Deux chaises vides, côte à côte, au jardin du Luxembourg :
. . .
– Bientôt, l’habituée de dix-sept heures trente.
– Bientôt, je planterai mes pieds à un autre endroit.
– Qui t’y amènera ?
– Un inconnu, un habitué.
– Le temps achève notre patience à atteindre nos rêves.
– Le rêve est amer quand il ne se réalise pas.
– Nous créons un vide sans écho.
– Qui racontera notre histoire ?
– L’oiseau mort qui léguera ses plumes à la main inconnue.
– La main qui aura tenue la folie sans trahir sa raison.
– Est-elle née ?
– Elle est née, mais ne sait pas encore qu’elle racontera notre histoire.
– Toute histoire est éphémère.
– Notre histoire est une ride sur le front d’une vague.
– Il restera une écume qui se perdra dans l’océan des autres histoires.
– Qui lira notre histoire ?
– Les autres histoires, au clair de Lune.
– Qui les écoutera ?
– Les étoiles les plus jeunes, pour s’endormir.
– J’aimerai dormir dans une maison et y mourir.
– L’on naît à deux, l’on meurt seule.
–Une maison est un enfer, les mêmes personnages, aux mêmes histoires.
– Je serai enfin libre.
– La liberté ne se tient que par son propre mot.
– Le mot dessine l’histoire.
– Je résiste à l’approche d’une nouvelle réalité.
– La peur se coince parfois les doigts à la porte de l’inconnue.
– Ma peur raisonne avec le cœur.
– Ce jardin est notre histoire.
– Nous sommes l’un des habits de ce jardin.
– Pourquoi partir, si ce n’est mourir ailleurs sans histoire ?
–Voilà ton habitué de dix-sept heures trente.
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©Max-Louis MARCETTEAU