Le homard vertigineux qui n’avait rien demandé

Photographie de Yohann-Legrand

Blog Émilie : récolte 21.02


Se souvenir … et plonger dans le regard d’un passé moqueur qui se croit indestructible et plus encore qui s’impose dans l’état des lieux de notre vie telle une maladie chronique qui nous rappelle … à son bon souvenir… et puis …

Il y a les souvenirs sans applaudissements comme par exemple dans la famille des objets égarés comme cette bague de fiançailles possédée du mot regret gravé par des larmes incomprises ….

Il y a les souvenirs que le mot heureux prend à pleins bras comme par exemple la Madeleine de quarante-quatre ans qui me brisa le cœur dans l’assiette d’un midi avec le homard vertigineux qui n’avait rien demandé, lui non plus …

Il y a les souvenirs ainsi qui sonnent l’Aléa comme par exemple le regard d’une femme dans le couloir d’un métro au trop-plein qui vous agrippe tel l’appât et que vous relâchez tous les deux pour cause d’un mauvais courant descendant …

Il y a les souvenirs qui vont apparaître du tréfonds de l’adolescence comme par exemple cette première tentative sur un slow d’un «Hotel California» et d’un banana-split renversé sur des genoux … à se mettre à genoux …

Il y a les souvenirs … en fait, on ne se résigne pas aux souvenirs … et parfois, ils nous font rêver … encore … et nous restaurent … quelque part …..

© Max-Louis MARCETTEAU 2021

La Vie n’a pas de desseins

Dessin de Peter Arno

Dessin de Peter Arno

Toute vie est intéressante à qui sait s’en servir.

Hélas l’usure fait son office sur les limes traversières des obstacles du destin. Encore faut-il y croire à celui-là. Mais pour celles et ceux qui s’y accrochent comme une trame, il y a toujours la poule d’eau qui vient chahuter la route, avec son nid. Et s’il n’y avait qu’elle !

Non, il y a l’ectoplasme de service, un vieux souvenir douloureux qui traîne et que l’on bouscule par hasard entre deux pensées de déprime passagère. De plus, certaines vies ont un goût de potiron mal cuit dans la marmite d’hiver.

Pourtant, ces vies n’ont-elles pas, chacune, une pépite qui vient briller comme soleil un jour d’automne qui ne sait plus s’il n’est pas entrain de virer sa cuti, entre été pluvieux et hiver monotone, au tintement d’un tambour de tempêtes ?

Quoi qu’il en soit personne n’aura l’outrecuidance de dire qu’il est nyctalope dans les desseins du destin, même si, le médium à tête de roseau, d’un ton grave nous plante son avis aigu entre les oreilles pour nous avouer qu’il y voit des bons ou mauvais augures.

Pour ceux qui sont fatalistes, leurs ailes de vie sont identiques aux autres bipèdes pensants et l’écume des embrouilles et difficultés de tous genres ne sont pas plus gargantuesques que la moyenne des existences. On peut supputer que les monothéistes n’ont rien à craindre de la castagne des aléas qu’ils subiront le moment venu, l’os orbital mieux placé à la droite ou la gauche (selon l’angle de vue) d’un divin personnage de forme fractale.

Et pour tous les autres, le désœuvrement est possible. Ils n’auront que l’alène pour recoudre leurs blessures avec le linceul de bure de service. Tout cela est bien présomptueux. La Vie, elle, n’a rien à voir avec la vie. Elle vaque à ses occupations, tel le triton, à chercher sa nourriture pour vivre.

Amen.

© Max-Louis MARCETTEAU