Les petits cahiers d’Émilie – Les plumes d’Asphodele – du 08 au 13 avril 2019
L’oiseau emplumé de sa robe ténébreuse n’est pas d’humeur à écouter la fanfare des cui-cui au soleil levant défrisé par une nuit dépossédée par un vol de jour qui se rit chaque jour du rideau noir de sa sœur. En effet la combinaison est inattendue : le jour, la nuit, nés d’une même entité et pas sur la verdure d’un champ campagnard de luzerne qui s’ébroue à la moindre gifle de vent qui n’entend rien à son souffle … l’oiseau le sait et s’en bat l’aile …
Et puis l’oiseau va prendre son café sur son balcon. Il défait son déguisement. Le spectacle du jour de la nocturne tournée est fini. Il s’assoit une fois de plus sur son insomnie. Pas de renouveau possible. La vie comme une échelle à gravir sans fin, la faim d’une mort attendue qui n’a d’yeux que pour les autres … et lui, le velours de l’attente du sommeil sur le parvis d’un paradis éternel de non vie comme une source d’envie de ne pas renaître …
Et puis, à cet instant, il va sursauter sur sa chaise Ikéa en promo en bois collé de copeaux souffreteux devant une corneille qui l’appelle par son prénom. Elle lui demande de sortir de son rêve et de prendre sa clé de bagnole pour celle de la clé des champs et enfin savourer son avenir qui lui tend la joue pour l’embrasser goulûment … et il se réveille …
© Max-Louis MARCETTEAU 2019