Le parloir du Temps

Photographie Céline 2022

Blog oulimots contrainte écriture


Le Diable ce matin-là, prenait son petit déjeuner et comptait sur le boulier de service le nombre d’arrivants tandis que Dieu en face de lui décomptait ceux qui n’avaient plus rien à faire à la Maison Paradis tout en grignotant une pomme…

L’ambiance était bon enfant. Quand un oiseau se posa sur l’épaule droite du Diable. Dieu leva les yeux, pointa son index en direction de l’oiseau et le Diable fit pivoter ses yeux de quatre-vingt-dix-huit degrés.

— Étonnant ! s’étonna Dieu, monothéiste pur et dur.
— En effet ! convenait le Diable, habillé ce jour-là en Arlequin.

La journée et les années passèrent ainsi : l’oiseau sur l’épaule du Diable.

Au moment du coucher (une fois par mille ans, pour les puristes théologiens), la lune accompagnait Dieu et Diable (il n’y a pas de tour de garde) à s’enfoncer délicieusement chacun de leur côté dans un lit moelleux : l’un au duvet des bienheureux et l’autre aux piquants des malhonnêtes, tandis que la nuit (en contre bas), elle, faisait son office au moment où le jour prenait son tour de veille. Ainsi à chacun sa mission et pas l’ombre d’une dispute, au silence comme gardien.

Ce jour-là, l’oiseau piailla pour la première fois, déboussolé que son perchoir ait une autre position, incongrue… qu’il s’essaya à déplacer.

— Ooooooooh ! dit le Diable, joignant le geste à la parole se débarrassant du volatil tournoyant autour de son auguste composante démoniaque et infernale, et se retournant dans le lit, dérangeant Dieu qui grommela en un juron et une bénédiction tout en s’exprimant :

— Alors ? Qu’es-ce ce raffut ? Je voudrais bien dormir en paix.

Et le parloir du Temps s’activa en alarme, premier devant le prie-Saint à la croix du martyr qui se réveilla, soupira, se leva, enfila sa robe de bure violette, chaussa ses caligæ et s’informa de l’incident au prêt de Dieu.

— Qu’est-ce, Dieu mon père à la trinité bien sonnée ?
— Met-moi… à distance ce volatile infernal… que je puisse hiberner en sainte tranquillité.
— D’où sort-il ?
— Je n’ai pas la genèse de cet… emplumé !
— Mon Dieu, vous exprimez là un mot déviant.
— D’Évian ? Je ne vois pas le rapport avec cette commune thermale !
— Ne soyez pas espiègle, Mon Dieu.
— Dites, ne jouez pas au directeur de conscience… allez, hop, il faut me virer cet oiseau là…

Et malencontreusement le doigt de Dieu désigna le Diable en même temps que l’oiseau passait sur la tangente du regard de celui-ci.

— C’est moi que tu veux chasser ? dit le Diable qui se voyait désigner comme indésirable.
— Mais non ! informa très justement Dieu, béatement.
— Comment non ?
— Bé non, ce n’est pas toi, mais l’oiseau.
— Il ne te plaît pas, l’oiseau ?
— Il me gêne pour m’endormir.
— Moi pas !
— Dis, tu vas t’y mettre aussi, hein ? J’ai déjà le saint martyr sur les bras…
— On dit ça, on dit ça…
— Comment, on dit ça ? Clarifie ta pensée !
— Non !
— Comment : non ?
— Ce n’est pas assez clair comme refus ?

Depuis la discussion s’éternise quand les exégètes considèrent ce moment-là comme l’oiseau de la discorde… et de ce temps, le monde … de bien et de mal ne savent plus à quels saints se vouer…

© Max-Louis MARCETTEAU 2022

Le pragmatisme de l’acte charnel

Photographie de Dmitriy Krasitsky

Blog oulimots contrainte écriture


Aux retrouvailles tous les souvenirs sont là comme le filet à provisions, il y a des ingrédients qu’on apprécie et d’autres moins mais indispensables à la préparation du plat considéré.

Après un confinement sexuel, il était évident qu’il me manquait : le jouir pleinement et en nature comme l’on pourrait dire en toute élégance.

Ces retrouvailles ont été un fiasco. Normal. La hauteur de mon engagement n’était pas à la hauteur de la personne. Un déphasage et des attendus divergents. Rien n’est moins simple de satisfaire autrui (et inversement) par toutes les exigences qui s’enfilent comme des perles dans un collier. Je décidais de prendre une autre direction.

Le cœur étant mis de côté, le pragmatisme de l’acte charnel à venir était important pour ne pas s’égarer sur une relation tendue sur un fil funambule qui a tout moment pouvait rompre. Aussi, la distance entre point de départ et point limite définissait le périmètre à explorer pour découvrir ce qui pourrait m’enchanter. En effet, plusieurs dizaines de kilomètres carrés paraissaient une belle surface, cependant avec une idée précise non négociable de ma recherche : 1,75 m, 95C, blonde (et autres critères sur ma feuille de route) rien n’était moins sûr de trouver la correspondance à cette prétention, mais l’espoir fait vivre, paraît-il. Amen.

En prenant en compte mon portefeuille qui n’était pas extensible et le téléphone en poche, j’effectuais mes recherches ardemment. Je m’informais, contactais, visitais, prenais notes. Plusieurs semaines entièrement consacrées à la poursuite de la femme idéale à mon envie sexuelle, j’abdiquais un beau matin, devant ma glace à doubles reflets. Je me questionnais. J’admettais que je faisais le difficile.

Je décidais de prendre le train de la raison. J’embarquais pour un pays fabuleux, non pas imaginaire mais celui qui me permettrait le baiser attendu, et tout le reste pour ma plus grande joie sexuelle. Ce pays était pourvu ce dont je recherchais. Il n’était pas aussi loin que je pouvais le croire à mon grand étonnement, il s’appelait : La Fraise, un magasin qui fabriquait et vendait… des poupées gonflables…

© Max-Louis MARCETTEAU 2022

Douleur rapiécée de toutes parts

Photographie de Dmitry Arhar

Blog oulimots contrainte écriture


Bienveillance, peignoir serin et visage au fard avenant, fait face à la Douleur rapiécée de toutes parts, installée sur l’une des étagères des griefs, entend le premier mot de celle-ci :

— Alors ? dit Bienveillance
— Le Silence est en retard et la Mort a passé sa journée à bourlinguer et boire plus que de raison… c’est un monde…
— Dites …
— Quoi ?
— Vous entendez ?
— …
— Vous entendez ?
— Non, rien.
— Des clapotis
— Du Morse ?
— Vous y allez, vous…
— Les secrets parlent entre eux…
— Vous êtes à la Rêverie du dernier étage, là !
— Ce n’est pas mon rayon, vous êtes au courant, non ? Si mon compagnon de route Cauchemar se réveille, c’est pas du Morse que je vais prendre…
— Bon, alors qu’est-ce qu’on fait ?
— J’en sais rien ! On attend.
— Il est comment son regard ?
— Entre deux eaux.
— Ça veut rien dire !
— Oooooh, un peu de bienveillance, hein !
— De toute façon à son niveau, le graphique est clair comme de l’eau de roche.
— Et vous me dites à l’instant, que ce que je dis, ne veux rien dire, et vous faites pareillement !
— SILENCE ! dit Silence.
— Ah! vous voilà, vous ! grogne Douleur.
— Eh bien, c’est pas trop tôt pour que nous fermions le ban ! dit Bienveillance.
— Nous voilà tous réunis, annonce solennellement Silence sans préambule, Nous Triptyque faisons attestation devant la Mort – quand elle aura l’aimable envie de se proposer au plus tôt – du décès, ici présent du bipède humanoïde déguisé …

Et la Bienveillance de rajouter :

— Les clapotis… le claquement de ses dents… au clown…

© Max-Louis MARCETTEAU 2021

La reproduction est un acte de sauvetage

Photographie de Jean-Claude Armici

Une presque suite à I.A. d’octobre ICI


Elle frappe à la porte du dernier homme sur cette Terre.

— Qu’est-ce que c’est ? dit-il.
— Je suis la dernière femme ! dit-elle.
— C’est vous ?
— C’est moi, oui.
— On se connaît ?
— Tout est possible.
— Tout possible est consécutif à une démesure du temps…
— ???
— … au déterminant pivot (et pas Bernard) qui se tient en équilibre entre…
— Stop ! si c’est vous le dernier homme sur Terre, je suis mal barrée…
— Quand le froid saisit le feu …
— Arrêtez !
— J’essaye de communiquer… tout simplement…
— C’est déjà trop ! Taisez-vous !
— Le silence est porteur aussi de réponse…
— Quelle poisse !
— Le destin trace son incidence comme deux perpendiculaires qui doivent se rencontrer inéluctablement sur…
— Taisez-vous ! vous entendez ?
— J’entends votre voix qui s’évade par le filet des reproches qui porte une amertume…
— Dites-moi, on n’est pas obligé de se reproduire, là ?
— La reproduction est un acte de sauvetage.
— A notre niveau, c’est sûr !
— Il y a des niveaux comme des passages … obligés !
— Vous faites aussi office de comique ?
— Le comique fait office de détendeur au gaz hilarant et …
— Vous en avez des tonnes comme ça ?
— Détendez-vous …
— Il suffit ! vous entendez ? Il suffit !
— Calmez-vous bonne dame, nous sommes tous les deux à jamais…
— Jamais ! vous entendez ? Jamais !

Et elle le tue ! … Le philosophe évadé…

© Max-Louis MARCETTEAU 2021

Une pensée suspendue sur le point d’interrogation

Photographie iotop2021

J’ai fait un petit tour sur Scribay. Il y a des défis d’écriture pour s’amuser.


Le regard au-dessus du vide, le dessous des yeux s’effilochent. L’expression anéantie, la crispation vidée, les joues défigées, les lèvres enracinées, le nez épinglé… il ne reste qu’une pensée suspendue sur le point d’interrogation… du spectateur unique dégrisé d’émotion…

….

…plouf l’œil…

© Max-Louis MARCETTEAU 2021

Abandonnant mon bio-xy-lol au placard des orphelins

Blog oulimots contrainte écriture


Il m’avait dit :

— « Allez tout droit en suivant les virages ! »

Et il avait rajouté :

— « Le temps s’augmente lui-même »

Il disait, que tout cela, n’était pas de lui, mais d’un livre au titre étrange : « La PENSÉE de l’OrdRe ». Il résumait ce livre comme étant l’indécence suprême de l’élévation de l’homme sur l’humain et une contestation franche sur le progrès élément de confort à tous les niveaux des sociétés qui pouvait se le permettre.

Je ne comprenais pas très bien la tournure de ce résumé, moi qui fractionnais ma vie par étages, mes pensées par escaliers, et encadrais ma raquette de réparties sur le fronton de mon audace.

Il s’était présenté fort et les gants de velours pour me convaincre que sa poignée de main était sincère les yeux dans les yeux je buvais avec lui du jus de pomme abandonnant mon bio-xylol au placard des orphelins.

J’ai lu pour lui le fameux best-seller : « Le Bonheur frappe l’Éphémère » en trois tomes développant ainsi mon appétit pour le petit rien qui s’installe dans le modeste ascenseur social mais pétillant de ma vie.

J’avais changé le programme de mon éducateur interne et la pile de ma structure de données de cinquième niveau pour réussir une part de mon existence qui me paraissait un peu trop rose selon les critères de la nouvelle gouvernance autocratique du moment…

Et puis cette juridiction avait estimé qu’IL était persona non grata, LUI qui était le dernier de son rang d’un monde encore biologiquement viable…

Aujourd’hui, il est devant moi, transparent… dans un tube.

© Max-Louis MARCETTEAU 2021

Mon sang qui n’a rien de vraiment rouge

Blog oulimots contrainte écriture


Aujourd’hui je m’embarque dans l’un des trente-trois wagons d’un train en partance pour l’inconnu.

J’installe ma modeste personne dans un siège au confort pilote de ligne le café en moins et la perfusion en plus.

J’avoue avoir été condamné pour non respect du code ZE-RT-1.02.4587M

J’assume cette punition.

Je respire à la façon d’une chrysalide et m’endors tel un chat en fin de vie à l’intérieure d’une solitude bien ancrée dans les profondeurs connues de moi seul pour une chair trop froide pour réchauffer un cœur à demi éteint en compagnie du malaise à fleur de bouche que dessinent des lèvres salées au service de larmes en cristal faisant l’écho aux jointures des articulations craquantes et aux grincements de mes frissons intermittents…

Un sautoir de surveillance gère la transition du réel vers l’improbable voyage qui m’attend.

L’injection du produit rugueux perle se mélange à mon sang qui n’a rien de vraiment rouge.

Mon insomnie coutumière s’est diluée au contact de mon ex-angoisse et toutes deux mains dans la main m’ont souri comme un dernier adieu.

La vitesse de mes synapses synthétiques augmente graduellement et s’échauffe à la rencontre des origines qui luttent jusqu’à la perdition de leur substance nutritive de ma conscience.

Les heures diaboliques se débarrassent de mon existence authentique de l’envie qui se fane sur les lobes de mes entrailles et je vomis ma sainte lucidité comme le dernier rempart de mon libre arbitre.

Je reviens à moi lessivé avec un nouveau code d’identification.

Je suis à présent un citoyen… sain.

© Max-Louis MARCETTEAU 2021

Une savonnette bien blonde a tous les coins des angles

Photographie Norbert Liesz

Blog Émilie : récolte 21.07


… quand le savon commence à comprendre que tout le monde s’en lave les mains, il se dit qu’il est temps pour lui de prendre la tangente.

Après avoir été douché plusieurs fois pour des évasions … loupées, il se dit qu’il n’est pas prêt à sabrer le champagne sur la plage de galets de ses rêves et de finir ivre de contentement en compagnie d’une savonnette bien blonde a tous les coins des angles de sa beauté éclairante de promesse.

Aussi il réfléchit à un stratagème à défaut d’écrire par bulles devant la glace toujours de marbre avant qu’il ne finisse à éclater de regrets (à défaut de rire) pour disparaître à jamais comme peau de chagrin.

Son intérieur bouillonne d’idées comme un envol sur la piste de rinçage/polissage après baignade et jeux dans la piscine privée ou de faire croire à la lingère qu’il n’est pas consommable pour sa peau de tendre quadragénaire en devenir d’un nouvel amour à repasser avec le valet de chambre homme de bonnes mœurs.

Il cogite ainsi dans son lit douillet nommé porte-savon quand un léger soubresaut d’une pensée l’éclaire de mille LED effervescentes et qu’apparaît l’image de ses cousins de Marseille embobineurs tchatcheurs à la galéjade en porte-voix interfèrent en voix-off :

— Allô ! Allô ! Allôôôôôôôô !!! ici le porte-savons général de Marseille …
— Allô ! Allô … ici porte-savon cousin … je suis en perdition …
— Ta position ?
— De latitude Pli-En-Deux, de longitude 2-4-ZR-0
— Bonne mère, t’es chez des bourgeois hygiénistes …
— Ma sécurité n’est plus assurée cousin …
— Hélas, oui … tu vas être définitivement lessivé …
— Mon rêve était de couler des jours heureux …
— Tu n’es pas dans la bonne case pour coincer la bulle … fin de transmission …

Il comprend qu’il est dans la mousse (et pas en chocolat) jusque là et même au-delà d’ici et son air des bons jours disparaît au sourire de sa destinée qui lui a savonné la planche et pas de surf pour s’encanailler à la Pointe de l’Aiguille … et aucune armure de papier pour le protéger. Non aucune.

Alors … il décide de s’auto-savonner … pour en finir.

© Max-Louis MARCETTEAU 2021

Le purgatoire ne sert pas… des repas vegan

Photographie de Dmitry Baev – Milady

Blog : Éveil & Vous – Éditions (Challenge du 1er au 28 février)


D’un pas à un autre la nourriture spirituelle est un filet des âmes dont l’hostie est l’hameçon que le corps en diable de bonne foi fait son office et défi la profession de foi de gâter et jouir à la fois de son éternelle rédemption même pour les retardataires anglicans le purgatoire ne sert pas… des repas vegan.

© Max-Louis MARCETTEAU 2021

Pickle Herring street a cessé de s’égosiller

Livre de Louis Enault 1876 – Londres – Gravure Gustave Doré – Pickle Herring Street

Blog : Éveil & Vous – Éditions (Challenge du 1er au 28 février)


D’un pas à un autre Pickle Herring street a cessé de s’égosiller pour défiler en strip-tease le temps qu’une avalanche de misère habille son sourire édenté de l’infortune et croasse dans une envolée à déterrer les derniers survivants de leur cave pour les exposer en trophées …. dans ses vitrines.

© Max-Louis MARCETTEAU 2021

L’indifférence neigeuse de mon intérieur

Doris Day – lapin et œufs de pâques

Blog Émilie : récole 21.01

«… la découverte fondamentale du blanc et pas de l’œuf, n’a d’égale que la complexité de sa structure entre la géométrique et la prétopologie …» les mots du conférencier me laissent transparent sur le siège de l’indifférence neigeuse de mon intérieur.

Alors, «on rigole, on rigole, mais on ne voit pas le fond du bol», mais je viens de me réfugier dans cette salle presque vide de participants et l’animateur me paraît chauffé … à blanc par son sujet.

Je suis poursuivi depuis l’après-midi … par un œuf. J’ai toute ma tête, faites-moi confiance !

Un œuf de Pâques et pas à croquer sous les dents gourmandes ! Non, non ! Un œuf très grand, genre Gulliver, pas très naturel. Cet œuf qui me paraissait inerte comme un décor entre plâtre et métal, devant une chocolaterie, m’a interpellé par mon prénom. J’ai sursauté. Je me suis arrêté et il m’a menacé de me supprimer stricto sensu. Et là, j’ai décampé illico presto.

Mais il m’a poursuivi en déboulant, roulant, secouant toute son «anatomie» pour se déplacer et guidé par on ne sait quelle haine, il me piste comme un animal enragé d’une rue à une autre, d’un boulevard à une place … et pas une âme qui vive pour m’aider… chacun dans sa bulle à se dévoiler enfin comme lâche.

Le temps s’est arrêté dans cette salle par le ronronnement de l’orateur. Et l’œuf de Pâques … ne m’a pas encore retrouvé. Je culotte ma pipe, les doigts un peu tremblants. Que me veut-il ? J’ai la tête qui se farcit d’une question à une autre telle une cascade et leurs bruits se déposent dans le fond de mes yeux comme s’ils voulaient sortir pour exploser en feux d’artifices…

J’ai de plus en plus froid. Étrange sensation d’une panique qui s’installe à l’intérieur de mes fibres musculaires et au foyer de mon sixième sens la ma perception du danger imminent quand le baratineur sur l’estrade se transforme, fusionne sous mes yeux … en œuf de Pâques …

© Max-Louis MARCETTEAU 2021

Mes livres … me dévisagent …

Heart Ring de Frederico Santos

J’ai un dictionnaire, qui depuis une semaine, à la même minute, tombe de son étagère et s’ouvre toujours aux pages quatre-vingt-quatre, quatre-vingt-cinq.

Bonjour la frayeur à deux heures et deux minutes du matin et bonsoir l’ambiance d’un rêve qui avait l’objectif non avoué de m’apporter une sensuelle rencontre dans une forêt … de femmes lettrées ….

Alors, même si ma vie me paraît à peine concevable, pertinente, intéressante, valable … que ce dictionnaire ait un objectif dont je ne discerne pas les contours ni même la consistance … devrait respecter mon sommeil de juste.

Ce dictionnaire est-il possédé ? C’est la question que je me suis posée par une nuit délavée d’étoiles et pourtant tendrement éclairée par une lune tout aussi seule que moi-même qui ne suis pas lunatique même avec ma paire de lunettes …

Aussi, je décide de l’enchaîner (le dictionnaire, pas la lune) à son étagère.

Dans la nuit en cours, un fracas suivi d’un grondement puis d’un tohu-bohu … me déboussole le réveil créant un tourbillon d’angoisses à la limite des contraintes acceptables pour un esprit sain…

Je me lève tant bien que mal que mes draps veulent me retenir que je les traîne à mes jambages vers ma bibliothèque à la valeur de la faire vivre … de toute une vie…

Je n’en crois pas le tréfonds de mes pupilles. Ils sont là, sur le parquet, froissés, tordus, dévisagés, dépliés … mes livres … me dévisagent … de couvertures …

Je suis détroussé de mon sang. Ma liberté d’agir est clouée. La tétanie est maîtresse de mon corps et ma raison est en déphasage. Un appel de loin se déploie dans mes neurones. Des douleurs intercostales m’envahissent, je plie moi aussi et mes genoux font de même. Me voilà une sculpture organique marbrée de la panique «clouteuse».

La voix se fait plus précise. Une verve que je crois comprendre et qui m’échappe comme du sable dans un sablier. Et au moment le moins propice à comprendre mon état … une lueur d’une diode mille watts me flash.

Je suis dans le vortex des livres. Impressionnant à me faire éclater les veines du cœur. A m’estampiller d’une malédiction jusqu’à la génération de la dernière lettre de notre alphabet.

Et là, j’entends, telles des cascades :

— JOYEUX NOËL!!! ON T’AIME !!! s’exclament tous les livres…

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

T’as le vilebrequin du cerveau qui déraille

Photographie Iotop 2020

Blog oulimots contrainte écriture


Je navigue à vue. Le penon en berne, les rames sur la grève, le moral dans les chaussettes … trouées … ma vie est un brouillard enflammé qui ne s’est jamais dissipé.

Le verbe éclore est absent de ma vie … je suis momifié avant d’être mort … aucun souvenir même nacré d’un amour perdu…

Ce soir, je suis devant mon velouté de potiron bergamote. Il est vingt heures. Je regarde une chaîne d’info historiquement grabataire, perclus de ses mauvaises nouvelles, figurée d’un buste, d’une voix … mille ans … et pourtant je m’accroche à ce rituel …

Le téléphone sonne (rien à voir avec l’émission de radio quadragénaire). Je décroche.

— Allô ?
— C’est Paul ?
— Lui-même.
— Je me présente, Paula …
— Stop ! Je ne suis pas intéressé par votre pub téléphonique interdite selon l’article L. 223-1 du code de la consommation…
— Mais je suis Paula, Paul ! tu ne me remets pas ?
— …
— Paula ! nous étions tous les deux en intérim dans une boîte de fournitures de bureau au sud de la ville.
— Oui, possible … et que puis-je pour vous ?
— Tu me vouvoies ?
— Je ne suis pas très frénétique, ce soir…
— T’as le vilebrequin du cerveau qui déraille, Paul ?
— Pourquoi riez-vous ?
— Fais pas l’innocent de celui qui ne me connaît pas, hein ! T’as peur ?
— Ce mot m’est inconnu…
— Vantard !
— Demain tu seras morte, tu le sais ?
— …
— Tu ne dis rien ?
— …
— Tu vas mourir d’une occlusion … et tu auras le choix … de l’occlusion …
— T’es vraiment un grand malade toi…

Elle raccroche. Mal polie.

Et je souris. Pour une fois que je peux annoncer une mauvaise nouvelle directement car la vie n’est pas toujours rose, pour nous les suppôts du maître Satan …

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

Vous avez perdu la tête si j’avais l’humour espiègle

Photographie de Falyn Huang
Alex et Effee

Blog oulimots contrainte écriture


Elle vient de Miyazaki ville du Japon où est née la chanteuse et actrice Yui Asaka. Il n’y a pas de quoi faire un fromage (et le fromage n’est pas une spécialité de cette île) se disent les pensées bien pensantes. C’est vrai. Cependant, j’aime les lignes japonaises (et pas de trains hyperloop) qui me semblent mystérieuses comme une Sei Shōnagon.

Je l’ai rencontrée sur le web (une fois n’est pas coutume) ce qui m’a enchanté jusqu’au moment du rendez-vous pour de vrai. Réalité qui fait peur, un bouillonnement au ventre d’un volcan d’émotion s’ouvre et me fais passer de la tachycardie digne d’un funambule qui traverse un canyon d’Arizona.

Quoi qu’il en soit si elle n’aime pas le lapin, elle me fait comprendre que sa spécialité est d’en poser. L’envers du décor me prends à la gorge quand j’entends au loin le pimpon d’un véhicule de secours. Je suis à l’intérieur quand j’ouvre les yeux et qu’un personnel soignant le visage rouge brique sourit, les dents blanc d’Espagne et il me semble l’entendre d’une voix couleur bleu pastel :

— Voulez-vous votre doudou ?

Se moque-t-il ou suis-je au bord du délire d’un traumatisme temporel ?

— Quelle heure est-il ?
20h35, me répond-il en aiguillant une aiguille dans un truc à plusieurs embouts que j’aperçois planté dans l’avant-bras.
— Je suis où ?
— Ici et maintenant, dit-il en souriant béatement.

Il ne me console pas.

— Vous avez pris des conservateurs ? Avouez, hein ?
— Des quoi ?
— Ne faites pas la sourde oreille, hein, mon canaillou.
— Je ne vous permets pas, non mais !
— Ou alors, des proguateurs, des mulateurs, des bimalateurs, des gibalateurs ?
— Je ne comprends rien !
— Calmez-vous. On va se rendormir tranquillement.

Deuxième réveil. Étrange impression de ne plus avoir de corps mais seulement ma tête. Effectivement, ma tête est posée sur une vitre ronde transparente dans un lieu qui ressemble à un laboratoire.

— Alors, toujours pas de doudou ? me dit le même personnel soignant avec son sourire de gouvernante.
— Puis-je savoir ce que je fais ici ?
— Vous avez perdu la tête si j’avais l’humour espiègle .
— Euh … je vous en prie, un peu de décence.
— En fait, on a jeté ce qui n’est plus bon…
— Eh bien bravo !
— On a un tantinet hésité sur votre tête, mais comme vous en avez une bonne, de tête, on s’est dit, il peut encore la garder.
— Et le reste de mon corps, c’est pour aujourd’hui ou pour demain ?
— Demain et en attendant, un petit somme pour retourner au merveilleux pays des rêves…

Troisième réveil. Je suis dans mon lit en compagnie de ma japonaise qui me dit :

— Je ne savais pas que tu étais une femme …
— Aaaaaaaaaaaaaah !

Une étrange virgule déambule dans les étagères

Photographie Martin Cauchon

Les Plumes chez Émilie 22.20


La bibliothèque est aujourd’hui fermée.

Une page anonyme a été envoyée par un dictionnaire masqué (selon les experts en tout genre amenés à émettre des avis à la fois discordants et concordants selon la position et l’humeur du moment du public toujours avide et curieux par sa nature des mystères et à la fois perdu par le tohu-bohu de ces mêmes experts) au service de la milice police municipale des objets à venir chercher.

A la lecture de cette fameuse page imprimée à l’encre de Chine (cela ne s’invente pas) sur papier recyclé sur des machines industrielles et lavé à l’eau pure et dénaturée par effet, indique qu’une étrange virgule déambule dans les étagères, les allées et même le sous-sol des archives, émanant un parfum de rose qu’enivre jusqu’à ce que mort s’en suive des livres de poche après une agonie digne des films à la Dario Argento.

La bibliothèque est aujourd’hui fermée.

Le maire de la commune a pris des dispositions. Un peu tard profèrent les langues de vipère et a juste mesure disent les plus honnêtes, quand d’autres ne font état que d’un conte pour attirer l’attention pour s’offrir du tourisme à gogo sans sous déliés de pub.

Dans cette page anonyme, il est question d’un autodafé si les livres des éditions Rhododendron ne sont pas libérés d’ici la fin du mois. Nous sommes le vingt. Les jours se comptent ou se décomptent, selon la position des experts qui divergent…

La bibliothèque est aujourd’hui fermée.

Les plus audacieux des experts travaillent d’arrache-pied tout en conservant leur tête froide pour comprendre la fermeture inexpliquée de toutes les issues de la bibliothèque. La conclusion, non unanime, qui en ressort après moult tentatives à comprendre ce phénomène inexplicable : un livre de magie dépressif et persécuté serait le coupable.

Après cette nouvelle retentissante le monde s’use à lire pour découvrir la clé d’un désenchantement dans le marc de café, les cartes de toute nature, dans les feuillages d’arbres millénaires et même à se livrer à des incantations avec des cerfs-volants au clair de Lune. Certaines langues trop pendues disent que ce n’est pas un loisir ni même une occasion de s’élever voire s’occuper avec intelligence… pour ceux qui en ont une, bien sûr.

La bibliothèque est aujourd’hui fermée.

L’occulte fait peur. Il va sans dire tout en disant qu’une évasion de la totalité des ouvrages est exclue. Alors, si les idées s’enflamment, le nombre de livres de poche meure d’une manière exponentiellement alarmante.

Il n’y a pas de revendication et c’est la question qui jamais soulevé (même avec un palan) vient percuter sans ménagement les experts ahuris, qu’un enfant de huit ans pose.

La bibliothèque est aujourd’hui fermée.

De suite un plénipotentiaire est désigné par les forces de l’ordre public dans la ménagerie des experts. Celui-ci n’en mène pas plus large qu’une marge quand il se présente avec un livre ouvert sur le code pénal de l’occultisme et des dragons… en livre de poche.

Il va sans dire que l’encre du livre de magie ne fait qu’un tour. Il se tourne les pages, se fait un sang d’encre en taches d’encre, se froissent toutes les lignes de la page vingt-deux… et quand l’inattendu se réveille, voilà qu’avec un jet d’encre de capitulation il signe sa reddition. Il souhaitait seulement une réédition mais avait omis de l’écrire comme… revendication.

La bibliothèque est aujourd’hui ouverte.

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

L’éternité comme signataire …

Blog oulimots contrainte écriture


Une touffeur peu commune se dégage dans le castel enterré de moitié dans une terre rocailleuse importée d’un territoire aussi millénaire que la propriétaire du lieu que l’endroit aussi reculé qu’aucune âme n’est venue hanter, d’homme ou autre animal …

Des traits de lumière traversent des pièces dont les noms se sont perdus au fil des siècles, meublées d’un style mystérieux presque occulte et tapissées de récits d’un autre monde comme s’ils avaient été envisagés qu’ils possédassent l’éternité comme signataire …

Quand le frisson d’un mur de pierres en schiste comme une onde palpitante d’un ruisseau de plaine tinte le tissu de la peau doucereuse de la dormeuse millénaire …

Un spectre murmure : « … mémoire traîtresse et souvenirs bourreaux, le tranchant de l’un nous écorche vif l’autre nous transperce à cœur jusqu’au malaise … et pourtant nous tenons les chaînes dirigeons par les mors labourant les flancs par les éperons et nous résistons jusqu’à l’aube … la souffrance comme une aubaine et la douleur comme une malédiction …»

Et comme un enchantement inattendu, lunule de l’index droit de l’endormie se met à briller tandis que s’élève lentement le son d’un piano en allegro

Le temps du réveil et de la désillusion …

Le prince charmant est en retard …

— C’est navrant … qu’il soit maudit … en attendant, je vais faire le ménage…

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

Chaque regard est une semence

Blog oulimots contrainte écriture

Photographie Iotop 2020 – Encadrement virtuel ICI

Chaque regard est une semence et fait fruit d’une couleur d’un trait d’un signe d’un éclair et s’insère sincère dans la toile… tel est le tableau expressif ambitieux abstrait et conquérant accroché sur le mur de ce musée et qui s’arrange devant les visiteurs amplifiant des nuances ou un tracé qui s’exhibe par son caractère.

Aux regards nourris il fait acte d’une plaie vivante de son existence et s’expose à la nudité des effets incrustés à l’éclairage de sanctions ou d’approbations il est celui qui s’écrit sans complexe à la morale d’un temps qui s’encre sur les murs des écrans possédés de la communication hallucinée mythomane …

Ce tableau vivant est une première mondiale et signe lui-même les autographes avec son pinceau-scalpel sur des reproductions lithographiques sur pierre…

Quand une femme éprise de ce tableau jouisseur jusqu’aux racines de son ombilic le décroche d’un seul élan à la vue de tous éberlués fascinés applaudissant par l’acte d’une amoureuse insupportablement belle …

L’emporte à bras-le-corps et le fait circuler de quelques rues en quelques ruelles anciennes aux pavés dégoulinants de souvenirs piétinés aux cris décousus et le jette sans ménagement aux pieds d’un banc délavé ressemblant à un linceul …

… il devient tableau ambulant, une œuvre déchue … sur les trottoirs humains éviscérés de toute compassion …

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

Une pie pied-bot sur une branche d’automne

Banc Montsoreau – Iotop 2020

Blog oulimots contrainte écriture


Il était une fois un banc public en marbre esseulé sur une hauteur. Hauteur indéfinie et palpable par le regard trop étroit pour ne pas ressentir l’effet entonnoir d’un horizon possédé de sa toute puissance d’animer un lointain qui n’a pas de nom et dont la destination se cherche comme égarée par la perte irréversible de la boussole son amie …

Quoi qu’il en soit, ce banc que déstructure l’œil d’une pie pied-bot sur une branche d’automne est d’une allure lugubre. Le malaise a sa signature aux quatre pieds herbeux de tous les âges et devine que la pie pied-bot semble sensible à la déchéance de son ami le banc hanté par une angoisse ancienne …

— J’ai froid ! dit le banc.
— Je n’ai pas le beau plumage d’un canard mandarin pour te couvrir, répond la pie pied-bot.
— Amie, tu es belle par tes paroles…
— Je te revois recevoir tous les jours de l’été les égarés de la vie sentimentale par ton envoûtement… prêts à se jeter …
— Je me sens … envahir d’un effondrement inexorable…
— … et si d’un trait de plume j’effaçais le gris de ton domaine intérieur ?
— Laisse … laisse-moi souffrir de ses brisures du temps qui me piquent à mille endroits à la fois … et cependant me font vivre …
— Ne soit pas orgueilleux !
— Si tu pouvais me faire évader de ce lieu…
— Je serais triste de ne plus te voir, moi.
— Ne soit pas égoïste…
— Notre complicité indissoluble ne devrait pas s’envenimer d’adjectifs irritants.
— Mon automne me saisit les veines perméables à la pluie de millions de voix aiguës transperçant les méandres de mon incertitude.
— Tiens, voilà une femme … une autre égarée … il est bien tard …
— Mes quelques mots ont atteint l’essentiel de son âme maussade…
— Je veux bien te croire.
— Voilà mon réchauffement …
— Va-t-elle aussi plonger ?
— Faut-il l’espérer.
— Elle est brillante …
— Babioles ou pas, tu vas pouvoir te faire plaisir.
— Elle s’assoit … elle pleure…
— Enfin une bonne nouvelle.
— Le précipice est à deux pas …

Les deux compères, dont l’un se nourrit du désespoir et l’autre de bijoux, comptent leur énième victime sur leur boulier commun de leur souffrance …

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

La sonnette tinte un air de glacier

Ellen Greene – Film La Petite boutique des horreurs de Frank Oz - 1986

Ellen Greene – Film La Petite boutique des horreurs de Frank Oz – 1986

Les petits cahiers d’Émilie. Émilie 18.20


Le temps d’ouvrir une boîte d’haricots verts, de rincer, de verser dans un bain-marie, que la sonnette tinte un air de glacier qui se détache d’un pôle arctique qui de nue terre va bientôt se retrouver.

Est-ce que l’on vient m’annoncer une nouvelle à enflammer mon cœur ou à le détruire … moi qui n’attends rien ?

Je n’ose m’aventurer dans le vestibule, ouvrir la porte et regarder en face les propos grandeur nature … que je grossisse l’importance comme une montagne … possiblement.

Trêve de radotage ! je m’élance ! le courage en main et les jambes toutes à mon ordre de marche, je déclenche la poignée de la porte, le grand jour m’éclaire … il n’y a personne … c’est un lapin, une farce de garnements … sans doute …

Je reviens à ma chère cuisine quand une nouvelle fois la sonnette reprend sa formule glaciaire. Est-ce l’effet de mon troisième whisky de la matinée, consommation quotidienne, qui me joue ce tour de cochon ? Est-ce la chaleur ambiante de mon fourneau et les émanations de mes plats en préparation ? Est-ce le moite de mon rhume qui m’embrume et fait bourdonnement à l’oreille droite ?

D’un questionnement à un autre, ma main tourne la poignée … elle me reste dans la main. Quel est ce mauvais tour que l’on me joue ? Et une voix forte se fait entendre … derrière ma porte :

— Ouvrez-moi ! Ouvrez-moi !
— Mais … mais c’est moi qui suis enfermé chez moi !
— Prenez un marteau, une masse … n’importe quoi mais ouvrez cette porte !
— Vous êtes un dingue, un dérangé du ciboulot… j’appelle la police !
— Il n’y aura personne à arrêter !
— …
— Ouvrez-moi !
— Comment personne ? Je vous entends, moi, donc vous êtes bien présent !
— Oui et … non.
— Comment : oui et non ?
— Cela va être difficile à croire.
— Je craque maintenant, ou j’attends ?
— Attendez.
— J’écoute.
— Je suis vous…
— …
— Je sais c’est difficile à croire.
— J’ai un don d’ubiquité ?
— Non.
— Alors !
— Vous devez m’ouvrir absolument la porte !
— Et pourquoi ?
— Eh bien, pour effectuer …
— Effectuer ?
— Effectuer le transfert ! Dépêchez-vous !
— Le transfert de qui ?
— De vous … de toi …
— De moi ? Mais … vous me tutoyez, là !
— Oui, et si tu tardes, nous allons errer pendant un certain temps !
— Je peux me réveiller, là ? Ou je rêve ?
— Non, hélas !
— Et pourquoi ?
— Tu es … mort !

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

La Boîte à Temps

Nuageux_Iotop_2020

Nuageux_Iotop_2020

Les petits cahiers d’Émilie. Émilie 16.20


La Précipitation du Temps dans le gouffre de l’insondable Tic-Tac de l’engrenage qui prend son pied … s’arrête d’un éclair

La Boîte à Temps informe le Courrier du Temps, tout à courir, de la glaciation inattendue de la Précipitation. Toute l’armée de Seconde, aux Têtes des troupes les unes à Vélo les autres à la pointe de l’innovation de leur aiguille quand d’autres à la Diligence, s’apprêtent à envahir le Territoire à la Minute jusqu’à Risquer la Disparition par un effet Sablier …

Si le Tout s’arrête, le Silence l’ennemi du Temps serait vainqueur sur la Totalité de l’Univers Visible et le Ralentir est la première victoire mais pas le Remède.

Le Néant sur le bord de la Route, lui, attend son Heure…

© Max-Louis MARCETTEAU 2020