L’étourdissement avait ouvert illico un compte

Photographie © Iotop 2024

« La première fois est toujours la dernière fois » se disait-il, assis, solidement amarré du tronc aux membres inférieurs, dans la salle du châtiment ultime.

Le sédatif entre le pouce et l’index. Un binôme idéal pour saisir l’essentiel : de la pincée de sel à « j’en pince pour toi » pour toute une vie. Quant à la mort, elle l’attendait, non sans impatience. D’ailleurs, il avait été de tous les retards et si sa vie avait été aussi longue que la queue d’un Marsupilami (1), cela n’aurait rien changé à l’affaire… alors la mort…

Le juge avait dit «… sera exécuté par électrocution ». Il avait été de marbre à la sentence par effet que son empathie avait claqué depuis qu’il avait reçu un mauvais coup sur le haut du crâne par un gourdin inconnu au passage d’une ruelle éclairée de malversations lumineuses et son portefeuille, de par le fait, confisqué par une main dégoulinante de rapine. Il n’avait pas eu le temps de rugir, le saisissement en une fraction de seconde du prisme de l’étourdissement avait ouvert illico un compte, et conscience et inconscience, main dans la main, au bout du fil, ne disaient plus rien : black out.

Il scrutait ce médicament devant ses pupilles moins iris ébène qu’anthracite. Il souriait tristement. Il le faisait tourner avec sa pince d’un angle à un autre, d’une position à une autre. Ce cachet était rond, un marquage qui ressemblait à un trampoline. A cette pensée fugace, il rit. D’abord en retenu et puis avec des éclats comme un feu d’artifice entre ses dents restantes : le vide était un fond d’espace aux degrés centigrades à congeler les premières étoiles curieuses d’un trou noir avide de jouissance énergétique et qu’aucun spationaute n’aurait l’audace de passer le seuil même avec un complément de vie sans radiation à la clé.

On lui demanda d’arrêter de rire. « C’est indécent » entendait-il d’une voix métallique de l’infirmière androïde. Il la regarda avec quelques soubresauts de sa tonalité rieuse qui s’estompa jusqu’au sourire triste. Il souhaitait à cet instant être un océan pour enfoncer son angoisse dans les abysses du délire.

Il ouvrit sa bouche. Posa délicatement le médicament sur sa langue pâteuse, épaisse, douloureuse. On lui plaça dans l’autre main un verre d’eau, bleu. Il but, avala d’un trait. Il voulait vivre encore, mais la partie n’avait qu’un seul tour et entre la vie et son désir de vivre… le courant ne passait plus…

1 : animal imaginaire créé par André Franquin en 1952

© Max-Louis MARCETTEAU 2024

Est garrottée au néoprène de l’idée

Oulimots

Photographie Iotop 2023

« Il y a tant à écrire et à ne pas écrire » se dit la plume de l’oiseau noyée à la première syllabe dyslexique inscrite sur une feuille détachée de tous les préjugés posée sur la table elliptique du système soleil de l’abc alpha de signes bâtonnés, croissonnés, plié… déglutis à l’oral phonème percute en plein l’apex à corps perdu la page parfois s’offre à la prose quand la prosodie pianote sur l’envers du décor en filigrane s’épanche autour de son ombilic oasis paradisiaque sans pléonasme à l’envergure d’une douceur sa panoplie s’étend toute à l’encre qui de noirs desseins à courir les mondes à toutes lignes est garrottée au néoprène de l’idée émise par les flux nerveux de la main une roche malléable qu’aucun temps ne fait onglée… et cette plume devine sa sexualité et l’aspire à rester… à la marge…

© Max-Louis MARCETTEAU 2023

Au couvercle soudé à l’amertume

Dessin et photo © Iotop 2023

ICI et Par ICI


Ah ! le grognon a sa fausse mine qui surjoue l’accord ! Faut-il qu’il se mette en quatre à mes ordres, le freluquet ! Toujours l’échine courbée à ma latitude, le sourire étendu comme plat al dente, l’esprit dans un bocal moisi de bonnes poires au couvercle soudé peut-être à l’amertume. S’il pouvait au moins élever une fois sa voix de mâle. Mais qu’est-ce qu’il a de mâle ? Hein ? Je me le demande, s’il n’avait pas le braquemart du samedi soir ? J’aurai voulu un homme à la fois doux de mousses de forêts antédiluviennes et fermement aux prises à mes hanches chaque soir, à élever l’octave supérieure à me dominer à la cravache à mes fesses rebondies, à me vibrer le cœur et tout le reste de l’aube frissonnante chahutée du degré des couleurs de l’arc-en-ciel et au crépuscule ronronnant à mes courbes bondissantes en ses mains divines, à m’enlever comme une Sabine et me terrer dans notre lit champ de bataille aux ébats qu’un Michel-Ange du Déluge ne ferait que pâle figure… Il est ce qu’il est depuis que je l’ai amadoué à mes commandements, il est ma frustration et ma condition, il est ce que ma pogne veut et ma discipline ordonne, il est mon démon et mes larmes, il a fait de moi un corps en jachère et une âme déliant ses obscurs desseins à la lumière. Il est ma honte et mon amour. Il est ce que j’ai de plus cher au monde… celui que j’ai façonné à mes dépens.

© Max-Louis MARCETTEAU 2023

6 juin

Oeuvre de Victor Lyapkalo
Oeuvre de Victor Lyapkalo
Fête des mères il y a deux jours. Aujourd’hui, 6 juin, débarquement. Cent quatre-vingt mille hommes débarquent sur les côtes françaises. En ce premier jour : deux mille morts. Bonne fête des mères.

Enfant de vingt ans, tu ne veux pas périr.
Mère, ton sang se répand à une naissance.
Enfant de vingt ans, de partout, tu tires.
Mère, ton bébé grandit avec patience.

Enfant de vingt ans, ta peur bleue est latente.
Mère, le sourire de ton garçon chéri te ravit.
Enfant de vingt ans, tu escalades une pente.
Mère, ton adolescent est un beau fruit.

Enfant de vingt ans, ton fusil est ton territoire.
Mère, tu es fière de ton fils, cet étudiant.
Enfant de vingt ans, ton corps se déchire.
Mère, ta vie vient d’éclater, tu pleures son sang !

©Max-Louis MARCETTEAU

Sa fixité mobilisée par son épaisseur…

Photographie Iotop 2022

Agenda Ironique Septembre 2022


Il est là ! Impossible immobilité ! Garde-à-vous indécent !

Son seul regard fixe, me fixe à son préfixe…

«Il suffixe !» me dis-je la pensée arraisonnée au même degré d’impartialité à la hauteur de mon affect mine de rien de sa fixité mobilisée par son épaisseur…

Détection d’un possible… d’un possible apprentissage d’un état d’un personnage qui trempe dans des histoires à l’humanité décidée à tout…être à la page les yeux dans les yeux des mots…

Son appel du regard aux miens à ses mots à la longueur des phrases qui s’étendent détrempées à perte de vue et mon esprit éponge une impossible chute… salée à la ligne d’un tout qui point ne virgule ne manque pas de souffle et fait suspension à trois arrêts du précipice du style tout en un et pas démembré au terme d’un lancer de dé ne ment pas, lui…

Toute est là… dans l’Ombre !

La sève des mots déborde de la page et dépasse cette étagère : parking à livres et fait cascade jusqu’au sol… et voilà ma langue à laper à goûter pour la première fois… une Recherche du Temps Perdu…

© Max-Louis MARCETTEAU 2022

L’inconscient interroge l’incertitude

Photographie Iotop 2022

A l’ombre, l’inconscient interroge l’incertitude.

— Qu’est-ce que tu mijotes ?
— Je réfléchis.
— Tu as les moyens de tes ambitions, dis-moi…
— Le cynisme est une denrée qui se cultive à la cave de la première larme de l’enfance et se digère à l’acide des pourquoi.
— Ton propos s’enfle et perce à jour ta prédominance à essayer de comprendre.
— Ne relève pas la tête avant de savoir si tu auras encore l’occasion de respirer ta liberté.
— Ma liberté… des aigrettes pissenlit au vent rebelle que le chef d’orchestre du temps ne pourrait être nuageux à mon égard.
— Et d’égard tu n’as pas l’impression de t’égarer dans une faune inconnue de poésie?
— Comment pourrais-je m’égarer ?
— Tu as les atouts, les attraits, les reliefs…
— Ton mille-feuille d’une prose qualificative à l’encre sevrée de ta main mise à me poudrer est … ironique.
— Je l’avoue… tu me cherches…
— Nous sommes de la même trame…
— Du même intérieur…
— Du même nombre de lettres…
— Qu’est-ce qui nous différencie ?
— Qu’est-ce qui nous unis ?

— A nos corps à corps de bouches à langues à nos sexes unifiés… murmure la raison entre deux synapses à l’orée de la déraison…

© Max-Louis MARCETTEAU 2022

Sa lampe adhère dit-il illuminé… 15/…

Photographie Iotop 2022

Pour la deuxième fois, voici une autre histoire mais cette fois-ci de lampadaire à 4 mains sur une idée de Firenz’ du blog La plume de mouette. Chacun de nous fait paraître le texte de l’autre sur son blog et une photographie.

L’ensemble des chapitres ICI


Le Prince avait le teint rubicond. Entre manque d’air et colère contenue ses vaisseaux sanguins se dilataient et semblaient sur le point d’exploser.
— Ainsi Her Man, c’est vous, fieffés filous ! C’est vous en deux mots, deux bouts d’hommes hauts comme trois pommes, c’est vous en six pommes donc, soit une tarte bien garnie, une tarte tatin bien retournée et moi je prends une tarte aussi. Qu’est-ce donc que toutes ces salamalecs, ces pataquès abracadabrantesques ?
— Mais non, le Herman en question, ce n’est pas nous, c’est bel et bien notre oncle. Si nos parents nous ont appelés ainsi, c’est en témoignage de leur affection envers cet oncle chéri. C’est un grand homme d’état, doublé d’un homme d’affaire et d’un aventurier. Dans la famille, tout le monde l’admire.
— ‘Grand homme d’état, d’affaire et aventurier’ ? Et pourtant il semble que, ici, personne n’en ait entendu parler. N’est-ce pas les amis ? Claironna Krémaloff à l’assemblée.
— Ne vous méprenez pas, si vous ne le connaissez pas, c’est que vous n’êtes pas de notre monde, rétorqua Man.
Quelque peu sonné par cette remarque désobligeante à l’égard de son statut, le Prince se rembrunit et enchaîna :
— Mettez-vous à table à présent. Expliquez-nous donc ce que c’est que cette histoire rocambolesque ! Quel rapport entre Pan d’Ore et votre oncle ? Pourquoi la trappe ?
— Voyez-vous, nous sommes hauts comme trois de vos pommes, certes, mais nous avons des capacités qui vous sont étrangères. En particulier celle de vivre entre 500 et 600 ans. Et une seule chose peut nous tuer avant que l’usure du temps n’agisse. Or, l’oncle Herman n’a, à l’heure actuelle, que 438 ans, et l’annonce de sa mort par le voyageur émissaire des Quatre nous a secoués et interpelés. Mensonge ou assassinat ? Si mensonge, qui en est l’auteur, est-ce l’Oncle qui fait courir ce bruit pour sa propre sécurité, ou bien une instance autre dont les desseins nous échappent. On nous a donc envoyés pour mener une enquête à ce propos.
— 500 ou 600 ans, dites-vous ? Eh bien voyons ! Ah qui voulez-vous faire croire de telles balivernes ?! s’esclaffa notre Russe tout bouillant.
— Croyez ce que vous voulez, ironisa Her, cela nous importe peu. Mais pour votre gouverne, sachez que des portraits de notre oncle se retrouvent en filigranes sur de nombreuses toiles célèbres, peintes au cours des cinq derniers siècles. Rubens, Goya, Blake, Hokusai, Turner, Delacroix, Courbet, Manet, Picasso etc lui manifestèrent leur amitié en signant leurs œuvres et son temps de quelques traits le représentant, souvent dans le lointain…
Tous étaient muets de stupeur et incrédules.
— Mais alors, pourquoi la trappe, pourquoi la Lucane, pourquoi son réveil et son nouveau sommeil, demanda Sir Réverbère.
— La Lucane était une étape vers la révélation du mystère, elle sait des choses que nul autre ne connait. Nous pouvions espérer lui tirer les vers du nez mais…
— Mais ? s’enquit le Prince.
— Mais encore une fois, vous avez outrepassé vos droits et posé la mauvaise question. La Lucane s’est renfrognée, refermée sur elle-même, et a repris la voie du Grand Sommeil. Alors que nous avions besoin d’aide, vous n’avez fait que brouiller les pistes…

Texte Florence

Sa lampe adhère dit-il illuminé… 11/…

Photographie Iotop 2021

Pour la deuxième fois, voici une autre histoire mais cette fois-ci de lampadaire à 4 mains sur une idée de Firenz’ du blog La plume de mouette. Chacun de nous fait paraître le texte de l’autre sur son blog et une photographie.

L’ensemble des chapitres ICI


Un peu évaporée, un peu superficielle, légère dans tous les sens du terme, c’est ainsi que l’on percevait la Luciole depuis son arrivée. Dans le contexte hurluberluesque de toutes ces aventures, nul ne s’était étonné de son arrivée soudaine.
Et pourtant.
Sa nuisette qui semblait transparente dissimulait une belle armure, et derrière ses nombreux battements de cils perçait un regard d’acier. Elle n’était pas là par hasard, non, pas du tout. Travaillait-elle pour son propre compte ou avait-elle des complices ? Espionnait-elle le Prince Russe, les Nains ou la Grande Perche ? Quels étaient ses desseins ?
D’une voix teintée de malice, elle demanda :
— Lucane d’Ore, Magicienne de l’Ombre, c’est un titre à rallonge, mais je suppose que l’on peut vous appeler autrement. Avez-vous un petit nom, un diminutif, un surnom voire… un sobriquet ?
— Mon nom est Pan, rétorqua la Lucane dont la carapace changeait à vue d’œil.
— Pan ? Comme ‘Peter Pan’ ? L’enfant qui ne voulait pas grandir ? S’amusa Dame Luciole.
— Pan d’Ore. Mon nom est Pan d’Ore, cela n’évoque rien pour vous ?

Évidemment que ça l’interpellait, la Luciole. Elle commençait à percevoir la dangerosité de l’animal du Dessous de la Terre et tenta de donner le change.
— Eh bien moi je m’appelle Lucie. Lucie de ‘Luciole’, Luciole de ‘Lux’, Lux de ‘Lumière’, Lumière des ténèbres, ténèbres de Lucifer. Vous voyez, j’ai un nom qui ne manque ni d’éclat ni de ressources…
Ébranlée par les présentations peu amènes, elle commençait à perdre ses moyens, perdre de la luminosité, et à avoir des ampoules sous les bras à force de battre des ailes et de ramer.

— Je vois très bien, oui, guttura la Lucane d’une voix rapeuse, sombre et menaçante.
Je ne sais pas ce que vous êtes venu faire ici, ce que vous cherchez, mais je sais que vous êtes venue tôt, trop tôt, beaucoup trop tôt même. Ouvrir la trappe du Pan d’Ore n’était pas une très bonne idée, parce que, à ma connaissance, personne n’a jamais su la refermer. Et si vous pensez savoir ce qui se trouve à ce niveau du monde, je crois que vous êtes loin du compte. Vous avez vu quelques insectes, drôles, vifs, gais, ou répugnants. Mais, somme toute, rien de monstrueux encore. Et pourtant, dans les galeries qui courent sous les rues du monde des Actifs qui brillent, moult créatures extravagantes et redoutables, sinistres et effrayantes s’occupent à de funestes besognes…

(texte Florence)

Le corps combat à mains nues

Photographie de Mick-Bourke –
Valentina L’ Abbate

Éveil & vous – Éditions : #recreature  – 16/31


…froid sans vergogne gagne son terrain et le corps combat à mains nues quand l’âme prie à l’indulgence que l’ermite Hamour entend l’onde de cet appel du secours sur sa route de pèlerin déchu aux Traces qui font dessins de son épreuve la nuit enfin s’estompe…

© Max-Louis MARCETTEAU 2021

Une bougie complice sans ombre

Oeuvre de Harkale-Linai – Everyday Magic

Éveil & vous – Éditions : #recreature  – 08/31


… souvenirs de belles heurs de l’ermite l’Hamour qui tenait en son cœur sa Foi sur le devant de sa scène et défiait sa chair à résister à la tentation de femmes qui s’empalaient à son pilon par images de nuit au chant d’une hulotte qu’éclairait une bougie complice sans ombre …

© Max-Louis MARCETTEAU 2021

Un damné heureux

Photographe inconnu – The Spicy Margarita

Éveil & vous – Éditions : #recreature  – 04/31


… Lotus à la Naissance noble au teint d’ange s’enhardit par sa délivrance au contact de l’homme qui l’embarque sur le bateau de la passion lui qui rame comme un damné heureux sur la voie transcendantale de l’Amour aveugle de nom et visionnaire de modestie…

© Max-Louis MARCETTEAU 2021

Agenda Ironique Juin 2021 – Résultats

Photgraphie – Montage – Iotop2021

Nous voici au troisième volet de cet Agenda Ironique Juin 2021 avec pour thème : la langue.

Les différents liens : ICI et ICI

1) Meilleurs textes :

 – Il apparaît à la majorité des voix et dans l’ordre les gagnant.es sont

  1. Jobougon
  2. Flying Bum
  3. Max-Louis

Cette mouture a apporté des univers  aux horizons divers et variés et tous avec une luminosité différente et attractive.

2) Organisateur (rice)

 – A une forte majorité, le nouvel organisateur de l’Agenda Ironique de Juillet 2021 est une … Organisatrice … (si elle accepte cette mission) :  VICTOR HUGOTTE que nous ovationnons avec enthousiasme.

Merci à tous : lectrices, lecteurs, auteures, auteurs, et pendant que j’y suis le … monde entier et l’Univers (soyons fous).

Pour info : le nouveau système de vote n’est pas très intuitif à mettre en place (suite à la nouvelle mouture de WordPress). Aussi, je ne sais pas comment le mettre en pause comme avant où l’on pouvait déterminer une date départ et une date de fin.

Max-Louis alias Iotop 2021

Agenda Ironique Juin 2021

Voie vers Saumur ou inversement – Iotop 2021

Bon alors, je m’y colle pour la quatrième fois, une nouvelle fois par défaut (Solène ayant récusé). Quoi qu’il en soit je suis heureux d’apporter ma pierre à l’édifice de cet Agenda Ironique qui dure depuis plusieurs années.

Je ne suis pas très prolixe sur ce genre de domaine et pour informations voici des liens (la genèse) : ICI ou ICI
Et celui du mois de Mai 2021 chez : Laurence Délis

Le thème : langue

J’explique : la langue organe de communication parmi d’autres est protéiforme dont les voies portent les voix d’actions parfois inattendues. Voici des exemples : langue bien pendue, donner sa langue au chat, sur le bout de la langue, avoir la langue déliée, avoir un cheveu sur la langue, langue de vipère, tenir sa langue… etc etc

Je vous propose de composer un texte (prose ou poésie – long ou court) avec la langue écrite de votre choix (réelle ou imaginaire) et dans le genre qu’il vous plaît (fantastique, utopique, commun, amoureux, journalier, carnet de bord, romantique, animalier, érotique…) le tout… Ironique.

Et pour « faire » bonne mesure, quatre mots imposés :
– Insomniaque
– Chouette
– Frigoriste
– Narine
(vous pouvez les placer dans le désordre ou l’ordre et même en faire des anagrammes ou les triturer selon votre bon vouloir).

Les temps alloués :
– Du vendredi 4 juin au samedi 26 juin 2021.
– Vote du 27 au 30 juin de la même année.

Faites savoir par un commentaire et un lien quand votre œuvre est en ligne sur votre blog.

Et je fais un récap juste en dessous…

À vos belles langues… euh à votre écriture habillée d’une belle langue…

Max-Louis alias Iotop


  1. Le 04 juin 2021 => texte de Gérard : Francette
  2. Le 05 juin 2021 => texte de Florence : Sous les toits de Paris
  3. Le 05 juin 2021 => texte de Jobougon : Surveille ton langage !
  4. Le 05 juin 2021 => texte de Gibulène : La langue dans tous ses états
  5. Le 06 juin 2021 => texte de Solène : Langage
  6. Le 07 juin 2021 => texte de Chchshr : Ironie du Saur
  7. Le 09 juin 2021 => texte de Mistic : Amour improbable
  8. Le 09 juin 2021 => texte de John : La victoire de Julia
  9. Le 13 juin 2021 => texte de Jean-Louis : Une question de langue
  10. Le 20 juin 2021 => texte de Jean-Pierre : Carnet de bord ironique d’un mois de juin iotopique
  11. Le 22 juin 2021 => texte de Max-Louis : Option râtelier première classe
  12. Le 22 juin 2021 => texte de La Licorne : Chaud, chaud, chaud
  13. Le 22 juin 2021 => texte de Flying Bum : La langue de Léonida
  14. Le 23 juin 2021 => texte de VictorHugotte : Questions et réponses
  15. Le 25 juin 2021 => texte de Photonanie : Petite rencontre entre amis

D’un éther a la rondeur de mon aimée – 1/12

Nicolas-François Gromort 01 1837

Agenda Ironique Avril   (en 12 épisodes) – Pour la lecture des 12 épisodes déjà écrits le lien ICI

Les illustrations de Nicolas François Gromort (Fondeur en caractères, actif à Paris vers 1830)


1/12

Nicolas et François fauchent.

—… et le mauvais temps approche.
— Il risque de nous faucher notre récolte.
— Il faut en prendre la mesure.
— Oui et pas de la coudée.
— Farceur.
— Oui, c’est pas le pied…
— Pouce !
— Nom d’une pipe…
— A toute raison décubons nos pieds-du-roi cube…
—… bûchons…
— On va stère pour mieux avancer…
— C’est pas faux.
—…

 

© Max-Louis MARCETTEAU 2020

L’aube s’approche de mon visage

Port_st_nazaire_Iotop_2019

Port_st_nazaire_Iotop_2019

Le Marathon de la Nouvelle (merci à Sabrina de cette découverte)


Je marche aux rues nuiteuses de la ville qui se gargarisent des sommeils aux ronflements des rêves et incontinences aux réveils d’un sursaut de coeur au matelas déformé par la voix d’un rêve barbelé de barbe à papa mais dont le sucre-glu emprisonne les gestes de délivrance …

Je marche en compagnie de ma fidèle bouteille de whisky valorisée par mon adoration aux degrés de mon réchauffement corporel et des débordements de mes plages fixes sur les boulevards à refaire le monde comme un dessinateur créateur d’un autre vivant humain jusqu’à l’os de l’orbite à la spatiale conquête de l’harmonie ente lui-même et sa conscience à la disparition de son animalité …

Je m’assois sur le banc bois à multiplace dans l’unique but de m’envoler au premier allongement d’un nouveau rêve pour oublier qu’ici je ne suis qu’une quantité négligeable négligé à néantiser en un mot à nettoyer de la place des indésirables comme une feuille morte sur le mauvais tableau …

L’aube s’approche de mon visage et mon allongement s’étire encore et encore sur des landes de rayons cosmiques d’un soleil flamboyant découpant l’horizon à la hache d’un jour à l’ombilic abricot quand un oiseau d’eau à la rencontre inattendue me dit :

— Alors soûlot un autre seau pour te réveiller complètement ?
— Ignoble, dis-je étendu sur le bord d’une parenthèse.
— Ignoble ? Je suis ta sécheresse de ligne de vie.
— Tu me parais trempée d’un sacré caractère.
— Je suis ta dernière ligne de flottaison mon coco.
— T’occupes, ma vie m’appartient.
— Eh bien, prends soin de ne pas laisser de trace.
— Je suis déjà invisible.
— Que tu dis …

Devant moi, des visages inconnus, des propos défilent …

— Monsieur ? …. monsieur ? …
— Il revient à lui…
— … vous êtes hors de danger … tout va bien … vous avez bu la tasse des baïnes …

© Max-Louis MARCETTEAU 2019

Motif d’un algorithme neuronal

Cuisine_expo_Iotop_2017

Cuisine_expo_Iotop_2017

Le Marathon de la Nouvelle (merci à Sabrina de cette découverte)


Il est là, derrière la porte. Je sais qu’il m’attend …je n’avais pas compris les subtilités de ses changements. Une prise de conscience entre lui et moi. Une idée qui germe dans le mauvais terreau et le terrain vague du possible au dérapage de l’embourbement de l’acte irréparable de l’effet d’une angoisse à calmer la loi défigurée à la Une d’un événement sur les réseaux aux visages sociaux qui purgent leurs propres démons…

Il est là, derrière une porte. Je sais qu’il m’attend … l’âme défiant les contenus et à la fois les contenants il est redoutable et à cet instant il joue au sous-marin en sous-main il est prêt à me torpiller comme l’ennemi à passer à l’acte l’arme à gauche quoi qu’il en coûte tout est là de sa détermination comme un leitmotiv il va gratter le bois comme un signe de sa présence physique …

Il est là, derrière ma porte. Je sais qu’il m’attend … je m’avance d’un pas à un autre suspendu à la lueur d’un doute d’une peur à la réponse d’un partir mais j’avance à contre sens du bon sens de la logique d’un instinct de survie qui me hurle d’une voix intérieure tissée à la raison parfois rasoir qui ne risque pas un iota de son entité à son pourcentage de probabilité sur le motif d’un algorithme neuronal qu’il sait à présent en sursis …

J’ouvre la porte de la cuisine … il est là … le couteau assassin…

© Max-Louis MARCETTEAU 2019

L’oubli est aussi une aubaine

Chateau_treillieres_Iotop_2017

Chateau_treillieres_Iotop_2017

Agenda Ironique d’Octobre 2019


« Clara allait au Cora« , le dimanche matin comme certaines bigotes allaient à la messe, car avec « Cora, la qualité est là ! ».

Cependant, ce jour-là, elle avait un rendez-vous, tout là-bas, sur la terre des Neufs Pendues, au manoir de la comtesse de La Motte Hantière et dont les six enfants étaient appelés par le village : les demi-mottes.

Clara avait la trentaine marquée, le corps d’un boulot et la chevelure blonde d’un pleureur, célibataire et vendeuse dans un magasin de lingerie fine, ce jour-là, elle allait apporter à la comtesse, très exceptionnellement, des pièces pour un essayage particulier avec l’accord de son employeur … la comtesse en ce milieu d’après-midi devait recevoir son amant dans une discrète dépendance que contient le manoir sur la terre des Marais … devenue cultivable à la fin du dix-neuvième siècle développant ainsi les ressources du domaine.

Telle était en fait la rumeur, de cet amant, qui s’était installée, comme une lèpre sur le corps social et le corps social ne fait pas le dos rond ni avec le dos de la cuillère quand c’est croustillant, voire morbide et le morbide avait son mot à dire …

Les jeux étaient faits et la comtesse agonisait ligotée dans son peignoir déshabillé dans une cave au plus sombre de son histoire entre l’humidité de la Mort et l’angoisse d’une terre battue à qui l’on avait creusé comme un stigmate sa propre chair pour l’attente d’un contenu de chair probable …

— Alors, salope … tu croyais quoi ? … ton petit jeu allait durer éternellement ? Il m’aime, moi … je suis jeune, belle, je l’aime … et toi … tu es répugnante avec ton argent et tes cinquante ans à la cougar… tu vas crever sans requiem à la Mozart … sans rejoindre ton cocu de mari … mort de tes frasques … de ton cul toujours trop chaud …

Elle avait posé sa pelle à côté de la pioche. Elle était tout en sueur, cette sueur de la vengeance, cette sueur de la justice, cette sueur qui allait enfin lui apporter la liberté …

— Il te croira partie … comme tu le fais si bien, sans prévenir, comme tous les ans … comme une crise de ton plein de vie, tu veux être libre … tu vas l’être totalement … j’ai tout calculé …

Et elle avait repris la pelle et d’un coup ajusté, elle avait frappé fort très fort le profil de la femme de la mère de l’infamie dans un craquement d’os … à retardement et d’un semblant dernier souffle … elle avait enfoncé dans la bouche du cadavre, pour faire bonne mesure, un tanga dentelle …

— Bouffe-le, jusqu’à l’éternité …

Puis, d’efforts en efforts elle avait traîné et basculé le corps dépouillé de dignité dans la fosse … et les deux beaux paquets de lingerie … et la chaux vive … jusqu’à l’épuisement de sa haine elle avait pelleté pour recouvrir son acte sa rivale puis avait égalisé le reste de la terre dans l’immense cave et avait roulé quelques tonneaux puis debout comme stèle …

Dix heures dix minutes dix secondes … du matin… la montre de Clara s’était arrêtée posée et oubliée sur une étagère poussiéreuse de la cave … mais l’oubli est aussi une aubaine à qui sait chercher au bon endroit …

Le chaudron magique de sa vie allait enfin s’ouvrir sur nouvelle ère d’amour, à cœurs ouverts ils allaient s’aimer … après ce coup de balai de « la vieille » comme il disait, dont il avait soutiré une petite fortune car tel était son rôle à lui … les deux complices pouvaient retirer le masque de la cupidité du faux semblant …

Mais au retour de son forfait, à rejoindre sa voiture, sur le bord d’un chemin poisseux d’eau de la nuit à la lune gaillarde au hibou de service qui digère son deuxième mulot égaré par un rayonnement lunatique … à prendre un raccourci à traverser champ, elle avait été prise au piège d’une gadoue en ventouse genre sable mouvant … un restant de marais … un restant d’outre-tombe ancien … comme des racines qui l’avaient enveloppée par les chevilles … elle s’était enfoncée …

Elle avait crié, de ce cri thoracique qui brûle la gorge jusqu’au creux du ventre de l’ombilic de l’utérus … ce cri dit sauvage de la bête blessée qui sait son heure arrivée devant l’abattoir …

« C’est ce qu’on appelle être faite comme un rat ! »

© Max-Louis MARCETTEAU 2019

Un noyé sur le bord de l’aveu

Pont_divatte_Iotop_2018

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Le Marathon de la Nouvelle (merci à Sabrina de cette découverte)


Dimanche à Paris un monde entre ce trottoir du cinq heures dix-huit du matin fraîchement lavé et les habitants en attente de se vidanger je marche seul une bouteille à la main comme une accolade vers un autre monde aux moments de hasards et de plaisirs minutes…

D’un pas à un autre j’essore ma pensée première de la première minute du jour et me délecte des images possédées sur un parapet debout devant la Seine m’observe je suis statue de chair à chair de poule je ressens le frisson de l’importance de ce fleuve et j’ose le défier à l’usure d’un temps au fil du temps qui se tisse à l’horloge d’un contre temps conséquence d’une pause à la note dévergondée d’un instrument à vent d’ouest épris d’une rosace à quatre et demi d’un monde qui a perdu le nord et la gare qui s’annonce je détourne la tête d’un mouvement de rouages je suis voyeur de l’événement je déraille à contresens à vent contraire la houle de mon humeur tapeuse ressemble à un noyé sur le bord de l’aveu à sortir la sirène hurlante qui s’étonne des voyeurs sangsues au brancard de l’illusion embarquer une demi-vie d’une masse atomique d’une vie scalaire au dernier cri d’un secours si ce n’est d’une voix commune reconnaissable à l’onde de choc vibrant défiant le mégaphone …

— Dis-moi, mon fils, tu comptes rentrer manger ou à présider ton avenir à picoler sur ce parapet … Emmanuel ?

© Max-Louis MARCETTEAU 2019