Des âmes ensevelies d’un autre temps, à la montagne
Du Haut Pieu, hurlent les vocables de la rédemption,
S’emportent au vent glacial vers la vallée, rejoignent
Une chapelle esseulée, déracinée des vivants de la dévotion !
Elles frappent la cloche au minuit des treize prêtres,
Réunis sur une empreinte à six branches d’or, l’alpha
A l’oméga, à chaque équinoxe, ces maudits êtres
Désignent l’un des leur à recevoir les ordres d’un au-delà !
L’élu drapé de rouge, main plaquée sur une minuscule
Broche antique, incrustée d’émeraudes, l’autre prise
D’un cierge à la flamme accrochée au néant, stimule
De sa voix de baryton la fresque des âmes soumises !
Au cœur de la nef, l’esprit feuillu d’un forestier,
Entrepreneur de bois sacrifiés à la foi religieuse
Des croix, ouvre le bal de la peur, au son haché
De l’instrument en action et de sa voix rugueuse !
A ce tintamarre la décoratrice de service, la Lune,
Flambe sa belle parure grisâtre, diffuse de l’ombre
A effrayer les plus audacieux, influe l’opportune
Envie des défroqués à augmenter leur voix sombre !
La prière en canon des douze exaltés, un seul a frémi,
Celui au centre, quand son cierge s’éteint au souffle
D’un démon enragé, une pluie de cendre sur le délit
Des profanateurs, interdits, arrête en chœur leur baroufle !
Le silence confesse les inquiétudes et de réagir se garde
De ralentir les cœurs de cette assemblée, jouissant du deuil
Imminent de sa perte prise au piège de leur action poularde
D’avoir invoqué, par erreur sans doute, le mauvais cercueil !
©Max-Louis MARCETTEAU