Blog oulimots contrainte écriture
Aujourd’hui je m’embarque dans l’un des trente-trois wagons d’un train en partance pour l’inconnu.
J’installe ma modeste personne dans un siège au confort pilote de ligne le café en moins et la perfusion en plus.
J’avoue avoir été condamné pour non respect du code ZE-RT-1.02.4587M
J’assume cette punition.
Je respire à la façon d’une chrysalide et m’endors tel un chat en fin de vie à l’intérieure d’une solitude bien ancrée dans les profondeurs connues de moi seul pour une chair trop froide pour réchauffer un cœur à demi éteint en compagnie du malaise à fleur de bouche que dessinent des lèvres salées au service de larmes en cristal faisant l’écho aux jointures des articulations craquantes et aux grincements de mes frissons intermittents…
Un sautoir de surveillance gère la transition du réel vers l’improbable voyage qui m’attend.
L’injection du produit rugueux perle se mélange à mon sang qui n’a rien de vraiment rouge.
Mon insomnie coutumière s’est diluée au contact de mon ex-angoisse et toutes deux mains dans la main m’ont souri comme un dernier adieu.
La vitesse de mes synapses synthétiques augmente graduellement et s’échauffe à la rencontre des origines qui luttent jusqu’à la perdition de leur substance nutritive de ma conscience.
Les heures diaboliques se débarrassent de mon existence authentique de l’envie qui se fane sur les lobes de mes entrailles et je vomis ma sainte lucidité comme le dernier rempart de mon libre arbitre.
Je reviens à moi lessivé avec un nouveau code d’identification.
Je suis à présent un citoyen… sain.
© Max-Louis MARCETTEAU 2021