Il est cette marionnette de son temps

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… dans le temps fort de sa pièce qu’il joue, un verre d’eau est le bienvenu. Il est viscéralement dans le rôle de son personnage et comme tous les soirs il s’abreuve et se dessèche comme une terre à qui le bon terreau naturel est absorbé pour de belles plantes.

Ce soir-là, à la sortie des artistes le ciel pose son œil superbement lunatique d’un orangé comme né d’un sortilège …

Il s’allume une cigarette. La ruelle est vide. Le boulevard n’est pas loin. Il s’enferme dans son trois-quart. Il est l’heure de rentrer. Il marche lentement. Il refuse comme tous les soirs ce repas avec les autres comédiens.

Il va rejoindre son bar habituel sur l’un des quais de Nantes.

Chaque soir, la Loire, massive, déliée, indomptable, l’appelle pour un bain de minuit sans retour … il suffirait d’un pas … d’une idée malencontreuse à ce moment-là …

Et puis, il va boire … une bière … et puis une autre … les jours de l’hier, de l’aujourdh’ui, du demain, identiques comme une page d’un livre récitée tous les jours, il est cette marionnette de son temps écrit pour lui et par lui, un demi-homme pour un demi-naufrage…toujours à la limite de la noyade et bon à tenir par défaut au manque de courage d’aller voir plus loin dans un ailleurs peut-être avec une autre voix d’appel que celle de la Loire …

Il est deux heures du matin. La Lune est absente ou cachée par de forts épais rideaux de nuages. Il fait frais comme un frisson après une douche trop chaude dans une salle de bains réfrigérée …

Les rues sont des parcs à voitures où l’éclairage souffreteux dépose des reflets inquiétants … et pour lui pas d’éclaircie non plus … il fait parti de ses ombres que personne ne remarque … même sur la scène de la vie …

© Max-Louis MARCETTEAU 2018/2019

Les nuages saoulés au whiskey sour sur ce tout enfariné

Film Dr Jekyll et Mr Hyde 1931- Acteur Frédric March

Film Dr Jekyll et Mr Hyde 1931- Acteur Frédric March

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… la folie, la folie, la folie … le faux de la vraie faux se lit sur le champ de blé perdu dans une campagne aux horizons multiples et au temps suspendu comme un jambon de Bayonne au marché branché de Saint-Jean-du-Corail-des-Bois et puis la ténèbre prend acte à la dernière signature d’un soleil rougeoyant par erreur dans un ciel speedball délirant sur les couleurs de l’overdose neuronal et les nuages saoulés au whiskey sour sur ce tout enfariné d’un regard humain qui ne comprend pas encore le mot folie car dans le creux de sa main sa mémoire l’appelle à boire sa propre lie qui constituée d’âmes anciennes aux cris de rédemption les miroirs sourient à son désespoir attaché à l’encre de sa respiration enveloppée par une apnée chronique …

Il est allongé sur l’herbe de son jardin… le leitmotiv en langue de bouche à lèvres : la folie, la folie … il se roule, puis s’époumone … se déshabille de tout … s’éparpille … puis se lève prêt à partir pour l’inconnue rencontrée entre réalité absolue et relative il court il court il court la langue coupée en deux la tête renversée en arrière il crie il crie … la folie vient …. d’un balancé de faux de le fendre puis de le broyer par effet ….

© Max-Louis MARCETTEAU 2018/2019

Chaque mois dans mon abyssal découvert

Laurel et Hardy

Laurel et Hardy

 

Les petits cahiers d’Émilie – Les plumes d’Asphodele – du 25 au 29 mars 2019


Cidsus (*) et Sidsous se croisent sur la route déserte de la « Frisée du dessus » du village de l’Épingle, en ce matin de campagne qui se lève, le premier bâillement du jour en pyjama d’automne, colorié d’un orangé soleil aux rayons hérissés de par un oreiller nuageux.

— Alors ?
— Alors quoi ?
— Ta banque ?
— Elle fait plaisir … elle engraisse au taux d’usure qu’elle me ponctionne par double dîme chaque mois dans mon abyssal découvert …
— Étrange procédé.
— Tout a fait …. et c’est d’autant plus étrange que d’un négatif, ma tendre banque en ressorte un positif.
— C’est louche.
— Et pourtant, il n’y a pas de hasard.
— Elle connaît le verbe profiter à tous les temps.
— Et le verbe tondre, aussi.
— Et cueillir
— Cueillir ?
— Oui.
— Ah bon ?
— Et oui … les intérêts … elle les cueille comme des fruit mûrs …
Aujourdhui, te voilà bien poète.
— Mon banquier aussi …
— Non ?
— Comme quoi … tu sais quand le ver est dans le fruit …
— Ne me dis pas qu’il est mécène dans le « Printemps des Poètes du 9 au 25 mars sur le thème de la beauté. »
— Je ne le dis pas …
— Il me fait peur ton banquier …
— C’est une femme …
— Non ?
— Si …
— Avec elle, pas de lendemain qui chante …
— C’est ça.
— C’est une femme.
— Oui, une femme.
— C’est mercantile, une femme quand même …
— Elle aime le rose.
— Et les épines qui vont avec ?
— Oui, et puis elle a se sourire serein … presque acéré …
— Une vampire ?
— Faut bien vivre et ce n’est pas incompatible pour une banquière … la preuve.
— Moi, j’aimerais être un poisson.
— Étrange, toi qui n’aime pas l’eau.
— Peut-être qu’elle ne voulait pas être banquière ?
— Oui … elle a été peut-être phagocytée par une fausse certitude, qui sait ?
— La prolifération d’un virus banquier ?
— Possible … pour moi, tout cela c’est du latin … les chiffres, les comptes, débit, crédit.
— Il parait que chez le banquier le crédit est le débit et inversement …
— Ce sont de drôles de gens, ces gens là.
— De toute façon il y a de l’immédiateté dans le fait de consommer et de produire de l’addiction à dépenser.
— C’est un tort.
— Un tort, un tort … je ne sais pas faire qu’autrement à dépenser mon argent …
— … et celui que tu n’as pas.
— C’est de la pure provocation.
— C’est une certitude.
— J’ai cette envie de me pencher à la première margelle venue …
— Ce n’est pas un bon désir.
— Je suis un décadent.
— Non, tu es une incertitude
— Et je me dévore …. et carpe diem…

 

(*) Je remercie pour ce mot de CarnetParesseux

© Max-Louis MARCETTEAU 2019

Message pour toi

Pirates des Caraïbes : Jusqu'au Bout du Monde - 2007 - Johnny Depp

Pirates des Caraïbes : Jusqu’au Bout du Monde – 2007 – Johnny Depp

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Message pour toi,

Tu m’entends ? Non ? Pas grave …

Écume de mes jours … poison de mes nuits … une lettre de rupture ne suffit pas pour t’avouer tout l’amour qui me tient à cœur par une tension défiant tous les appareils de mesure…

Adieu ou … pas.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018/2019

A désosser tout optimiste

Le banc à bout de bras - Kiev - Ukraine

Le banc à bout de bras – Kiev – Ukraine

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Je me drogue à la … à la quoi, déjà ? … je me drogue à … je ne sais plus… de toute façon, elle est licite et cela ne m’empêche pas de pourrir sur pied comme tout le monde.

Je regarde ce monde aliéné par le superflu et l’effervescence de l’info voyeuse, anxieuse, scandaleuse, causeuse, monstrueuse et pourtant elle est identique aux décennies précédentes, aux siècles antécédents …

Je suis assis en califourchon sur un blanc dit public, fixé fermement au sol comme si un vol était possible … et je suis amer et vivant comme une ondée, je respire la terre et les fleurs et puis la déchéance sur les parvis de tout un chacun …

Tout devant moi s’opposent les vérités et les mensonges, les lois des hommes et ses instincts…

Je suis accroupi sur les questionnements de mon existence et à la validité de : “Je sers à quoi ? « . A rien et à tout. Et, tout de rien, je ne vois pas l’intérêt de continuer mon parcours, un champ de mines … à désosser tout optimiste … alors, la muraille psychologique prend l’eau et … la première larme gironde s’élance et la montée de l’émotion du dernier souffle dans ce parc public pour un dernier regard et puis une dernière bolée de Librax et je vais rentrer à la maison, ma solitude sous le bras et …

— Alors, commère ?
— Il s’est pendu hier au soir, à la pleine Lune, le pauvre homme …
— Remarquez, avec un tel handicap …

© Max-Louis MARCETTEAU 2018/2019

Luit à l’ombre le clair obscur ce fard

Oeuvre de Tsukioka Yoshitoshi

Oeuvre de Tsukioka Yoshitoshi

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Luit à l’ombre le clair obscur ce fard
Du visage ovale déterminé aux dards
Tes yeux me transpercent au poison
Silencieux la nuit s’offre à l’autel désir
Tu me quittes dépossédée de mon ire
Je reste seul dans la voiture en oraison …

Le madrigal dicté, mon Léonard, de service, le calligraphie, et va le remettre demain à ma tendre so fuckinspecial. On peut être amoureux d’une putain et l’aimer par les mots aussi bien que tout autre femme de Grasse … par exemple …

Au parfum de ton absence, j’interroge le miroir de la salle de bains et je te dis :

Regarde-moi d’un tout et d’un rien
Dis-moi que je suis un bon à rien
Tes chaînes je n’y peux rien
Je suis un sot rien

Et tu me regardes quand même .. tes mots d’amour sont un cadeau, chaque jour j’en paye la chance et la joie de t’aimer de corps et de sentiments vrais.

Dans J-11, j’aurai la somme totale, ton “rachat” auprès du taulier qui t’embauche. Tu n’as pas de prix et pourtant on me somme que tu es une marchandise, et ce transfert n’est pas humain … foi de souteneur …

© Max-Louis MARCETTEAU 2018/2019

Nul besoin de tenir une promesse pour trahir.

Oeuvre de Timothy M. Parker

Oeuvre de Timothy M. Parker

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Nul besoin de tenir une promesse pour trahir.

Je t’ai regardé, tu m’as souri, j’étais mal à l’aise, tu m’as pris la main, tu l’as embrasée et tu es partie.

Tu m’as pardonnée et je suis resté assis sur ma chaise de cuisine comme un idiot; j’étais saisi comme à l’intérieure d’une pomme au four qui ne sait à quel réchauffement climatique elle va être cuite, à point ou grillée dans son jus …

J’étais lié à mon environnement et à ma bêtise et mes doutes chimériques prenaient tout mon temps de raison pour ce temps de déraison, je devenais mon ensorceleur et mes victimes étaient des moi-mêmes qui se prenaient pour des autres …

J’ai le ruissellement de ma solitude qui s’infiltre dans les interstices de mon anxiété et le nocturne fait sa place, son nid, son lit, sa construction dans le plein jour de la vie, et les harpies des cauchemars me dévisagent comme une nouvelle offrande sur l’autel de mes frustrations …

Nul besoin de tenir une promesse pour se trahir.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018/2019

Ses pupilles fixent le plafond blanc que caresse la Mort

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Il prend le premier avion de ligne. Il est 14h31. Il atterrit dans un pays. Il est 18h49.

Sa vie n’a pas basculé. Non. Aucune reprise ne sera faite sur ses antécédents de paumé du destin qui se moque du devenir des choses à l’être de chair qui pense être le dernier … le premier de toute chose sur le registre de l’univers …

Il se moque de sa destination … il a fui et il fait seulement : “ouf” dans sa chambre d’hôtel d’une grande de ville : Beach et quelque chose …

La passation d’une vie à une autre n’est que le rapport de l’argent présent à l’instant T suffisant pour s’autoriser le prix du déni. Pourtant aucune fuite physique ne viendra effacer les erreurs commises qu’elles soient de Crète, de Charlotte, ou de Praia … à ne pas confondre avec paria …

Il regarde l’heure : 2h54 du matin. Il a trop chaud sous cette couverture. Il vomit. Il n’attend plus rien. Ce n’est pas maintenant qu’il fera un retour en arrière. Et son histoire est banale comme toutes les histoires humaines. Après lui le déluge aimait-il à dire à ses proches et autres rencontres. Et il y a eu cette autre rencontre effectivement …

Le poison fera bientôt effet. Il le sait. Mourir n’est rien, souffrir est tout. Il ne fermera pas les yeux cette nuit et plus jamais, et ses larmes seront sa rédemption pense-t-il, ce pauvre homme enfermé dans sa coquille, sa carcasse… Il respire à peine, à présent et ses pupilles fixent le plafond blanc que caresse la Mort …

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Il est doux le lundi quand je te prends dans mes bras

Donald_duck_et_Daisy

Donald_Duck_et_Daisy

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Il est doux le lundi quand je te prends dans mes bras pour quelques heures hérétiques…
Il est dodu le mardi à notre repas de Nous sur le parvis de nos chairs nous dévorons nos désirs…
Il est Dominique le mercredi Mon Amour ta langue me cherche sur le balcon de notre adultère…
Il est dulcinée le jeudi sur notre scène de vie au théâtre du genre humain…
Il est durillon le vendredi toute une soirée on s’attend sur le trottoir du manque on se respire de loin…
Il est dominé le samedi entre les draps on se parle …
Il est disséminé le dimanche en moi …

La discrétion était notre assurance vie et ne pouvait digérer les scandales… aujourd’hui, je fume nos souvenirs… dans notre cimetière…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018/2019

Aux nobles positions de l’amour

Photographe_et_ femme_inconnus

Photographe_et_ femme_inconnus

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Aux nobles positions de l’amour, il est abusé parfois de tenir des postures peu orthodoxes et de croix pour les fervents adeptes de l’empalement vibreur …une prestation sur mesure, il va sans dire … en un mot, le compte est bon quand les partenaires s’ébrouent aux plaisirs d’un commun accord …

Ils sont d’autres qui s’imposent à l’architecture du corps comme du yoga pour les puristes du genre, à la posture de la charrue ou du poisson, tout un art, la clé de voûte du bien de soi qui n’empêche que l’on ne vit pas plus vieux ni “mieux bien” que les autres…

Et puis, il n’y a de musique du corps que le pupitre de la volonté qui porte la partition du vouloir, et l’acte d’amour, ce corps à corps, gratuit (en général) offre le coït d’une partie de jambes en l’air. D’ailleurs, je n’ai jamais entendu des jambes coïtées … un abus de langage …

Mais qu’importe, j’attends ma nouvelle partenaire … unijambiste … le pied ferme …

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Le froid pince le pauvre dans ses moindres recoins

Photographie de Brassaï - Deux clochards - boulevard Rochechouard - Paris - 1935.

Photographie de Brassaï – Deux clochards – boulevard Rochechouard – Paris – 1935.

Blog de girlkissedbyfire Défi 52 semaines N°50 le mot : froid


Le froid pince le pauvre dans ses moindres recoins
Et sa peau se violace sous le carton de Noël glacé
Et les cotillons en feu d’artifice en famille bien loin
De lui autour d’une table garnie de tout entrelacé

De cadeaux et nourriture dans la chaleur d’aimer
Il est cette solitude clouée au sol de l’indifférence
Le souffle de vie comme une option mais emmuré
Au-dehors par les invisibles regards il y a urgence

A relever les hommes de la terre par les blessures
De la différence dans la maison du cœur de l’humain
Une place est toujours à résidence ouverte à nature
D’espoir de sauver l’humanité entière par une main … tendue !

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

La vieillesse se déboulonne et s’enterre

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J’ai lâchement abandonné ma raison pour celle de la folie douce. Cette folie, en de multiple micro-folies, mine les biens portants quand elle les regarde dans le fond des pupilles.

Pendant des années j’ai vécu, oui vécu comme un homme normalement construit pour verser dans la consommation et l’animation quotidienne voulues par des gens reconnus comme plus sensés que moi et directifs sur le comportement que je devais transmettre…

Et puis les codes institués deviennent des orties au fur et mesure du temps. Les ondes grises des cheveux devenus blancs et du temps restant posent la question du comment veux-tu continuer à vivre si ce n’est pour mieux mourir avec cet esprit des choses accomplies par effet d’avoir été utile à toi-même. Et si les casses automobiles existent, la vieillesse se déboulonne et s’enterre en retraite de maison à prix d’or … à d’ornements funéraires sur contrat de deuil, la solitude est mortelle …

Et puis grimacer devant les habitudes de chaque jour comme une aumône, je préfère sourire, rire jusqu’à mon dernier sommeil de rêve les yeux ouverts sur une eau calme, le silence détendu vers l’infini d’un ciel drapé … de Toi mon Amour …

Et puis, je suis parti vraiment sur la route du délire, les mains dans les poches, le silence entre quatre murs, le monde m’a enfermé et refermé sur ma route à sens multiple et l’injection retard au creux de ma vie, le symptôme réduit à son expression du cri lié à son propre mur, je ris comme un perdu, le pavé de mon destin écrase la peau de banane qu’il m’avait dessiné …

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

J’ai les entrailles de l’écrit

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J’ai les entrailles de l’écrit celles qui soudent les lignes aux mots dans la torpeur de la fièvre intestine muse de douleurs qui se mord les seins de l’imaginaire en cette … d’une seule promenade dans une seule direction j’irai tirer mon rideau d’une seule main ferme et d’un trait d’humour si j’ai encore la parole facile et le verbe du futur toujours présent pour passer l’arme à gauche avant les vêpres le regard nitide et le lacrymal retenu je voudrais vous voir bambocher une semaine entière autour de ma dépouille reluisante d’huile et de cire comme si je devais être vivant encore et encore au-delà de cette éternité humaine que je vomis dans le vivant d’aujourd’hui mais qui me taraudera dans le demain qui viendra bien trop vite par sa grande ligne directrice j’aurai le doigt pointé comme une statue qui pointe l’horizon comme si elle était créatrice de sa propre existence qui n’est en fait de création d’un marionnettiste qui fabrique … des marionnettes comme des vies qu’il n’aura jamais comme le rêveur qui se croit de toutes les aventures et pourrit naturellement dans sa fange entre deux draps trop usés pour encore reconnaître une eau claire de fontaine pour se laver et reprendre vraiment goût à la vraie vie celle qui tend les bras tous les jours et dont on rejette sa chaleur par peur de bien trop vivre pleinement comme une audace devant la mort …

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Elle me scrute la belle inconnue

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… elle a ce magnétisme des yeux bleus confits de son peuple connu pour son remède nommé Plécarthite, un cathartique qui purge les oreilles … peu connu dans nos contrées pharmaceutiques mais qui évite dit-on de source herboristerique la labyrinthite …

Elle m’impressionne, moi l’anthropologue de service, égaré dans ce territoire hostile et tout à la fois fascinant dans cette Amérique du Sud qui s’impose comme le berceau de l’humanité quoi quand disent mes détracteurs.

Je suis prisonnier, oui, ligoté à un poteau sculpté. Elle me scrute la belle inconnue. Mon compte n’est pas encore arrêté car je sais que ce peuple à deux pivots dans sa constitution tribale : l’éructation et l’acajou. L’un concupiscent (aussi étrange que cela puisse paraître) et l’autre meuble leurs journées à tailler des poteaux en ce bois dont chacune et chacune recherche les biens faits du chef.

A ce moment-là, cette superbe femme s’agenouille et me dessine sur le ventre ce que je crois reconnaître … une corneille avec une tige de bois bleu foncé. Je deviens acrimonieux qu’elle reste de bois et sourit comme si elle avait fait une offrande à la cheffe comme je m’en aperçois rapidement. Si je pouvais par une magie quelconque frapper cette femelle d’un anathème … car je sais à cet instant précis quand elle jette en l’air cette tige qu’elle vient de signer mon arrêt de mort.

Quelle fin de vie horrible, déchiqueté à vif par ces maudits volatiles… je crie de rage, je hurle et voilà une flatulence et une autre … que je me mets à rire, à rire quand le premier bec me transperce l’ombilic …

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Je me joue la pièce manquante

Dessin de Arthur Art Adams

Dessin de Arthur Art Adams

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J’ai le sirop de l’imaginaire au fond de la carafe, le sucre des mots dilué dans le pain perdu et le fourneau de la fatigue qui me cuit à point. Il me faudrait un remontant. Une femme, par exemple. Genre bon chic, bon genre, en jupe ou robe fourreau …

Il est vrai qu’une boisson chaude, un café par exemple, pour supporter mon moi-même, mon désœuvrement et mon espoir en continuel opposition, tension, lutte parfois violente, pourrait me relever de mon apathie.

Même pas un grain de café … il faudrait que je me bouge, acheter au magasin du quartier … et prendre aussi une belle bougie… tient … me préparer un repas à la chandelle … avec le regard vide de toi mon Amour … une assiette de reproche et un verre de regrets … tout est là … je froisse mes derniers souvenirs et ta voix qui m’échappe une nouvelle fois … et te voilà devant moi hologramme muet, tu souris et ta main vient vers moi et ma main saisit … le vide …

Il est onze/trente, tu es en moi en plein jour de ma dépression … tu me possèdes, je suis le pilleur de ton bonheur passé et nos avenirs prennent chacun une tasse amère …

Je me joue la pièce manquante et nos personnages sont des fleurs qui se fanent à la mélodie de l’Amour qu’une guitare répudiée par un artiste paumé épanche sur le trottoir et … ma corde au cou qui s’impatiente …

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Je le mate depuis un moment

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Il est là mon homme, en salopette, bleu de travail, cul par dessus tête pour réparer notre pompe de puits …

Je le mate depuis un moment.

Au-delà de ma naturelle nudité, ce jour, j’ai le gazon bien ras. Cela ne fait pas bander mon homme du jour, un tantinet contrarié par la machine à remonter la chose … dite d’eau.

Il est aussi d’une autre panne de ce temps où l’homme est une caricature de lui-même. Heureusement, nous, les femmes, avons fait œuvre d’intelligence. Nos ovocytes et les spermatozoïdes de ses messieurs ont été conservés précieusement aux fils des décennies …

La fabrication de gamètes a contraint cette humanité dénaturée par effet industriel effréné à effectuer un réveil trop tardif pour les uns : “merde ! personne nous a informé !” et les autres qui ont souvent ramé pour rien : “merde ! vous n’avez pas écouté nos avis et recommandations !” …

Et par effet, l’homme a perdu entre temps tout moyen d’ériger son propre désir. Et pourtant la formulation du plaisir de la chair étant instinctivement soudé à l’être, il ne pouvait s’en défaire.

J’essaye de le “pousser” au démarrage, au stimulus de l’homme qui commence à s’énerver et est au bord de la grève non déclarative à mon endroit stipulant qu’il n’est pas une bête de sexe et le bon vouloir de la femme n’est pas une raison raisonnable pour le stresser outre mesure, alors que son envie toute légitime est contrariée … et que le dépannage de la machine est plus important que l’excitation de sa bobine …

Et puis, je ressens comme une idée à l’intérieur de moi, une petite bougie qui s’allume, un eurêka en miniature. Une ancienne pratique qui me revient. Celle de “pomper” avec cette expression peu usitée : “pomper le dard”. Il ne faut qu’il prenne peur, mon homme. Comme je ne sais pas dessiner, je prends une paire de ciseaux et du papier obsolète, le tout déposé à deux bras de moi. Je vois ses yeux s’occulter par effet d’une peur compréhensible. Je prends plusieurs feuilles, je découpe, surcoupe, assemble, colle et voilà que prend forme l’essentiel de ma proposition.

L’homme est dubitatif. Il pose un regard, puis un autre regard sous un autre angle et puis un autre. Il acquiesce, branle du chef. Je vais le désencrasser jusqu’à la garde.

… en attendant qu’il me répare la pompe à eau, du puits … je vais le soulager de sa condition pour mon … plaisir…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Le vigneron sirotant une menthe à l’eau

Photographie de Willy Ronis - Vigneron à Cavignac en Gironde - 1945

Photographie de Willy Ronis – Vigneron à Cavignac en Gironde – 1945

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J’ai un chaton au travers la gorge. Je tousse comme un pendu. Et même s’il y a quelque chose d’étrange et de fatidique à la rencontre des chais, c’est la première fois que j’ai une toux.

Amateur de vins, j’aime parcourir des terres ancestrales et des terroirs aussi rares que le vigneron sirotant une menthe à l’eau dans le puits d’un château du seizième siècle asséché par un changement climatique.

Je m’arrache une nouvelle fois la gorge. Allergie ? Possiblement possible.

Ma voix chaude de baryton, qui impose l’onde entre les cintres des caves et la chose nommée l’aura du vin au fluide qui chantonnait a des étés lointains entre cigales et guerre de tranchées, est mis au frais par inadvertance et me cloue sur pied …

J’ai choisi de développer mon art parmi ces vins vivants. Et cela peut changer une part toute sensible de leurs arômes, comme le bébé dans le ventre de sa maman à l’écoute d’une chiquenaude musicale répétée, comme les nombrils de ce monde de raisins, l’élévation par voix humaine est de ce chic qui augmente la noblesse et le prix … sensiblement.

Aujourd’hui, j’ai l’impression que ma vie tourne au … vinaigre.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Honni soit qui mal y pense

Oeuvre de Joachim Bueckelaer

Oeuvre de Joachim Bueckelaer

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“ — Montre-moi ta courgette, je te montrerai mon abricot…
— Stop !
— Comment, stop ?
— Je ne mange pas de ce pain-là !
— De pain ? je te parle fruit et légume !
— Et alors, le pain vient du blé, du froment, de l’orge …
— Ce sont des céréales.
— Et alors ? tu manges bien des céréales le matin, non ?
— Si…
— Bon alors, ce pain tu dois l’accepter !
— Je ne vois toujours pas le rapport.
— Et bien moi non plus … courgette … abricot … tu as un drôle de langage …
— Enfin, réfléchis un peu dans ta caboche !
— De toute façon, je n’ai pas de courgette.
— T’es bien un garçon, non ?
— Bah, oui, tiens …
— Donc tu as une courgette !
— Je ne vois pas le rapport.
— T’es vraiment un cornichon !
— Recommence pas à m’embrouiller.
— Un garçon ça à un petit tuyau …
— Et ?
— On appelle cela aussi une courgette !
— Une courgette ?
— Une courgette !
— Et pourquoi pas concombre ?
— C’est pas pareil !
— Comment pas pareil ? c’est tout de même …
— Il y a une autre utilité …
— Une autre utilité ?
— T’es cruche tout de même !
— M’enfin, cruche n’a rien à voir …
— …

Nous assistons en direct à l’éducation d’une IA (Intelligence Artificielle) par une autre IA.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

J’ai une armoire et un livre

Dessin de Jochen Gerner

Dessin de Jochen Gerner

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J’ai une armoire et un livre, un livre dans une armoire et pas une armoire dans un livre …

J’ai balancé au service de collecte des déchets les autres livres, pour ne pas dire aux ordures. Il y a des expressions qui sont interdites de paraître sur le territoire lexical. Pour le bien des oreilles ? Pour faire plus propre ? Le nauséabond au mot d’ordre de passer à la lessiveuse pour des oreilles chastement préservées de l’odeur qui restera tout de même dans le … nez.

Quoi qu’il en soit, ce livre trône parmi mon linge et je ne vais pas changer d’idée. Un livre propre, du linge propre, une vie propre… En fait, garder l’essentiel. J’avais des milliers de livres, chacun avec sa particularité, son aura, sa saveur, son trait … et puis, le temps est comme un taille-crayon, il mine la vie et je suis un tantinet au bout, alors comme le soleil, un seul suffit et de livre aussi et avant que la faux me coupe l’herbe sous le pied (j’en ai toujours deux, de pied) par nature ou par un plafond avec une corde et de rejoindre le nuage à mon transport vers les cieux (je suis à demi croyant, en espérant que je n’aurai pas un demi ciel) j’ai décidé de ne garder que ce livre, un bijou de la littérature, immortel …

Bref, je vais brûler aujourd’hui, mon livre, mon Veau d’Or … à moins que … mon armoire …

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

La vie est un réservoir d’eau de Vie qui facilement noie les imprudents.

Photographie de Edwin Bower Hesser - Kathryn Stanley comme la Reine de Salomé - 1926

Photographie de Edwin Bower Hesser – Kathryn Stanley comme la Reine de Salomé – 1926

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Paul était un rescapé du Navire Amour. Il en avait perdu pendant un moment la boussole, de cette folie d’Aimer à Vie, le temps d’une rencontre entre la Rue des Roses et le Boulevard des Imprudents.

Il était temps qu’il ramasse sa gaule et tout le restant de ses appâts. Ne pêche pas qui veut en eau trouble même avec une coupe de champagne pour séduire une belle ou un thon, il faut prendre des précautions car l’hameçon n’est pas toujours pour les autres …et l’on montre ainsi des qualités d’amour qui ne vaut la nourricière de notre enfance qui avait se penchant à vous faire téter pour le bien des deux …

Bref, Paul allait dormir sur ses deux oreilles avec cette facilité qu’il ne dormait que sur un côté à la fois, en chien de fusil, la cartouchière en bandoulière après la prière du soir avec cet effet serpillière qui absorbe tout et dont l’essorage est effectué dans les cieux avec ce rappel au moment le plus critique à enlacer la dernière inspiration avec un goût amer …

La vie est un réservoir d’eau de Vie qui facilement noie les imprudents. L’Amour oui, mais attention à ne dépasser la dose prescrite ….

© Max-Louis MARCETTEAU 2018