Ville à bras le corps

Photographie Max Louis - Immeuble a Canclaux Nantes

Photographie Max Louis – Immeuble à Canclaux Nantes

Blog de girlkissedbyfire Défi 52 semaines N°18  le mot : ville


Ville à bras le corps déroutée aux lignes
Trams de trames de directions débordées
De rues en boulevards bavards de signes
Verbaux lumineux d’interdits décidés

Les vies s’étirent en mégabits de flashs
De buzz, de rush, de keufs, de fracas
Too much de vomissures en taches
Déferlent images et people indélicats

L’exploitation est là à dévorer l’ultime
Parcelle de vraie liberté menottée
De jour en joue l’on tire la victime
A terre de ville dans son infirmité !

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

La Mort… Grande Garce…

Dessin animé - Les Pingouins de Madagascar - Kowalski

Dessin animé – Les Pingouins de Madagascar – Kowalski

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Rien de moins sûr que nous soyons des héros si ce n’est de potentielles poules mouillées goinfrées gavées d’informations sur le bord de nos routes quotidiennes au rôle du mort voyeur alimentaire aux yeux d’une pseudo-liberté embastillée criarde loin de la chérir de l’ébat elle se débat des griffes de lois bornées malavisées ineptes de l’Arcane sans nom qui a son cou porte l’insigne des gibiers humanoïdes et au coup de chaque milliseconde sonne le sommeil au mot éternité qui se déboyaute bidonne se tire-bouchonne son restant de harde la gueuse chante quand même l’hymne de la déchéance décrépitude déclin délabrement et nous sans refuge voix éraillée… elle aura notre peau mais pas notre âme… cette Grande Garce … la Mort …

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Toxique…

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Il est tard. Je prends le dernier train. La gare ancrée en cœur de campagne éponge de sa masse le reste de la plaine. Et le regard cyclope rouge de son lampadaire unique à son entrée est surréaliste. Je gare… ma voiture et j’attends au chaud à l’intérieur, car la Société nationale des chemins de fer français n’a pas les moyens d’un chauffage dans la petite salle d’attente depuis longtemps déficitaire.

Il est vraiment tard. Je sors de ma voiture. Il fait bon. C’est un été agréable. C’est un été qui manque aux calendriers passés… Le train a des absences et mon portable ne capte plus rien même pas les étoiles.

Je commence à rager intérieurement et je marche de long en large du petit parking. Je me dépense en pensées incongrues quand je croise un… fauteuil genre strapontin de cinéma. Ce qui n’est pas dans mes habitudes. Je croise plus facilement des inconnus, des maisons, des voitures, des carrefours, des routes, mais un fauteuil…

Je reste perplexe. Il est en suspension… en lévitation… il passe devant moi et je regarde à l’alentour. A part un chat assis sur le rebord de la fenêtre du guichet, je suis seul. Seul humain.

— Votre train ne passera pas ce soir. Je peux vous ramener chez vous, si vous voulez, me dit le fauteuil.

J’ai une sueur froide et mal au crâne avec les yeux qui me piquent. Suis-je dans une réalité parallèle ? Vite un miroir pour me reconnaître dans ce monde-ci. Mais pas de miroir. Est-ce un tour de passe-passe d’un prestidigitateur égaré dans cette partie du territoire ? Est-ce le fait d’une fatigue de cette fin d’année ?

Et le fauteuil tourne autour de moi. Je crois que je vais tomber raide et personne pour me secourir de cette vision. J’ai le frisson de la peur qui me parcourt hilare presque indécent.

— Prenez place. Je vous invite.

Je m’installe… envoûté. Et de suite je prends conscience de ma naïveté et ressens ma position inconfortable, incommode, comme si j’étais devenu un bloc de glace mais sans avoir froid. Le muet de ma situation ne me permet de geindre, de protester… En fait, je suis prisonnier et pas un frisson de compassion de mon hôte qui s’est déplacé très en hauteur si bien que j’aperçois au loin les lumières d’une ville dont je ne sais le nom.

Il prend de la vitesse. Je m’accroche aux accoudoirs comme si j’avais des griffes. Rien ne va plus, les jeux sont faits. Lesquels d’ailleurs ? Ma vie est aux mains… euh… dans un fauteuil, non… je respire la pénombre du brouillard qui m’enveloppe tel un linceul de service, par habitude du client incrédule…

Et je me ressaisis comme un jobard qui vient de comprendre tout le ridicule de sa situation. Est-ce la vitesse du fauteuil ou celui de mon cœur qui diminue ? Qu’importe, devant moi un lampadaire, le destin me tend une perche… verticale… mon salut, un lampadaire illuminé et le fauteuil crie à la perdition, s’évapore…

Et me voilà dans la posture inconfortable en haut d’un lampadaire qui… joue du piston ou est-ce les vibrations de ses nerfs d’acier au choc ressenti de mon atterrissage… ?

— Il a mangé un sandwich avarié… un pur poison… Il est mort dans la nuit… le pauvre… seul dans sa voiture.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

La vraie recette sans nom.

Photographie - Emmanuel Payet, dit Manu Payet

Photographie – Emmanuel Payet, dit Manu Payet

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Au premier abord la cuisine n’est pas un secteur que je visite et encore moins où je m’installe. Mais aujourd’hui est un moment particulier.

Il y a le blanc de volaille fermier qui frissonne dans la marmite de fonte au contact du beurre de Guérande à la limite de la fusion perversement fouettée par des oignons de Roscoff défrisés du bulbe au contact direct d’un céleri de sel comme condiment craintif mais vivant à la bonne température où se découvre impudiquement la seule pomme de terre Monalisa entière de passion et possessive de son environnement est nue pensive et goûte le jus douloureux de fièvre qui mijote au feu d’un bois fièrement conquérant dont la carotte Flyaway dite la Nantaise moins connue que “Lulu la Nantaise” célèbre en bouche et en culte n’a pas l’intention de se flinguer et porte haut en couleur sa résistance à la cuisse on s’en doute même si le bouillon de volaille de belle nature de carcasse (et pas de Caracas) s’émulsionne gentiment presque dévotement au sacrifice qui est le sien dans la plénitude d’être le liant par le même sourire que le vrai champignon de Paris pouponné avec les bons minéraux dans le Val d’Oise (et pas en Chine) sans oublier le poireau de service qui s’est fait attendre présentement en sa vigne sensible comme une asperge, délicat comme le duvet d’une groseille à maquereau et voilà qu’il plonge à son tour en un tour de main essoré et quelle ambiance dans la marmite en effervescence avec tout ce beau monde…

Alors l’on pourra me dire que cette recette est impossible à réaliser et qu’il est temps que je m’occupe de mon oignon voire de mes oignons que de raconter des cracks… chaud devant, vous voilà servi…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Entrailles indigestes

Photographie - collecteur à Montréal - 2009

Photographie – collecteur à Montréal – 2009

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— Faut pas mélanger les sexes.

Notre chef est contre la féminisation de notre métier : égoutier. « Vous vous voyez dire : une égoutière ? » comme sage-femme pour sage-homme ? Mais plus que cela, c’est la particularité d’un milieu extrême.

Le chef n’a pas tort. C’est un homme bien et qui respecte tout le monde et n’est pas à ressasser sans arrêt les mêmes choses. Il dit une seule fois et c’est entendu.

— Aujourd’hui, on va nettoyer la galerie nord-est correspondant à la rue des Bolets et ne snobons pas notre joie, il y a peut-être de belles trouvailles comme la dernière fois…

Le chef a raison. Nous avons trouvé un bouton de manchette de chez Dior. Après une tractation de bon aloi dans le quartier sud chinois, on nous a remis une somme rondelette que nous avons partagé équitablement.

Bref, nous sommes prêts de prêts avec notre équipement et nous descendons dans la première veine par la porte grillagée dont l’accès est sur le Quai Montsouris. Mais le gag est qu’il y a des trompe-l’œil qui représentent exactement la même grille six fois de suite et parfois notre chef est mystifié et nous rions de bon cœur. Ici pas de moquerie intempestives.

Nous sommes beaucoup plus qu’une équipe. Nous sommes comme une famille, nous vivons en coloc pour certains d’entre nous. Moi je suis avec le chef…

— Messieurs, les entrailles de la ville nous attendent, faisons la digérer de ses pestilentielles selles

Le chef a toujours les mots pour nous donner du courage avec ce brin d’humour et de philosophie que j’adore. Nous sommes soudés et le premier qui prend la marche est sûr de notre connexion, de notre éveil, prêt à tout et à faire sus à toutes éventualités qui contrarierait notre progression, notre travail mais surtout à la sauvegarde des uns et des autres.

— Nous sommes à présent dans le cœur de la galerie et j’ai toujours cette impression d’être dans une des serres du Jardin Botanique de la ville, à cet endroit par la moiteur, la lourdeur de cette atmosphère…

Le chef sait donner une définition à chaque galerie. Je trouve cela fameux. Et nous commençons notre travail quand notre radar commun détecte une présence du vivant : clignotement… rouge. Qu’est-ce ? Des rats ? Non. C’est plus imposant. Un crocodile comme il y a cinq ans ? Non, c’est plus énorme… alors ? Nous nous arrêtons d’un seul homme. Les mouvements des chuintements réguliers, les vibrations monotones, les bruissements symétriques du nauséabond… s’arrêtent. Qu’est-ce qui arrive ou qui va nous arriver…

— Bonjour. Le journal régional s’ouvre sur une page dramatique. L’équipe d’égoutiers est portée disparue… toutes les hypothèses ne sont pas évacuées pour confirmer ce qui reste à l’être…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Au mot sensible

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S’il a bavé le salmigondis des rumeurs au cours des dernières années dans mon oreille de journaliste de quartier, il n’en reste pas moins que ce brave indicateur avait de bonnes sources. Mais, hier il s’est fait mordre par une pipistrelle et il dit n’importe quoi. Je suis resté une petite demi-heure à son chevet. Son état est grave, mais il survivra… enfin j’espère.

Je ne me suis pas esbaudi à l’annonce de son état. Il buvait comme un entonnoir depuis trop longtemps et je suis étonné que la chauve-souris n’ait pas été retrouvée sur le dos.

Pourtant cette histoire de morsure me laisse perplexe. Je me demande si le gang de Palingredelle n’aurait pas eu la malencontreuse idée de pratiquer ce genre de meurtre par l’influence du frère de la victime spécialiste en chiroptères. L’homme navigue dans les eaux troubles de l’import export…

Je suis en train de réfléchir au bar du coin devant ma blonde de bière quand un individu étrangement étrange s’assoie à ma table. Au premier abord, je vois qu’il est atteint d’impétigo ce qui n’est pas très courant à notre époque.

— Vous voulez un tuyau concernant votre indicateur à l’hosto ?
— Dites toujours
— Il est triskaïdékaphobique
— Et ?
— Réfléchissez.
— Je ne vois pas
— Il ne va pas survivre. Il est dans la chambre 13.
— Pour une info, c’est une info pour sûr. Mais vous savez il a été atteint par la rage et il devrait quand même s’en sortir.
— Et savez-vous…
— Quoi encore ?
— Qu’il a participé au cambriolage de la rue des Écureuils Volants ?
— Non ?
— Si, si…

J’ai eu un moment de surprise qui s’est traduit par une gêne au niveau du poplité gauche (il me reste des séquelles footballistiques). À ce moment-là, il sort de son sac un hamamélis que je reconnais comme une digitale pourpre…

— Voyez cette fleur, il suffit que je la cueille pour qu’elle m’appartienne, mais elle est aussi toxique et votre ami peut … vous être toxique… je me fais comprendre.
— Une menace comme une autre…
— Ne faites pas le blasé… alors, il ne vous a rien dit ?
— N’inversons pas les rôles.
— Je préfère être dans le mien que dans le vôtre. Vous êtes seul. Votre journal de quartier ne vous soutiendra pas…
— Quand savez vous ? Nous avons une solidarité genre sororité
— Vous ?

Il se mit à rire, un rire irrespectueux, blessant, offensant, mortifiant… C’est à ce moment-là, que j’utilise mon décadotron miniature qui le frigorifie instantanément et je demande au patron de le transporter au premier vide néant. Je suis sensible et ne supporte pas la moquerie sur ma différence en ce début de l’année… 2069.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

… or tout est là devant nous nos yeux vieillis

Photograhie du film - l amour double

Photograhie du film – l amour double

Blog de girlkissedbyfire Défi 52 semaines N°17  le mot : or


or tout est là devant nous nos yeux vieillis
Nos mains déformées aux caresses dépolies
Nos souvenirs en avenir de mémoires aigries
Nous tenons sur nos cannes sourires agonies

Édentés de connaître enfin la paix du déni
De notre amour ligoté bleuit par les défis
Possédés de vaincre les regards déconfits
Nous ouvrons la porte de notre Arcadie

… or il a tant à faire et point de crédits
De Temps qui se fuit crame à l’incendie
Des jours unijambistes des j’aime groggy
De ses souffles possessifs de Nous qui rugit …

encore …

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Furtive anomalie ?

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L’amour défenestré et les mots pendus à la corde de l’éréthisme, j’ai subi l’ensorcellement, et suis prostré dans le couloir du temps, dans le couloir de ton âme et ma frénésie à t’aimer s’est crucifié un dimanche de novembre sur le quai de la gare de notre liaison adultère à l’émotion de vivre pleinement ce qui était du vide de nos deux vies, deux tranchées boueuses d’un tout capharnaüm enchaîné à nos maigres vies dont la lueur des mouvements ressemblent à deux ombres dans la cave des regrets et de la préférence des habitudes qui ronge le mot quotidien et les os des envies qui se pavanent dans les contrées trop lointaines pour une possible approche ou possession…

Je ne respire plus. Je suis mort de cette mort scrupuleuse au silence d’un toit ouvert au ciel gris des pleurs noueux et de l’hostilité du rire et de la voie Lactée linceul je me suis offert mon âme au brûlot de mon cœur en devenir creux du rien par le sang tarit de notre amour, de ton amour, car je t’aime à la frontière de haine, à la limite du meurtre de possession d’être dépossédé de ta vénération, je me couds le cœur, les lèvres, les mots, la gorge, les lignes, la respiration…

Tout est là-devant moi et j’attends l’irréparable et le monde circule dans les veines du néant qui pose nu par indécence construite pour les égarés et j’attends le possible à se produire à ton retour entre mes mots et mon amour et mon sexe entre sperme et encre, j’écris dans le couloir vagin en attente de…

Je ne suis qu’une anomalie de méthyltestostérone

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

La division d’un reste

Oeuvre de Stefan Stankovic

Oeuvre de Stefan Stankovic

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Il me regarde dans les yeux… de haut.

Damned.

Je suis allongé sur un lit de feuilles… d’automne. La forêt est en vrille, arbres arrachés, soufflés, tordus, arrachés, défigurés… est-ce mon monde connu ? Le silence est monastique.

A ma nuitée, j’ai froid. Il est toujours là. Il rôde.

— Damned.

Je me lève. L’astre du jour est rouge vermeil et rayons de sang couleur de l’irréel. C’est beau, terrifiant à la fois.

J’étais majordome dans une grande maison. Une belle situation… je crois et puis… le vide… et suis à présent là… perdu, égaré… j’ai l’impression que mes émotions sont estompées.

Je marche lentement. Trop lentement. J’ai des morceaux de branches et verre aux jambes. Je ne ressens aucune douleur. Suis-je aussi devenu insensible ? Tout cela n’est vraiment pas normal… et il est présent. Il tournoie autour de moi de plus en plus près.

— Damned.
Oh oui oh oui… je lui réponds.

Je m’entends dire des expressions en dehors d’un contexte précis. Je crois qu’il a vraiment quelque chose qui cloche. Et le mot cloche me fait penser au village. Le village de… je ne sais plus. Il faut que je sorte de cette forêt dévastée. Il me faut retrouver une certaine mémoire.

Je marche, je marche, nuits et jours… enfin ce qui reste du jour épais, suffocant, excentrique… et de la nuit cauchemar d’un tout de cris éparses, de gémissements étranges, de froissements ininterrompus, de frôlements de choses étranges entre moustiques et oiseaux de mauvais augures…

La route est là… un semblant d’une ancienne route goudronnée. Je m’arrête enfin. Sa présence au-dessus de moi depuis des jours est obsédante.

— Damned.
— Que me veux-tu ?
— Damned.
— Précise…
— Damned. Tu es le seul survivant. Le tsunami cosmique prévu est arrivé selon les prévisions. Damned
— Je ne suis pas seul, tu es là…
— Tu es le seul de ton espèce… j’ai interrogé les principaux anciens satellites encore en activité autour du monde…
— Ah ? Donc je ne suis pas seul… et puis tu es là… on est deux…
— Damned. J’ai un souci d’interconnexion neuronales du langage usuel…

Il doit être aussi le dernier drone en activité comme je suis le dernier droïde…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Une histoire de fous…

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On est lundi. Je regarde par la fenêtre. Premières primevères. Elles sont naturellement belles. Je fume tranquillement. Il fait beau, il suffirait que je fasse un pas de plus, enjamber le rebord et poser mes pas sur l’herbe verte, belle étoffe.

Mais dois-je décoiffer cette magnifique parure ? Non ! Je regarde… seulement entre le carrefour de mes idées floues et le ciel en mèche sur le front aux reflets de blancs d’œils tracés à la goutte d’eau, j’aperçois un… lutin.

Je respire le décalage entre lui et moi. Il me sourit. Je fronce les sourcils. Il grimace. J’ironise de mon visage. Il me tourne le dos. Il n’est pas plus haut que les jonquilles qui dominent les primevères.

Est-il sorti de terre, de fleurs, de l’arbre à quelques mètres de là ? Qu’importe. Il m’amuse ce tout petit bonhomme et à tel point que je lui trouve de suite un surnom : lapinou. Et, je mets à rire quand je vois qu’il y a d’autres de ces petits hommes : gros, cornus, longs de bras ou courts de jambes, des têtes difformes mais marrantes…

J’inspire une autre taffe de mon tabac maison qui est un peu humide, il faut avouer. Je me demande si ne devrais pas changer les ingrédients et supprimer les feuilles séchées de radis

Je ferme les yeux. Tout va bien. Mon ciel est toujours intact et mon esprit d’un beau rose parme. Je vais me rallonger et laisser quand même la fenêtre ouverte, car je veux me prémunir de la sorcière Tchil-baga à la première rosée de printemps…

— Alors, comment est-il ce matin le docteur ?
— Il est sauvé, mais il faudra qu’il redescende de son arbre à fous…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Dialogue en… rupture.

Film de Godard - le mépris - Bardot et Piccoli

Film de Godard – le mépris – Bardot et Piccoli

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—… « Cochon qui s’en dédit » me lance comme un anathème, ma partenaire de lit du moment entre la porte de la salle de bains et la prise de… douche.
— Tu devrais dire “Cochonne qui s’en dédit”
— Et pourquoi pas truie, hein !
— Non pas truie. Y a rien de romantique dans ce nom. C’est de l’élevage…
— Ton inconscience fait quand même le distinguo entre cochonne et truie… tu me surprends.
— Tu veux dire ma conscience…
— Ta conscience n’est pas digne de me recevoir et de me foutre, mon salop…
— Tu as la langue bien pendue
— Pas autant de ce que tu as entre les jambes
— C’est fin
— C’est tendu comme une perche
— Bon, tu restes ou tu pars en voyage ?
— Tu veux me garder ou est-ce valeur de non-recevoir ?
— J’aime les femmes intellectuelles dans ton genre qui font semblant de rien comprendre et qui ont deux longueurs d’avance…
— Tu es désuet dans ton raisonnement, je suis nature, prends-moi comme telle, comme cette nuit, mon grand fou…
— T’es baroque, voire une élégante délurée, mais je ne crois pas à ta nature… naturelle
— Tu me déposes à Paris ?
— Si tu veux… mais d’abord, il faut que je retrouve ma lentille de contact…
— Tu n’as pas de double ?
— Si… introuvables.
— Dis-moi… c’est une excuse bidon pour ne pas me ramener ?
— C’est possible
— Alors, je reste…
— Non ?
— Si… je vais être ta source… ta nuisible… ton obscénité, ta souillure, ton injure, ta pourriture, ta voirie boueuse, ta crasse…
— Arrête, STOP, halte…
— Bon alors, tu me ramènes à Paris ?
— Ok, ok… tu as gagné… ton pari…
© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Contrat recherché…

Kaamelott - série créée par Alexandre Astier

Kaamelott – série créée par Alexandre Astier

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Pour la deuxième fois je prends le canal. J’ai peur. Oui, cette peur animale qui ressort sur la peau et qui intoxique. Il est dimanche matin. J’ai embarqué hier au soir, à la nuit, sur mon voilier monocoque un 10 mètre « 360 grand large ».

Je n’ai pas à être déférent sur la ligne de la vie, je suis à ma ligne de flottaison fidèle avec cette peur de me décevoir, avec cette peur de me saborder pour un mot, une attitude de travers. Je voudrais me cogner la tête contre les contreforts de ma bêtise pour la faire éclater.

Je navigue en mode manuel c’est d’autant plus prudent que par moments je coupe le moteur et laisser glisser sur l’onde fraîche, à la brume éparse, aux premiers clapotis de vies, à la levée de l’haleine du jour avec ses fumets entre végétaux bien pourris et jeunes pousses en devenir…

Mon opération de ce jour est de récupérer mon âme vendue il y a trois semaines à un vagabond en amont du canal. Je l’ai vendue bêtement, stupidement, sottement, mais surtout naïvement.

En fait, j’ai eu une avarie sur mon voilier tout neuf acheté cash suite à des ventes de laitues hors commerces mais pour des gros groupes qui nourrissent des fermes de limaces qui sont transformées pour des produits de consommations externes…

Bref, mon bateau prenait l’eau, moi avec, mais ce jour-là pas de bol, j’étais resté prisonnier à l’intérieur par des effets de la malchance… sans doute… quoi qu’il en soit, si j’ai entendu quelque part « mon royaume pour un cheval », je voulais « mon âme pour ma vie », ce qui était vraiment, mais vraiment déraisonnable.

A l’expression de ce vœu, j’avais de l’eau jusqu’au cou, le sourire de la Mort en porte-manteau devant moi, et à ma gauche apparue un vagabond en hologramme 3D avec effets sur liquide environnant. J’avais le respect de circonstance et la première douleur de la cage thoracique d’un cœur qui voulait faire ses valises…

— Alors, mon brave… vos derniers instants… quelle croix, hein ? dit le vagabond.
— Mon âme pour ma vie !
— Effectivement, c’est possiblement possible… mais…
— Vous n’allez pas me faire le coup de VGE le « oui mais »…
— Si, si… donc, pour moi, vous n’avez pas l’âme, disons, assez crasseuse à présenter…
— Vous… voulez… rire…
— Mon brave… je n’ai pas les moyens de rire et vous non plus si l’eau commence à vous chatouiller le gosier…
— Qu’est-ce… je… dois faire…
— Vendre toutes vos parts financières sur tous les marchés et les déposer sur un compte offshore en Tanzanie… en échange de votre âme.
— Vous êtes un salop…
— Nous nous entendons…
— Je signe où ?
— Vous êtes un marrant… enfin tu es un marrant, je te tutoie parce que nous venons de pactiser à l’instant. Comme tu vois il y a de l’évolution… nous suivons nous aussi les mouvements du progrès…

L’eau commença à descendre, ma Mort s’esquiva et mon vagabond disparu. Le voilier se remit à flot comme par enchantement et l’eau s’ébruita, s’évapora.

Aujourd’hui j’ai tout perdu, argent, clients, mobilier et immobilier, enfants, femmes, il me reste miraculeusement ce voilier et aujourd’hui dimanche matin, je veux récupérer mon âme…

Et le même scénario se reproduit… le voilier coule… la Mort sourit, le vagabond rapplique…

— Alors, mon brave de retour…
—… pour le rachat de mon âme
— Et bien impossible. Tu vas prestement mourir…
— Mais je ne veux pas…
— Tu ne veux pas… tu es en train de boire la dernière tasse…
— Attendez… atten…
— La Mort s’impatiente…
— Propose-moi un autre marché…
— Un autre marché ? Intéressant… pourquoi pas !

Aujourd’hui je suis vagabond et je passe des contrats… d’âmes sans état d’âme pour récupérer la mienne sachant le contrat de dupe…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Derniers mots de nudité

Photographe inconnu - Le Belem

Photographe inconnu – Le Belem

Défi de lateliersouslesfeuilles : A vos claviers #6 :


J’ai eu toute l’énergie du partir et… je suis resté. Lâche, dégonflé, couard, poltron, jean-foutre, faible… ? Il y a des destins qui s’accomplissent dans l’ombre d’un tracé.

Au resté, je suis entre deux eaux et me couvre de réflexions et questionnements qui me tiennent chauds comme un vêtement en cachemire.

Je veux rester… mais je suis déjà enraciné, profondément, foncièrement, pleinement dans ma terre azotée de moi jusqu’aux tréfonds de mes fibres… frileuses.

Partir, le mot est savoureux, délicieux même… « partir, c’est mourir un peu, mais mourir, c’est partir beaucoup » dit Allais partir aussi pour de bon. Belle expression et même si je vis pour mourir un peu chaque jour, je ne veux pas précipiter la chose avec un partir qui m’angoisse entre l’intestin capricieux pour un oui/non et un cerveau prêt à se guillotiner les synapses pour un non/oui.

Il n’est grands soins qui s’accommodent de l’incertitude. Le doute est mon ciment et en mourir de honte, à l’avouer en ces lignes aux derniers trébuchements de ma voix parmi vous, demain sera effacé avec l’espoir d’aujourd’hui pour un autre demain avec un autre corps et des amants de tortures morales, de supplices de lâche, d’interrogatoires absurdes entre moi et moi, d’épreuves débités à la scie des tourments…

— Dites-moi, il a rendu gorge, là… ou il faut attendre qu’il soit vraiment froid pour l’emporter ?

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Les écrivains se trépassent …

Photo - Robert De Niro

Photo – Robert De Niro

Défi de Lili littérartiste Poésie de l’aléatoire N°3 (projet d’une lycéenne, à
encourager, participer)


Les écrivains se trépassent de mot à mot

Défiants les éléments du langage du vif

Les lignes s’enrôlent de force liée au dos

Subissent la volonté du tyran de l’abusif

 

Et le monologue s’engage au « gueuloir »,

La respiration s’irradie, se déplie, se fuit,

Puis s’impose aux phrases sur le perchoir

De l’ambiance, s’émerveille ou se vomit

 

D’un seul élan à ne tenir sur les jambes

Du raisonnable s’efface le tiers, le quart

Si la totalité alors d’un effet tout flambe

Tout suffoque et à reprendre sans tard-

 

Dé les jeux du phrasé remoulinent d’ici

A là dans l’heure, le jour, un tiers ou quart

La semaine et le tout se refond du souci

Et ainsi va l’écriture en tenu de bagnard !

 

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

 

 

Je réalise la dureté du hasard

Oeuvre de Georges Mathieu - Hasard du temps - 1987

Oeuvre de Georges Mathieu – Hasard du temps – 1987

Blog de girlkissedbyfire Défi 52 semaines N°16  le mot : au hasard


Je réalise la dureté du hasard
A la tenaille de mes ambitions
J’engraisse de chance au lard
Des jours heureux en sillons

Et pourtant, j’hésite, j’ironise
Ce bonheur et traite ma vie
En traites sourires et mise
Sur les crises en des crédits

Aux intérêts gonflés à jouir
Des hypothèques musclées
J’encaisse et gifle le plaisir
De mon mépris …

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Polissons le romantisme au XXIème siècle à la langue du dandy.

Photographie - Pierre Desproges

Photographie – Pierre Desproges

Publions notre minute de Mr Cyclopède le 18 avril 2018 par La jument verte


Il y va du romantisme comme de la culotte de cheval de la concierge. Il est présent dans les milieux timides et dans les écuries des ladys à se faire retrousser pour quelques louis.

Et ce fameux Louis à l’aura particulière aura la bonne mine de draguer … courtiser la Laure de l’office, Lady en ce lieu où tout est dit de la rumeur aux faits certains. N’est pas maître de tout et maîtresse de l’envie prend les commandes si ce n’est le Dandy Louis à pâtir de la chose déjà entendue à l’acte en un seul …

— “Comment ? Regardez, c’est simple.”

Déguisé en livreur de pizza, il sonna à double dring quand apparue la Laure en tenue string en frac masculin tout aguichante et pourtant toute retenue d’un mot de trop, elle s’annonça être la maîtresse de maison qui avait commandé la pâte cuite et ses contenus.
— Je suis la bonne pâte qui vous livre et …
— N’en dites pas plus mon bon de votre bonne langue, vous êtes prévu pour l’entrée …
— Alors, ça alors … dit le livreur de pizza, les yeux rivés sur la poitrine d’une belle assise de la Lady.

Ainsi le Louis est passé du chasseur retrousseur à retrousser. Alors la Laure de son romantisme du XXIème arrondissement imposa sa discipline et polit le polisson par sa politesse de bien belle manière ce Louis d’alors.

— “Étonnant ! Non ?” dit le livreur de pizza les fesses à l’air de rien bien chaudement fessées.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Livre-moi le premier mot

Blog de girlkissedbyfire Défi 52 semaines N°15  le mot : livre


Livre-moi le premier mot de ton livre,
A tes lèvres bois ses lettres sanguines
Et mon contentement ma tragédienne
A tes sens s’offrent aux parfums ivres

A l’amour encré des mots ombrageux
Et houleux de vivre entre l’originelle
Envie du jeu et les redoutables enjeux
De tenir des promesses universelles

Tes bouquets sont à moi aux infinis
Nuances me délivrent des mystères
Sur tes lignes je suis apaisé, béni,
De te connaître enfin à la lumière !

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Postérieur a posteriore ratione

Sculpture de Bernini - Pluton enlevant Proserpine

Sculpture de Bernini – Pluton enlevant Proserpine

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Tout est là, devant moi. Et je suis dans l’incapacité de pratiquer la pratique depuis… en fait, j’en sais strictement rien et je ne veux pas le savoir…

Si la fessée est une punition elle n’est pas pour moi mais pour une femme une inconnue, une égarée comme moi entre deux gares et un hôtel dont le bar avait ce visage vide de bouteilles pleines de regrets de n’être appréciées à l’alcoolémie de l’oubli de la solitude par des voyageurs aux privations d’une vie de rêve et de l’engueulade de l’être aimé.e qui s’inquiète comme une mère pour ses poussins, et des reproches salutaires qui nous font exister…

Bref, cette personne s’est prestement déculottée et s’est positionnée de telle manière à ce que je la fesse. Mais je ne suis pas un fesseur. Non, non. D’ailleurs, je suis un non-violent, pas comme mon patron qui est capable de balancer des outils dans l’atelier et chaud devant…

Je suis tout de même bien embêté au regard de ce fessier de rondeur et de fermeté… je suis en haut d’une gêne et d’une inexpérience. On peut s’attendre à tout avec une femme mais là, c’est bien la première fois que je me retrouve dans une situation de… fesses dont je ne sais résoudre le désir…

— « fichier »! dis-je en moi-même, car je m’interdis d’être grossier même avec… moi-même…

Et à ce moment précis j’ai une idée. Une vraie idée. La seule idée pour solutionner ce moment de vide entre moi et elle. Cette idée qui va nous unir dans cette chambre d’hôtel au Champagne triste, au lit défait sans ébat, aux volets clos de pudeur, aux regards des murs qui chuchotent les fragments de vies…

J’ai à portée de main un feutre noir, une aubaine, un hasard du hasard, une circonstance heureuse, bref, je vais réaliser un dessin sur chaque… fesse. Et pas n’importe lequel. Un moustique. Un gros moustique. Ainsi je peux à loisir m’envahir de la situation et occasionner l’occasion d’accomplir le désir de ma femme du moment…

— Alors, chéri tu te confesses ? Qu’est-ce que tu écris… mon pervers…?

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Une carotte mon lapin … ce soir ?

Lapin nommé Ollie-Bun

Lapin nommé Ollie-Bun

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Un avocat et un client :

—… je vous le redis, c’est un accord synallagmatique, vous ne pouvez y déroger… dit l’avocat insistant.
— M’enfin, je ne comprends rien…
— Et je comprends tout à fait votre désappointement et que du paisible de votre vie d’antan, il va bien falloir vous faire à cette nouvelle vie.
— Je ne peux m’y résoudre… je vous le dis tout net.
— Ce n’est pas l’eschatologie de votre…
— Ex-catho quoi ? Mais je suis catholique monsieur et je tiens à le rester…
— Je comprends mais cela n’a rien à voir. Ce que je veux dire, ce n’est pas la fin du monde pour votre…
— Vous en avez de bonne vous. Vous croyez que je suis en pleine extase, là ? Non monsieur… mais vous riez monsieur…
— Je trouve votre situation… comment dire… cocasse
— Cocasse ?
— Oui… cocasse
— Expliquez-vous ?
— Enfin monsieur, vous avez signé avec l’amant de votre femme ainsi qu’elle-même la totale appartenance des uns des autres pour une durée indéterminée…
— Mais je n’étais pas au courant d’un tel arrangement !
— N’empêche tout prouve que c’est bien votre signature et inversement rien ne prouve qu’elle a été arrachée sous la contrainte !
— Cela dépasse mon entendement… !
— Je veux bien vous croire mais c’est tout à fait inattaquable sachant par ailleurs que cela a été fait devant notaire.
— J’ai été drogué, hypnotisé… je ne vois rien d’autre… dit le client abasourdi
— Vous pouvez… si vous êtes catholique faire une oraison jaculatoire
— Et vous pensez vraiment que le ciel va m’aider ?
— « Aide-toi et le Ciel t’aidera » est-il écrit !
— Il n’y a pas de quoi s’ébaudir sur un La Fontaine du « Le Chartier embourbé », c’est païen à souhait.
— Et si j’obvie au mieux, cet état de fait ?
— C’est-à-dire ?
— Et si je vous prêtais…
— Oui ?
— Ma femme… elle a très peu servi… à ma connaissance…
— Monsieur je suis un cuniculophile distingué et je ne souhaite en aucun cas me mélanger avec une autre femme, est-ce entendu ?
— Tout à fait entendu et … vous faites quoi… ce soir, mon lapin ?

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Nuit déshabillée au seuil

Oeuvre de Fragonard - le verrou

Oeuvre de Fragonard – le verrou

Défi de Lili littérartiste Poésie de l’aléatoire N°2 (projet d’une lycéenne, à encourager, participer)


Nuit déshabillée au seuil
Tu es là le défi te cueille
D’un mot d’amour tu vis
Dans mes bras tu souris

Tu es Belle mon Amour,
Viens relevons le store
De nos tabous de jour
Pansons tous nos torts

Nos doutes égorgeurs
Et ce co-pilote de pleurs
Qui creuse en fossoyeur
Nos manques douleurs

Sortons nos funérailles
Promesses non tenues
Des tiroirs ferrailles
Et aimons Nous… corrompus !

© Max-Louis MARCETTEAU 2018