Blog oulimots contrainte écriture
— La pluie arrive de l’ouest …
— Tu pars quand même ?
— Il faut bien partir un jour, non ?
— J’sais pas… il faudrait bien que tu restes… non ?
— Tu sais, dans ta vie je ne suis qu’un petit caillou, rien de plus…
— Qu’est-ce t’en sais ? hein ?
— Je le sais, c’est tout et je te connais… je ne suis pas un gars pour toi…
— Qu’est-ce que tu connais de ce que j’ai au cœur et dans mon ventre eux qui me disent tous deux que tu dois rester…
— Je pars, c’est tout…. tu sais que c’était convenu…
— Oui… je sais, mais bon… j’ai… j’ai mal… pas toi ?
— Les choses sont comme ça, c’est tout…
— Tu emportes ta belle plante anémone avec toi… et tu me laisses ? C’est injuste.
— Injuste ? Enfin, on a bien décidé trois mois ensemble pour engagement pour une coloc et ensuite je partais… enfin, on a couché quelques fois… voilà, s’est terminé, je pars… et puis laisse moi mon anémone. Elle est malade…
— Malade ? Tu déconnes là ?
— Tu vois bien, elle n’a pas la grande forme…
— Et moi ?
— T’es pas une plante !
— Raison pour que tu restes !
— Ce n’est pas la question… de toute façon… je t’aime pas…
— Est-ce que je te demande ce genre de verbe au présent ?
— J’en sais rien… j’m’en fous… t’es trop compliquée…
— Et t’as plante, elle n’est pas compliquée, elle ?
— Je l’aime, elle !
— Quelle excuse à la noix quand tu peux avoir une femme à toi !…
— Laisse-moi passer…
— Non !
— Aller… et puis lâche ce fusil…
— Non !
— Mais il y a des millions de bons hommes!… fait ton choix…
— Je t’ai choisi…
— Bien ma veine… j’ai gagné le gros lot, c’est ça…
— J’ai un secret à t’avouer.
— Je ne veux pas de ton secret, jamais !… tu entends !… je ne veux rien de toi !… rien de rien !
Et pour toute réponse, elle tire à bout portant. L’homme s’écroule en lâchant le bocal d’eau, habitât de l’anémone, qui se brise aux pieds de la femme.
Le silence regarde le cadavre tout chaud, tandis que l’anémone, périssant et amoureuse, injecte sur les jambes de la meurtrière sa toxine mortelle…
© Max-Louis MARCETTEAU 2022