Le Marathon de la Nouvelle (merci à Sabrina de cette découverte)
Elle avait l’utopie dans les yeux … aujourd’hui, ils sont vitreux et j’ai les larmes suspendues entre deux mondes : la maison des morts et la maison des vivants …
Elle avait eu un tracé de vie poussiéreux tellement les années s’étaient accumulées les unes aux autres banalement d’une photographie à une autre se superposaient les jours comme une pile de livres tous identiques à l’auteure lisse … péniblement lisse …
Je suis assis sur le bord de la marge … il fait novembre et l’écume poisseuse des feuilles d’automne ont ce sang chromatisé comme traumatisé par sa propre saison qui se dépouille de ses sentiments et déverse ses souvenirs sur une terre de gémissements telle une coulée de lave elle se dégorge …
Le soleil n’a jamais vraiment brillé pour nous deux et pourtant aujourd’hui j’ai le cœur brûlant de t’avoir perdue sans une lettre d’adieu et mon encre sèche à la chorale de mon émotion et nul besoin de mots pour dominer ma fièvre …
Tu m’as abandonné tu Nous as abandonné sur le bord de notre route avec cette phrase : » il est trop tard » … Oui, il est toujours trop tard quelque part dans une vie et tes lignes sont déjà gommées par l’effet de ma rage … je ne veux plus t’entendre au fond de ce moi qui fait écho de toi comme une cathédrale qui brûle et dont les craquements de notre amour s’enchevêtrent et le plomb fondu de mes larmes creusent tes lignes pour définitivement t’enterrer …
Et la révélation s’ouvre à moi, je n’étais qu’une coquille dans le livre de ta vie … toi mon écriture …
© Max-Louis MARCETTEAU 2019