Bon jour au… cadavre

Photographie de Guy Le Baube - 1971

Photographie de Guy Le Baube – 1971

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Au cadavre exposé tout chaud à… l’auscultation…

—… Vous avez dit mandibules, comme c’est étrange* et… vous êtes de mandibules ?
— Non, je suis pas très loin, à l’ouïe.
— A l’ouïe ?
— Oui.
— Comme c’est étrange.
— Qu’est-ce qui est étrange ?
— A l’ouïe, j’ai connu une femme : Louise.
— Ah ?
— Oui.
— Et ?
— Une belle femme au seuil de ma vie, mais elle n’entendait rien à la poésie et restait sourde à la prose… Elle avait dit avoir eu l’idée de pulluler des connecteurs vestibulaires… extérieur… mais…
—… elle était… imperméable ?
— Toute nue…
— Comment ?
— Sous l’imperméable
— Ah…
— Elle avait ce don de planer entre le fragile de l’air du matin et le contact dur de ses élytres… qu’elle souhaitait se tisser chaque matin avec de la peau de chagrin…
— Une belle personne en somme…
— Elle dormait sur ses deux oreilles… en tout cas, pourtant aux jours de Lune de Miel elle avait la métamorphose facile…
— En démone ailée à la sorgue bien anthracite ?
— Non, non… elle distillait de la poésie en dactyle, spondées, réfutant la scansion…
— Effectivement, mais j’avais cru comprendre que la poésie n’était pas…
— J’avais les yeux offerts aux virgules larmées… sa Beauté me manque et ce froid purulent est tout à fait inconvenant
— Sûr…
— Je voudrais ramper entre les fibres et déchaîner son âme du filet ondal gladiateur et piques de formol qui nous envahissent… très cher
— Il est vrai… je me sens toute moite…
— Je…

Au cadavre tout chaud exposé à… l’auscultation… le corps apparemment se cause à lui-même contre toute attente.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Ai perdu

Modele Raschelle Osbourne- photo de William Lords - 2010

Modele Raschelle Osbourne- photo de William Lords – 2010

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Je viens une fois de plus me faire cuire un œuf. C’est la barbe ! Ma tendre future fiancée a refusée une Perle des Mers du Sud et me suis endetté à tel point que je vis dans mon étable avec trente-trois vaches et loué mon corps de logis.

Si j’avais eu de l’audace je m’aurais mis en fermage de corps et à défaut signé un pacte avec le diable qui m’aurait remis au moins un wagon d’or. Mais l’or ne fait pas l’amour et moi je suis animé par l’amour, non par le mercantile des choses.

Voilà que j’ai le hoquet… Je range mon beau costume dans l’armoire aux poules que j’aie virées depuis un bon mois. Je les ai déménagées dans l’autre aile du bâtiment de l’étable… avec tout le confort, je crois.

Je reste prostré, assis sur un tabouret trois pieds et c’est moi qui perds pied. Je me lève comme un ressort délogé de son… logement. Je suis un passionné refoulé. Et je crie comme une bête (parmi mes vaches qui meuglent avec ce regard interrogateur d’une seule pièce) nu qu’il me faudrait m’empailler sur le champ…

Je m’agite, déraisonne… je vais me mettre un ruban à cet endroit… de nœud à nœud ça tient… Je me cause, mets en cause, m’étire, et rage, déglutis des mots, sors dents de carnassier à qui me retiendrais et cours en virevoltant, je veux que le monde voit ma détresse si ce n’est le village moqueur et de son cafetier greffé de la belle blonde de la ferme Les Bleuets.

— V’là t’y pas que le Paul est devenu fou à c’trimbaler le nœud tout en mât au vent, la chair sans fringue… et à danser comme un coq qui a perdu sa cote…
— Sers-moi un canon… et laissons le divaguer. Y a une mare pas loin, il va reprendre ses esprits.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Suis heureux…

Oeuvre de Servando Cabrera Moreno

Oeuvre de Servando Cabrera Moreno

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Mon surnom est le « mouton de Panurge ». Les gens disent : « Tiens, voilà le mouton de Panurge ». Je n’en prends pas cas. J’aime les moutons, normal, je viens de la bergerie des Trois Moutons au Col des Frisés. Et depuis que je suis dans ce village, ils m’appellent ainsi et je réponds bien volontiers.

N’empêche que mon vrai nom est : Poliquet. Et j’aime bien. Mes parents d’adoption sont dans les bovidés, c’est mon grand-père qui est dans le mouton et j’y suis resté bien longtemps, mais il est mort. Alors, comme personne ne voulait reprendre la bergerie et que moi je voulais, on m’a dit non. Il fallait que je sois é-man-ci-pé, émancipé (c’est dur à dire). Et j’ai posé question sur ce mot. On m’a répondu que j’étais à présent un affranchi et comme je comprenais pas le mot on m’a expliqué que j’étais libre. Libre ? Mais je l’ai toujours été. Ils sont un peu tarabiscotés dans le village.

On m’a trouvé une place de commis dans l’auberge du Poil Mordant. Suis bien heureux, surtout qu’il paraît que suis pas vilain gars et que la Becoteuse blonde lavandière a bien voulu de moi. C’est là que le curé m’a dit une drôle de phrase : « Alors, tu as connu le coït, garnement. Attention de n’y prendre trop goût ». Je pense que le curé n’a pas bien compris que la Bécoteuse et moi nous étions bien ensemble et qu’à la prochaine ouverture de foire nous allons faire fiançailles.

Suis bien heureux. Et le monde ici, aussi. Quoi de plus avoir quand tout est joliment mis même si parfois la Bécoteuse veut son “face-sitting” du dimanche après la messe. Je vous jure que c’est bien pour lui faire plaisir, surtout sous ses jupes j’étouffe à moitié à lui brouter le foin.

Quoi qu’il en soit, nos futurs voisins et les alentours, va nous offrir un petit lopin de terre et avec pierres, mortier, bois et ardoises pour notre nid d’amour. Suis heureux comme diable… pourvue que la prochaine peste ne vienne pas m’emporter à mon bonheur.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Phare alors…

Oeuvre de Gustave Doré

Oeuvre de Gustave Doré

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Je vais me prendre une bonne bière genre une Cantillon Soleil de Minuit. Je suis tranquillement assis dans un fauteuil osier genre Emmanuelle sur mon balcon du quatrième étage en cette douce fin de soirée d’été. Je me sens bien, presque heureux comme un viking qui vient d’arriver à bon port sur une terre inconnue après une mer de forte densité à la houle bien prise.

Au loin, je perçois le filet feu tournoyant du Phare. Il me fascine comme souvent quand je m’installe à cet endroit. Et précisément aujourd’hui il y a une singularité, un appel dans le temps comme si un moment de vie s’était inscrit à la verticale de ce lieu et dont j’en ressens les événements de… braises.

De gorgée en gorgée ce soir ma bière a un goût différent. Étrange. Et plus étrange encore ce phénomène d’images qui défilent dans ma tête en même temps que le Phare hypnotise mon semblant de conscience.

Suis-je à la porte de la folie ? Moi, l’homme de raison, cartésien pure souche. Vais-je à cet instant déposer ma plénitude entre balcon et bière ? Devrais-je m’imposer l’évidence que je suis devant un phénomène… paranormal ?

Devant moi… un fiacre… suspendu dans les airs, là, comme ça et un… gentilhomme en descend et… vient vers moi… comme s’il me connaissait… À ce moment précis j’ai le viscéral qui ne fait qu’un tour et je vomis mon restant du dîner du soir et bière, un mélange détonnant…

— Et bien mon jeune ami, vous ne vous sentez pas bien, me dit le gentilhomme très courtoisement.
— Je ne suis pas vraiment dans mon assiette, voyez-vous.
— Je comprends, je suis passé par là, aussi.
— Vous pouvez me dire ce qui m’arrive.
— Mais vous venez de… mourir !

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Retour à l’origine

Photographie Sophia Loren

Photographie Sophia Loren

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Je vais vendre le Tableau. Le seul que j’ai hérité de ma grand-mère. Ce n’est pas rien… car je n’ai plus rien d’autre de vendable, je suis fauché. Bientôt à la rue. Le mot rue me fait frissonner depuis quelque temps. J’ai des pavés dans la tête et du goudron uriné sous mon nez.

Je vais prendre le train. Ce train du matin à nuit affichée… salle d’attente étriquée même avec une centaine de places assises, ce lundi matin, cette longue attente avec des inconnus sur le quai, un rocher perdu dans la nature de la ville, de ma ville, de la ville de tout le monde et je ressens toute l’amertume qui monte en moi comme une odeur nauséabonde de souvenirs de ville bourgeoise…

Dans ma valise, le fameux Tableau. Enveloppé. Il n’est pas bien grand. Il représente le portrait d’une femme. Ce n’est pas ma grand-mère, c’est sa sœur. Une belle femme à la Sofia Loren dans les années 60.

Ce matin il fait froid par ce vent bronchitique qui tousse par rafales. Je me suis couvert des pieds à la tête avec mon écharpe fétiche reçu des mains de ma troisième amantes (je n’aime pas le mot maîtresse dans ce cas présent)… non cinquième… en fait qu’importe, j’y tiens.

La lampe incandescente au-dessus de moi accouche d’ombres difformes sorties de l’abdomen de ce quai. J’ai hâte d’un nouveau ciel, le vrai celui qui traîne des nuages, draine des formes en des scènes parfois fantasques…

Enfin le train arrive. Je monte dans le wagon, il y a foule, cherche ma place, je suis dans le sens de la marche côté couloir. Je préfère, sinon j’ai tendance à vomir ce qui dérange les autres passagers. Ce voyage ne m’inspire pas. Depuis le début j’ai un mauvais pressentiment. Mais comment faire autrement. Je n’ai qu’un seul acheteur. J’ai à ma droite une femme d’un certain âge. Elle me sourit tout le temps… C’est presque inquiétant…

Je n’ose plus la regarder et pourtant son sourire s’imprime sur ma nuque. Je ressens une légère électrisation, une vilenie à la limite du supportable.

— Vous ne pouvez pas vendre ce tableau…

J’entends cette voix de femme, tout prêt de moi, j’en suis certain. Je me détourne. Elle me sourit.

— Je vous demande pardon ?
— Vous ne pouvez pas vendre ce tableau.
— Et… pourquoi ?
— Il est hanté.
— Hanté ?
— Hanté depuis que votre grand-mère soit décédée d’une manière… étrange.
— Enfin… vous êtes qui ?
— La demi-sœur de votre grand-mère…
— Germaine ?
— Oui.
— Mais, il paraît que vous êtes morte depuis… dix ans…
— Vrai…
—…

Je respire profondément et je commence à suer comme si j’étais dans une lessiveuse.

— De toute façon, reprend cette femme, le tableau est revenu à sa place…
— Je… ne vous crois pas…

Je me lève brusquement et me dirige vers l’emplacement aux bagages, j’ouvre ma valise, je défais l’emballage du Tableau. Il n’est plus là, c’est une toile blanche devant mes yeux.

Tout en moi est ralenti… je m’entends respirer sourdement… je tombe dans un infini à l’intérieur du… Tableau.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Bois vivant …

Oeuvre de Ludek Alois Marold

Oeuvre de Ludek Alois Marold

Blog de girlkissedbyfire Défi 52 semaines N°13  le mot : bois


Bois vivant, bois et brûle-moi
Grave ton nom sur mon ventre
Ombilic moi en toi, nourris-moi
Sur ta ligne de vie soi mon antre

Bois mort, bois en toi de moi
Ouvres toi les veines au seuil
De ma vie de sable j’ai froid
De moi viens et tu m’accueilles

Bois croix, bois tu broies la loi
De toi pour moi t’aimes outrance
Violence poses tes mains de voies
Nous deux emboîte ma souffrance.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Liberté d’être soi

Oeuvre de Philip Dawe

Oeuvre de Philip Dawe

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Le repassage est un cérémonial. J’avoue. J’aime. Je reste nue, en général. La baie vitrée impartiale, le voisinage au travail et le retraité du coin parfois guetteur. Qu’importe, s’il se fait du bien. Je suis encore bien faite. Les seins bien mis, les hanches bien proportionnées sans outrage, les cuisses et jambes fermes et les fesses toujours rondes avec un léger relâchement sous fessier. Heureusement, le sport m’aide un peu à tenir ce tout de corps en bonne et pol position devant mon mari. Je suis épouse au foyer. Et j’en suis fière. Et oui, j’ai travaillé pendant vingt-cinq ans et maintenant je profite d’être à la maison entre le ménage, le dîner… les enfants sont partis, autonomes, travaillent, bref quoi qu’on dise je suis une femme épanouie.

Alors, je vois déjà les réprobations, les critiques, les reproches, avec au-dessus de moi l’anathème. Je dis non, et re non. Enfin, suis-je une femme libre ou pas ? D’ailleurs ma définition de liberté m’appartient. Elle n’est pas de l’ordre du collectif. Non, non. Ma liberté est une et indivisible.

Si j’ai envie d’un amant sur canapé ou dans mon lit suis-je une salope ou une femme libre ? Je suis une femme libre et mon mari n’a pas la prétention de m’interdire de fleurir, quels que soient mes printemps et c’est ça le merveilleux de ma vie.

Après cet intermède, j’ai fini entre temps mon repassage. Je vais reprendre une petite douche. Coquine ou pas coquine ? Non pas coquine.

Un nouveau maquillage très soft, mon plus beau sourire avec une tenue d’été comme je les aime et me voilà partie pour mon nouveau challenge… le fleuriste…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Il est parti chercher sa jambe de bois …

Thrilling Detective

Thrilling Detective

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« Il est parti chercher sa jambe de bois… hier » c’est tout ce que je peux tirer de cet énergumène allongé sur le bord du trottoir. Il est vingt-trois heures vingt et les derniers mots d’un témoin qui vient de perdre la vie et qui vient de gagner son paradis à l’instant… enfin, j’espère.

Je suis détective, à mes heures et pas privé. J’aime me mêler de ce qui ne me regarde pas. C’est un fait établi. Je suis seul avec ce cadavre tout chaud, tout frais (c’est selon, c’est un peu comme la baguette, toute fraîche alors qu’elle vient de sortir du four… je m’égare) que personne ne viendra réclamer. Je le sais parce que je me suis rencardé sur son blase et rien de bien folichon. Il a navigué dans les eaux troubles d’un trafic de poupées russes qui contenaient des diamants…

Tout semble porter à croire qu’il avait magouillé entre diamant naturel et diamant industriel. Bête initiative de sa part. Enfin, ce n’est pas grave. J’ai au moins un indice. Il n’y a pas trente-six prothésistes sur le modèle jambe de bois. J’en connais un seul. Il est à son compte à l’extérieur d’un petit village.

Voilà que je suis devant, une maisonnette entre lierre et vieilles pierres. Il est minuit. Je n’ai pas traîné. Je sors mon fusil à canon scié. On ne sait jamais. L’endroit est propice à la mauvaise rencontre qui finit mal en général. Et j’aime pas être pris au dépourvu… même par une jambe de bois.

Ma lampe est braquée sur la portée d’entrée et bien qu’avant j’ai “sondé” les alentours, cette porte d’entrée est d’un aspect louche avec des traces de balles et de sang. C’est pas bon signe. Quelques craquements, un sifflement étrange, un grésillement d’une radio… je pousse la porte… j’ai une sueur triomphale et un cœur toujours loyal à ce moment précis quand une ombre passe devant moi en un clin d’œil que je fais deux pas sur le côté dans le vestibule d’entrée et me retrouve dans un placard à… balais. Un boucan à faire trembler les premières tombes du Père LaChaise, me laisse dans un moment de fraîcheur intense puis d’un brûlant désir de filer à la vitesse d’un TGV qui n’est pas en panne…

Je respire trop vite pour réfléchir et me rendre compte de suite que j’ai le froid d’un canon genre fusil superposé IJ27 Baïkal calibre 12. Une référence dans l’effet dévastateur… surtout de près.

— Tu cherches quoi mon gars, dit une voix féminine, calme et décidée, apparemment.
— Je suis à la recherche de mon frère Paul…
— Il est… minuit trente-deux à ma montre… tu me prends pour la grognasse du coin.

Je ressens bien le canon qui à tendance à forcer sur ma tempe et je ne suis pas de marbre.

— Euh… on pourrait causer autrement que dans un placard, là…
— Qu’importe, je ne veux pas me faire embobiner. T’as trente secondes pour dégoiser ta venue ici…
— Cool, cool, baby…

Je ne le temps de rien et je me retrouve en nuit profonde. De ces nuits où rien ne transparaît de la vie même les rêves, et les cauchemars sont absents.

Je me réveille. Impossible de bouger. Il fait encore nuit ? Je me rends compte que j’ai une cagoule sur la tête et suis ficelé sur un tabouret. J’ai mal au dos, au crâne, et je ressens des crampes aux deux jambes. Je suis ferré, serré fermement. On va pas se battre pour mon testament, c’est sûr.

— Alors, tu vas changer de disque et me dire pourquoi tu fouines ici, dit la même voix que cette nuit.
— Je suis à la recherche de l’homme à la jambe de bois…
— Tu n’es pas sérieux comme mec. Tu ne devrais pas jouer au pisteur, au détective…
— J’essaye de…
— Silence, crevard.
— Je…

Deux jours plus tard. Journal de vingt-heures.
— Un corps démembré a été découvert par une vieille dame à côté des poubelles municipales de la ville de… C’est le quatrième crime de ce genre en quinze jours. Le procureur…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Prose inattendue

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Prostate et vessie discutent :

— Tu ne pars pas en vacances ? dit la prostate à la vessie
— Que nenni et puis ce n’est pas dans nos habitudes nous les vessies de s’absenter, ou alors c’est contre notre volonté comme un coup de tronçonneuse par exemple…
— Dites-moi c’est violent tout de même.
— C’est un cas d’école ou alors c’est vraiment le pas de bol de “tomber” sur un maniaque…
— Je comprends… je comprends…
— Et vous ? dit la vessie en comptant les calculs qui viennent d’arriver.
— Oh, moi, je ne suis pas mis à rude épreuve. On me titille par le fondement de temps en temps, c’est agréable voire jouissif, mais ce n’est pas l’Éden, non plus…
— Je pensais qu’un esquimau (la glace) dans le… ça vous faisait “monter au rideau” ?
— Des racontars…
— Ah ?
— Mais oui… c’est pervers à souhait et pas… souhaité… c’est un coup à devenir indigo…
— Dingo ?
— Non, non, indigo : bleu-violet
— Effectivement… ça rien à voir…
— Rein à voir ?
— Non, non… rien à voir
— Ah ! En parlant des reins, font pas trop de raffut ?
— Sont pas francs du collier, j’avoue…
— Non ?
— Si, je ne sais pas ce qu’il se trame, mais ça filtre n’importe quoi en ce moment, et ça me stresse.
— Remarque, je n’ai pas une activité à dénouer les intraveineuses. Je pense que tout la haut, la haut, ça doit pas être au beau fixe et l’éjaculation ne doit pas être prévue avant belle lurette… et pourtant tout est prêt…
— Ça craint quand même…
— Surtout à l’aurore
— Comment à l’aurore ?
— Ça reste entre nous, hein… pas un mot, pas un souffle, une allusion à ton entourage, tu ne m’mouftes pas, hein ?
— Dis toujours…
— Je suis certain qu’il ne peut plus…
— Non ?
— Si, si, si…
— Et comment tu sais ça toi ?
— J’ai mon réseau…
— Tu m’en diras tant…
— Dans mon littoral… dans mon entourage proche qui connaît un relais de fibres… il m’a dit que… celui, là, tout en haut… tu ne vas pas me croire…
— Dis toujours,
— Eh bien, c’est difficile à dire toute de même
— Bon alors tu me l’éjacules cette info…
— Il se prend pour un… castor
— Un castor ?… Tu te moques de moi…
— Arrête de rire… c’est quand même incroyable…
— Un castor… un castor…

Et la vessie se vidangea d’un seul coup calculs en prime soulageant celui de tout en haut et la prostate toute honteuse, se promit de ne pas en rester là et de promouvoir sa présence…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Bourgeons tétons boutons …

Naomi Tami dans La Vie Secrète de Madame Yoshino - 1976

Naomi Tami dans La Vie Secrète de Madame Yoshino – 1976

Blog de girlkissedbyfire Défi 52 semaines N°12  le mot : printemps


Bourgeons tétons boutons j’en pince,
Vous mes princesses printemps au revers
De feuillages vous aguichez en vos eins
Le juteux à venir en ma bouche journalière

De taille à la taille vos embranchements
Aux emmanchements de fleurs à fruits
Couleurs et rondeurs je suis votre amant
Lubrique de chairs goûtées inassouvies

Vous êtes à l’onde jouissive du butinage
A l’extrême de l’onction de la nuit tombée
A vos pieds sur le brûlant du vrai pillage
De mourir à plusieurs bombées… bouche bée
© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Demain a toujours existé

image_auteur_inconnu_ville_grenoble

image_auteur_inconnu_ville_grenoble

Défi de lateliersouslesfeuilles => A vos claviers #5 :


Si demain est un autre jour, ce jour est bien défini comme ayant existé. Je confirme. Ce qui devait s’accomplir, a été accompli. Que dire de plus ?

“I did not understand”. C’est simple, le jour d’après existe. Ce n’est pas que le titre d’un film. Ce jour inscrit dans le calendrier a une réalité d’agir dans le futur. Le futur proche est l’extension à subir un passé proche : hier. Le produit des hier fabrique la somme des futures proches et lointains sans tarir.

Cela posé on constate sans rougir que le demain existentiel suit tout simplement des “rails” qui ont été posés bien avant son existence possible et rien ne peut redéfinir un demain.

Je vois des expressions de visage se recouvrir du mot : dubitatif.

Reprenons : ce jour d’après qui est la succession des autres jours ne fait que repartir avec des strates à grossir au fur et à mesure de sa propre histoire et à engloutir sa propre existence donc de connaître sans faillir la suite.

Donc demain a déjà existé, il suffit seulement de le vivre pour reconnaître toute sa substance…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Paul le Bienheureux … Chapitre II

Film Hibernatus - Claude Gensac

Film Hibernatus – Claude Gensac

Agenda Ironique mars 2018  pour ce mois hébergé par Jobougon.


Jour + 15

Je m’amuse comme un jeune gamin depuis dix jours. Franchement je ne pensais pas être heureux dans mes quinze mètres carrés de cet établissement public. Un confort spartiate certes mais après je n’aurai pas mieux qu’un six planches et même avec de la soie les asticots seront plus à même d’apprécier…

Bref, je suis en pleine lune de miel avec Josette la fausse blonde de soixante-dix-sept ans. Nous sommes soutenus par le corps médical et nous pouvons à loisir nous rendre visite pour la bagatelle avec la seule obligation de placer sur la porte un écriteau “dot not distrub”… impossible d’avoir une transcription en français. Je vais écrire à la direction…

Je suis devenu animateur avec mon nouvel ami au surnom de « Pip » d’une culture qui m’épate et pas qu’aux mollets. Nous avons une quinzaine de participants chaque jour de quinze heures à seize heures juste après la sieste (voire crapuleuse).

Les aides-soignantes et AMP sont nombreuses (un seul aide-soignant, donc en cette nouvelle société, le plus grand nombre l’emporte, c’est la loi de l’équilibre), les infirmières disponibles, et les paramédicaux aussi… Et puis il y a une salle de sport pour nous entretenir un minium avec un coach. Une mini-piscine avec balnéo, petit train pour faire le tour du parc… et toutes les autres prestations pour le même prix, et surtout cerise sur le gâteau, quel que soit le GIR.

Bref, cette maison de retraite c’est le club Med… et on le mérite bien. Je suis heureux…

Jour +30

Il est huit heures. Je viens de trouver dans le tiroir de la table de chevet, ce journal. Je rajoute ces quelques mots. M. Paul a fait une fausse route avec une biscotte ce matin… il est décédé.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Paul le Bienheureux … Chapitre I

Image_nous_sommes_occupés

Image_nous_sommes_occupés

Agenda Ironique mars 2018  pour ce mois hébergé par Jobougon.


Jour J

« Il est l’or. L’or de se réveiller. Mon seignor. Il est huit or. » Cette fameuse réplique est de 1971, j’avais vingt-huit ans à l’époque. J’en ai soixante-quinze et il est huit heures. Une jeune du quartier vient me chercher. « J’habite seul avec maman / Dans un très vieil appartement » mais maman est partie depuis peu à quatre-vingt-quinze ans au… cimetière.

En ce matin, je suis triste, très triste. Je regarde sans regarder ce quartier d’immeubles, je ne me retourne pas. Je ne veux pas mourir de suite. J’ai encore la flamme de vie dans mes yeux.

Je monte dans la voiture. La jeune a placé mes quelques valises dans son « espace ». Une assistance sociale a fait le nécessaire. Mon notaire prend les choses en main et moi je me laisse embarquer comme un môme vers l’inconnu… enfin, en direction de la maison de retraite… à dix kilomètres de là. J’y suis allé plusieurs fois en accueil de jour. J’avais aimé… je crois… parce que là, ça va être tout différent… je pense.

J’ai des larmes. Oui. Des larmes discrètes qui me font souffrir. Des brûlures incontrôlables que j’essaye tant bien que mal de cacher en prétextant une poussière dans l’œil.

— Ça va monsieur Paul ?
— Ça va bien, merci…
— Hum…

Elle n’est pas dupe. Elle reste à distance de mon mal être et je préfère.

Il fait beau et je me mets à sourire. Après tout, il faudra bien que je m’habitue à cette nouvelle vie.

Jour +1

Premier réveil, première surprise. Il y a un ancien militaire qui nous fait le réveil au clairon : 6 heures. Branle-bas de combat. Un aide-soignant d’une bonne constitution s’emploie à me faire sortir du lit : “presto presto” dit-il d’une voix de baryton et agrippe drap et couverture d’un seul tenant me découvrant en pyjama une pièce.

— Qu’est-ce ?
— Mon pyjama…
— Votre pyjama ? Une combinaison de plongée ?
— Comme ça, je n’ai pas froid… j’ai le drap en évasion… dans la nuit…

Je ne suis pas très rassuré sur l’expression de son faciès. Et à mon bon étonnement, il consent à ce que je m’habille de nuit tout ainsi. Je suis tout rassuré.

Le petit déjeuner est copieux, trop d’ailleurs : un thé, une demi-baguette de pain, beurre, biscottes, confiture abricot, un fruit (une poire), un jus d’orangeade. Après ça une petite douche bien tiède d’une quinze de minutes, le rasage de près… bref j’ai l’impression d’être un coq en pâte.

Allons découvrir mon nouvel environnement…

(à suivre …)

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

A Mon A

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Ma vie avec toi est une Bachata : sensuelle, idolâtrée, délurée, savourée et labourée de part en part, aux courbes délivrées, tu sais te cambrer entre les mots d’amour et le souffle osé, poivré qui t’enivre et te fais tourner en des positions extrêmes, aux limites de l’indécence s’offre au choix de mon diktat au reflet de mes caresses feuilletées qui désaltèrent une seule surface faussement paisible mais dont la braise ronronne et se laisse dominer par le mystère d’un corps spéléologue de lui-même…

Main dans la main, dessein de vie, allaitement des moments sablonneux où se dessinent l’éphémère à l’abandon de nous comme élément exigeant à aimer jusqu’à la dernière goutte de nos orgasmes et laisser transpirer notre délivrance par un acte de rupture… brutale… irréversible… insensible… comme deux natures incompatibles et pourtant passionnément indissociables…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Ascenseur surprise

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J’attends depuis une demi-heure et j’ai une brûlure qui revient par intermittence de mon… estomac. Et rien à manger ou à boire. C’est de ma faute.

Je suis assis dans un large fauteuil au tissu imprimé d’arabesques, journal déplié pour mon pseudo-confort d’attente, dans un hôtel de luxe.

J’attends mon nouvel employeur. Et de cette attente, c’est triste, je n’ai d’autres pensées que ma femme dans les bras d’un autre homme et qui sûrement lui joue du violon à l’archet tendre sur ses cordes sensibles de femme à aimer pendant leurs gammes (leurs ébats pour les puristes).

J’attends, la rage, la peur, l’angoisse, le cœur méditerranéen, le scalpel, dans un étui, emprunté lors de ma ronde du sous-sol de l’hôpital, côté salle d’autopsie. Je suis agent de sécurité, intérimaire et garde du corps par contrat, car je suis aussi auto-entrepreneur.

J’ai déjà les stigmates d’un mariage raté au divorce houleux après que mon ex m’ait frappé avec ma cravache de mes cours équestres, là sur la joue gauche. Un marquage au fer rouge, un tatouage…

Ma femme actuelle (comme mon ex) à ce caractère bien trempé. Il est vrai, j’aime les femmes de tempérament.C’est mon défaut, j’en paie le prix pour la deuxième fois. Mais là, il n’est pas dit que je courbe l’échine. Je veux rester droit dans mes bottes.

Je ne veux pas être le complice de ma honte, de mon désarroi, de mon pénible complexe d’infériorité…

Mon portable émet un bip : nouveau message. Mon nouvel employeur me confirme qu’il arrive dans un instant. Et comme par une baguette magique, aussitôt, je me sens opérationnel, je me lève et me dirige vers l’ascenseur.

Et ma surprise est totale quand les portes de l’ascenseur s’ouvrent :

— Je te présente mon nouveau garde du corps, dit-il à mon épouse qu’il tient par le bras qui vient de perdre connaissance.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Tel qu’on est…

Oeuvre de Charles Dana Gibson

Oeuvre de Charles Dana Gibson

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Tout ça c’t’y du sens ? Je vous l’demande. Bon sang bois. La Marie est partie en goguette avec la Martine. À la pouilleuse ! À la gueuse ! J’ai plus de bergère, à c’te heure. Faut-il du sans-gêne ? Faut-il cent sous de plus dans son escarcelle pour qu’elle reste la ribaude ? Quel mariage à trente ans, je vous jure. A peine consommée que la v’là déjà courir dans les champs d’été à retrousser les gousses. J’ai l’air finaud, je vous dis.

Je suis décent à ne point faire du raffut et rameuter toute la famille. Vrai, j’ai la dot et point de scandale. Et je rage tout de même et puis ne peut être absent avec excuses, à mes journaliers payés à l’heure mais aussi au un pourcent au-delà du quintal ramassé, la rumeur s’est confirmée que si je cours ma mie, suis un mauvais parti et un mal dégrossi.

Je vais rester sagement à me ronger les sangs et qu’elle revienne, la rosse. Je ne prendrais pas mon nerf de bœuf comme le père Gouffier. Non, non. Il est récent qu’il ait corrigé sa moitié aux fesses qu’elle n’avait pu s’asseoir d’ici quinzaine, la garce ! Mais suis point un violent. Faut-il de la main d’œuvre travailleuse et soumise au mieux. Et rien ne sert de tabasser la chair si l’esprit est ailleurs mais une bonne raclée à la ceinture devrait la ramener à la réalité.

Tiens, v’là t’y pas le jeune branleur de vingt piges qui m’épie de sa chariote.

— Qu’est-ce t’as à me z’yeuter le gringalet ?
— Vous êtes bien mis à ce que je vois !
— Quelle outrecuidance jeune blanc-bec…
— Suis bien à votre aise de vous voir en ce chaud moment en torse nu et poilu.
— Mais vas-tu te taire bougre d’âne…
— Qu’est-ce à faire ? On n’est’y pas seuls ?
— Qu’importe, je ne veux pas me faire importuner le nœud par toi vil coquin.
— Tu disais pas ça lors de la foire avec le doux débranché Paulo ?
— L’efféminé ?
— Tout juste…
— C’est du racontar…
— Racontar ? Je vois bien une belle bosse, là… ton gourdin à l’air de prendre du mouvement… est-ce moi ?
— J’ai d’autres chats à fouetter… et arrête de sourire béatement.
— Ah la Marie avait raison… vaut mieux qu’elle se fasse butiner et toi piper… tu aurais meilleure mine et plus jovial tu serais…

Et ce jeune trou, me ressent et d’un coup de fouet remet sa monture au trot et v’là t’y pas qu’il trace et rit comme un damné.

J’ai quelques larmes et pense amèrement : “faire contre mauvaise fortune bon cœur” tel va être mon lot quotidien… ou me pendre.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

 

Tout est déjà écrit…

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Il est midi et ce matin l’on m’a raconté une carabistouille de première, dans mon cabinet. Il parait… je dis bien, il paraît, que : « Le parti socialiste décide au prochain congrès (avril) de se nommer : Gauche Avant Toute », en un mot la GAT. Je crois bien que cela tient d’une fredaine si ce n’est d’un canular… genre poisson d’avril… pour noyer ce qui reste à demi flot avant le grand chambardement du coulage à pic dont l’histoire ne retiendra que le premier instigateur assassiné qui le sera ainsi une seconde fois… Mais les cartes ne sont pas encore données et le sort en attente de se combiner avec le destin.

Quoi qu’il en soit, ce congrès sera une kermesse, une de plus mais qui ne ressemblera pas à cette fabuleuse Ducasse même si elle s’impose aussi hélas comme du folklore pour touristes, parfois.

Bref, il est midi sonnante et n’oublions pas l’estomac. Je vais me mettre à ma table, cuisine et service maison. Merci femme. Je commence par une fricadelle. Elle est fabriquée par un copain charcutier, (un parent du p’tit Quinquin soit dit en passant) qui connaît son affaire et c’est bien meilleur qu’un congrès qui va se gâcher le moment par effet de breloque interposée, de souvenirs réchauffés entre un Jean j’aurez tout fait et un Tonton François a tout défait…

Bref, enfin voilà qu’arrive le fameux waterzoï, une part de soi qui inspire la confiance, le bon goût, la véritable table, la réalité de l’assiette et de son contenu tout un programme qui porte la valeur de la substance nutritive du corps, loin d’être un terril, il faut nourrir aussi l’esprit de par la vue, les senteurs suaves… mon coup de fourchette me provoque…

Et je vais finir par ce dessert maison : une gosette que je vais engouffrer dans mon canal œsophagien d’un seul tenant de gourmand, car j’aime aussi ce démolisseur d’aliment qui est en moi

Après cet intermède, je vais reprendre mes consultations de… cartomancie.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Comment je suis devenu un homme… invisible parmi tant d’autres.

(je ne connais pas l'auteur.e de cette oeuvre)

(je ne connais pas l’auteur.e de cette oeuvre)

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Je viens pour la première fois au bord de ce lac. Il est cinq heures. La Lune est haute. Quel calme.

Le lion qui est en moi est redevenu doux presque nonchalant. Mon regard scrute toutes les ombres qui se détachent et viennent vers moi lentement et j’en ressens les mouvements, des « trous d’air » d’avion. Étrange sensation d’un spectacle… ombrageux qui se déplace comme des marionnettes.

Elles m’entourent… complètement… sur plusieurs étages dont le sommet est l’éclairage de la Lune. Je suis comme dans un puits. Je suis fasciné et je m’assois à demi-fesse sur un rocher. Position d’alerte et d’inconfort. Les ombres ne me semblent pas menaçantes. Le ciel est leur ciel. Je suis un étranger. Une pelure d’humain sans doute.

— Que viens-tu faire ici, humain ? Une voix d’ombre, rustique en écho m’interpelle qui fait trembler mes esgourdes.
— J’ai un corps à faire disparaître au plus tôt et la jungle n’est pas à côté…
— Tu as l’humour végétal, c’est curieux pour un humain…
— Euh…
— Ne moelle pas ici… ne prends pas racine…
— Je pensais que vous pouviez m’aider… je viens de la part d’une amie… à vous…
— On n’a pas d’amie, l’humain… et qu’est-ce que tu donnes en échanges…
— Euh… rien… pourquoi ?
— Ce n’est pas dans nos conventions habituelles… un service en appel un autre. Vous appelez ça, : « le retour d’ascenseur ».
— En fait, je pensais que vous aviez un arrangement avec mon, enfin votre amie… et que je pouvais compter sur vous…
— Tu vas porter le corps sur le semblant de plage, face à toi, à cinquante mètres… dit la même voix.

Et d’un seul tenant toutes les ombres se dispersent.

Je sors du coffre de mon break le cadavre, le porte à l’épaule et lentement je me dirige vers cette plage. La Lune est magnifique. Il n’y a pas de tragique, de bonheur, seulement la survie. Et je suis en train de survivre. J’ai tué mon maître chanteur, tout simplement. Je dépose mon infortuné fardeau sur un sable dont je ne peux définir la couleur. J’ai comme un peu chaud même par ce frais matin et je passe ma manche sur ma bouche et accroche ma lèvre supérieure avec un bouton de manchette. Un peu de sang coule et une ombre s’approche et s’accroche à la mienne. Je ne peux résister à me débattre.

— Mais que faites-vous, dis-je à l’ombre
— Tu n’aurais pas dû faire couler du sang frais. Tu vas souffrir un seul moment et puis tu deviendras un autre homme…
— Mais je ne veux pas…
— Trop tard…

En effet, j’ai ressenti comme un mouvement de vague… à vomir… le reflux d’une mer. Je venais de perdre mon ombre et je suis à présent un homme… invisible… parmi tant d’autres…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Partir ou jaunir sur le bord …

Blog de girlkissedbyfire Défi 52 semaines N°11  le mot : transport


Partir ou jaunir sur le bord du lit,
Respirer les souvenirs et tousser
En râlant sur le tambour du cri
Des heures flétries …déchaussées

Partir ou se dévêtir de tes nuits
De je t’aime brûlés sur les bords
Confessés de l’écriture hostie
Le cierge allumé en main de …torts

Partir ou s’enterrer au désert
Remords mâchoires alligators
Et se pendre aux mots colères
S’étouffer au transport …d’aimer

Partir ou boire la rivière de larme
Étendue sur la frontière du corps
Le tien femme errante au charme
Sensible d’aimer ce Nous … encore.

© Max-Louis MARCETTEAU 2018

Ma nuit dénuitée

Oeuvre de Henri de Toulouse-Lautrec

Oeuvre de Henri de Toulouse-Lautrec

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Tu es ma nuit ; cette nuit blanche qui pose ses réverbères de questions aux réponses bancales, aux courts métrages de l’insoutenable lenteur du propos imagé dans son impalpable eau obscure dépossédée du réel et qui permet de revivre chaque instant jamais à l’identique et frustré trop souvent de n’être qu’une bouchée sans saveur, odeur, une pensée démoniaque qui hante les nuits plus que d’autres jusqu’au passage du matin adorateur d’un sablier de rêves…

Tu es ma nuit ; nuit découpée en heure du réveil moiteur des yeux et blancheur du gladiateur cauchemar…

Tu es ma nuit ; ma seule nuit blême de toi à moi les yeux dans les yeux, on s’absorbe mutuellement, tu me domines et libères ta solitude, dépouille des heures qui se traînent sur les lignes des murs fantômes des rêves inachevés et des cauchemars en devenir de trahir la vie aux peurs bleues de ce sang qui se caille entre deux artères de paradis au carrefour de l’enfer d’un sas lumière rouge action…

Tu es ma nuit ; nuit virginale de froid au débit d’une chaleur givrée, je te congédie… et puis tu reviens…

Tu es ma nuit ; cette nuit sans filet éclaire le vide de mon existence d’une comédie draps blancs de ton œil retourné tu roidis mes membres du zénith au nadir tu psalmodies entre tes dents de carnassière tu ronges mes ombres et éventres le tragique des heures qui agonisent entre mes sueurs tu grandis en moi tu enracines ton incendie de nuit et mes yeux pleurent… il est déjà matin avant l’heure et le coq s’impose prédit une belle journée…

© Max-Louis MARCETTEAU 2018