui savait l’interpréter, sur un immense champ unifié par une seule couleur verdoyante et en son centre, qui paraissait naviguer à vue, une énorme meule de foin dont l’extrémité clignotait tout de blanc, se déplaçait au transport de mulots musclés…
Dans son sommeil le matou frétillait ou convulsait des membres quand son museau menu et rose troussait ses babines blanches par l’action neuronal déphasée de l’incongruité de la situation qu’il se voyait à croquer quelques rongeurs qui riaient comme des damnés les incisives en sang et le chinois en garde poules…
Le chinois propriétaire du félin jardinait à quelques vues du banc. Il souriait des soubresauts de son greffier, un bon chasseur qu’il gardait par pur intérêt. Sa jeune femme, enceinte de quelques lunaisons, qui l’aidait d’une binette, ne souriait pas de l’agitation de ce grassouillet et profiteur serial killer. Elle pensait au mieux à le soustraire par une punition radicale que le mitonner avec de bonnes herbes pour le meilleur.
Le chinois mari connaissait l’aversion de sa tendre épouse, Tiān Shǐ, pour son quadrupède qui à cet instant animal et d’instinct de survie que la binette allait lui trancher possiblement sans certitude pourtant affirmée son fil de vie qu’il se réveilla pour agresser en un ressenti d’une légitime défense la bipède dans un sursaut que la demi-seconde elle-même fut surprise de la rapidité de la manœuvre que répondit dans l’immédiaté une main poignante et marrie qui lui rappela son rang de mammifère… dans la chaîne alimentaire….
Aux retrouvailles tous les souvenirs sont là comme le filet à provisions, il y a des ingrédients qu’on apprécie et d’autres moins mais indispensables à la préparation du plat considéré.
Après un confinement sexuel, il était évident qu’il me manquait : le jouir pleinement et en nature comme l’on pourrait dire en toute élégance.
Ces retrouvailles ont été un fiasco. Normal. La hauteur de mon engagement n’était pas à la hauteur de la personne. Un déphasage et des attendus divergents. Rien n’est moins simple de satisfaire autrui (et inversement) par toutes les exigences qui s’enfilent comme des perles dans un collier. Je décidais de prendre une autre direction.
Le cœur étant mis de côté, le pragmatisme de l’acte charnel à venir était important pour ne pas s’égarer sur une relation tendue sur un fil funambule qui a tout moment pouvait rompre. Aussi, la distance entre point de départ et point limite définissait le périmètre à explorer pour découvrir ce qui pourrait m’enchanter. En effet, plusieurs dizaines de kilomètres carrés paraissaient une belle surface, cependant avec une idée précise non négociable de ma recherche : 1,75 m, 95C, blonde (et autres critères sur ma feuille de route) rien n’était moins sûr de trouver la correspondance à cette prétention, mais l’espoir fait vivre, paraît-il. Amen.
En prenant en compte mon portefeuille qui n’était pas extensible et le téléphone en poche, j’effectuais mes recherches ardemment. Je m’informais, contactais, visitais, prenais notes. Plusieurs semaines entièrement consacrées à la poursuite de la femme idéale à mon envie sexuelle, j’abdiquais un beau matin, devant ma glace à doubles reflets. Je me questionnais. J’admettais que je faisais le difficile.
Je décidais de prendre le train de la raison. J’embarquais pour un pays fabuleux, non pas imaginaire mais celui qui me permettrait le baiser attendu, et tout le reste pour ma plus grande joie sexuelle. Ce pays était pourvu ce dont je recherchais. Il n’était pas aussi loin que je pouvais le croire à mon grand étonnement, il s’appelait : La Fraise, un magasin qui fabriquait et vendait… des poupées gonflables…
Pour la deuxième fois, voici une autre histoire mais cette fois-ci de lampadaire à 4 mains sur une idée de Firenz’ du blog La plume de mouette. Chacun de nous fait paraître le texte de l’autre sur son blog et une photographie.
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La Russe autorité avait entrepris de soulever la trappe à nouveau. La grouillance souterraine n’avait point faibli, c’était comme une ligne de métro ou deux, aux heures de pointe et en temps de grève. Réalisant qu’il avait presque cohabité et même protégé ce microcosme sombre et peut-être gluant, Sieur réverbère faillit tourner de l’œil et du bec de gaz.
— Mais qu’est-ce donc que cette affaire ? est-ce que quelqu’un peut m’éclairer ? demanda-t-il d’une voix blanche. Il ne diffusait plus à présent qu’une lueur blafarde.
Tous se penchèrent à nouveau sur le monde miniature. Une main caressant leur barbe, les deux nains bredouillaient des sons inintelligibles ponctués de « c’est pas ça qu’on attendait », ou de « Mais à quel moment la légende s’est-elle embourbée ? »
Le Prince russe écarquillait les yeux pour tenter d’apprivoiser l’obscurité jaillissant de cet univers différent. La luciole, quant à elle, ne semblait pas émue outre mesure et continuait à papillonner, ici et là, en toute légèreté.
— Regardez ! croassa Kremaloff. Regardez cette foule d’insectes rassemblés et collés les uns aux autres ! ça pullule et ça bouge comme la plèbe attroupée au moment des soldes, ça gigote et ça remue et ça parait immobile à la fois. On dirait une toison noire, un pelage plein de pattes ondulant sous l’effet d’un vent stagnant… ! Que diable se passe-t-il dans ce recoin lugubre ?!
Les nains s’étaient tus, le lampadaire avait des remontées acides, la luciole souriait. Et tous, tous, avaient les yeux fixés sur la masse sombre.
C’est alors que s’éleva un chant au-dessus des têtes, une mélopée émergeant d’un autre espace-temps, une mélodie pentatonique parfois aigue et parfois grave, accompagnée de stridulations et de soupirs légers. C’était Luciole qui chantait, les ailes habillées de couleurs précieuses et déployées selon le tempo, dévoilant ce faisant un peu plus de ce que sa nuisette dissimulait à peine. Le spectacle était plus que charmant.
A la surprise générale, tous les insectes agglutinés se dispersèrent en dansant-rampant, laissant ainsi voir le trésor qu’ils protégeaient vaillamment.
Alors on distingua la Lucane d’or.
Sous la multitude sexapodée dormait un insecte géant, au corps et aux pattes d’or massif et aux ailes couleur turquoise et Lapis Lazuli.
Déjà à moitié anesthésiés par les chants lucioliques, ceux du dessus de la terre restèrent interdits. Sauf bien sûr le Prince Russe qui ne s’interdisait jamais rien. Et Dame Luciole qui pris son envol, après avoir déposé un baiser sur un œil vitré de Sieur Réverbère. Celui-ci se mit à rougir et à crépiter. Luciole dansa avec frénésie avant de s’engouffrer dans la cavité fantastique, l’éclairant ainsi d’une lumière nouvelle….
— La pluie arrive de l’ouest … — Tu pars quand même ? — Il faut bien partir un jour, non ? — J’sais pas… il faudrait bien que tu restes… non ? — Tu sais, dans ta vie je ne suis qu’un petit caillou, rien de plus… — Qu’est-ce t’en sais ? hein ? — Je le sais, c’est tout et je te connais… je ne suis pas un gars pour toi… — Qu’est-ce que tu connais de ce que j’ai au cœur et dans mon ventre eux qui me disent tous deux que tu dois rester… — Je pars, c’est tout…. tu sais que c’était convenu… — Oui… je sais, mais bon… j’ai… j’ai mal… pas toi ? — Les choses sont comme ça, c’est tout… — Tu emportes ta belle plante anémone avec toi… et tu me laisses ? C’est injuste. — Injuste ? Enfin, on a bien décidé trois mois ensemble pour engagement pour une coloc et ensuite je partais… enfin, on a couché quelques fois… voilà, s’est terminé, je pars… et puis laisse moi mon anémone. Elle est malade… — Malade ? Tu déconnes là ? — Tu vois bien, elle n’a pas la grande forme… — Et moi ? — T’es pas une plante ! — Raison pour que tu restes ! — Ce n’est pas la question… de toute façon… je t’aime pas… — Est-ce que je te demande ce genre de verbe au présent ? — J’en sais rien… j’m’en fous… t’es trop compliquée… — Et t’as plante, elle n’est pas compliquée, elle ? — Je l’aime, elle ! — Quelle excuse à la noix quand tu peux avoir une femme à toi !… — Laisse-moi passer… — Non ! — Aller… et puis lâche ce fusil… — Non ! — Mais il y a des millions de bons hommes!… fait ton choix… — Je t’ai choisi… — Bien ma veine… j’ai gagné le gros lot, c’est ça… — J’ai un secret à t’avouer. — Je ne veux pas de ton secret, jamais !… tu entends !… je ne veux rien de toi !… rien de rien !
Et pour toute réponse, elle tire à bout portant. L’homme s’écroule en lâchant le bocal d’eau, habitât de l’anémone, qui se brise aux pieds de la femme.
Le silence regarde le cadavre tout chaud, tandis que l’anémone, périssant et amoureuse, injecte sur les jambes de la meurtrière sa toxine mortelle…
Le pétale rose est morose sur son balcon au regard lointain défiant la forêt de toitures qui semblent une peinture indélicate trop grise pour que le ciel s’en offusque lui qui a de sa préférence le nuage cirrus…
L’Astrolabe, son voisin, installé sur la petite table verte bien en fer, est silencieux et semble trier ses souvenirs tel l’humain assis près de lui avec son kilo de lentilles à départager l’ivraie avec une loupe, son troisième œil…
Paul entend sa Tentacule, sa voisine de palier, jouer de l’Orgue qui semblait pleurer d’une larme à une autre pour faire fleurir la tristesse en cet après-midi qui semble s’étirer sur le bord du rien sur le bulbe d’étrave fendant le néant…
Exergue qui fumait sur le balcon, le compagnon de Tentacule (pas du balcon), dit à Paul :
— J’ai cerné le pourquoi de la question. — Quelle question ? — Les gens… — Quels gens ? — Oui, les gens qui passent, là, en dessous, sur le trottoir du côté de l’ombre alors que le soleil sur l’autre trottoir personne ne s’y aventure… — Ah ? Et ? — Eh bien, c’est la volute de l’escargot géant planté comme une stèle sur le trottoir ensoleillé qui pose question, tout simplement ! — Ah ? et les gens ne semblent pas apprécier et ils changent de trottoir, c’est ça ? — Oui… — Dis-moi, tu prends toujours tes médicaments pour les hallucinations ? — Oui, pourquoi ? — Non,comme ça, pour causer, pour le pourquoi de la question qui… me posait question….
— Y a quelqu’un ? — … — Vous êtes là ? — … — Je sais que vous êtes là ! Ne faites pas la bête, hein ? — Si je veux… — Ah ! Vous boudez ? — On n’a plus rien à se dire, vous savez… — Pas moi ! J’ai plein de choses à vous dire ! — Parlez-en à votre cœur, lui, sera vous conseiller… — Mon cœur est bien là où il se trouve. — C’est pas lui qui vous empêche de dormir ? Avouez ! — … — Ce n’est pas la peine de me réveiller pour ne plus vous entendre ! — Oui… c’est vrai… c’est lui qui m’empêche de dormir… ça vous va, cette confidence ? — C’est bien ce que vous êtes venu chercher, non ? — Je ne comprends pas ? — Vous êtes à ma recherche par cet intérêt de vous confier à moi pour que l’autre, ce cœur, que vous soupçonnez d’ingratitude, entende. Ne niez pas ! — Vous êtes pénible. — Alors, laissez-moi où je suis au lieu de m’asticoter et vous servir de moi pour votre intérêt tout personnel. — Oooooh ! Il y va de votre intérêt aussi, hein ! Bon ! Alors, ne soyez pas si revêche et prenez votre part qui est aussi la mienne. Arrêtons de nous combattre et prenons acte que nous sommes dans le même bateau ! — Le même corps… — Oui, oui… on va pas chipoter… — Eh bien, je chipote, un corps ce n’est pas un bateau ! — Enfin, il est constitué de quatre-vingt-dix pour cent d’eau et le reste de la carcasse c’est en dur… donc, si nous extrapolons c’est bien une carcasse qui navigue sur l’eau, là ! — Extrapolez, extrapolez, mon bon, je ne vous écoute plus, je ferme les écoutilles ! — De toute façon… — De toute façon ? — Il est trop tard ! — … — Il vient de mourir…
Ainsi, le soi et l’âme du soi s’envolent dans l’éther du soir au rayon vert deuil qui ferme à cet instant son rideau… et le linceul de service couvre un corps … sans cœur…
— … et il y a du ciment de la vie, comme des copeaux de moqueries, qui vous pénètre dans l’âme assise devant l’âtre flambant neuve du questionnement en granulat qui mijote tranquillement !
Ce ciment malaxé dans la bétonnière du monde civilisé grandi par les lois qui développent le sens aigu de la morale bien mise, propre sur elle, qui se targue d’être à la hauteur de son dévouement pour le peuple à remettre sur le droit chemin pour le bien collectif tandis que l’individu pachyderme par essence de se reconnaître comme libre n’est qu’une tare qu’il faut éduquer pour son bien-être !
Un exsudat poignant qui valorise l’air insipide que je respire par défaut se vaporise autour de moi : la Liberté. Cette liberté, encore, de pouvoir dire avant que le macronphage prestidigitateur ne dépièce la totalité de l’espace nourrissant d’un libre ensemble et pas au travers d’un prisme déformant d’une réalité ou d’un tamis qui ne laisserait passer les uns, ici et les autres, là !
Point d’estrade pour clamer haut et fort crescendo le dire à l’humeur de la liberté d’expression…
— Bon ! Coupez ! — Mais, je n’ai pas terminé… — Qu’importe, votre temps de parole est mesuré ! — Mais, je n’ai pas terminé… — Il radote le candidat… comme il s’appelle déjà ?
Pour la deuxième fois, voici une autre histoire mais cette fois-ci de lampadaire à 4 mains sur une idée de Firenz’ du blog La plume de mouette. Chacun de nous fait paraître le texte de l’autre sur son blog et une photographie.
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C’est lorsque la grande perche lumineuse fit un pas de côté que le Prince Kremaloff se réveilla. Et c’est lorsqu’il se réveilla qu’il se rendit compte qu’il s’était endormi.
— Sacrebleu, comment ai-je pu m’endormir à pareil moment ?! J’ai assurément perdu la tête et le fil de tous les événements, c’est la raspoutitsa !
Il se souvint alors que la Luciole avait laissé choir quelques cristaux lumineux sur les couvre-chefs des nains, mais aussi quelques paillettes sur son propre carafon. Un rien fanfaron, il avait toujours aimé les paillettes, il avait donc accueilli celles-ci avec plaisir et entrain, quelques-unes dans les mains, le reste dans sa bouche grande ouverte. Il réalisait à ce moment qu’il s’agissait en fait de poudre de perlimpinpin, de celle qui vous méduse, vous assomme et vous endort. Il s’était fait berner comme un bleu et en était tout déconfit.
Les nains avaient négocié le déplacement du lampadaire sans trop de difficulté car la Luciole s’en était mêlé et avait obtenu l’accord à grand renfort d’yeux doux et de promesse de futures étincelles à deux.
Dans le carré libéré par la perche majestueuse, la terre ne demandait qu’à être retournée, retournée un peu plus car elle l’était déjà par tout ce changement. Pensez donc, elle venait d’être affranchie du joug de la fée électricité et pouvait à nouveau rêver la torche du soleil.
On remua la terre, un peu, beaucoup, sous l’œil goguenard de Sire Réverbère et le sourire malicieux de Dame Luciole, jusqu’à ce que le bruit des pelles change, s’assourdisse, et que l’on mette à jour une trappe. Au centre brillait un médaillon d’argent représentant un être fantastique et inquiétant dans la bouche duquel se trouvait l’anneau qui permettrait de soulever la trappe. Étonnamment, ou pas, des sons filtraient à travers les jointures, des sons comme de la musique, une musique comme une invitation. Alors les efforts des deux frères se combinèrent pour soulever la plaque de bois vermoulu. Ce qu’ils découvrirent sous cette plaque les laissa sans voix…
… « Tandis que les autres demeuraient silencieux, il se mit à aller et venir, fouillant dans tous les tiroirs » et se jeta à terre tout à coup sur le sol… une petite souris mécanique trottinait tranquillement sur le parquet, en direction d’un meuble au bon bois travaillé aux ciseaux avec finesse…
— Je ne suis pas une souris de laboratoire. — Tu es trop intelligente, c’est ça ? dit-il en l’enfermant presque brutalement dans sa main trop sèche et dessinée d’un destin improbable. — « Je m’attache très facilement » dit la petite souris mécanique. — Moi aussi, affirme l’homme, viens par ici que j’observe ton mécanisme étrange.
A cet instant, l’homme qui venait de s’étendre sur le sol parqueté en damier usé jusqu’au cœur de la fibre poussiéreuse de souvenirs… disparu…
Il est lié à un arbre que la raison d’une circonstance a oublié et qu’annonce un dialogue où la forêt est le décor inattendu.
— Qu’est-ce que c’est que cette manigance ? s’étonne l’homme, qui se tortille tant bien que mal pour se dégager de sa contrainte.
La souris était à ses pieds, relevée sur ses pattes arrière et le regardait étrangement.
— Libère moi ! crie le bipède secoué par la peur comme un pommier toutes pommes dehors.
— Tu es le prisonnier de Maître Galet, le pourvoyeur des sortilèges, dit la souris blanche mécanisée qui se transforme en enchanteur. — Je suis innocent, hurla le prisonnier contre son gré. — Tu n’es rien qu’une parcelle de temps négligeable à ton cœur métronome, tu m’es précieux, comme un mets, petit homme, dit la voix rude du sorcier, crochetée par intermittence d’un souffle en demi mesure. — Je cauchemarde… — Tu n’es qu’un sicaire, une vie qui ne vaut pas, dit le geôlier qui ricane à l’oreille droite bourdonnante de l’homme. — Tu fais justice toi-même, ensorceleur… cela ne te vaudras pas… — Qu’importe, je suis de ta trempe et j’ai des commanditaires. Et puis, une mort comme la tienne ne fera jamais une céphéide aux yeux de l’éternité. — Et si je devenais un ange ? — Un ange ? Quel genre ? Démon sans aucun doute ! — Et se revancher, je peux ? Non ? — Regarde-toi ? Hein ? Tu cherchais quoi chez ta victime, avec tes hôtes malfaisants ? — T’occupe ! Et d’abord libère moi ! — Rien à faire ! Le Silence dans sa splendeur ouvre la voie du secret de l’homme qui ne s’attendait pas au revif de son état à le purger de son entendement en celui d’une rédemption inattendue par celui de victime. — Qu’est-ce que tu racontes sorcier ? Tu délires ! — Tu cherchais quoi, chez ta victime ? Réponds, scélérat !
— Docteur, le voilà qui bouge… votre piqûre fait effet… — C’est bon signe, enfin j’espère… — C’est grave ? — Une crise de piaraison déglotine parapliée sans aucun doute… et retirez lui son déguisement de souris…
Pour la deuxième fois, voici une autre histoire mais cette fois-ci de lampadaire à 4 mains sur une idée de Firenz’ du blog La plume de mouette. Chacun de nous fait paraître le texte de l’autre sur son blog et une photographie.
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— C’est là, exactement là. — Tu es sur ? — Oui, absolument, c’est ce que me disent la carte, la boussole, le sextant et le fil à plomb réunis. L’ombre immense qui avait surgi était en fait celles superposées de deux nains de bitume. La lumière est trompeuse qui allonge les êtres et diffuse des halos que l’on pourrait peut-être prendre pour des signes, signes du hasard ou symboles christiques… — Alors, que va-t-on faire ? — Toi, tu creuses, moi je réfléchis. — Tu réfléchis à quoi ? — Je réfléchis la lumière, bougre d’andouille, il faut bien que je t’éclaire ! — Et je creuse où ? — Eh bien, là, sous le lampadaire. — Oh là, qui va là ?!, gronda l’illuminé perché. Que vois-je ? Deux nains de jardin équipés de pioches et piolets ? Vous cherchez Blanche-Neige ? Eh bien sachez qu’il y a un bon moment qu’elle a décampé ! — Nains de jardin ? Vous vous méprenez. Il y a surement longtemps que vous n’avez vu un carré de pelouse pour ainsi divaguer. Nains des villes nous sommes, nés en zone urbaine de père en fils depuis au moins quatre générations. Regardez donc nos cravates ! — Qu’est-ce qui vous amène ici ? fulmina la perche flamboyante.
La luciole mâchouillait une brindille sortie d’on ne sait où, et observait la scène, amusée. Libre comme la lumière, elle s’était échappée de la gibecière et voletait ici et là pour mieux se réjouir du grand bazar qui s’annonçait.
Quant au Prince Russe, flairant l’embrouille, il se dit qu’il n’allait pas lanterner longtemps ici. Il voulait à tout prix éviter une rencontre avec les forces de l’ordre. Tant pis pour son breuvage divin et pour la divine bestiole, il lui faudrait trouver une prise à jus pour samovar ailleurs, et une autre attraction insectifère. Il s’apprêtait à tout remballer, quand les mots du plus petit des nains vinrent lui titiller les oreilles. — On vient chercher notre trésor, vous êtes assis, ou plutôt planté, dessus… Son frère ainé lui colla une taloche pour le faire taire, mais le mal était fait. Le trésor venait, en quelque sorte, de changer de futur propriétaire…
Oeuvre de jideair – Fusain, charcoal, petit format : Blog
Pour la deuxième fois, voici une autre histoire mais cette fois-ci de lampadaire à 4 mains sur une idée de Firenz’ du blog La plume de mouette. Chacun de nous fait paraître le texte de l’autre sur son blog et une photographie.
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C’est à moi qu’il parle le goujat ?! Quelle vulgarité ! Il se prend pour qui ? Il me prend pour quoi ? Imagine-t-il que je vais m’abaisser à lui parler d’égal à égal ? Que nenni, la condescendance s’impose. Le rustre ne parait bien mal éclairé, et je parie qu’au Siècle des Lumières, Voltaire n’aurait même pas voulu de son eau chaude pour mettre dans sa bouillotte les soirs d’hiver.
— Qu’est-ce ? Qu’ouïe-je ? Que sens-je ? Quel est ce chien qui vient se soulager à mon pied ? Pouah, quelle odeur infecte !
— Eh oh, le lampadaire, je ne suis pas un chien, parle-moi autrement ! Je suis le Prince Erbeir Kremaloff, descendant de Tzar. Prince déchu, certes, déchu mais aussi déçu de l’accueil que ton pays réserve à la noblesse slave. Aucune déférence, aucune révérence, et me voilà réduit à brancher mon samovar électrique au pied d’un bec de gaz.
— Bec de Gaz ?!!! Oh je sens que la moutarde me monte au nez, et vous êtes bien chanceux que je ne sois pas à gaz, malappris, mes émanations vous auraient couté cher ! Expliquez-moi comment vous pourriez brancher votre samovar électrique sur un bec de gaz, mÔssieur Kremauzeux ? Je suis électrique, moderne, stylé, classé, admiré, et UTILE moi ! Quant à vous, il semble que l’on vous ait coupé la lumière et que vous ayez de l’éclairage public des connaissances qui frôlent l’obscurantisme.
— Oh là, monsieur le lampion, ne vous énervez pas ! Il s’agit d’une simple méprise. Faisons la paix, voulez-vous ? Si vous le désirez, je m’en vais quérir un tuyau d’arrosage, j’en ferai une paille et vous pourrez gouter mon délicieux thé russe.
— Lampion, moi ?! Vous m’insultez !! Et vous croyez que je vais gouter à votre soupe au caillou ? Non mais, il rêve, Erbeir ! Hors de ma vue, galapiat, ou je vais me mettre à clignoter si fort que toute la rue en sera alertée !’
Pour la deuxième fois, voici une autre histoire mais cette fois-ci de lampadaire à 4 mains sur une idée de Firenz’ du blog La plume de mouette. Chacun de nous fait paraître le texte de l’autre sur son blog et une photographie.
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Il semble que le jour soit sur le point de tirer sa révérence et moi je dois me mettre au taf. J’aime pas l’hiver, l’hiver il faut que je bosse davantage, je commence tôt et finis tard. Ces efforts ne sont nullement récompensés, pas plus de ménagement, pas de meilleur traitement et je n’ai jamais entendu parler d’un syndicat des réverbères. Je suis donc bien seul face à mes tracas.
Éclairer le monde et la nuit, ça n’est pas une sinécure. C’est affronter tous les temps, grelotter l’hiver et suffoquer l’été, sans que jamais personne ne songe à me protéger, d’un parapluie, d’un parasol, ou d’une couverture. C’est rester planter là, sans bouger, sans grande interaction avec les humains. A part, bien sûr, ces gluants aux mains poisseuses qui s’appuient parfois sur moi au cœur des nuits trop arrosées pour vomir leur excès d’alcool sur mon pied. Ou ces femmes peu vêtues qui m’utilisent pour mettre en lumière leurs atours et vendre à qui le veut ce qu’il leur reste de vertu. J’m’ennuie. Je suis seul ou mal entouré, et de ces humains je n’éclaire que les calvities ou la racine des cheveux, voire les poux. Moi râleur ? Non, réaliste.
Éclairer le monde ici, sur ce bout de trottoir, quel triste sort ! j’aurais préféré être un phare et souligner l’écume des vagues, guider les navires de tout poil tout en faisant la cour aux sirènes… Dans mes rêves les plus fous, je suis une étoile, et c’est sur l’univers entier que je scintille comme une petite loupiotte. Parfois même, je m’imagine soleil ! Soleil, ça a de la gueule, non ? Mais je m’emballe, je m’emballe, et le réveil est toujours brutal sur ce morceau de bitume… Mais qu’est-ce que je sens-là ? D’où vient cette chaleur qui m’empoigne ? c’est quoi cette odeur ?