De là où je parle…*

Photographie Iotop 2022


— Tu es une Passeuse d’Anges.

— Qu’est-ce ?

— Un mystère.

— Un mystère ?

— Une couleur.

— Une attirance ?

— Une convergence de Temps.

— Un résumé de Vie ?

— Le dévoilement d’un possible, autre.

— Il faut une clé ?

— Tous en nous, avons cette clé.

— Est-elle saisissable ?

— Peux-tu saisir le vent dans ta main ?

— Comme la parole… Alors, tout, nous file, entre les doigts ?

— Elle sera à notre seuil, éclairée… tu es la serrure… pour ceux qui te reconnaissent…

© Max-Louis MARCETTEAU 2022

* Isabelle T.

Une étrange virgule déambule dans les étagères

Photographie Martin Cauchon

Les Plumes chez Émilie 22.20


La bibliothèque est aujourd’hui fermée.

Une page anonyme a été envoyée par un dictionnaire masqué (selon les experts en tout genre amenés à émettre des avis à la fois discordants et concordants selon la position et l’humeur du moment du public toujours avide et curieux par sa nature des mystères et à la fois perdu par le tohu-bohu de ces mêmes experts) au service de la milice police municipale des objets à venir chercher.

A la lecture de cette fameuse page imprimée à l’encre de Chine (cela ne s’invente pas) sur papier recyclé sur des machines industrielles et lavé à l’eau pure et dénaturée par effet, indique qu’une étrange virgule déambule dans les étagères, les allées et même le sous-sol des archives, émanant un parfum de rose qu’enivre jusqu’à ce que mort s’en suive des livres de poche après une agonie digne des films à la Dario Argento.

La bibliothèque est aujourd’hui fermée.

Le maire de la commune a pris des dispositions. Un peu tard profèrent les langues de vipère et a juste mesure disent les plus honnêtes, quand d’autres ne font état que d’un conte pour attirer l’attention pour s’offrir du tourisme à gogo sans sous déliés de pub.

Dans cette page anonyme, il est question d’un autodafé si les livres des éditions Rhododendron ne sont pas libérés d’ici la fin du mois. Nous sommes le vingt. Les jours se comptent ou se décomptent, selon la position des experts qui divergent…

La bibliothèque est aujourd’hui fermée.

Les plus audacieux des experts travaillent d’arrache-pied tout en conservant leur tête froide pour comprendre la fermeture inexpliquée de toutes les issues de la bibliothèque. La conclusion, non unanime, qui en ressort après moult tentatives à comprendre ce phénomène inexplicable : un livre de magie dépressif et persécuté serait le coupable.

Après cette nouvelle retentissante le monde s’use à lire pour découvrir la clé d’un désenchantement dans le marc de café, les cartes de toute nature, dans les feuillages d’arbres millénaires et même à se livrer à des incantations avec des cerfs-volants au clair de Lune. Certaines langues trop pendues disent que ce n’est pas un loisir ni même une occasion de s’élever voire s’occuper avec intelligence… pour ceux qui en ont une, bien sûr.

La bibliothèque est aujourd’hui fermée.

L’occulte fait peur. Il va sans dire tout en disant qu’une évasion de la totalité des ouvrages est exclue. Alors, si les idées s’enflamment, le nombre de livres de poche meure d’une manière exponentiellement alarmante.

Il n’y a pas de revendication et c’est la question qui jamais soulevé (même avec un palan) vient percuter sans ménagement les experts ahuris, qu’un enfant de huit ans pose.

La bibliothèque est aujourd’hui fermée.

De suite un plénipotentiaire est désigné par les forces de l’ordre public dans la ménagerie des experts. Celui-ci n’en mène pas plus large qu’une marge quand il se présente avec un livre ouvert sur le code pénal de l’occultisme et des dragons… en livre de poche.

Il va sans dire que l’encre du livre de magie ne fait qu’un tour. Il se tourne les pages, se fait un sang d’encre en taches d’encre, se froissent toutes les lignes de la page vingt-deux… et quand l’inattendu se réveille, voilà qu’avec un jet d’encre de capitulation il signe sa reddition. Il souhaitait seulement une réédition mais avait omis de l’écrire comme… revendication.

La bibliothèque est aujourd’hui ouverte.

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

Cul et chemise ?

Photographie de George Hoyningen-Huene - 1929

Photographie de George Hoyningen-Huene – 1929

Blog popinsetcris contrainte écriture (mots définitions)


Je ne vais pas faire l’autruche. Non, non… Il faut sortir du quotidien et ouvrir les yeux… mais tristesse et corde sont dans chaque paluche.

Le temps de relever la tête avant de la perdre. Le temps du pourquoi est à enterrer… attention tout de même à la fosse déjà bien creusée… un faux pas est vite arrivé et le bonheur de l’asticot n’est jamais vraiment loin.

Je vais goûter l’abricot de la vie… ce qui en soi ne veut strictement rien dire.

— Tu fais quoi ?
— Je goûte l’abricot de la vie !
— Ah ? Et… je parie que ta copine t’as largué ?
— Non, non… c’est une expression nouvelle !
— Tendance ?
— Oui, c’est ça !

En fait, cette expression est l’arbre qui cache la forêt.

— Un abricot devenu arbre qui cache une forêt !
— Wouaaaah, c’est la fumette du matin et l’intoxication de la pensée ?

Bref, c’est le mystère. Comme quoi, il ne faut pas s’éterniser sur des expressions dont l’invention est douteuse, mais qui peut porter son fruit… unique.

Aujourd’hui, je sors de mon quotidien. Je vais prendre le frais et me prendre en main à défaut de me donner ce fameux « coup de pied au cul » encore une expression qui me rappelle celle-ci, aussi fameuse, d’un général : « Donnez-moi quinze jours de dictature, je vous décentralise la France à coups de pied dans le cul. » (et pour les puristes, il s’agit du général d’Amandine dans Le Bœuf Clandestin de Marcel le Bien Aymé).

Quoi qu’il en soit, je vais de ce pas à la piscine (une fosse d’eau) noyer mon ennui de vie et y mouiller ma chemise à défaut de la perdre si ce n’est provoquer une rencontre appropriée et devenir… cul et chemise…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018