L’âme que chevauche l’alchimie du récit

Photographie Iotop 2022

Que restera-t-il de ma peau – cette peau toute douce de naissance qui a pris les fouets de la vie aux traçages dont on ne sait quel destin se rit bien de ce qui est juste ou injuste car il ne fait pas de distinction sur la ligne départ – qu’une simple épopée individuelle qui séchera quelque part dans un caveau à une place dans une terre qui n’a pas de nom ?

Et que devient cette deuxième peau que l’on nomme par défaut : l’instinct de survie, imperceptible et fait figure d’un tout mystérieux dans le corps de l’âme que chevauche l’alchimie du récit qui fait acte ?

© Max-Louis MARCETTEAU 2022

Sa lampe adhère dit-il illuminé… 15/…

Photographie Iotop 2022

Pour la deuxième fois, voici une autre histoire mais cette fois-ci de lampadaire à 4 mains sur une idée de Firenz’ du blog La plume de mouette. Chacun de nous fait paraître le texte de l’autre sur son blog et une photographie.

L’ensemble des chapitres ICI


Le Prince avait le teint rubicond. Entre manque d’air et colère contenue ses vaisseaux sanguins se dilataient et semblaient sur le point d’exploser.
— Ainsi Her Man, c’est vous, fieffés filous ! C’est vous en deux mots, deux bouts d’hommes hauts comme trois pommes, c’est vous en six pommes donc, soit une tarte bien garnie, une tarte tatin bien retournée et moi je prends une tarte aussi. Qu’est-ce donc que toutes ces salamalecs, ces pataquès abracadabrantesques ?
— Mais non, le Herman en question, ce n’est pas nous, c’est bel et bien notre oncle. Si nos parents nous ont appelés ainsi, c’est en témoignage de leur affection envers cet oncle chéri. C’est un grand homme d’état, doublé d’un homme d’affaire et d’un aventurier. Dans la famille, tout le monde l’admire.
— ‘Grand homme d’état, d’affaire et aventurier’ ? Et pourtant il semble que, ici, personne n’en ait entendu parler. N’est-ce pas les amis ? Claironna Krémaloff à l’assemblée.
— Ne vous méprenez pas, si vous ne le connaissez pas, c’est que vous n’êtes pas de notre monde, rétorqua Man.
Quelque peu sonné par cette remarque désobligeante à l’égard de son statut, le Prince se rembrunit et enchaîna :
— Mettez-vous à table à présent. Expliquez-nous donc ce que c’est que cette histoire rocambolesque ! Quel rapport entre Pan d’Ore et votre oncle ? Pourquoi la trappe ?
— Voyez-vous, nous sommes hauts comme trois de vos pommes, certes, mais nous avons des capacités qui vous sont étrangères. En particulier celle de vivre entre 500 et 600 ans. Et une seule chose peut nous tuer avant que l’usure du temps n’agisse. Or, l’oncle Herman n’a, à l’heure actuelle, que 438 ans, et l’annonce de sa mort par le voyageur émissaire des Quatre nous a secoués et interpelés. Mensonge ou assassinat ? Si mensonge, qui en est l’auteur, est-ce l’Oncle qui fait courir ce bruit pour sa propre sécurité, ou bien une instance autre dont les desseins nous échappent. On nous a donc envoyés pour mener une enquête à ce propos.
— 500 ou 600 ans, dites-vous ? Eh bien voyons ! Ah qui voulez-vous faire croire de telles balivernes ?! s’esclaffa notre Russe tout bouillant.
— Croyez ce que vous voulez, ironisa Her, cela nous importe peu. Mais pour votre gouverne, sachez que des portraits de notre oncle se retrouvent en filigranes sur de nombreuses toiles célèbres, peintes au cours des cinq derniers siècles. Rubens, Goya, Blake, Hokusai, Turner, Delacroix, Courbet, Manet, Picasso etc lui manifestèrent leur amitié en signant leurs œuvres et son temps de quelques traits le représentant, souvent dans le lointain…
Tous étaient muets de stupeur et incrédules.
— Mais alors, pourquoi la trappe, pourquoi la Lucane, pourquoi son réveil et son nouveau sommeil, demanda Sir Réverbère.
— La Lucane était une étape vers la révélation du mystère, elle sait des choses que nul autre ne connait. Nous pouvions espérer lui tirer les vers du nez mais…
— Mais ? s’enquit le Prince.
— Mais encore une fois, vous avez outrepassé vos droits et posé la mauvaise question. La Lucane s’est renfrognée, refermée sur elle-même, et a repris la voie du Grand Sommeil. Alors que nous avions besoin d’aide, vous n’avez fait que brouiller les pistes…

Texte Florence

Au crayon gras du silence de la feuille

Photographie Iotop 2022

Blog oulimots contrainte écriture


Je traverse cette rue blanche comme une vérité qui file entre les doigts et essaye de retenir du sable aussi sec que la gorge qu’il l’a formulée aussi ronde que la Terre est ovoïde à portée de main au crayon gras du silence de la feuille lissée de ses lignes par l’automne hors d’âge.

Quand un bémol trottine à quelques pas de moi et semble s’intéresser à ma lumière entre les interstices de mes mots :

— Vous êtes de passage me dit-il ?
— Je le suis.
— Pour longtemps ?
— Qu’importe le temps si son heure n’est pas piquée.
— Vous ut une renommée me semble-t-il ?
— Il paraît.
— Vous étiez mineur de fond ?
— L’écriture porte mine à l’anthracite des mots qu’il faut tailler et faire briller.
— Vous étiez de ce canon qu’il fallait atteindre…
— Les voie des mots sont pour chacun de nous.
— Et qu’en est-il maintenant ?
— Je me demande ce qui vous interpelle en moi, vous le demi-ton.
— Je suis votre signe…
— Mon signe ?
— Oui, celui qui vous fera rencontrer la partition de votre vie.
— Quel étrange signe vous faites…

A ce moment précis je me réveille au strident… de la porte d’entrée.

© Max-Louis MARCETTEAU 2022

… et converge vers un seul fruit…

Photographie Iotop 2022

Agenda Ironique Avril 2022


«Les Fées sont d’exquises danseuses» quand l’heure du solstice se lève après le minuit derrière la dernière tonalité d’un son de cloche sur le parvis de l’église qui traîne toute la misère du monde devant l’origine du cierge saisi en main comme une aubaine s’il est bien allumé de bonnes intentions pour éclairer le Paradis de l’Enfer et ne croyez pas un traître mot de l’esprit du conteur païen à la gouaille qui sève à tour de branches le tronc de ses histoires portées à la hauteur du premier podium de la calembredaine les légendes du monde au toupet de transmettre que l’Enfer vient du feu de Dieu quand celui-ci déplace ses meubles un soir de la Pâques pour son nettoyage de printemps…

… et quand bien même on peut y faire contenir des vérités à ces légendes à toutes les panoplies des contes à l’heure du bois flambant dans l’âtre de la cheminée bien montée de ses jambages et de la crémaillère qui a du cran à tenir le chaudron émulsionné de tous les fruits de la Terre mère porteuse des aspirations d’une seule idée qui converge vers un seul fruit pas nommé mais décidé pour sa pomme à être coupable et pas un seul palimpseste ou un archéoptéryx pour y mettre son grain de sel pour infirmer ce concept à la ligne qui se propage d’un point à un autre des âges pour tenir comme fait accompli que la souffrance nous gouverne et semble rajeunir de jour en jour tel un fruit mûr au risque d’éclabousser nos vies prises aux corsets des habitudes qui tirent de drôles de mine sur le terreau de l’impermanence…

… ainsi l’effet danse à la vibration de la narration quand le compteur du temps se laisse porter aux déluges d’un conteur… délirant.

© Max-Louis MARCETTEAU 2022