Pour la deuxième fois, voici une autre histoire mais cette fois-ci de lampadaire à 4 mains sur une idée de Firenz’ du blog La plume de mouette. Chacun de nous fait paraître le texte de l’autre sur son blog et une photographie.
Chapitres 1 ICI et 2 ICI et 4 ICI et 6 ICI ou l’ensemble des chapitres ICI
Il semble que le jour soit sur le point de tirer sa révérence et moi je dois me mettre au taf. J’aime pas l’hiver, l’hiver il faut que je bosse davantage, je commence tôt et finis tard. Ces efforts ne sont nullement récompensés, pas plus de ménagement, pas de meilleur traitement et je n’ai jamais entendu parler d’un syndicat des réverbères. Je suis donc bien seul face à mes tracas.
Éclairer le monde et la nuit, ça n’est pas une sinécure. C’est affronter tous les temps, grelotter l’hiver et suffoquer l’été, sans que jamais personne ne songe à me protéger, d’un parapluie, d’un parasol, ou d’une couverture. C’est rester planter là, sans bouger, sans grande interaction avec les humains. A part, bien sûr, ces gluants aux mains poisseuses qui s’appuient parfois sur moi au cœur des nuits trop arrosées pour vomir leur excès d’alcool sur mon pied. Ou ces femmes peu vêtues qui m’utilisent pour mettre en lumière leurs atours et vendre à qui le veut ce qu’il leur reste de vertu. J’m’ennuie. Je suis seul ou mal entouré, et de ces humains je n’éclaire que les calvities ou la racine des cheveux, voire les poux. Moi râleur ? Non, réaliste.
Éclairer le monde ici, sur ce bout de trottoir, quel triste sort ! j’aurais préféré être un phare et souligner l’écume des vagues, guider les navires de tout poil tout en faisant la cour aux sirènes… Dans mes rêves les plus fous, je suis une étoile, et c’est sur l’univers entier que je scintille comme une petite loupiotte. Parfois même, je m’imagine soleil ! Soleil, ça a de la gueule, non ? Mais je m’emballe, je m’emballe, et le réveil est toujours brutal sur ce morceau de bitume… Mais qu’est-ce que je sens-là ? D’où vient cette chaleur qui m’empoigne ? c’est quoi cette odeur ?
(Texte Florence)